(fiche pédagogique)
Source : Les maitres ignorants
Cette fiche est la synthèse de la session qui s’est tenue le 17 avril 2014, à laquelle 33 personnes ont participé.
Nous recevions Carlos et Claire, venus de Toulouse où ils ont participé au lancement de la Coopérative intégrale toulousaine (en novembre 2012).
Nous étions accueillis dans une très belle salle, mise à notre
disposition par le Palais de la femme, rue de Charonne (encore une fois,
tous nos remerciements). Le rôle du « maître ignorant » était joué par
Jean-Baptiste.
La session a commencé par la projection du petit film « La Coopérative intégrale catalane (CIC) » (http://vimeo.com/53486884
), suivie d’une présentation par Claire et Carlos ; puis, nous les
avons interrogés et avons partagé nos informations et réflexions sur le
sujet.
1. Qu’est-ce qu’une coopérative intégrale ?
« La Coopérative intégrale catalane est un
processus de transition, à partir de la base, de l’autogestion, pour
générer un système social et économique de relations humaines hors du
capitalisme. Elle se fonde sur l’idée d’une pratique effective de
comment on voudrait que les choses soient, dans tous les domaines de
notre vie. » (Enric Duran, un des fondateurs de la CIC – extrait du film sur la CIC). Elle existe depuis 2009.
Il s’agit de s’organiser pour répondre nous-mêmes à tous nos besoins : alimentation, logement, santé, éducation, etc. (Claire).
On sait qu’on ne peut pas immédiatement sortir
complètement du système, mais dès maintenant on construit des structures
et des modes de fonctionnement entre nous qui échappent à la logique
capitaliste. Cela peut couvrir une petite partie de notre vie, mais plus
on est nombreux, plus le réseau est riche de tous les projets et toutes
les compétences qui le composent, plus on reprend la main sur des parts
importantes de notre existence (Carlos).
Une coopérative, en soi, est une réponse à une
faim de démocratie réelle, avec une voix pour chacun, qui est même
double : on est à la fois locataire et propriétaire, détenteur du
capital et travailleur ou consommateur, ce qui amène à prendre des
décisions qui sont réllement avantageuses (un exemple simple :
l’électricité est moins chère à installer pour un propriétaire, mais le
locataire est plus avantagé par le gaz). Le pouvoir est relocalisé (Claire ou Carlos). On crée ainsi un cadre en dehors du marché (et du profit) et de l’état (et de la domination) (Jean-Baptiste).
Le but est de produire et consommer des produits respectueux de la
terre et de la dignité des personnes, en ajoutant une « surqualité » :
toute coopérative (intégrale ? de Toulouse ? Catalane ?) crée un bien
coçllectif et quelque chose en plus pour la communauté. Par exemple,
dans la coopérative de logement, il y a ma partie privative, une
buanderie collective et un jardin public (Claire ou Carlos).
2. Quel mode de fonctionnement ?
Comme le dit un intervenant dans le film, une
coopérative intégrale n’existe pas comme entité juridique, mais comme
sujet politique. Par contre, elle crée ou fédère des structures
coopératives qui prennent des formes juridiques variées (les formes les
mieux adaptées aux différents types projets), et qui fonctionnent en
pleine autonomie. Ainsi, à Toulouse, nous sommes en train, après
beaucoup de réflexion, de constituer une association Loi 1901 pour
lancer la monnaie sociale que la Coopérative intégrale toulousaine
promouvra (Carlos).
L’instance principale d’une Coopérative intégrale
est l’assemblée, ouverte à tous. C’est un espace d’échanges,
d’élaboration et de création collective.
Les décisions en assemblées sont prises au
consensus ou au consentement. Si on n’y arrive pas, que certains
s’opposent radicalement à la direction proposée, c’est que le sujet
n’est pas mûr et qu’il faut reporter la décision. (Carlos).
Pour la Ci catalane, ce sont des journées assembléaires, tous les
mois, qui durent trois jours, organisées à chaque fois dans un lieu
différent pour « tourner » dans tout le pays. Le premier jour est
consacré à l’accueil des participants, qui est un point très important,
le second aux échanges d’informations sur l’état d’avancement des
différentes projets, et le troisième aux débats sur les problématiques à
résoudre, décisions à prendre sur l’utilisation des ressources pour
aider ou lancer telle ou telle structure, etc. (Claire). Dans les
journées auxquelles j’ai participé, il y avait une trente à quarante
personnes. (Chloé ?)
