mercredi 9 janvier 2019

Les pauvres mis à l'abri… pour quelques jours

Source : La Dépêche

Société - Plan grand froid

Hier, des enfants  se réveillaient comme chaque jour à Toulouse depuis six mois dans un square, près du lycée des Arènes. / Photos DDM, X. de Fenoyl.
Hier, des enfants se réveillaient comme chaque jour à Toulouse depuis six mois dans un square, près du lycée des Arènes. / Photos DDM, X. de Fenoyl.
Entre 100 et 400 enfants dorment chaque nuit dans les rues de Toulouse. Le Plan grand froid qui vient d'être activé hier soir va leur permettre de se réchauffer quelques nuits avant de retrouver les tentes.
Depuis hier, le Plan grand froid est activé dans l'agglomération toulousaine. Il devrait se poursuivre au moins jusqu'au début de la semaine prochaine. La météo dira la suite. Mais pendant quelques nuits les sans-abri qui dorment dans les rues de Toulouse vont pouvoir se réchauffer. Sans entrer dans le jeu compliqué des compétences entre services de l'Etat, de la Ville et du Département, la Préfecture de Haute-Garonne annonce l'ouverture de 50 lits supplémentaires. Un dispositif qui complète pêle-mêle les 1 179 places d'hébergement d'urgence existante, les 190 places hivernales les 927 chambres d'hôtel et la centaine de lits ouverts par anticipation dans le quartier de Bagatelle à Toulouse, le 26 décembre par le Capitole.
Ensuite, ce sera le retour au froid et à la rue mais pour combien d'entre eux ? Faute d'un vrai recensement, tout le monde s'accorde pour constater l'arrivée massive de familles notamment albanaises avec des enfants dans les rues de Toulouse depuis l'été dernier. Mais personne n'est en mesure de dire combien de gamins sont exposés au froid toutes les nuits dans des tentes. Pour le Dal 31 , association pour le droit au logement, il serait au moins une centaine. À la mairie Daniel Rouget, adjoint en charge des affaires sociales évoque des chiffres qui oscillent entre 200 et 400. Et la préfecture, dans l'impossibilité de répondre à l'afflux de demandes se refuse à toute estimation. Il faudra en fait attendre le 15 février pour que les gamins de la rue et leurs parents soient enfin recensés. Ce qui ne changera en fait pas grand-chose face à la pénurie de bâtiments susceptibles de les accueillir. Quant à la réquisition des logements vides «c'est de la compétence de l'Etat et c'est vrai qu'ils vont finir par y songer», espère-t-on au Capitole.

Le Dal 31rappelle la préfecture à l'ordre

Mercredi matin, le Dal 31 (association droit au logement) 31, est venu souhaiter une bonne année à la Préfecture de Haute-Garonne, par le biais d'une petite mise en scène place Saint-Etienne. «Nous sommes ici, avec Laurence, bénévole, pour nous souvenir des promesses d'Emmanuel Macron, l'an passé à pareille époque, de zéro SDF dans les rues. Or, le collectif des Morts de la rue a déjà recensé plus de 14 morts à Toulouse en 2018, rappelle François Piquemal, porte-parole du Dal 31. Nous soulignons aussi que Toulouse est la ville du Plan logement d'Abord. Un aspect inquiétant lorsqu'on voit les nombreuses tentes fleurir un peu partout et la difficulté de travail des salariés du 115 où 90 % des demandes restent sans réponse». Ce mercredi, le Dal a également remis au préfet le Code de l'Action Sociale et des Familles, «pour lui rappeler ses devoirs envers les gens de la rue, parle biais notamment des articles 345.2.2 et 345 2.3 sur l'hébergement d'urgence. Rappelons que la préfecture de Haute-Garonne a été condamnée l'an dernier par le tribunal administratif la une astreinte chaque semaine. Une avocate a dû saisir la Cour Européenne des Droits de l'Homme pour que la préfecture applique ces décisions de justice». Ce responsable poursuit : «Pour l'heure, rien n'a évolué. Aucune politique positive n'est proposée aux gens de la rue. A Toulouse, il y a pourtant 29 000 logements et 240 000 m2 de bureaux vacants. La préfecture semble être dans une attitude arbitraire de non-communication. On aimerait qu'elle revienne au dialogue», conclut François Piquemal en espérant que le Code de l'Action Sociale et des familles l'y aidera.

Contactée à plusieurs reprises, la préfecture de Haute-garonne n'a pas donné suite.
Silvana Grasso

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