Déclaration
de l’Assemblée des mouvements sociaux
Forum
social mondial 2015
Tunis
27 mars
Nous, réuni-e-s
lors de l’Assemblée des mouvements sociaux
du Forum social mondial 2015 à Tunis, avec notre
diversité, pour
construire un agenda commun de luttes contre le
capitalisme, l’impérialisme, le
patriarcat, le racisme et toutes les formes de
discrimination et d’oppression.
Nous avons
construit une histoire et un
travail commun qui a permis des avancées, avec
l’espoir de réaliser la victoire
contre le système dominant et concrétiser plusieurs
alternatives pour un
développement socialement juste et respectueux de la
nature.
Les peuples du
monde entier subissent
aujourd’hui l’aggravation d’une crise profonde du
capitalisme dans
laquelle les sociétés privées transnationales, les
banques, les conglomérats
médiatiques, les institutions financières
internationales cherchent à accroître
leurs profits au prix d’une politique
interventionniste et néo-colonialiste,
avec la complicité des gouvernements libéraux.
Guerres,
occupations militaires, traités
néo-libéraux de libre-échange (Transatlantique,
transpacifique, ALECA, UE-MERCOSUR,
APE, MERCOSUR-Israël et différents traités bilatéraux) et politiques
d’austérité se voient traduits
en paquets économiques qui privatisent les biens
communs et les services
publics, baissent les salaires, violent les droits,
augmentent le chômage, la
précarité et la surcharge des femmes dans le travail
de soins et
détruisent la nature.
Ces politiques
néolibérales affectent
lourdement à la fois les pays du Sud et les pays du
Nord, augmentent les
migrations, les déplacements forcés, les délogements,
l’endettement et les
inégalités sociales. Elles renforcent le conservatisme
et le contrôle sur le
corps et la vie des femmes. Elles nous imposent
"l’économie verte" comme fausse solution à la crise
environnementale
et alimentaire, ce qui non seulement aggrave le
problème, mais débouche sur la
marchandisation, la privatisation et la
financiarisation de la vie et de la
nature.
Nous affirmons
que les peuples ne sont
pas responsables de cette crise et ne doivent pas en
payer le prix, et qu’il
n’y a pas d’issue possible au sein du système
capitaliste. Ici, à Tunis, nous
réaffirmons notre engagement pour la construction
d’une stratégie commune de
lutte contre le capitalisme. C’est pour ça que, nous,
les mouvements sociaux luttons:
§
Contre les transnationales et le système
financier (FMI, BM et OMC), principaux
agents du système
capitaliste, qui privatisent la vie, les services
publics et les biens communs
comme l’eau, l’air, la terre, les semences, les
ressources minérales,
promeuvent les guerres, violent les droits humains et
pillent les ressources.
Les transnationales reproduisent des pratiques
extractivistes nuisibles à
la vie, accaparent nos terres et
développent des semences et aliments
transgéniques qui privent les peuples de leur droit
à l’alimentation
et détruisent la biodiversité.
Nous luttons
pour l’annulation
de la dette illégitime et odieuse qui est aujourd´hui
un instrument global de
domination, de répression et d´asphyxie économique et
financière des peuples. Nous refusons les
accords de
libre-échange que nous imposent les États et les
transnationales et
nous affirmons qu’il est possible de construire une
mondialisation d’un
autre type, par les peuples et pour les peuples,
fondée sur la solidarité et
sur la liberté de circulation pour tous les êtres
humains.
Nous
soutenons l’appel à la journée
d’action internationale contre les traités de libre
échange prévue le 18 avril
2015.
