Toute
horreur crée son gouffre
ainsi
celle de la Traite à nègres qui fit de l'Atlantique
le
plus grand oublié des cimetières du monde
(crânes et boulets relient les îles
entre elles
et les amarrent aux tragédies du
continent)
Le
gouffre chante contre l'oubli
en
roulis des marées
en
mots de sel pour Glissant pour Walcott et pour Kamau Brathwaite
(fascine des siècles dans
l'infini de ce présent où tout reste possible)
Celui
de l'Atlantique s'est éveillé
clameurs en méditerranée
!
l'absurde des
richesses solitaires
les
guerres économiques
les
tranchées du profit
les
meutes et les sectes d'actionnaires
agences-sécurité
et agences-frontières
radars
et barbelés
et
la folie des murs qui damnent ceux qu'ils protègent
chaussures
neuves et crânes jeunes font exploser les vieilles concentrations !
les gouffres appelle le
monde
les gouffres appellent au
monde
l'assise
ouverte
les
vents qui donnent l'humain
l'humain
qui va au vent
les
aventures des peurs et des désirs
la
seule richesse des expériences menées à la rencontre
les
solidarités qui se construisent et qui construisent
les
coopérations qui ouvrent et qui assemblent
et
le suc et le sel de l'accueil qui ose
L'enfant
a eu raison de mettre ses chaussures neuves
ce
qu'il arpente au delà de nos hontes
c'est
le tranchant des gouffres génériques
qui
signalent sous l'horreur
et
qui fixent sans paupières
l'autre
possible ouvert du meilleur de nous
en
ombres en foudres en aubes
les
gouffres enseignent longtemps
(toute douleur est
apprendre et ce chant
est connaître)
chant
partagé d'une même planète.
Patrick CHAMOISEAU
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