Les débats thématiques sont préparés durant le
mois qui les précèdent par des groupes de travail qui recueillent des
informations sur les problématiques à résoudre, font des propositions «
stratégiques » sur la façon de les aborder, etc., et transmettent tout
cela de façon à ce que les participants puissent travailler la question
avant l’assemblée. Ensuite, ce n’est pas des détails de la réalisation
de tel ou tel projet que l’on débat lors de l’assemblée (puisque la
décision n’est pas indépendante de la participation), mais de la
direction à prendre, des outils communs à mettre en place, etc. (Carlos). La
décision prise est ensuite mise au point techniquement et précisément
par des groupes « spontanés » (les gens volontaires pour s’en occuper).
En plus de ces journées assembléaires, il y a également une assemblée
de coordination, qui a toujours lieu à Barcelone, ainsi qu’une
assemblée virtuelle permanente (qui s’appuie sur les groupes de travail)
: création de groupes de discussions, envoi de vidéos, etc.Pour la Coopérative intégrale de Toulouse, le terme choisi pour désigner son instance principale est « Agora », non décisionnaire, ouverte à toutes les personnes. (Carlos). « Pourquoi l’agora n’est pas décisionnaire ? Nous avons écrit dans cet article : la décision est concomitante de l’action. Cela veut dire que seuls ceux qui font (au sein des groupes d’action) décident, c’est ce que nous nommons liberté et autogestion. » (Esprit des status de la CIT, v1.0) Par la suite, nous avons créé une instance associative nommée Réseau d’Échanges de Ressources et de Services, qui, en plus des traditionnelles Assemblée générale ordinaire et Assemblée générale extraordinaire, fonctionne avec une troisième assemblée, plus fréquente, qui se nomme simplement « Assemblée », et un Collectif d’animation. (Carlos) Voici le schéma de cette structure :
D’une manière générale, l’organisation d’une
coopérative intégrale est fondée sur le principe de subsidiarité,
c’est-à-dire que chaque question doit être traitée en priorité par la
plus petite entité en mesure de la résoudre. C’est seulement s’il y a
besoin d’entraide et de coordination à un niveau plus important qu’on
fait appel à une entité de décision plus globale. (Carlos). «
Au niveau territorial, la structure organisative part du bas, du petit,
du local jusqu’au global et au plus coordonné. On essaie de favoriser la
création de noyaux d’autogestion locale, au niveau local, dans les
villes, les quartiers, les villages […] L’objectif à long terme serait
que la zone locale soit la plus autosuffisante possible. À un second
niveau d’organisation, il existe en général des éco-réseaux. Ce sont des
réseaux entre plusieurs noyaux d’autogestion locale dans une vallée ou
une bio-région. Les différents éco-réseaux et noyaux constituent la
coopérative intégrale catalane, avec d’autres projets autonomes qui ont
été créés par la coopérative intégrale elle-même » (Enric Duran, ibid.)
3. Différents types de projets
En allant à Barcelone, nous sommes tombés par
hasard sur « Aurea social », un immeuble qui regroupe un grand nombre
d’activités, très utilisé par la population de la ville, cela nous a
impressionné. (Jean-Baptiste). C’est un bâtiment de trois
étages, qui accueille des activités de santé dans une vision holistique
(facilitateurs de santé, mais aussi prothésistes dentaires,
accompagnement de femmes enceintes, etc.), une cuisine où les gens
viennent faire à manger pour les autres et ont ainsi le repas gratuit,
un potager biologique sur le toit, une crèche parentale. (Claire).
L’immeuble est en train d’être racheté par les participants à la CIC,
est c’est devenu un lieu d’accueil important, un peu le « QG » de la
CIC. (Carlos).
Je suis restée 3 mois à la « Colonie
éco-industrielle post-capitaliste » de Calafou. C’est une grande friche
industrielle acquise par la Ci catalane pour favoriser la création
d’alternatives productives, technologiques et de logement. (Chloé ?).
Au début, il n’y avait pas d’électricité, mais au fur et à mesure, en
accueillant des projets individuels et coopératifs, l’espace s’aménage. (Claire).
Pour connaître la variété des projets et leur
état d’avancement, on peut lire cette chronique de l’année 2013, sur le
site d’Enric Duran : http://enricduran.cat/fr/cooperativa-integral-catalana-chronique-de-lannee-2013-ou-en-sommes-nous-et-vers-quoi-allons-nous/.
