jeudi 10 octobre 2013

Pourquoi l'Ecole publique manque d'argent ? - Des nouvelles du scandale EPIN

Comment une holding financière a-t-elle pu recevoir au moins 1,36 millions d’€ d’un établissement privé sous-contrat d’association avec l’Etat…
Le collège-lycée EPIN est un petit établissement de la banlieue parisienne (630 élèves), non confessionnel, qui était plutôt connu pour ses excellents résultats aux examens. Mais depuis le mois de mai 2013, suite à un audit financier mandaté par la majorité SUNDEP-Solidaires du CE, on s’interroge sur ses financements et son avenir. En fait, l’envers du décor, c’est que cet établissement est « la vache à lait » d’une holding financière J2M, qui détient d’autres établissements de formation en alternance, totalement hors-contrat, non habilité à toucher les subventions des établissements sous contrat. Ce cas démontre une fois de plus l’absence totale de contrôle financier des établissements privés sous-contrat, financés à plus de 80% par les fonds publics, soit un budget de plus de 7 milliards d’€ pour l’Etat. Grâce à la mobilisation de personnels et de syndicalistes, il apparaît plus que nécessaire qu’un réel contrôle de l’utilisation de ces fonds publics soit mis en œuvre. Il n’est pas normal qu’une école (même privé sous-contrat) serve à enrichir une holding au détriment des élèves, des parents et des personnels. Une école ne peut être une entreprise comme une autre.
Afin de faire connaître le plus largement possible, petit retour sur les événements à EPIN (communiqué du SUNDEP disponible sur : http://www.sundep.org/spip.php?article1386 )
12 décembre 2012 : Les 2 élus SUNDEP du comité d’entreprise mandatent le cabinet APEX pour réaliser un audit financier indépendant (
Mars 2013 : Premières rencontres avec les élus afin d’informer la mairie et le conseil général du Val de marne des démarches en cours
15 mai : Remise de l’audit au CE. Ce jour-là, le directeur délégué, représentant des actionnaires, refuse même de s’asseoir à la même table que le reste du CE. Il refuse de répondre clairement aux questions soulevés par l’audit financier qui met en évidence des flux financiers importants (1,36 millions d’€) transféré vers la holding financière J2M. Dès le départ, le SUNDEP veut la pérennisation de l’établissement et que les fonds publics servent bien à quoi ils sont prévus.
Début juin : le SUNDEP EPIN informe par tract tous les personnels et dénonce la situation financière de l’établissement ( http://www.fcpe94.ouvaton.org/IMG/pdf/trac_epin.pdf ). Il informe immédiatement le rectorat (notre autorité de tutelle), la mairie et le conseil général. Une délégation des élus et représentants du SUNDEP a été reçu par Mme Dethz, responsable de l’enseignement privé au rectorat de Créteil, à qui a été remis l’audit financier.
Fin juin : Jacques Perreux (conseiller général de Vitry/Seine et conseiller régional) et Bertrand Potier, adjoint au maire de Vitry/Seine, chargé du secondaire, dénoncent publiquement la situation financière d’EPIN et s’interrogent sur l’utilisation des fonds publics (http://www.jacquesperreux.fr/actualite/des-questions-qui-meritent-des-reponses.html   -     http://bertrandpotier.hautetfort.com/apps/m/archive/2013/06/28/education-a-vitry-l-etat-doit-prenddre-ses-responsabilites-v.html ). Rapidement, les informations circulent par Internet, la FCPE 94 s’indigne, alors que les budgets pour les écoles publiques sont en baisse. La question est alors officiellement posée au préfet du Val de Marne par le conseil général (   http://www.fcpe94.ouvaton.org/spip.php?article651 ).
4 juillet : le jour des vacances, la direction d’EPIN envoi un courrier internet à tous les personnels, mettant en accusation le SUNDEP qui voudrait « fermer EPIN » ! Une fois de plus, c’est le chantage patronal à l’emploi : taisez-vous ou alors vous serez licenciés… Mais dans ce même courrier, il reconnaît avoir versé 1,63 millions d’€ à 3 établissements de la holding financière J2M.
10 juillet : article du Parisien « L’école subventionnée enrichit une holding », qui met l’affaire sur la place publique (http://www.leparisien.fr/espace-premium/val-de-marne-94/l-ecole-subventionnee-enrichit-une-holding-10-07-2013-2969517.php ). Jean Yves Marillier répond à propos des bénéfices exorbitants d’EPIN « C’est une société commerciale! Est-ce qu’on demande aux entreprises de justifier ce qu’elles font de leur profit? », oubliant au passage qu’EPIN n’est pas du tout une entreprise comme une autre, recevant plus de 700 000 € de subventions publiques / an et la mise à disposition gratuite de 50 enseignants payés par le rectorat, dans le cadre du contrat d’association.
