Source : Observatoire des inégalités
4 septembre 2018
Un million de travailleurs vivent avec moins de
850 euros par mois. Avoir un emploi ne protège pas de la pauvreté,
notamment pour ceux qui travaillent à temps partiel ou alternent des
périodes de travail précaire et de chômage.
La pauvreté des travailleurs évolue peu en France. Elle a légèrement diminué au début des années 2000, puis est remontée pour atteindre 1,1 million de personnes en 2011 au seuil à 50 % du niveau de vie médian. Après une nouvelle baisse au début des années 2010, elle a recommencé à augmenter dans les années récentes. De la même façon, le taux de travailleurs pauvres a oscillé entre 4 et 4,6 % entre 1998 et 2015.
Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte. Une partie non négligeable des travailleurs sont employés en temps partiel ou par intermittence (CDD, intérim, etc.) et sont loin d’atteindre le Smic sur l’ensemble de l’année. 57 % des salariés au Smic travaillent à temps partiel et 15 % sont en contrat à durée déterminée ou en intérim [1]. Environ 5 % des salariés sont rémunérés à un salaire inférieur au Smic : les mineurs, apprentis, animateurs de centres de vacances, assistantes maternelles, etc. Enfin, une partie des indépendants ont des revenus mensuels moyens très faibles, largement inférieurs au Smic.
À la faiblesse du revenu du travail peut s’ajouter un facteur démographique, car pour mesurer les niveaux de vie, on tient compte des revenus de l’ensemble du ménage (voir encadré). Un(e) salarié(e) qui doit faire vivre une famille avec un seul Smic se situe largement en dessous du seuil de pauvreté.
La pauvreté des travailleurs s’avère peu sensible à l’extension de la pauvreté qui marque la dernière décennie. Celle-ci touche principalement les autres catégories de population : les jeunes, qui peinent à s’insérer sur le marché du travail, les chômeurs ou inactifs et leurs enfants, et, dans une moindre mesure, les retraités. La précarisation d’une partie du marché du travail et la hausse du temps partiel subi sont en effet des phénomènes déjà anciens qui remontent à la période antérieure (années 1980 et 1990). Ils se sont inscrits dans la durée en évoluant ces dernières années à un rythme plus lent [2], ou en dents de scie [3]. Toute la question est de savoir quel sera l’impact des mesures de flexibilisation du droit du travail prises depuis 2015. Vont-elles dynamiser l’emploi et permettre à des chômeurs de remettre le pied à l’étrier ou, ce qui est plus à craindre, précariser encore plus ceux qui sont les plus précaires ?
Pauvreté au seuil à 50 % du niveau de vie médian. Série recalculée pour
tenir compte des ruptures de série de 2010 et 2012. Lecture : en 2015,
4,2 % des personnes qui ont un emploi (salariés et indépendants) vivent
sous le seuil de pauvreté, fixé à 50 % du niveau de vie médian.
Source : Insee – © Observatoire des inégalités
Source : Insee – © Observatoire des inégalités
Qu’est-ce qu’un travailleur pauvre ? |
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Un travailleur pauvre est une personne qui
travaille mais dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté.
Si elle vit seule, on compare son revenu après impôts et prestations
sociales au seuil de pauvreté. Si elle vit dans un ménage de plusieurs
personnes, on rapporte les revenus d’ensemble du ménage au nombre de
personnes. Ce n’est pas la rémunération que le travailleur tire individuellement
de son travail qui est prise en compte, mais le niveau de vie de sa
famille. Une personne qui travaille pour un salaire très faible (un Smic
en temps partiel par exemple) ne sera pas considérée comme
« travailleur pauvre » si son conjoint dispose d’un revenu qui permet au
couple de sortir de la pauvreté. À l’inverse, une personne à plein
temps au Smic pourra être comptée comme travailleur pauvre, si son
salaire est la seule ressource pour sa famille. La définition des « travailleurs » diffère selon l’organisme statistique. Dans les données sur les revenus de l’Insee, on considère comme « en emploi » une personne qui travaille au moment de l’enquête. De son côté, l’organisme européen Eurostat comptabilise les personnes qui ont passé au moins la moitié de l’année en emploi. |
Date de première rédaction le 17 juin 2012.
© Tous droits réservés - Observatoire des inégalités - (voir les modalités des droits de reproduction)
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Un million de travailleurs pauvres en France
4 septembre 2018
Un million de travailleurs vivent avec moins de
850 euros par mois. Avoir un emploi ne protège pas de la pauvreté,
notamment pour ceux qui travaillent à temps partiel ou alternent des
périodes de travail précaire et de chômage.
Revenus et patrimoine
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