Dominique
Rousseau
Médiapart - 7 septembre 2014
Par Joseph Confavreux - Mediapart.fr
La
situation politique actuelle est aussi le reflet d'une
Constitution à bout de souffle qui protège les gouvernants
des gouvernés, alors que ce devrait être l'inverse. Dans
une France qui tangue au milieu d'institutions trop
rigides, l'écriture d'une nouvelle Constitution
pourrait-elle réparer les défauts d'origine de la Ve
République et combattre l'impuissance politique ? Oui,
répond Dominique Rousseau, à condition de « créer une
nouvelle assemblée où s'expriment les expériences de vie
concrètes ».
Divorce
entre un pouvoir élu et ceux qui ont voté pour lui
récemment, contradictions entre le pouvoir exécutif et le
pouvoir législatif, présidentialisme isolé dans des réflexes
monarchiques, jeux de rôles ambigus entre le président de la
République et le premier ministre : les évènements
politiques de cette rentrée s'inscrivent dans les blocages
institutionnels et les malfaçons constitutionnelles de la Ve
République.
Dominique
Rousseau, professeur de droit constitutionnel à l’Université
Paris I Panthéon-Sorbonne examine pour Mediapart les
ressorts profonds d'une débâcle politique qui n'est pas
seulement celle du parti socialiste mais aussi celle d'un
régime constitutionnel de plus en plus inapte à prendre en
compte les évolutions et les exigences des sociétés
contemporaines.
Mediapart.
Ce à quoi nous avons assisté la semaine dernière
s'apparente-t-il à un énième déchirement du PS ou à une
crise institutionnelle ?
Dominique Rousseau. Incontestablement, c'est d’abord une crise institutionnelle. Les institutions, qui sont faites pour permettre un échange fluide et continu entre les gouvernés et les gouvernants, sont aujourd'hui bloquées. Elles n’entendent plus ce qui se dit dans la société et la société ne les écoute plus. Cette situation politique peut être qualifiée d’autisme institutionnel puisque les canaux institutionnels de communication entre les gouvernés et les gouvernants sont aujourd’hui bouchés.
Dominique Rousseau. Incontestablement, c'est d’abord une crise institutionnelle. Les institutions, qui sont faites pour permettre un échange fluide et continu entre les gouvernés et les gouvernants, sont aujourd'hui bloquées. Elles n’entendent plus ce qui se dit dans la société et la société ne les écoute plus. Cette situation politique peut être qualifiée d’autisme institutionnel puisque les canaux institutionnels de communication entre les gouvernés et les gouvernants sont aujourd’hui bouchés.
Mais
c’est aussi une crise sociale. On entend souvent dire qu’un
conflit entre l’exécutif et le Parlement, ou entre le
président de la République et le premier ministre, n’est pas
si grave car il s’agirait « seulement » d’une crise
institutionnelle. Ce n’est pas ma position. Cette crise
institutionnelle est une crise sociale parce que les
institutions sont, dans la conjoncture actuelle, ce qui fait
tenir debout les sociétés. Sans institutions, les sociétés
ressembleraient aux montres molles de Salvador Dali. Si les
institutions sont en crise, c'est qu'il y a une crise du
lien social. Les institutions ne sont qu’une mise en abyme
de l’ordre social.
On
a aussi beaucoup entendu le vocabulaire de la « crise de
régime ». Vous paraît-il pertinent ?
Oui,
il y a une crise de régime, qui se situe elle-même à
l’intérieur de la crise socio-institutionnelle dont je viens
de parler. La crise de régime renvoie à cette figure
constitutionnelle française qui fait coexister deux
institutions élues au suffrage universel, le président de la
République, et l’Assemblée nationale. Et les circonstances
politiques ont conduit à faire du président un capitaine
dans une structure qui reste parlementaire. Or il y a une
incompatibilité entre président actif et régime
parlementaire. Au Portugal, en Autriche, le président est
élu mais il n’est pas le capitaine ; le capitaine, c’est le
premier ministre.
