Les
médias ont tendance à minimiser les dangers connus ou supposés des
nanotechnologies.
La
presse serait-elle trop complaisante ? D’après une analyse des articles
scientifiques publiés sur le sujet des nanotechnologies, il ressort clairement que oui. Qu’il
s’agisse d’articles professionnels, de publications scientifiques ou d’écrits
d’une presse grand public, le thème des nanotechnologies est présenté de façon
positive, sans débattre des éventuels points négatifs ni même des incertitudes
liées à l’impact environnemental.
Comme
le relèvent Ilona Heidmann et Jutta Milde dans leur analyse ninliographique, les
nanoparticules ont envahi notre quotidien, que ce soit dans les cosmétiques, les
produits d’entretien ou encore les peintures. Cette invasion a été
encouragée par les médias, focalisés sur les bienfaits et les progrès apportés.
Pourtant, la communauté scientifique ne dispose pas ou très peu de recul
nécessaire et encore moins suffisant pour s’assurer de la non toxicité des nanotechnologies. Cette absence de connaissance
sur les dangers potentiels en termes de santé sur l’homme ou de pollution
environnementale est pourtant rarement débattue.
D’après
cette revue de presse, les publications scientifiques relatant des travaux de
recherche dans des revues scientifiques à comité de relecture tiennent compte
des incertitudes et des incidences environnementales à 85%. Le point le plus
souvent abordé concerne la difficulté de transposer les résultats obtenus en
laboratoire à un contexte réel. En revanche, l’incertitude concernant le
vieillissement des nanoparticules dans la nature n’est pas évoquée. La
principale raison étant qu’on n’en sait rien ! A ce jour, il s’avère très
délicat de séparer et caractériser les nanoparticules une fois dans
l’environnement. Cette difficulté s’applique aux tests de toxicité dont la
validité se limite aux conditions de laboratoire.
La
presse grand public s’intéresse principalement aux avancés technologiques et aux
bienfaits des nanotechnologies. La vulgarisation se concentre donc sur le
progrès, sans aborder les aspects négatifs qui pourraient brouiller le message
vis-à-vis du lecteur. De plus, les sujets les plus traités concernent les
avancés dans les domaines de la santé (21%), des technologies de la
communication (14%) et l’énergie (11%). Les journaux sont à peine 6% à
mentionner les risques.
Pourtant,
il arrive que les dangers ou incertitudes liées aux nanotechnologies soit évoqué
de front. Par la voix des politiques. Les publications relayant des discours
politiques sont 94% à pointer du doigt les risques, s’appuyant sur le fait
que les nanoparticules peuvent pénétrer à l’intérieur du corps humain.
Cette
étude du traitement des nanotechnologies dans la presse prouve que le nano a la
cote. Il est néanmoins dommage que les journalistes omettent de rappeler les
éventuels dangers, laissant croire aux lecteurs non érudits que les
nanoparticules sont sûres à 100%. Un traitement de faveur qui doit faire des
envieux…
Par
Audrey Loubens
----- Mathilde Detcheverry
AVICENN - Association de Veille et
d'Information Civique sur les Enjeux
des Nanosciences et des Nanotechnologies
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire