La plupart des articles qui exposent les
avantages de l’énergie solaire ont tendance à s’articuler autour d’un
thème donné : celui-ci évoquera les questions de prix, lorsque celui-là
s’intéressera à l’impact environnemental tandis que d’autres encore
préfèreront rappeler son intérêt stratégique.
Cette
démarche, somme toute naturelle, présente l’inconvénient de créer des
débats parfois sans fin sur la pertinence de tel ou tel argument, les
tristes sires obtus étant souvent passés maitres dans l’art du sophisme.
Or, la décision de privilégier une forme d’énergie par rapport à une
autre a de telles répercussions, dont certaines se font hélas déjà
ressentir, que le décideur avisé devra s’attacher à avoir une vision
globale des avantages et inconvénients de chaque alternative avant de
trancher.
Lorsque la plupart des pays du
globe, à commencer par les plus grandes puissances économiques mondiales
(USA, Chine, Japon, Allemagne…), sont d’ores et déjà convaincus de la
nécessité d’intégrer une part massive de solaire dans le mix
énergétique, il semble judicieux de fournir une vue d’ensemble des
multiples bénéfices liés à l’utilisation du photovoltaïque, à l’usage en
particulier des rares sceptiques qui n’ont pas encore eu l’opportunité
d’en apprécier toute la richesse.
Prix de revient de l’électricité
À tout
seigneur, tout honneur. Dans un monde qui continue à privilégier le
profit à court terme, la question du coût reste centrale. C’est sans
surprise que la plupart des publications se concentrent sur cette
problématique, et c’est également sur ce sujet que la plupart des
contre-vérités circulent (ne serait-ce qu’Henri Proglio qui, il y a 6
mois, annonçait des prix de l’électricité photovoltaïque 2 à 3 fois supérieurs à la réalité).
Que les choses soient donc claires : le solaire résidentiel est déjà compétitif dans 42 des plus grandes villes des États-Unis et il est prévu qu’il le soit sur 80 % de la planète d’ici 2017 . D’une façon plus générale, le LCOE du photovoltaïque au sol est le plus bas aux côtés de celui de l’éolien.
Plus important encore, ce prix continue de baisser
! Et de nombreuses façons de le réduire encore drastiquement sont
disponibles : prix des composants de base eux-mêmes évidemment, mais
également innovations techniques (en particulier augmentation de la
puissance des panneaux), innovation financière (titrisation), coût du
financement, volonté politique (simplification des procédures),
repowering, etc. À titre d’illustration, même une amélioration minime de
chacun des aspects évoqués ci-dessus permettrait déjà une amélioration
du LCOE de 10 %.
Prix cache des énergies conventionnelles
Lorsque l’on compare les prix de revient de chaque source, on oublie souvent de parler des coûts indirects ( les fameuses externalités ) : pollution de l’eau, santé, changement climatique, accidents, etc.
Sur ces sujets, commençons par noter que le photovoltaïque au sol est la technologie la plus efficace en terme de coûts pour lutter contre le changement climatique (rappelons que cette année Paris accueille la COP21).
En outre, le photovoltaïque n’est généralement à l’origine que de très peu de nuisances ou d’accidents, et ceci sur la totalité de la chaîne de valeur (pour rappel, les coûts sanitaires liés à la pollution de l’air sont estimés à eux seuls entre 20 à 30 milliards et sont liés en majeure partie à l’énergie).
Décentralisation
L’électricité
issue de sources dites conventionnelles est la plupart du temps générée
sur un nombre restreint de sites de grandes puissances. Ceci découle de
considérations essentiellement financières (économies d’échelle,
transport du combustible…), mais n’est pas sans poser un certain nombre
de problèmes. D’abord en terme de qualité de la distribution électrique,
puisqu’une difficulté localisée (panne, avarie, rupture d’une ligne de
transmission) aura un impact sur un très grand nombre d’utilisateurs :
accès restreint voire plus d’accès du tout.
Un danger plus grave
est celui soulevé entre autres par la commission de régulation de
l’énergie américaine, et concerne la menace terroriste. Pour résumer :
l’attaque simultanée de 9 centrales clés provoquerait un blackout généralis
é sur l’ensemble des États-Unis. Un scénario hollywoodien qui prête à
sourire ? Pourtant les drones qui ont survolé le parc nucléaire français
à maintes reprises et en toute impunité suffisent à rendre plausible un
tel scénario.
Inutile d’épiloguer sur les
conséquences sociales et économiques que provoquerait un tel événement.
