Loctopusvoitou
Par Thierry Fabre
Publié le 23-03-2015
François Hollande Manuel Valls Parti Socialiste élections départementales
Politique Le silence de Mélenchon, un aveu d'échec? Hollande-Valls : affrontement inéluctable ? Le tour de passe-passe de Valls pour cacher une noyade démocratique Hidalgo favorable à une candidature de Paris aux JO de 2024
Par Thierry Fabre
Publié le 23-03-2015
Rémi Lefebvre, professeur de sciences politiques spécialiste du PS, décrypte les conséquences du nouvel échec électoral du parti de gauche.
Rémi Lefebvre, professeur de
sciences politiques à l’Université de Lille, est un spécialiste du Parti
Socialiste sur lequel il a écrit plusieurs ouvrages. Il décrypte les
conséquences de ce nouvel échec électoral. Absent dans plus de 500
cantons au deuxième tour, le PS devrait perdre de nombreux départements.
Pour le Parti Socialiste, quel est l’impact de cette nouvelle défaite électorale ?
Le PS est en train de se détruire. Cette nouvelle défaite va créer un délitement de l’organisation. C’est un parti d’élus locaux, basé notamment sur les maires. Et l’échec aux départementales survient après la saignée des municipales, où les socialistes avaient perdu un tiers des villes. Jamais un parti n’avait subi une telle défaite aux élections locales depuis 1945. Après les maires, qui avaient été souvent recasés dans les équipes parlementaires ou dans les cabinets ministériels, beaucoup de conseillers généraux vont se retrouver sur le carreau. Et ce sont eux, avec leurs collaborateurs, qui font vivre les sections locales du PS. Dans certains départements, le parti n’existe que parce qu’il détient le conseil général.
Comment vont réagir ces élus locaux ?
Ils sont assez dépolitisés. Il n’est pas sûr que cela provoque une radicalisation des positions au prochain congrès du PS, en juin. Beaucoup d’élus sont amers car ils avaient mis en garde contre les risques de l’exercice du pouvoir national -par exemple, Daniel Percheron, le président du conseil régional Nord Pas de Calais. Le PS a une culture d’élus locaux dont certains préfèrent perdre les élections nationales pour préserver le socle du parti.
Il reste tout de même les militants socialistes…
La base militante a subi une forte hémorragie. Le chiffre officiel de 140.000 totalise les adhérents, qui souvent ne militent pas. Aux Etats Généraux, en décembre, seulement 60.000 militants ont voté. Et l’élection de François Hollande n’a provoqué aucun sursaut militant, notamment en raison de l’organisation des primaires. Beaucoup se disent : à quoi bon adhérer si je peux voter pour désigner le candidat socialiste. En plus, la politique du président en a déçu beaucoup.
Le nouveau mode de scrutin des départementales a-t-il accentué la défaite des socialistes ?
Oui. Le nouveau seuil de 12,5 % des inscrits pour se présenter au second tour était une règle anti-Front National. Elle s’est retournée contre le PS. Et la création de cantons plus grands a dilué l’implantation locale.
Comment évaluer l’impact des régionales, en décembre prochain, sur le PS ?
Il ne va presque plus rien rester du parti ! Les conseils régionaux emploient aussi beaucoup de cadres du PS. Et la défaite probable sera accentuée par le mode de scrutin de listes, qui permet de se présenter au deuxième tour si l’on atteint 10 % des suffrages. Souvent, les candidats socialistes seront derrière ceux du Front National. Et pour respecter leur engagement à faire échec au FN, ils se retireront et n’auront donc aucun élu.
Manuel Valls peut-il se remettre d’un tel échec ?
Il a une stratégie de la terre brûlée. De fait, Manuel Valls a intérêt à détruire le vaisseau socialiste pour espérer le reconstruire après 2017. Sans frondeurs et vers le centre-gauche. Il est habile. Il va enjamber le prochain congrès du PS en évitant l’affrontement. Et il attend que le parti se délite pour pouvoir mieux l’assainir.