Il permet de comprendre ce que recouvre le terme de « Système public
coopératif », et contient un grand nombre de liens vers les sites web de
chaque projet ou structures coopératives. (Jean-Baptiste)
4. La question de la monnaie
S’affranchir autant que possible de l’euro dans
nos échanges permet de gagner en indépendance vis-à-vis du système. Les
caractéristiques des monnaies (six) que nous utilisons sont adaptées à
chaque projet. Ainsi, il y a un grand nombre de monnaies différentes
utilisées au sein de la Ci catalane, parfois limitées à un « éco-réseau »
territorial. (Carlos)
En fait, il ne s’agit pas ici de monnaie locale
complémentaire, comme il en existe un grand nombre en Europe, dont le
statut de monnaie leur impose des contraintes légales, notamment le fait
d’avoir en dépôt bancaire le même montant en euros que celui qui
circule dans la monnaie spécifiée. Il s’agit de monnaie sociale, ou,
plus précisément, de « système de compensation multilatéral ». On peut
créer ce type de système de compensation dès qu’un échange multilatéral
est nécessaire (A veut quelque chose de B qui veut quelque chose de C
qui veut quelque chose de A). Si l’usage de l’outil qui sert d’étalon
pour cet échange est limité à une zone géographique donnée et à une
population donnée (par exemple, les adhérents à une association), ce
n’est pas considéré légalement comme une monnaie et donc cela échappe
aux contraintes légales et fiscales de la monnaie. (Carlos)
Ensuite, on peut choisir librement les
caractéristiques de cette pseudo-monnaie : si elle est seulement
virtuelle ou prend une forme matérielle, si elle est convertible en
euros ou pas, si elle est « fondante » ou pas, s’il y a un maximum
qu’une personne peut posséder ou non, etc. (Claire).
Indépendamment des monnaies spécifiques en cours
au sein d’ « éco-réseaux », la Ci catalane utilise notamment les
ECObasic, non accumulables et non convertibles, qui servent pour
acquérir des biens de base produits au sein de la coopérative intégrale
(les rémunérations de ceux qui travaillent au sein de la Cic sont payées
en partie en ECObasic), et les ECOcoop (la monnaie de la coopérative,
si on n’est dans aucun eco-réseau), existant sous forme uniquement
virtuelle, qui sont convertibles en euros. Les différentes monnaies
partagent une plateforme internationale d’échange, Community exchange
system (https://www.community-exchange.org/) (Carlos)
5. Questions juridiques, économiques et fiscales
Les différents statuts coopératifs ou associatifs
ont leurs spécificités, et sont différents en Espagne et en France.
Ici, le statut coopératif ne permet pas de prendre des décisions au
consensus. C’est pourquoi, à la Ci toulousaine, nous avons choisi un
statut associatif pour notre système d’échange (Carlos).
« Tous, on ouvre de nouvelles façons de
fonctionner, dans la mesure où on n’a pas besoin des coopératives pour
mener à bien des projets. On a besoin de créer des coopératives pour
donner une couverture à plein de projets, qui interagissent de manière
simultanée et en réseau » (Film sur la Ci catalane). On n’est
donc pas dans le modèle classique « Un projet = une entreprise », mais
une même entité juridique sert de cadre et de couverture pour beaucoup
de projets entrepreneuriaux divers. Un des dispositifs correspondants à
ce modèle est le « portage salarial coopératif » (Carlos).
Le fait que la coopérative intégrale en elle-même
n’ait pas de statut juridique la préserve des attaques légales et des
risques associés à chaque type de statut particulier.
Environ 90 personnes touchent actuellement une
rémunération, en ECObasic et en euros, associée à leur travail au sein
de la Cic. (Claire)
La Cic mène une politique de désobéissance
fiscale, notamment par la récupération de crédits de TVA (pour 80 000
euros en 2013). Les participants donnent à une structure coopérative les
factures de leurs achats personnels d’équipements (exemple :
ordinateurs, etc.), cette structure déclare ces achats et la TVA
associée, et comme elle ne facture quasiment rien et ne prélève donc pas
de TVA dans la même période, l’État lui reverse en fin d’année un
crédit de TVA. (Carlos).
Une autre forme est la création de coopératives
non solvables. Plusieurs personnes non solvables s’associent dans le
cadre d’une coopérative, et ils souscrivent des dettes pour le compte
d’autres projets au sein de la Ci catalane.