On
ne découvre pas aujourd’hui cette incompatibilité, mais
jusqu’à présent, on a mis des rustines sur la Constitution
de 1958, comme la réduction du mandat de 7 à 5 ans et des
élections législatives calées juste après la présidentielle.
Mais, souvent, une rustine n’empêche pas la chambre à air de
fuir ailleurs. C’est la situation aujourd’hui. Il faut
changer ce régime constitutionnel qui conduit à une
impuissance politique, du parlement à qui on demande de se
taire, de l’Élysée qui n’a plus la majorité de sa politique.
La
Constitution actuelle fonctionne comme un bouclier pour les
gouvernants, elle protège le président de la République et
le premier ministre des « secousses de l’opinion », comme
disent les journalistes. Mais une Constitution doit être
d’abord un bouclier qui protège les citoyens contre le
risque d'arbitraire des gouvernants ! On a inversé la
fonction d'une Constitution qui est de garantir au peuple
que ceux qui exercent le pouvoir en son nom respecteront ses
volontés.
Pourquoi cette crise éclate-t-elle maintenant ?
Parce que les rustines n'ont fait que déplacer le problème et que cela devient impossible de résoudre le blocage qui se crée de manière répétitive entre l’Assemblée nationale et l’exécutif par de simples rafistolages. Depuis la réforme du quinquennat et l’inversion du calendrier électoral, en 2002, tous les quinquennats – ceux de Chirac, Sarkozy ou Hollande – ont connu des difficultés de fonctionnement liées à l’impossibilité de définir le véritable responsable politique.
Pourquoi cette crise éclate-t-elle maintenant ?
Parce que les rustines n'ont fait que déplacer le problème et que cela devient impossible de résoudre le blocage qui se crée de manière répétitive entre l’Assemblée nationale et l’exécutif par de simples rafistolages. Depuis la réforme du quinquennat et l’inversion du calendrier électoral, en 2002, tous les quinquennats – ceux de Chirac, Sarkozy ou Hollande – ont connu des difficultés de fonctionnement liées à l’impossibilité de définir le véritable responsable politique.
Chirac
s’est heurté à Sarkozy, Sarkozy s’est heurté à Fillon et
Copé, Hollande se heurte aux frondeurs. Le problème n’est
donc pas politique, c’est un problème structurel, lié à ce
que nos institutions ne sont pas solides, mais rigides. Or,
entre le chêne et le roseau, on sait celui qui s'en sort en
cas de tempête. À l’heure actuelle, nos institutions
corsètent la société, qui ne peut s’exprimer au Parlement,
et cela déborde.
À vous entendre, le problème serait donc moins le présidentialisme, que la dyarchie du pouvoir légitime ?
À vous entendre, le problème serait donc moins le présidentialisme, que la dyarchie du pouvoir légitime ?
Absolument.
Le problème depuis 1958, malgré ce qu'en disait de Gaulle,
est qu'il y a une dyarchie qui finit toujours par entraîner
des blocages entre le premier ministre et le président de la
République, indépendamment de la volonté des hommes et des
couleurs politiques. De Gaulle et Pompidou, Pompidou et
Chaban, Giscard et Chirac, Mitterrand et Rocard… Il y a un
défaut de fabrication politique qu’on a voulu dissimuler
sous le tapis, mais aujourd’hui, la poussière est devenue un
tas qui a troué le tapis constitutionnel.
Un
autre élément très important de cette crise de régime est
que ceux qui nous gouvernent sont enfermés dans ce que
j’appelle une « pensée d'État ». Ce sont des énarques très
compétents, mais formatés à penser les choses de la société
à partir d'un a priori sur ce qu'est l'intérêt général. Ils
estiment que les citoyens sont incompétents pour définir ce
qu'est l'intérêt général de la société et jugent donc normal
de définir eux-mêmes ce qu’il est. C'est une pensée tragique
pour la France qui a aujourd’hui besoin d'une « pensée de la
société. »
Les
« gens » sont capables, si on les laisse s’exprimer et
délibérer, de produire des règles, de trouver l’intérêt
général. Ce ne sera sans doute pas le même que celui produit
par la promotion Voltaire, mais ce sera à hauteur des
expériences vécues par les gens. La démocratie n'est pas une
question d'arithmétique, mais une question d’expériences de
vie. Or notre société raisonne à partir d'une pensée d'État
abstraite, au moment où elle a besoin d'une pensée des
expériences.