§
Pour la justice climatique et la souveraineté
alimentaire parce que nous
savons que le
réchauffement global est le résultat du système
capitaliste de production,
distribution et consommation. Les transnationales, les
institutions financières
internationales et les gouvernements qui sont à leur
service ne veulent pas
réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Nous
dénonçons « l’économie
verte », et refusons les fausses solutions à la crise
climatique comme les
agrocarburants, les organismes génétiquement modifiés,
la géo-ingénierie et les
mécanismes de marché de carbone, comme le REDD
(Réduction des Émissions liées
à la Déforestation et à la Dégradation), qui font
miroiter aux populations
appauvries des progrès, tout en privatisant et
transformant en
marchandises les forêts et territoires où ces
populations ont vécu
pendant des millénaires.
Nous défendons
la souveraineté
alimentaire et l’agriculture paysanne qui sont les
solutions réelles à la
crise alimentaire et climatique, ce qui signifie
aussi l’accès à la terre
pour celles et ceux qui la travaillent.
Nous appelons à une grande
mobilisation sur le climat
au mois de décembre 2015 à Paris en marge de la
COP21. Faisons de 2015 l’année
des mobilisations des mouvements sociaux partout
dans le monde pour la justice
climatique.
§
Contre la violence envers les femmes qui est exercée régulièrement
dans les territoires occupés
militairement, mais aussi contre la violence dont
souffrent les femmes quand
elles sont criminalisées parce qu’elles participent
activement aux luttes
sociales. Nous luttons contre la violence domestique
et sexuelle qui est
exercée sur les femmes quand elles sont considérées
comme des objets
ou marchandises, quand leur souveraineté sur leur
corps et leur spiritualité ne
sont pas reconnues. Nous luttons contre la traite des
femmes, des filles et garçons.
Nous défendons la diversité
sexuelle, le droit à l’autodétermination
du genre, et nous luttons contre l’homophobie et les
violences sexistes.
Nous appelons à soutenir
les actions de la 4ème
marche mondiale des femmes entre mars et octobre
2015.
§
Pour la
paix et contre la guerre, le
colonialisme, les occupations et la militarisation
de nos territoires. Nous dénonçons
le faux discours de
défense des droits humains et des combats aux
intégrismes, qui sont
souvent utilisés pour justifier les interventions
militaires. Nous défendons le droit à la
souveraineté et
à l’auto-détermination des peuples. Nous
dénonçons l’installation des bases militaires
étrangères pour
fomenter des conflits, contrôler et piller les
ressources naturelles
et promouvoir des dictatures en divers endroits du
monde.
Nous exigeons des réparations pour tous les
peuples du monde victimes du
colonialisme.
§
Pour la
démocratisation des médias de masse et la
construction
de médias alternatifs, qui sont fondamentales pour
faire renverser
la logique capitaliste.
§ Pour la résistance et la
solidarité : Nous
luttons
pour la liberté de nous organiser
dans des syndicats, des
mouvements sociaux, des associations et toutes autres
formes de
résistance pacifique.
Nous
dénonçons l´intensification de la
répression contre les peuples rebelles, les
arrestations, emprisonnements
et assassinats des
activistes, des étudiants et des journalistes. Ainsi
que la
criminalisation de nos luttes.
Inspirés
par l’histoire de nos
luttes et par la force rénovatrice des peuples dans
les rues, l’Assemblée des mouvements sociaux appelle
toutes
et tous à développer des actions de mobilisation
coordonnées
au niveau mondial dans une semaine globale de luttes
contre le capitalisme du
17 au 25 octobre 2015.
Mouvements sociaux du
monde
entier, avançons vers une unité globale pour défaire
le système capitaliste !
Renforçons notre solidarité
avec les peuples du monde
qui luttent au quotidien contre l’impérialisme, le
colonialisme, l´exploitation,
le patriarcat, le racisme et l’injustice,
en Tunisie, en Palestine, au Kurdistan, en Syrie, en
Irak, en Lybie, en Grèce,
en Espagne, au Burkina Faso, au Mali, au Congo
(RDC), en Centre Afrique, au
Sahara occidental…
Vive la
lutte de tous les peuples!
Les peuples
unis ne seront jamais vaincus !
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