6. Création de la coopération intégrale toulousaine
Carlos et Claire nous ont expliqué que la
coopérative intégrale toulousaine n’a pas été créée d’un coup, mais que
ça a pris du temps. Ils se sont constitués en « association de fait »
pour mutualiser les ressources (jusqu’au seuil où ils pourront se
transformer en coopérative).
Ils se sont demandé quelles étaient leurs valeurs
communes, leurs besoins et sur quelles thématiques ils avaient envie de
travailler.
L’autogestion consistant à prendre nous-mêmes les
décisions pour répondre à un but commun, ils ont décidé que leur but
était de répondre aux besoins fondamentaux et se sont demandés quels
étaient ces besoins (et ils ont beaucoup discuté et se sont beaucoup
questionnés avant d’arriver à cette question « quel est le besoin ? »).
Ils ont défini leurs besoins comme étant le logement, la nourriture, la
santé (holistique), le financement de projet qui évite la spéculation,
l’éducation, un tissu de relations humaines respectueuses et
s’entraidant.
Les groupes de travail se sont constitués (sur
des évènements, le regroupement d’achats alimentaires, la santé, la
communication et les médias, …). Puis ils se sont retrouvés pour voir
comment les groupes avançaient. les assemblées générales sont devenues
des Agoras au sens d’espace de rencontre pour communiquer sur les
projets, créer des liens, se demander comment mutualiser. Ils ont décidé
que le groupe le plus petit qui peut prendre la décision doit la
prendre (principe énoncé plus haut) et que l’Agora ne devait pas être un
lieu de décision (Claire ou Carlos).
La coopérative de Toulouse dispose par ailleurs
d’une plate forme informatique qui permet de poster des annonces
facilitant le troc (et destinée à permettre l’échange à l’aide d’une
future monnaie locale).
Des modalités d’admission et de radiation ont été
définies. La radiation est prévue en cas de dénigrement ou de
harcèlement moral et sexuel. Au moins un témoignage écrit est
nécessaire.
7. Questions et commentaires
La coopérative fonctionne sur le principe que
chacun apporte sa part ; si une personne n’est pas en mesure de donner
autant qu’elle reçoit, que fait-on ? (Jean-Paul) Cela peut
arriver ; si on s’aperçoit que, dans les échanges, une personne cumulent
les dettes sans pouvoir les rattraper, on en discute avec elle, on
cherche à trouver une solution pour l’aider à apporter quelque chose à
la collectivité, voire on s’associe pour lui permettre d’éponger sa
dette. Mais, en pratique, chaque personne, même vieille ou handicapée, a
des compétences qu’elle peut mettre au service de la collectivité. (Claire).
Y a-t-il un dispositif de justice au sein de la Ci catalane pour gérer les cas qui peuvent se poser dans cette collectivité ? (Jean-Baptiste) Si
la possibilité de radiation d’un membre est prévue dans les status, Il
n’y a pas de tribunal interne. En effet, décider de la radiation d’une
personne en AG pourrait ressembler à une intimidation, une pression
morale empêchant à la personne de se défense équitablement. (Carlos)
Il n’y a jamais eu de cas de crimes au sein de la Cic, mais il est
arrivé qu’on s’aperçoive que, chaque fois que telle personne allait dans
une structure spécifique, des vols y étaient commis. De ce que j’ai vu,
cela n’a jamais fait l’objet de condamnation, le problème a été pris en
charge par un certain nombre de gens avec la personne concernée,
toujours en essayant de trouver une solution plutôt qu’en cherchant
l’exclusion. (Claire)
Y a-t-il des cas de tentatives de prise de pouvoir par certains, et comment les gens y font-ils face ? (Jesse).
Oui, cela peut se poser. En général, cela fait l’objet de réunions pour
poser le problème et y chercher collectivement une solution, y compris
en se faisant aider par des compétences extérieures. (Claire et Carlos).
Les gens qui travaillent au sein de la Ci
catalane ne cotisent pas pour la retraite, cela pose un problème : que
deviendront-ils quand ils ne seront plus en mesure de travailler ? (Emmnanuel ?)
Il faut se rendre compte que l’Etat est en train de nous abandonner,
donc nous ne savons pas non plus si nous aurons droit à une retraite. (Délia).
Le modèle actuel : on travaille à plein temps, puis d’un seul coup on
part à la retraite et on n’a plus aucune activité pour la collectivité,
n’est pas vraiment satisfaisant, et fait que certaines personnes
dépriment à la retraite. Une baisse progressive de la charge de travail
serait beaucoup plus humaine. (Pascal) Les gens qui participent
à une coopérative intégrale se placent dans la durée. On construit des
relations de confiance et d’entraide, qui se poursuivront y compris
quand la personne ne sera plus en mesure d’apporter un travail productif
à la coopérative. (Claire). La question de la confiance est
essentielle, il est nécessaire de sortir d’un climat de méfiance mutuel
auquel nous sommes conditionnés. (Martine).
