Source : le Huffington post
La Commission européenne n'a donc toujours pas compris. A l'heure où la protection de l'environnement et de la santé deviennent des préoccupations majeures de nos concitoyennes et nos concitoyens, l'exécutif européen semble avoir choisi son camp: le lobby de l'agrochimie.
Alors même qu'une étude de mars 2015 réalisée par des chercheurs européens et américains a évalué le coût des perturbateurs endocriniens à hauteur de 157 milliards d'euros pour l'économie européenne, du fait des maladies que ces substances causent, l'équipe de Jean-Claude Juncker, président de la Commission, persiste dans sa volonté de ne pas réguler.
En tant que député-e-s au Parlement européen, nous nous faisons le devoir d'alerter l'opinion publique et de raconter la scène tragique qui s'est jouée ces dix derniers mois. Une opinion publique qui a maintes fois faire part de ses inquiétudes vis-à-vis des organismes génétiquement modifiés (OGM) et des pesticides dont la Commission européenne semble faire peu de cas.
L'herbicide de la discorde
Pour tout comprendre, il faut revenir en mars 2015, lorsque le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une agence de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a évalué le glyphosate, la substance active du RoundUp, l'herbicide le plus utilisé au monde et commercialisé par la multinationale américaine Monsanto. En ce début de printemps, le CIRC estime que le glyphosate est "probablement cancérogène" pour l'être humain. Cette évaluation a été effectuée en toute transparence par des experts indépendants de l'industrie chimique.
Mais voilà que le glyphosate doit être réévalué au niveau européen pour savoir s'il sera de nouveau autorisé pour 10 ans à partir de juin 2016 et c'est l'Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA, en anglais) qui va s'en charger. Totalement à contre-courant de l'avis du CIRC, l'EFSA publie son évaluation le 12 novembre et estime que le glyphosate "n'est probablement pas cancérogène". Cette conclusion des experts de l'EFSA est scandaleuse. Tout d'abord, car elle a été élaborée dans la non-transparence la plus totale. Certains experts qui ont conseillé l'EFSA, dans le cadre de l'évaluation du glyphosate, n'ont pas rempli leur déclaration de conflits d'intérêts.
Ensuite, l'agence a fondé son avis, entre autre, sur des études "scientifiques" non-publiées dans leur intégralité et qui n'ont pas été revues par les pairs comme il est coutume de le faire dans le milieu scientifique pour s'assurer de la qualité des études. De même, le glyphosate est toujours utilisé avec des adjuvants pour produire un herbicide comme c'est le cas pour le RoundUp mais l'EFSA s'est limitée à évaluer le glyphosate pure sans prendre en compte son effet quand il est mélangé à d'autres substances. Il semble que les conditions réelles d'utilisation des herbicides n'intéressent pas l'agence européenne, ce qui n'est pas le cas des 96 scientifiques de renommé internationale qui ont adressé une lettre au Commissaire à la santé Vytenis Andriukaitis le 27 novembre pour lui indiquer clairement de reconsidérer l'avis de l'EFSA qui ne remplit pas les critères scientifiques usuels sachant que la Commission devra renouveler ou non l'autorisation du glyphosate en fonction de l'avis de l'Agence.
OGM, en voulez-vous? En voilà.
Hélas, ce n'est pas le seul scandale qui se déroule sous nos yeux. Jean-Claude Juncker a décidé de faire plaisir à Monsanto et aux multinationales de l'agrochimie sur tous les plans. Alors que, le 1er décembre, la majorité des députés de la commission "environnement et santé publique" du Parlement européen ont voté contre l'autorisation de l'importation d'un maïs OGM pour la nourriture animale et humaine en Europe, la Commission européenne a confirmé cette autorisation quatre jours plus tard sans même attendre le vote en plénière. Ce maïs se trouve être le NK603 x T25 de Monsanto, qui est, entre autres, tolérant au... glyphosate. La boucle est donc bouclée. L'EFSA nous annonce dans un premier temps que le glyphosate n'est pas dangereux puis, dans un second temps, la Commission autorise un maïs génétiquement modifié pour supporter des fortes doses herbicide à base de glyphosate. C'est le paradis européen pour les multinationales. Avec de telles méthodes antidémocratiques, Jean-Claude Juncker ne devrait pas s'étonner de la montée de l'euroscepticisme dans certains États membres.
