A Saint-Etienne aussi, l’année 2019 a commencé sous le signe d’un regain de mobilisation. Ce samedi, près d’un millier de manifestants ont battu le pavé, bien plus nombreux que le samedi précédent. Ils ont néanmoins dû se frotter, à nouveau, à une forte répression policière.
Nous avons recueilli le témoignage d’un street médic, qui a commencé à se mobiliser à l’acte II, quand il s’est retrouvé à abriter 10 personnes dans son hall d’immeuble, “juste avant des rafales de flashball” qui avaient lieu dans sa rue. Scandalisé par cette répression, il était alors sorti secourir deux personnes âgées pour les tirer du nuage de gaz lacrymogène et les soigner dans son hall. C’est là qu’a commencé son expérience de “street médic” auprès des manifestants en gilet jaune, équipé de son sac de soin, son brassard blanc et son portable, pour filmer. “Les policiers gazaient les petites gens et nos vieux. J’ai commencé à les soigner et avec ma femme avons décidé de faire des brassards blancs… puis d’aller en ville aider nos gens…”, nous raconte-t-il. S’en sont suivis plusieurs samedis de mobilisation intense où la répression n’a pas fléchi, au point que le 22 décembre, des CRS ont lancé des gaz lacrymogènes sur des enfants, en plein marché de Noël.
Ce 5 janvier, l’acte 8 s’est soldé par 6 interpellations et plusieurs blessés dont un crâne ouvert : “Ce jour était particulière tendu. Trois fois plus de monde que la semaine dernière. Au début c’était une ambiance calme... Malgré les pétards, bannières, slogans… Il n’y avait pas de casseurs ce jour dans ma zone de "patrouille", toujours des personnes qui veulent en découdre. Et la police qui craqué très rapidement... Comme d’habitude… Au niveau de la préfecture, les manifestants étaient très près des gendarmes, qui subissaient sans broncher les jets de peintures. Puis le ton est monté : un monsieur en fauteuil roulant est parti sur la droite du dispositif et a fait face à un groupe de policiers. Ils ne voulaient pas le laisser passer, le périmètre était bouclé… et avec un peu de hauteur, je me rends compte que c’est ça qui a mis le feu aux poudres. Un groupe de manifestants est venu pousser et les premiers coups sont partis, puis tirs de flashball et grenade lacrymo.
Dès que le monsieur en fauteuil roulant est parti, la première arrestation a eu lieu, et les affrontements à jets d’objets ont commencé sur toute la place Jean Jaurès. Ensuite les manifestants se sont fait repousser rapidement dans la rue de la République, incendiant les poubelles, faisant des feux sur la route… et 2 jeunes ont lancé des oranges depuis un étalage. Les flics les ont arrêtés, et c’est là que le ton est monté… Un juriste m’accompagnait et la police a tenté de lui arracher son téléphone alors qu’il filmait. C’est complètement illégal.
Nous sommes fait repousser manu militari. Puis avec un autre street medic, nous avons demandé aux gens attroupés de partir, car les policiers étaient grenades à la main… Et ça a grenadé. Les gens ont fui et les policiers ont continué à lancer des grenades de désencerclement. Un jeune a pris un impact dans la jambe, l’autre dans la tête… un éclat de grenade (le bouchon allumeur) lui faisant une entaille de 10 cm dans le crâne. Le gamin est quand même tombé sec sous l’impact, mais ensuite il discutait correctement… Il a été évacué par les pompiers, je n’ai pas de nouvelles depuis.
Les collègues street-médic ont soigné 2 autres blessés, 2 souffle coupés. Avec le juriste et ma femme nous avons nettoyé les yeux d’un groupe d’une petite dizaine... On s’est entraidé ensuite. Au moins 3 blessés ont été évacués par les pompiers, dont une personne âgée. Et j’en ai rassuré un qui était très mal le pauvre... J’ai cru qu’il allait faire une crise cardiaque.”
Pour nous transmettre vos témoignages concernant la répression des Gilets Jaunes, ou pour nous faire part des mobilisations ayant lieu dans votre région, nous transmettre récits, photos et vidéos, écrivez-nous par mail à siterevolutionpermanente@gmail.com.
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