Source : Ouest France
Mouans-Sartoux, sur la Côte d'Azur, a préempté des terres constructibles pour y installer des agriculteurs en régie. L'exemple est présenté ce jeudi à Nantes, au colloque international Lascaux.
Entretien
Gilles Perole, adjoint au maire de Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes).
Vous présentez votre expérience à Nantes. Où en êtes-vous ?
Nous avions, dans notre Agenda 21 pour la préservation de l'environnement, un projet d'autosuffisance alimentaire, en tout cas pour les légumes servis à la cantine. Nous avons préempté 12 ha de terres constructibles autour de la ville pour y installer, en régie, des agriculteurs bio. Après une plantation expérimentale, la première exploitante s'est installée en 2011. Aujourd'hui, nous sommes autonomes à 94 % pour nos légumes.
Quels bienfaits en tirez-vous ?
C'est un cercle vertueux. Les enfants consomment des produits locaux, sains et de saison : nous n'avons pas les moyens de mener une étude épidémiologique mais nous avons moins d'enfants obèses qu'ailleurs. Le paysage est préservé. Les surfaces agricoles servent d'outil pédagogique aux enseignants, et les élus viennent mettre les mains dans la terre... Et cela coûte moins cher alors qu'on dit toujours que manger bio est onéreux.Nous avons au contraire réduit nos coûts.
Vous avez aussi, pour cela, lutté contre le gaspillage ?
Tout va ensemble. Les élèves ont le choix entre deux tailles de portions de nourriture et trient eux-mêmes les restes de leurs assiettes. En France, sur un repas classique de 450 g servi à la cantine, on en jette 150 g... Avec nos efforts pour gaspiller moins, non seulement nous avons réduit le coût de chaque repas de 15 à 20 centimes, mais encore nous économisons sur le traitement des déchets. Le poids de nos poubelles a diminué de 80 % ! Et il y a comme cela plein d'autres petites astuces pour faire des économies.
Par exemple ?
Servir des produits de saison, arrêter de concevoir les menus à l'année. Si, à cause d'un printemps trop frais, les tomates ne sont pas mûres, il faut retarder le moment de les consommer. Du simple bon sens qui a une incidence sur la santé et le respect de la planète : les deux filtres auxquels nous passons toutes nos idées.
Préempter des terres constructibles, c'était difficile ?
Bien sûr car la pression foncière est un enjeu fort sur la Côte d'Azur. Mais nous avons opté pour la densification du centre-ville en réponse à la hausse démographique, en arrêtant le mitage du paysage par des maisons individuelles. Ça diminue le nombre de voitures sur les routes alentour avec, en contrepartie, davantage de transports doux en ville.
Ce modèle est-il reproductible ?
Sans doute, d'autant qu'on n'est pas obligé d'installer une régie : on peut passer un simple contrat avec des agriculteurs locaux. Nous sommes persuadés d'être des précurseurs et que nous serons suivis ! Le petit paradoxe, ici, c'est que le maire, non encarté mais qui se revendique écologiste et de gauche, est réélu depuis quarante ans dans un territoire de droite... Lorsqu'on offre de vrais projets, les gens suivent et votent.
Béatrice LIMON.
Gilles Perole, adjoint au maire de Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes).
Vous présentez votre expérience à Nantes. Où en êtes-vous ?
Nous avions, dans notre Agenda 21 pour la préservation de l'environnement, un projet d'autosuffisance alimentaire, en tout cas pour les légumes servis à la cantine. Nous avons préempté 12 ha de terres constructibles autour de la ville pour y installer, en régie, des agriculteurs bio. Après une plantation expérimentale, la première exploitante s'est installée en 2011. Aujourd'hui, nous sommes autonomes à 94 % pour nos légumes.
Quels bienfaits en tirez-vous ?
C'est un cercle vertueux. Les enfants consomment des produits locaux, sains et de saison : nous n'avons pas les moyens de mener une étude épidémiologique mais nous avons moins d'enfants obèses qu'ailleurs. Le paysage est préservé. Les surfaces agricoles servent d'outil pédagogique aux enseignants, et les élus viennent mettre les mains dans la terre... Et cela coûte moins cher alors qu'on dit toujours que manger bio est onéreux.Nous avons au contraire réduit nos coûts.
Vous avez aussi, pour cela, lutté contre le gaspillage ?
Tout va ensemble. Les élèves ont le choix entre deux tailles de portions de nourriture et trient eux-mêmes les restes de leurs assiettes. En France, sur un repas classique de 450 g servi à la cantine, on en jette 150 g... Avec nos efforts pour gaspiller moins, non seulement nous avons réduit le coût de chaque repas de 15 à 20 centimes, mais encore nous économisons sur le traitement des déchets. Le poids de nos poubelles a diminué de 80 % ! Et il y a comme cela plein d'autres petites astuces pour faire des économies.
Par exemple ?
Servir des produits de saison, arrêter de concevoir les menus à l'année. Si, à cause d'un printemps trop frais, les tomates ne sont pas mûres, il faut retarder le moment de les consommer. Du simple bon sens qui a une incidence sur la santé et le respect de la planète : les deux filtres auxquels nous passons toutes nos idées.
Préempter des terres constructibles, c'était difficile ?
Bien sûr car la pression foncière est un enjeu fort sur la Côte d'Azur. Mais nous avons opté pour la densification du centre-ville en réponse à la hausse démographique, en arrêtant le mitage du paysage par des maisons individuelles. Ça diminue le nombre de voitures sur les routes alentour avec, en contrepartie, davantage de transports doux en ville.
Ce modèle est-il reproductible ?
Sans doute, d'autant qu'on n'est pas obligé d'installer une régie : on peut passer un simple contrat avec des agriculteurs locaux. Nous sommes persuadés d'être des précurseurs et que nous serons suivis ! Le petit paradoxe, ici, c'est que le maire, non encarté mais qui se revendique écologiste et de gauche, est réélu depuis quarante ans dans un territoire de droite... Lorsqu'on offre de vrais projets, les gens suivent et votent.
Béatrice LIMON.
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