POUR EN SAVOIR PLUS SUR LES DEPARTEMENTALES:
- François Hollande, c'est fini
- Une (grande) victoire et un (gros) échec pour Marine Le Pen
- La (petite) victoire de Valls et la défaite du PS
- La stratégie de Valls contre le FN a fait ses preuves
- Le FN n'est plus le premier parti de France... mais y croit encore
- Pourquoi Sarkozy doit créer une nouvelle dynamique à droite
Pour le Parti Socialiste, quel est l’impact de cette nouvelle défaite électorale ?
Le PS est en train de se détruire. Cette nouvelle défaite va créer un délitement de l’organisation. C’est un parti d’élus locaux, basé notamment sur les maires. Et l’échec aux départementales survient après la saignée des municipales, où les socialistes avaient perdu un tiers des villes. Jamais un parti n’avait subi une telle défaite aux élections locales depuis 1945. Après les maires, qui avaient été souvent recasés dans les équipes parlementaires ou dans les cabinets ministériels, beaucoup de conseillers généraux vont se retrouver sur le carreau. Et ce sont eux, avec leurs collaborateurs, qui font vivre les sections locales du PS. Dans certains départements, le parti n’existe que parce qu’il détient le conseil général.
Comment vont réagir ces élus locaux ?
Ils sont assez dépolitisés. Il n’est pas sûr que cela provoque une radicalisation des positions au prochain congrès du PS, en juin. Beaucoup d’élus sont amers car ils avaient mis en garde contre les risques de l’exercice du pouvoir national -par exemple, Daniel Percheron, le président du conseil régional Nord Pas de Calais. Le PS a une culture d’élus locaux dont certains préfèrent perdre les élections nationales pour préserver le socle du parti.
Il reste tout de même les militants socialistes…
La base militante a subi une forte hémorragie. Le chiffre officiel de 140.000 totalise les adhérents, qui souvent ne militent pas. Aux Etats Généraux, en décembre, seulement 60.000 militants ont voté. Et l’élection de François Hollande n’a provoqué aucun sursaut militant, notamment en raison de l’organisation des primaires. Beaucoup se disent : à quoi bon adhérer si je peux voter pour désigner le candidat socialiste. En plus, la politique du président en a déçu beaucoup.
Le nouveau mode de scrutin des départementales a-t-il accentué la défaite des socialistes ?
Oui. Le nouveau seuil de 12,5 % des inscrits pour se présenter au second tour était une règle anti-Front National. Elle s’est retournée contre le PS. Et la création de cantons plus grands a dilué l’implantation locale.
Comment évaluer l’impact des régionales, en décembre prochain, sur le PS ?
Il ne va presque plus rien rester du parti ! Les conseils régionaux emploient aussi beaucoup de cadres du PS. Et la défaite probable sera accentuée par le mode de scrutin de listes, qui permet de se présenter au deuxième tour si l’on atteint 10 % des suffrages. Souvent, les candidats socialistes seront derrière ceux du Front National. Et pour respecter leur engagement à faire échec au FN, ils se retireront et n’auront donc aucun élu.
Manuel Valls peut-il se remettre d’un tel échec ?
Il a une stratégie de la terre brûlée. De fait, Manuel Valls a intérêt à détruire le vaisseau socialiste pour espérer le reconstruire après 2017. Sans frondeurs et vers le centre-gauche. Il est habile. Il va enjamber le prochain congrès du PS en évitant l’affrontement. Et il attend que le parti se délite pour pouvoir mieux l’assainir.
POUR EN SAVOIR PLUS SUR LES DEPARTEMENTALES:
- François Hollande, c'est fini
- Une (grande) victoire et un (gros) échec pour Marine Le Pen
- La (petite) victoire de Valls et la défaite du PS
- La stratégie de Valls contre le FN a fait ses preuves
- Le FN n'est plus le premier parti de France... mais y croit encore
- Pourquoi Sarkozy doit créer une nouvelle dynamique à droite
Sur le web : Départementales: "Le Parti socialiste est en échec grave", estime Louis Aliot
Politique Le silence de Mélenchon, un aveu d'échec? Hollande-Valls : affrontement inéluctable ? Le tour de passe-passe de Valls pour cacher une noyade démocratique Hidalgo favorable à une candidature de Paris aux JO de 2024
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