Dans
les dernières années, toutes les questions importantes ont
été sorties non par des députés, mais par les lanceurs
d'alerte. La société est capable de mettre sur la place
publique non seulement les questions qui font problème,
comme la santé, l’alimentation, le logement, mais elle est
aussi capable de produire des réponses, d’imaginer des
règles nouvelles pour l’intérêt général.
Pensez-vous
que l'écriture d'une nouvelle Constitution pourrait
résoudre les dysfonctionnements à répétition de la
politique française ?
Oui, mais à condition que ce soit une vraie réécriture, et non une écriture qui vise à distribuer autrement le pouvoir entre ceux qui l'ont déjà. Elle devrait faire accéder à l'exercice du pouvoir ceux qui en sont à la marge ou en sont exclus.
Oui, mais à condition que ce soit une vraie réécriture, et non une écriture qui vise à distribuer autrement le pouvoir entre ceux qui l'ont déjà. Elle devrait faire accéder à l'exercice du pouvoir ceux qui en sont à la marge ou en sont exclus.
Cela
veut d’abord dire qu'il faut créer une nouvelle assemblée où
s'expriment les expériences de vie concrètes. La question
prioritaire ne me semble pas être de donner plus de pouvoir
à l’Assemblée nationale, mais de permettre à ce que De
Gaulle appelait les « forces vives » de disposer
d’une assemblée pour représenter les citoyens concrets, dans
leurs activités professionnelles, associatives ou de
consommateurs. Ce que n’est absolument pas le Conseil
économique, social et environnemental aujourd’hui. Il
faudrait donc le remplacer par une vraie Assemblée sociale.
Aujourd’hui,
l’Assemblée nationale représente le citoyen abstrait et il
faut une autre assemblée pour représenter les citoyens
concrets, c’est-à-dire situés dans leurs activités
professionnelles et sociales. Et il faut bien sûr
reconnaître à cette assemblée un pouvoir délibératif et non
seulement consultatif. Dans nos sociétés complexes, la
volonté générale doit être connectée avec ce que vivent
quotidiennement les gens, dans leurs métiers ou leurs
activités sociales de parents d’élèves, de consommateurs… Or
notre régime actuel repose sur une conception
unidimensionnelle du citoyen, à savoir l’électeur. Le
citoyen est pourtant pluriel et les autres figures du
citoyen doivent s’exprimer dans une assemblée pour exister.
Souvenez-vous
du raisonnement de l’abbé Siéyès « Qu'est-ce que le
Tiers-État ? Tout. Qu'a-t-il été jusqu'à présent dans
l'ordre politique ? Rien. Que demande-t-il ? À être
quelque chose. » Il a fallu que le Tiers-État se dote
d’une assemblée pour pouvoir participer à la volonté
générale. Il faut aujourd'hui un processus similaire pour ce
citoyen « social », qui doit disposer d’une
nouvelle assemblée, l’assemblée sociale, pour pouvoir
exprimer la manière dont il vit, travaille ou consomme.
Cela
modifiera les thèmes sur lesquels légiférer et la manière de
le faire. Regardez par exemple la question du fait religieux
et du voile en entreprise. L’Assemblée nationale juge qu’il
faut une loi parce qu’elle est prise dans des préoccupations
électoralistes, mais le Conseil économique et social a jugé
qu’il fallait laisser les acteurs sociaux régler les
problèmes sans en passer par la loi, car ils ont une bien
meilleure vision des enjeux, des difficultés et des manières
de les résoudre.
Le deuxième élément fondamental, si on rédigeait une Constitution, serait la suppression du Conseil d'État, qui se définit parfois lui-même comme étant l'âme de l'État. Or, aujourd'hui, ce dont notre société a besoin, c'est précisément de rompre avec cette conception bonapartiste et étatique d'un lieu sacré où se fabriquerait l'intérêt général, pour laisser vivre les institutions de la société qui, par la délibération, l'échange d'arguments, la vivacité de l'espace public, peuvent produire cet intérêt général renouvelé.
Le deuxième élément fondamental, si on rédigeait une Constitution, serait la suppression du Conseil d'État, qui se définit parfois lui-même comme étant l'âme de l'État. Or, aujourd'hui, ce dont notre société a besoin, c'est précisément de rompre avec cette conception bonapartiste et étatique d'un lieu sacré où se fabriquerait l'intérêt général, pour laisser vivre les institutions de la société qui, par la délibération, l'échange d'arguments, la vivacité de l'espace public, peuvent produire cet intérêt général renouvelé.
Supprimer
le Conseil d'État signifierait concrètement que le
contentieux administratif serait transféré à la cour de
cassation, à l'intérieur de laquelle on créerait une chambre
administrative. Et la fonction consultative, exercée
actuellement par le Conseil d'État, serait transférée au
ministère de la Loi, qui devrait remplacer le ministère de
la Justice.
En
effet, les caractéristiques de la justice ne sont pas
compatibles avec sa participation à un gouvernement, car la
justice doit être impartiale, objective et neutre, or un
gouvernement est partial, et c’est normal. Je propose donc
de sortir la justice du gouvernement et de remettre la
formation, la nomination et la discipline des magistrats à
une autorité constitutionnelle indépendante. Le ministère de
la justice pourrait alors devenir un ministère de la Loi,
chargé de vérifier que les projets de loi de ses collègues
sont écrits dans une rédaction juridique cohérente,
notamment avec les textes européens.
Le
Conseil d'État est une institution respectable, mais qui
exprime un moment situé de l'histoire politique de la
France, celui où la France avait besoin de l'État pour se
construire. Aujourd'hui, la France a besoin de la société
civile pour continuer son histoire. La suppression du
Conseil d'État permettrait de débloquer les énergies de la
société et de faire émerger une diversité sociale des
gouvernants. Le problème n'est pas de critiquer l'élite.
Toute société a besoin d'une élite. Le problème de la France
est d'avoir une élite mono-formatée. Dans les autres pays,
il y a une élite, mais elle est diversifiée dans sa
formation et ses origines. Cette élite mono-formatée a servi
à faire la France d’hier ; la France du XXIe
siècle se fera par une élite pluri-formatée.
Vous avez écrit que la Constitution était le « miroir magique » de la société. Mais espérer résoudre une crise sociale en écrivant une meilleure Constitution ne relève-t-il pas aussi d’une forme de « pensée magique », ou du moins d’illusion ?
On peut évidemment dire que c'est parce que je suis juriste que j’ai écrit ça. Mais je suis persuadé que dans nos sociétés post-métaphysiques, où il n'y a pas un lieu extérieur et supérieur à l'Homme pour dire ce qui est bien et ce qui est mal, où il n'y a plus Dieu, plus la Nature, plus la Classe ouvrière, où il n’y a plus un principe transcendantal donnant aux hommes la garantie que c'est comme cela qu'il faut faire, ce qu’il reste à l’Homme pour faire lien, c'est le droit, c'est-à-dire la discussion entre les hommes. Comme le disait Sartre, nous sommes désormais condamnés à être libres, à déterminer nous-mêmes par la discussion les règles de notre vie commune. C’est pour cela que le droit a un rôle déterminant à jouer dans la refondation démocratique, même s’il n’est bien évidemment pas le seul.
Vous avez écrit que la Constitution était le « miroir magique » de la société. Mais espérer résoudre une crise sociale en écrivant une meilleure Constitution ne relève-t-il pas aussi d’une forme de « pensée magique », ou du moins d’illusion ?
On peut évidemment dire que c'est parce que je suis juriste que j’ai écrit ça. Mais je suis persuadé que dans nos sociétés post-métaphysiques, où il n'y a pas un lieu extérieur et supérieur à l'Homme pour dire ce qui est bien et ce qui est mal, où il n'y a plus Dieu, plus la Nature, plus la Classe ouvrière, où il n’y a plus un principe transcendantal donnant aux hommes la garantie que c'est comme cela qu'il faut faire, ce qu’il reste à l’Homme pour faire lien, c'est le droit, c'est-à-dire la discussion entre les hommes. Comme le disait Sartre, nous sommes désormais condamnés à être libres, à déterminer nous-mêmes par la discussion les règles de notre vie commune. C’est pour cela que le droit a un rôle déterminant à jouer dans la refondation démocratique, même s’il n’est bien évidemment pas le seul.