11 et 16 juillet : Henriette Zoughebi, vice-présidente de la région Ile de France chargée des lycées, et Christian Favier, président du conseil général, alertent par courrier le ministre Vincent Peillon, s’interrogeant sur le maintien ou pas de l’agrément pour une holding qui fait de tels bénéfices (http://www.unmondeenpartage.fr/lettre-a-vincent-peillon-au-sujet-de-lecole-epin/une-elue-a-vos-cotes/a-la-une )  .
Eté 2013 : plusieurs articles paraissent dans le Parisien ( http://www.leparisien.fr/espace-premium/val-de-marne-94/l-ecole-privee-epin-dans-le-viseur-de-la-region-16-07-2013-2984977.php ), l’Humanité (http://www.humanite.fr/societe/un-college-lycee-de-vitry-alimente-une-holding-546303 )  , journal syndical, citoyen94. L’association Anticor (fondée par le juge Halphen) s’intéresse au sujet de sa propre initiative citoyenne (  http://saintmauranticor.over-blog.com/l%E2%80%99institut-priv%C3%A9-epin-de-vitry-et-le-contr%C3%B4le-des-subventions-publiques ).
27 août : première audience en référé au TGI de Créteil où l’employeur EPIN attaque le CE pour l’affichage du procès-verbal du 12 décembre 2012, car les incidents de séances (menaces, insultes) qui ont eu lieu ce jour-là (vote du fameux audit financier) sont mentionnés. L’avocat du SUNDEP obtient le report au 15 octobre
2 septembre : prérentrée. Devant tous les enseignants, le directeur attaque le SUNDEP, dénonçant sa démarche comme irresponsable… Il nous accuse à nouveau de vouloir licencier tout le monde, sans jamais répondre sur le fond des questions. La CFTC s’exprime pour dénoncer « la prise en otage des personnels par le SUNDEP ». Personne d’autre ne peut s’exprimer, le SUNDEP n’a pas le droit de répondre.
11 septembre : une délégation SUNDEP est reçue par la vice-présidente de la région qui dit comprendre nos inquiétudes pour l’avenir et affirme son soutien aux personnels, aux élèves et aux parents, qui ne doivent pas subir les conséquences de la gestion actuelle de l’établissement. Il n’est bien évidemment question de fermer l’établissement, mais que celui-ci se mette en conformité avec la loi, c’est-à-dire le Code de l’éducation (voir lettre adressée par les représentants et élus du SUNDEP EPIN à Henriette Zoughebi).
23 septembre : Jacques Perreux, en séance annuelle du conseil général avec le préfet, l’interroge sur l’utilisation des fonds publics à EPIN et demande, au nom du CG, un contrôle de l’établissement. Le préfet lui répond qu’il va voir avec ses services s’il est possible de saisir la Chambre régionale des comptes (http://www.jacquesperreux.fr/actualite/scandale-epin-question-et-reponse-du-prefet.html ). Le Parisien et le journal internet Citoyen94 rendent compte de la séance qui était publique (http://94.citoyens.com/2013/affaire-de-linstitut-epin-le-prefet-du-val-de-marne-promet-de-reagir,25-09-2013.html ).
25 septembre : nouveau comité d’entreprise à EPIN. Le SUNDEP remet des questions écrites à propos de la conformité de l’établissement au vu du Code de l’éducation (voir questions jointes). Il dénonce également le CHSCT car il considère que c’est une instance non-conforme au code du travail et saisi l’inspection du travail.
Et maintenant ? Que va-t-il se passer ? Est-ce que l’affaire va-t-elle être enterrée ou un véritable contrôle des fonds publics va-t-il être réalisé à EPIN ? Des enseignants, des personnels, des parents, des élèves, des élus municipaux, départementaux et régionaux, des citoyens de Vitry et d’ailleurs, nous avons été nombreux à exprimer notre indignation face à ce scandale. L’argent public, prévu pour l’éducation, ne doit pas servir à enrichir une holding, mais bien servir aux élèves, aux personnels, aux locaux… Le contrôle financier des établissements privés sous-contrat est possible, il est même prévu par la loi « Décret n°61-246 du 15 mars 1961 relatif au contrôle financier et administratif des établissements d'enseignement privés »   : le préfet peut saisir un inspecteur de la Trésorerie payeur général. Les autorités doivent avoir le courage de le faire. Ce n’est pas par ce que la règle d’or du financement du privé sous-contrat est l’opacité qu’il faut continuer à accepter de telles dérives financières.
Pour cela, il faut que les élus, les citoyens fassent connaître cette affaire, remontent leur indignation au ministère et au rectorat de Créteil. Seuls, les personnels du SUNDEP-Solidaires ne pourront pas gagner la bataille pour plus de transparence et une meilleure utilisation des fonds publics. Nous avons besoin de votre soutien.
La section du SUNDEP-Solidaires EPIN – Vitry sur Seine
Contact SUNDEP-Solidaires EPIN :
Délégué syndical : Antoine Boulangé
26 rue d’Algersiras - 94 400 Vitry sur Seine
06 22 65 75 54    -   antoine.boulange@noos.fr

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