Certes la Commission européenne et son Président incarnent l'Europe, mais quelle Europe? L'Europe des multinationales? L'Europe de la petite politique à court terme? Nous, député-e-s au parlement européen, nous battons chaque jour pour une Europe qui fasse primer l'intérêt général sur l'intérêt particulier, la santé des agriculteurs et des consommateurs sur les profits des multinationales.
Nous ne pouvons pas accepter la politique actuelle menée par la Commission européenne dans le domaine de l'environnement et de la santé. La transition vers une agriculture durable et saine au service de tous les citoyens et sans danger pour les agriculteurs et les écosystèmes est notre priorité. C'est pourquoi nous appelons solennellement la Commission à relancer une procédure d'évaluation transparente du glyphosate. En outre, l'exécutif européen vient d'être condamné par la Cour de Justice de l'Union européenne pour ne pas avoir fixé de cadre pour encadrer les perturbateurs endocriniens. Tant qu'aucune réglementation n'aura été prise dans ce domaine, le glyphosate, qui est un perturbateur endocrinien, ne devrait pas être ré-autorisé. De même, nous demandons sans ambiguïté une interdiction de l'autorisation de nouveaux OGM, sachant que ceux-ci sont en général produits pour tolérer plus de pesticides tels que le RoundUp.
La politique d'intoxication de la Commission doit cesser au plus vite. Pour l'exécutif européen les pesticides et les OGM sont les meilleurs protecteurs de notre environnement. Ou comme si l'on vivait en direct ce qu'écrivait George Orwell dans 1984: "la guerre c'est la paix, l'esclavage c'est la liberté et l'ignorance c'est la force".
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La Commission européenne n'a donc toujours pas compris. A l'heure où la protection de l'environnement et de la santé deviennent des préoccupations majeures de nos concitoyennes et nos concitoyens, l'exécutif européen semble avoir choisi son camp: le lobby de l'agrochimie.
Alors même qu'une étude de mars 2015 réalisée par des chercheurs européens et américains a évalué le coût des perturbateurs endocriniens à hauteur de 157 milliards d'euros pour l'économie européenne, du fait des maladies que ces substances causent, l'équipe de Jean-Claude Juncker, président de la Commission, persiste dans sa volonté de ne pas réguler.
En tant que député-e-s au Parlement européen, nous nous faisons le devoir d'alerter l'opinion publique et de raconter la scène tragique qui s'est jouée ces dix derniers mois. Une opinion publique qui a maintes fois faire part de ses inquiétudes vis-à-vis des organismes génétiquement modifiés (OGM) et des pesticides dont la Commission européenne semble faire peu de cas.
L'herbicide de la discorde
Pour tout comprendre, il faut revenir en mars 2015, lorsque le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une agence de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a évalué le glyphosate, la substance active du RoundUp, l'herbicide le plus utilisé au monde et commercialisé par la multinationale américaine Monsanto. En ce début de printemps, le CIRC estime que le glyphosate est "probablement cancérogène" pour l'être humain. Cette évaluation a été effectuée en toute transparence par des experts indépendants de l'industrie chimique.
Mais voilà que le glyphosate doit être réévalué au niveau européen pour savoir s'il sera de nouveau autorisé pour 10 ans à partir de juin 2016 et c'est l'Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA, en anglais) qui va s'en charger. Totalement à contre-courant de l'avis du CIRC, l'EFSA publie son évaluation le 12 novembre et estime que le glyphosate "n'est probablement pas cancérogène". Cette conclusion des experts de l'EFSA est scandaleuse. Tout d'abord, car elle a été élaborée dans la non-transparence la plus totale. Certains experts qui ont conseillé l'EFSA, dans le cadre de l'évaluation du glyphosate, n'ont pas rempli leur déclaration de conflits d'intérêts.
