Source : actu.fr
Chaque samedi, un peu comme une horloge, la manifestation des gilets jaunes dégénère vers 16h30, à Toulouse. Un rituel orchestré, selon l'Observatoire des pratiques policières.
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Cette étrange ponctualité suscite des interrogations au sein de l’Observatoire des pratiques policières, constitué de membres de la Ligue des droits de l’Homme, du syndicat des avocats de France et de la fondation Copernic. Ces derniers s’inquiètent d’une escalade de la violence, d’un samedi sur l’autre, dans la Ville rose.
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L’heure fatidique de 16h30
À l’occasion d’une conférence de presse, mardi 29 janvier 2019, sur « l’importance des déploiements policiers lors des manifestations, ainsi que l’usage massif et disproportionné de la force », l’Observatoire des pratiques policières dénonce une escalade « systématique » de la violence policière à 16h30. Pascal Gassiot, membre de l’Observatoire toulousain, explique :Il y a quelquefois des petits incidents avant 16h30, mais ils ne donnent pas lieu à une intervention massive de la police. Ces derniers prennent parfois des projectiles, mais ils ne réagissent pas. Arrive 16h30 et un simple incident entraîne un ‘grenadage’ massif de la part des policiers, associé rapidement à des grenades de désencerclement. On se demande à quoi cela sert, alors que les policiers ne sont pas en danger physique immédiat.
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Un « déclenchement des hostilités »
Selon Pascal Gassiot, il y a un « déclenchement des hostilités de manière unilatérale » de la part de la police :La conséquence immédiate est une dispersion de la manifestation et une montée en rogne des manifestants qui arrivent de plus en plus équipés : casques, masques, lunettes de montagne, sérum physiologique… Il y a une sorte d’habitude par rapport à la violence policière.Des « violences » qui n’ont selon eux aucun impact sur les manifestations. « Le mouvement est plutôt en nette augmentation par rapport à décembre », souligne Pascal Gassiot, saluant un mouvement pacifiste. Comme observateur lors des manifestations, il précise n’avoir pas vu de matériel offensif, type cocktail Molotov, utilisé par les manifestants.
Rappelons qu’à l’issue de chaque « acte », la préfecture de la Haute-Garonne déplore de son côté l’utilisation de projectiles en tous genres. Et que le procureur de la République Dominique Alzeari avait évoqué, à l’issue de l’acte 10, de nombreuses exactions à l’encontre des policiers : « Des pavés de près d’un kilo, de la peinture, des écrous, des vis, des piles bâtons, des bouteilles de verre, et même des bouteilles d’acide et des cocktails Molotov ».
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Des comportements de « cowboy »
« Les policiers ne sont pas confrontés à des manifestations agressives », assure pour sa part Pascal Gassiot. « On ne comprend pas cette disproportion extrême entre les moyens déployés par la police et les situations objectives de danger ». Il pointe aussi le comportement de certains corps de police qui ne sont pas, selon lui, formés au maintien de l’ordre.Marie Toustou, de la Ligue des droits de l’homme, dénonce des comportements de « cowboy » de la part des Brigades anti-criminalité et de certains policiers en civil.
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« On se demande où est le droit », s’interroge Marie Toustou. « Les
manifestations sont cassées à partir de 16h30. Les manifestants n’ont
alors plus leur place dans Toulouse. Et ceux qui ne veulent pas partir
deviennent des délinquants et sont traités comme tels. Des grenades sont
tirées sans sommation. Cela pose une question, celle de la répression
».« Une volonté de judiciariser le maintien de l’ordre »
Pour Me Julien Brel, également membre de l’Observatoire des pratiques policières, il n’y a d’ailleurs pas de doute :Le but du maintien de l’ordre n’est plus de rétablir le calme, mais de multiplier les interpellations. Il y a une volonté de judiciariser le maintien de l’ordre. Il y a une dynamique de répression qui vient servir une politique du chiffre. Cela implique d’aller au contact des manifestants.
Les casseurs profitent du grand nombre de manifestants pour procéder à des jets nombreux de pierres, projectiles et dégradations de biens publics et privés. Les forces de l’ordre doivent dès lors impérativement intervenir afin de faire cesser ces violences envers les personnes et les biens. La BAC participe naturellement à ces opérations et il n’est en aucune manière question d’enlever une partie du dispositif policier nécessaire au maintien de l’ordre.
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