mardi 9 septembre 2014

Notre école est un crime

Grand Entretien avec Richard David Precht

Source : CLES
par Patrice van Eersel
Très populaire outre-Rhin, ce philosophe allemand démontre l'archaïsme du système scolaire occidental...
[EXTRAIT - Entretien à lire en intégralité dans CLES Août-Septembre]
Sa célébrité n’a pas encore vraiment atteint la France mais, en Allemagne, depuis sept ans, c’est un phénomène. Comment expliquer le succès de Richard David Precht, dont certains ouvrages se sont vendus à plus d’un million d’exemplaires ? L’intéressé pense tenir la clé : “Je joue dans mon pays un rôle qui n’était jusqu’ici occupé par personne : celui du philosophe public, qui parle à la télé. De notre côté du Rhin, nous n’avons pas la culture des philosophes comme Sartre, Camus, Derrida, Deleuze ou Foucault (aujourd’hui Comte-Sponville, Onfray, Ferry, Enthoven et, bien avant eux, Voltaire, Rousseau, Diderot) qui interviennent dans la vie publique et que personne ne s’étonne de voir s’exprimer sur tout, de la politique à l’amour. Outre-Rhin, même Habermas ou Adorno, les plus fameux contestataires des années 1960-70, demeuraient à l’intérieur du cadre académique et n’auraient jamais fréquenté un talk-show télévisé.”
 
Precht, lui, a été lancé par son passage dans l’émission d’Elke Heidenreich, la Bernard Pivot allemande, pour son best-seller au titre surréaliste,“Qui suis-je et, si je suis, combien ?”. Une quête kantienne rédigée comme un thriller, dans un langage souvent drôle (qui contraste avec l’air hypersérieux que son auteur affiche généralement) et mélangeant le doute cartésien et “Star Trek”, l’enthousiasme nietzschéen et le triomphe des Rolling Stones, la caverne de Platon et la cyberréalité… Bref, un raconteur d’histoires provocateur, qui aime replacer les grands auteurs philosophiques et leurs lecteurs dans leurs contextes de vie respectifs.
 
L’homme est par ailleurs un passionné de sciences, notamment de neurologie. Une passion qui, curieusement, l’amène aujourd’hui à focaliser son attention sur l’école et la pédagogie. Et à proposer une véritable utopie éducative pour le XXIe siècle. C’est surtout pour cette raison que nous désirions le rencontrer.
A vous lire, vous auriez pu aussi bien devenir scientifique que philosophe. Le cerveau, l’embryon, l’évolution : les sciences naturelles vous passionnent…
Oui, depuis l’enfance ! Paradoxalement, je les aimais tant que je n’ai jamais voulu les mêler à la chose scolaire. Je ne les ai pas étudiées à l’université, par peur d’être déçu par le commentaire desséchant qu’on m’en ferait. J’ai donc étudié la philosophie, tout en me tenant informé par moi-même des avancées des sciences du vivant. Si nous nous trouvions devant un aquarium tropical, je pourrais vous en décrire tous les habitants, leur physiologie, leurs mœurs. Je passe des heures avec des biologistes ou des éthologues qui sont souvent surpris de tomber sur un philosophe si épris de leurs travaux.
Votre dernier livre, « Anna, l’école et le bon Dieu » (pas encore traduit en français), utilise les récentes découvertes sur le cerveau pour s’attaquer férocement au système scolaire occidental dont vous dites qu’il « trahit nos enfants »…
Absolument. Pourquoi diable l’école resterait-elle obstinément étanche à toutes les découvertes des neurocognitivistes, des psychologues du développement, des évolutionnistes, des linguistes, des anthropologues ? Le monde des grandes entreprises est souvent plus éclairé que nos écoles qui continuent à fonctionner, au fond, sur le modèle de la société industrielle, vieux de plus d’un siècle. 

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