On a parlé de médecines douces, alternatives
pour le centre de santé « Aurea social ». Mais si des gens ne croient
pas à ce type de médecine, que font-ils ? Est-ce une limite au
caractère inclusif de la Coopérative intégrale : si on n’a pas la même
vision sur la façon de se soigner, on en est exclu de fait ? (Jean-Paul) Non,
d’une part les médecines alternatives ne sont pas les seules proposées,
et d’autre part si on n’est pas d’accord avec ce qui est proposé, on
peut participer au projet, faire valoir son point de vue, et essayer de
le faire avancer dans la direction qu’on juge meilleure. Et si on
n’arrive pas à le faire, on peut toujours monter un autre projet,
proposant un autre type de médecine.
Au niveau personnel, j’imagine que participer à
ce type d’échanges et de relations humaines apporte une grande force,
une confiance en soi ? (Isabelle) Oui, je peux citer par
exemple le cas d’étrangers sans papiers ; quand tu es sans papiers, tout
est compliqué : tu ne peux pas travailler, il t’est difficile de te
loger, etc. Dans la Ci catalane, rien de tout cela. (Claire).
Au terme de cette session, plusieurs d’entre
nous ont manifesté leur intérêt pour explorer ensemble l’opportunité de
lancer une coopérative intégrale en Ile-de-France.
A suivre, donc…
—————————————-
Comptes
Des sandwichs et des boissons avaient été
préparés pour que les participants puissent se restaurer, chacun pouvant
contribuer en fonction de ses possibilités.
Les recettes de ce buffet se montées à 107 euros + un 100 euros de dons, ce qui a permis de financer :
• 57 euros pour rembourser les achats d’alimentation ;
• 100 euros pour le voyage de Carlos et Claire ;
• 50 euros de don au Palais de la femme, en remerciement pour le prêt de la salle et de l’équipement.
Intégrale, parce que son projet est de subvenir aux besoins fondamentaux des coopérateur-trice-s car elle tente de subvenir à tous les besoins des coopérateur-trice-s.
Toulousaine, parce qu'elle déploie son activité sur Toulouse et ses alentours dans le souci de favoriser une autonomie locale et de se réapproprier les ressources locales.
Elle est le résultat de la mise en réseau des alternatives, des idées, des personnes de la région Toulousaine ayant le désir de s'organiser afin de créer une société plus juste et solidaire. C'est un espace autogéré, qui permet à tous une grande liberté d'action, et surtout de création. Il donne la possibilité aux associations, personnes, organisations partageant les même valeurs de s'associer dans un projet , tout en poursuivant leurs activités.
Son but est de faciliter l'autogestion de nos vies, en fournissant aux réseaux locaux des mécanismes et des outils qui permettent le développement stable de projets sociaux autogérés.
De nombreux ÉcoRéseaux et CI se sont développés ces dernières années en France et en Europe, des rencontres internationales sont maintenant organisées afin de pouvoir se rassembler et échanger sur nos expériences.
Les EcoRéseaux, leurs monnaies sociales, et les interconnexions qu'ils dynamisent entre les groupes existants, facilitent la concrétisation de projets post-capitalistes qui, jusque là, avaient du mal à voir le jour. Le but de ces alternatives est de se substituer progressivement au système dominant en satisfaisant depuis la base les nécessités fondamentales des coopérateurs.
La Coopérative Intégrale Catalane a essaimée très rapidement dans les autres régions d'Espagne, notamment grâce au mouvement des Indignés. Ce mouvement est arrivé jusqu'en France et en Belgique où plusieurs projets d'EcoRéseaux et/ou de Coopératives Intégrales sont sur les rails : à Questembert, à Nantes à Toulouse et alentours, en Dordogne, à Paris, des groupes se constituent autour de ce concept afin de l'adapter à leur réalité locale.
Réduire nos coûts en Euros, et favoriser l'utilisation des monnaies sociales au sein des réseaux de la CIT.
Garantir à tou-te-s les membres l'accès aux nécessités basiques, inhérentes à la vie, quelle que soit sa condition sociale (santé, éducation, alimentation, énergie ...). • L' accès, pour ses membres, à l'autonomie alimentaire et énergétique.