Ensuite, l'agence a fondé son avis, entre autre, sur des études "scientifiques" non-publiées dans leur intégralité et qui n'ont pas été revues par les pairs comme il est coutume de le faire dans le milieu scientifique pour s'assurer de la qualité des études. De même, le glyphosate est toujours utilisé avec des adjuvants pour produire un herbicide comme c'est le cas pour le RoundUp mais l'EFSA s'est limitée à évaluer le glyphosate pure sans prendre en compte son effet quand il est mélangé à d'autres substances. Il semble que les conditions réelles d'utilisation des herbicides n'intéressent pas l'agence européenne, ce qui n'est pas le cas des 96 scientifiques de renommé internationale qui ont adressé une lettre au Commissaire à la santé Vytenis Andriukaitis le 27 novembre pour lui indiquer clairement de reconsidérer l'avis de l'EFSA qui ne remplit pas les critères scientifiques usuels sachant que la Commission devra renouveler ou non l'autorisation du glyphosate en fonction de l'avis de l'Agence.
OGM, en voulez-vous? En voilà.
Hélas, ce n'est pas le seul scandale qui se déroule sous nos yeux. Jean-Claude Juncker a décidé de faire plaisir à Monsanto et aux multinationales de l'agrochimie sur tous les plans. Alors que, le 1er décembre, la majorité des députés de la commission "environnement et santé publique" du Parlement européen ont voté contre l'autorisation de l'importation d'un maïs OGM pour la nourriture animale et humaine en Europe, la Commission européenne a confirmé cette autorisation quatre jours plus tard sans même attendre le vote en plénière. Ce maïs se trouve être le NK603 x T25 de Monsanto, qui est, entre autres, tolérant au... glyphosate. La boucle est donc bouclée. L'EFSA nous annonce dans un premier temps que le glyphosate n'est pas dangereux puis, dans un second temps, la Commission autorise un maïs génétiquement modifié pour supporter des fortes doses herbicide à base de glyphosate. C'est le paradis européen pour les multinationales. Avec de telles méthodes antidémocratiques, Jean-Claude Juncker ne devrait pas s'étonner de la montée de l'euroscepticisme dans certains États membres.
Certes la Commission européenne et son Président incarnent l'Europe, mais quelle Europe? L'Europe des multinationales? L'Europe de la petite politique à court terme? Nous, député-e-s au parlement européen, nous battons chaque jour pour une Europe qui fasse primer l'intérêt général sur l'intérêt particulier, la santé des agriculteurs et des consommateurs sur les profits des multinationales.
Nous ne pouvons pas accepter la politique actuelle menée par la Commission européenne dans le domaine de l'environnement et de la santé. La transition vers une agriculture durable et saine au service de tous les citoyens et sans danger pour les agriculteurs et les écosystèmes est notre priorité. C'est pourquoi nous appelons solennellement la Commission à relancer une procédure d'évaluation transparente du glyphosate. En outre, l'exécutif européen vient d'être condamné par la Cour de Justice de l'Union européenne pour ne pas avoir fixé de cadre pour encadrer les perturbateurs endocriniens. Tant qu'aucune réglementation n'aura été prise dans ce domaine, le glyphosate, qui est un perturbateur endocrinien, ne devrait pas être ré-autorisé. De même, nous demandons sans ambiguïté une interdiction de l'autorisation de nouveaux OGM, sachant que ceux-ci sont en général produits pour tolérer plus de pesticides tels que le RoundUp.
La politique d'intoxication de la Commission doit cesser au plus vite. Pour l'exécutif européen les pesticides et les OGM sont les meilleurs protecteurs de notre environnement. Ou comme si l'on vivait en direct ce qu'écrivait George Orwell dans 1984: "la guerre c'est la paix, l'esclavage c'est la liberté et l'ignorance c'est la force".
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