Première
de couverture de la Constitution tunisienne de 2014
En
ce sens, le droit possède un aspect magique, car lorsque le
droit dit : « les hommes et les femmes sont égaux »,
cela oblige les hommes et les femmes à se voir comme des
êtres égaux. Regardez la lutte qui s’est produite, en
Tunisie, pour inscrire cette égalité dans la Constitution et
ne pas accepter de parler seulement de « complémentarité »
entre les hommes et les femmes. La Constitution possède un
aspect performatif qui conduit les hommes et les femmes à se
conduire comme la Constitution le dit.
Le sentiment actuel de débâcle politique vient aussi de l'écart entre la posture autoritaire, voire autiste, des têtes de l'État et du sentiment de leur impuissance réelle. Cette impuissance, qui est aussi liée à des phénomènes de globalisation, à des grandes évolutions sociales et sociétales ou à des mutations aussi bien économiques qu'anthropologiques pourra-t-elle vraiment être combattue ou compensée par un meilleur fonctionnement institutionnel ?
Je crois justement que ce que je vous dis là implique un profond changement de paradigme. Affirmer le basculement d'une pensée d'État à une pensée de la société ouvre notamment sur la société-monde, l'espace-monde et une Constitution-monde. Si on reste dans le cadre des États, on demeure avec des souverainetés qui s'opposent, alors qu’aujourd'hui, on voit apparaître des intérêts communs mondiaux, autour de l'eau, de la santé, de l’alimentation, du climat, qui ne sont pas des problèmes allemands, français, colombiens ou japonais, mais des questions mondiales. Le fait que les sociétés soient confrontées partout aux mêmes problèmes engendre une société civile mondiale qui trouvera un jour sa Constitution. Les souverainetés étatiques ne peuvent bloquer sur le long terme les connexions des sociétés civiles.
Le sentiment actuel de débâcle politique vient aussi de l'écart entre la posture autoritaire, voire autiste, des têtes de l'État et du sentiment de leur impuissance réelle. Cette impuissance, qui est aussi liée à des phénomènes de globalisation, à des grandes évolutions sociales et sociétales ou à des mutations aussi bien économiques qu'anthropologiques pourra-t-elle vraiment être combattue ou compensée par un meilleur fonctionnement institutionnel ?
Je crois justement que ce que je vous dis là implique un profond changement de paradigme. Affirmer le basculement d'une pensée d'État à une pensée de la société ouvre notamment sur la société-monde, l'espace-monde et une Constitution-monde. Si on reste dans le cadre des États, on demeure avec des souverainetés qui s'opposent, alors qu’aujourd'hui, on voit apparaître des intérêts communs mondiaux, autour de l'eau, de la santé, de l’alimentation, du climat, qui ne sont pas des problèmes allemands, français, colombiens ou japonais, mais des questions mondiales. Le fait que les sociétés soient confrontées partout aux mêmes problèmes engendre une société civile mondiale qui trouvera un jour sa Constitution. Les souverainetés étatiques ne peuvent bloquer sur le long terme les connexions des sociétés civiles.
Il
existe déjà des éléments de cette Constitution mondiale avec
la Cour pénale internationale ou les revendications pour un
tribunal international du commerce, ou une Cour
constitutionnelle internationale. On a déjà compris qu’un
certain nombre de questions, tels les crimes contre
l’humanité, ne pouvaient plus être jugées à l’intérieur d’un
État. Ce sera pareil pour les questions écologiques ou
économiques. Dans cet embryon de Constitution mondiale et de
refondation démocratique dont les sociétés du monde ont
besoin, c’est bien le droit qui est en première ligne, même
si, bien sûr, la culture, l’art ou l’économie participent
aussi de ce mouvement.
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