Favoriser l'émancipation individuelle et collective en facilitant l'accès aux savoirs et à l'auto formation, ainsi qu'en suivant un travail constant visant à être vigilant-e-s aux rapports sociaux de domination entretenus entre ses membres.
Favoriser la mise en réseau des initiatives post-capitalistes sur un territoire donné (un réseau de réseaux)
L'établissement d'un rapport de confiance réciproque et de solidarité entre ses membres est une des bases de la CI. Les groupes de travail de la CIT sont libres et ouverts, rendant accessibles à tous leurs lieux et dates de réunion, ainsi que l'avancement de leurs travaux via Ecoxarxes. L'ordre du jour est élaboré à l'avance (idéalement 7 jours avant l'Agora afin que touTEs puissent en prendre connaissance) au sein de la réunion de préparation de l'Agora qui est ouverte à touTEs. Même si vous ne pouvez pas assister à cette réunion il est possible d'ajouter des points à l'ODJ via la plateforme EcoXarxes (Groupe Assemblée Virtuelle) jusqu'à 7 jours avant l'Agora (date de la réunion de préparation).
Le processus de prise de décision par consensus est une méthode permettant de prendre une décision qui inclue l'opinion de tous les membres d'un groupe. Avec cette méthode, il est impossible d'entériner une décision qui n'aurait pas l'accord de tous et toutes.
Pour travailler en «consensus», il faut que le groupe ait un objectif commun et la volonté de travailler ensemble à résoudre les problèmes au fur et à mesure. Cela sous entend une participation active de tous les membres du groupe à la discussion. Un veto pourra être exprimé lorsqu'une décision est totalement rejetée par un membre du groupe (le veto revient à dire : «je ne peux pas vivre avec cette décision" et doit être accompagné d'une proposition plus adaptée). En ce cas, la discussion est reportée et nécessitera des outils de discussion affinés tel que le débat en étoile où les propositions de décisions sont d'abord débattues en petit groupe.
Au sein de l'association, le consensus est utilisé pour les prises de décision fondamentales et «graves» (telle que l'exclusion d'une personne).
Le consentement
Nous distinguons par ailleurs le consensus du «consentement». Plus généralement utilisé, le consentement est plus adapté à des grands groupes. Le consentement peut être traduit par «personne ne dit non». Le consentement est évidemment basé sur une forme de confiance dans le groupe. En effet, bien que n'étant pas en totale adéquation avec la proposition de décision, un membre peut se ranger à l'avis du groupe.
Le consentement fait partie intégrante du processus de décision au consensus. Il est utilisé au sein de l'association pour des décisions relevant plutôt des organes exécutifs. Il permet de ne pas bloquer l'action mais demande, tout autant que le consensus, de prendre en compte les opinions de chaque membre du groupe. Il demande, de la part de chaque membre, d'être le plus clair possible quand à son sentiment sur la prise décision en cours (suis-je complètement d'accord, en léger désaccord mais pas opposé, en total désaccord...).
L'ordre du jour
Il est le fil conducteur de l'assemblée. Il garantie la réalisation des tâches dans un espace-temps donné. Il est élaboré au sein de la réunion de préparation de l'AG qui est souveraine et ouverte à tou-te-s.
Liste de parole double
Il s'agit d'une liste dans laquelle le moderat-rice-eur inscrit les personnes ayant levé la main pour prendre la parole. Elle est double parce qu'elle donne la priorité aux personnes ayant pas ou moins parlé.
Les gestes
Il existe différents gestes qui peuvent être utilisés lors de la discussion qui permettent que la prise de parole se fasse par une seule personne à la fois. De tels gestes permettent d'exprimer des ressentis ou des positions sans interrompre la personne qui parle. Il s'agit de codes communs qui pour une discussion d'avantage bienveillante. hyperlien documentation (outils décisionnaires pour une réelle démocratie).
... Et la Coopérative Intégrale Toulousaine, c'est quoi?
En bref
Coopérative, car c'est un projet qui pratique l'autogestion économique et politique, impliquant la participation égale de tous ses membres.Intégrale, parce que son projet est de subvenir aux besoins fondamentaux des coopérateur-trice-s car elle tente de subvenir à tous les besoins des coopérateur-trice-s.
Toulousaine, parce qu'elle déploie son activité sur Toulouse et ses alentours dans le souci de favoriser une autonomie locale et de se réapproprier les ressources locales.