Le recours aux énergies renouvelables, en particulier le solaire
photovoltaïque, permet de remédier à ces problématiques puisqu’elles
sont structurellement décentralisées.
Indépendance
Qui
dit énergie conventionnelle dit combustible. Qui dit combustible dit
approvisionnement. La plupart des pays ne sont pas indépendants de ce
point de vue puisqu’ils doivent avoir recours à des importations
massives, que ce soit d’uranium, de charbon ou de pétrole. En dehors
même de l’impact sur la balance commerciale, il existe également des
répercussions géopolitiques qui peuvent aller jusqu’à la création de
tensions au niveau international. L’exemple le plus marquant à ce sujet
est sans conteste celui du pétrole, les conséquences sur le paysage
mondial étant connues de tous.
Une
fois de plus le photovoltaïque résout ce problème puisqu’il utilise
une ressource gratuite, et facilement accessible par tous. C’est
d’ailleurs sûrement pour cette raison que de nombreuses bases militaires dans le monde sécurisent leur approvisionnement électrique en se dotant de telles structures.
Environnement
Même les détracteurs des énergies renouvelables sont bien obligés d’admettre qu’elles sont imbattables en termes d’ émission de CO2
. Seul le nucléaire pourrait éventuellement rivaliser, mais est-il
besoin de rappeler que le solaire présente un vrai risque zéro et non
pas, pour utiliser un doux euphémisme cher aux industriels du
secteur, un risque "contrôlé".
En terme de
rejet indirect, et contrairement aux idées reçues, ici aussi le solaire
remplit son rôle puisque l’industrie photovoltaïque produit maintenant
plus d’énergie qu’elle n’en consomme .
Enfin,
un aspect moins connu, mais ô combien important est celui de la
consommation d’eau. Commençons par rappeler que la problématique de la raréfaction de l’eau inquiète de plus en plus, qu’elle est systématiquement sous-évaluée et que la France n’est pas épargnée. Or, la quantité d’eau
utilisée pour produire de l’électricité photovoltaïque est
négligeable, ce qui explique que de nombreuses voix commencent à
s’élever pour conseiller l’utilisation de cette technologie et ainsi éviter de gaspiller notre plus précieuse ressource.
Économie
Les
discours politiques sur la croissance, le chômage, l’importance des
PME, etc. sont présents dans les esprits de tous. En particulier la
création d’emplois est un thème majeur de la plupart des programmes de
campagne en Europe, mais également dans le reste du monde.
Mais
quel lien avec le solaire ? Et bien il s’avère que le dynamisme du
secteur génère bien plus d’emploi que n’importe quelle autre source
d’énergie : investir 1 million de dollars implique ~14 emplois pour le
photovoltaïque contre ~6 pour les énergies conventionnelles .
En
outre l’appropriation des centres de production par les citoyens tel
qu’on peut l’observer en Allemagne, en utilisant par exemple le nouvel
outil du Crowdfunding,
permettrait une injection massive de l’épargne dans les infrastructures
solaires, redynamisant ainsi l’économie tout en permettant un
déploiement accéléré du photovoltaïque.
Révolution
Malgré
sa jeunesse relative, le solaire photovoltaïque présente
indiscutablement des avantages majeurs dans la plupart des
considérations clés. D’ailleurs, les experts ne s’y trompent pas puisque
même l’ IEA
, qui a pourtant jusqu’ici systématiquement sous-estimé le potentiel de
développement du solaire, prédit que cette technologie pourrait dominer le monde de l’énergie d’ici 2050.
Et
de son côté, ce n’est pas par hasard que dans son récent discours sur
l’état de l’Union, Barack Obama évoque conjointement la reprise de
l’économie américaine, la lutte contre le réchauffement climatique et le
dynamisme de la filière photovoltaïque américaine.
La
question n’est donc plus de savoir si le photovoltaïque va s’imposer,
ni même quand il le fera. Le réel enjeu maintenant est de se positionner
suffisamment rapidement pour pouvoir bénéficier au maximum des
retombées de ce nouveau relai de croissance mondial.
De
même que certains étaient convaincus que le Minitel l’emporterait sur
Internet, il y aura toujours des personnes qui s’obstineront à vivre
dans le passé. Cela doit rester leur problème, pas le nôtre.
Olivier Mormiche / Président de In Sun We Trust
En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-121614-photovoltaique-cessons-de-rejeter-lavenir-1087349.php?Oh6LyPkrIe7jRCCm.99
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