Mais encore
La Coopérative Intégrale Toulousaine s'organise pour une transformation sociale depuis le bas, par l'autogestion, l'auto-organisation et la mise en réseau des alternatives.Elle est le résultat de la mise en réseau des alternatives, des idées, des personnes de la région Toulousaine ayant le désir de s'organiser afin de créer une société plus juste et solidaire. C'est un espace autogéré, qui permet à tous une grande liberté d'action, et surtout de création. Il donne la possibilité aux associations, personnes, organisations partageant les même valeurs de s'associer dans un projet , tout en poursuivant leurs activités.
Son but est de faciliter l'autogestion de nos vies, en fournissant aux réseaux locaux des mécanismes et des outils qui permettent le développement stable de projets sociaux autogérés.
De nombreux ÉcoRéseaux et CI se sont développés ces dernières années en France et en Europe, des rencontres internationales sont maintenant organisées afin de pouvoir se rassembler et échanger sur nos expériences.
Historique
L'idée d'une coopérative intégrale toulousaine s'est dessinée fin 2012, après des rencontres avec Enric Duran, un activiste de la Xarxa per Decreixement Catalana (le réseau catalan pour la décroissance). En Espagne, le mouvement des EcoRéseaux Catalans a permis l'émergence d'une structure régionale autogérée : la Coopérative Intégrale Catalane. Cette coopérative regroupe en fait plusieurs coopératives: de consommation, d'habitation, de production, et d'autofinancement en réseau (banque éthique).Les EcoRéseaux, leurs monnaies sociales, et les interconnexions qu'ils dynamisent entre les groupes existants, facilitent la concrétisation de projets post-capitalistes qui, jusque là, avaient du mal à voir le jour. Le but de ces alternatives est de se substituer progressivement au système dominant en satisfaisant depuis la base les nécessités fondamentales des coopérateurs.
La Coopérative Intégrale Catalane a essaimée très rapidement dans les autres régions d'Espagne, notamment grâce au mouvement des Indignés. Ce mouvement est arrivé jusqu'en France et en Belgique où plusieurs projets d'EcoRéseaux et/ou de Coopératives Intégrales sont sur les rails : à Questembert, à Nantes à Toulouse et alentours, en Dordogne, à Paris, des groupes se constituent autour de ce concept afin de l'adapter à leur réalité locale.
Objectifs
Construire entre les individus et les entreprises sociales, un cadre de relations économiques coopératives et solidaires qui échappe aux règles du marché contrôlé par l'Etat. En faire un espace pour promouvoir et généraliser l'usage de produits écologiques locaux, de services réellement nécessaires pour notre quotidien et créer de nouveaux projets d'auto emploi liés à ces nécessités concrètes.Réduire nos coûts en Euros, et favoriser l'utilisation des monnaies sociales au sein des réseaux de la CIT.
Garantir à tou-te-s les membres l'accès aux nécessités basiques, inhérentes à la vie, quelle que soit sa condition sociale (santé, éducation, alimentation, énergie ...). • L' accès, pour ses membres, à l'autonomie alimentaire et énergétique.
Favoriser l'émancipation individuelle et collective en facilitant l'accès aux savoirs et à l'auto formation, ainsi qu'en suivant un travail constant visant à être vigilant-e-s aux rapports sociaux de domination entretenus entre ses membres.
Favoriser la mise en réseau des initiatives post-capitalistes sur un territoire donné (un réseau de réseaux)
Fonctionnement
Agora
Nous nous réunissons chaque dernier samedi du mois pour une Agora libre et ouverte à tous. L'Agora est un espace d'accueil, de création et de rencontre et de coordination entre les groupes et les personnes. Sa volonté démocratique implique la prise en compte de la voix de chacunE et nécessite donc une écoute attentive et bienveillante de la part de touTEs. Il s'agit d'y impulser des initiatives, de présenter les différents groupes de travail, d'accueillir les nouvelles personnes et d'y énoncer des besoins et problématiques afin d'y répondre grâce à l'intelligence collective. Afin de respecter le principe de subsidiarité qui veut que la responsabilité d'une activité soit allouée à la plus petite entité capable de résoudre la question d'elle même, les prises de décision sont décentralisées, ce qui signifie que chaque groupe d'action autonome peut tenir une assemblée indépendante et prendre ses propres décisions, sans le concours de l'Agora. Néanmoins, l'Agora exerce de fait une fonction de coordination qui implique la passation d'accords de principe concernant le développement et l'orientation politique de la CIT. Par ailleurs, les questions relatives aux ressources que les groupes souhaitent mettre en commun et qui nécessitent une couverture juridique sont débattues et résolues au sein d'instances chargées de gérer les ressources mutualisées telles que le Réseau d'Échange de Ressources et de Services (RERS).L'établissement d'un rapport de confiance réciproque et de solidarité entre ses membres est une des bases de la CI. Les groupes de travail de la CIT sont libres et ouverts, rendant accessibles à tous leurs lieux et dates de réunion, ainsi que l'avancement de leurs travaux via Ecoxarxes. L'ordre du jour est élaboré à l'avance (idéalement 7 jours avant l'Agora afin que touTEs puissent en prendre connaissance) au sein de la réunion de préparation de l'Agora qui est ouverte à touTEs. Même si vous ne pouvez pas assister à cette réunion il est possible d'ajouter des points à l'ODJ via la plateforme EcoXarxes (Groupe Assemblée Virtuelle) jusqu'à 7 jours avant l'Agora (date de la réunion de préparation).
Les outils de prise de décision
Le consensusLe processus de prise de décision par consensus est une méthode permettant de prendre une décision qui inclue l'opinion de tous les membres d'un groupe. Avec cette méthode, il est impossible d'entériner une décision qui n'aurait pas l'accord de tous et toutes.
Pour travailler en «consensus», il faut que le groupe ait un objectif commun et la volonté de travailler ensemble à résoudre les problèmes au fur et à mesure. Cela sous entend une participation active de tous les membres du groupe à la discussion. Un veto pourra être exprimé lorsqu'une décision est totalement rejetée par un membre du groupe (le veto revient à dire : «je ne peux pas vivre avec cette décision" et doit être accompagné d'une proposition plus adaptée). En ce cas, la discussion est reportée et nécessitera des outils de discussion affinés tel que le débat en étoile où les propositions de décisions sont d'abord débattues en petit groupe.
Au sein de l'association, le consensus est utilisé pour les prises de décision fondamentales et «graves» (telle que l'exclusion d'une personne).
Le consentement
Nous distinguons par ailleurs le consensus du «consentement». Plus généralement utilisé, le consentement est plus adapté à des grands groupes. Le consentement peut être traduit par «personne ne dit non». Le consentement est évidemment basé sur une forme de confiance dans le groupe. En effet, bien que n'étant pas en totale adéquation avec la proposition de décision, un membre peut se ranger à l'avis du groupe.
Le consentement fait partie intégrante du processus de décision au consensus. Il est utilisé au sein de l'association pour des décisions relevant plutôt des organes exécutifs. Il permet de ne pas bloquer l'action mais demande, tout autant que le consensus, de prendre en compte les opinions de chaque membre du groupe. Il demande, de la part de chaque membre, d'être le plus clair possible quand à son sentiment sur la prise décision en cours (suis-je complètement d'accord, en léger désaccord mais pas opposé, en total désaccord...).
L'ordre du jour
Il est le fil conducteur de l'assemblée. Il garantie la réalisation des tâches dans un espace-temps donné. Il est élaboré au sein de la réunion de préparation de l'AG qui est souveraine et ouverte à tou-te-s.
Liste de parole double
Il s'agit d'une liste dans laquelle le moderat-rice-eur inscrit les personnes ayant levé la main pour prendre la parole. Elle est double parce qu'elle donne la priorité aux personnes ayant pas ou moins parlé.
Les gestes
Il existe différents gestes qui peuvent être utilisés lors de la discussion qui permettent que la prise de parole se fasse par une seule personne à la fois. De tels gestes permettent d'exprimer des ressentis ou des positions sans interrompre la personne qui parle. Il s'agit de codes communs qui pour une discussion d'avantage bienveillante. hyperlien documentation (outils décisionnaires pour une réelle démocratie).
"Quand
je pense aux conséquences négatives de la société d'abondance, je pense
à la vie de tous les jours, à la santé, au travil, à l'amour, à la
communauté, au bonheur, à tout cela qui ne s'achète pas ou, quand on
croit pouvoir l'acheter, coûte finalement trop cher, car on doit
sacrifier le meilleur de sa vie à gagner de quoi le payer. Pour ma part,
il y a longtemps que le "système" nous enferme, individuellement et
collectivement, dans une cage qui nous laisse de moins en moins
véritables et de vraie liberté. Que les barreaux de la cage soient dorés
ne change rien à la réalité profonde de l'aliénation de ses
prisonniers." Serge Mongeau
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