Source : la vie des idées
Les politiques françaises du maintien de l’ordre
par
&
Tandis
qu’en France, la police tenue pour coupable d’acharnement appelle à un
rassemblement contre la « haine anti-flics », en Allemagne, en Suède, en
Suisse, l’interaction entre police et manifestants se distingue par la
maîtrise et le dialogue. La police française résiste aux nouveaux
modèles de maintien de l’ordre, articulés autour de la notion de
désescalade. O. Fillieule et F. Jobard expliquent les raisons de ce
retranchement doctrinal.
« De toutes les manifestations du pouvoir, celle qui impressionne le plus les hommes, c’est la retenue ». Thucydide
Quelques jours après la tenue d’une
manifestation à Paris contre la « haine anti-flics » appelée par
diverses organisations syndicales de police, il nous a semblé que le
décalage comparatif pourrait éclairer la compréhension de ce que l’on
appelle en France le « maintien de l’ordre », c’est-à-dire la gestion
des foules (protestataires, sportives ou festives) par les forces de
police et de gendarmerie [1].
La désescalade à l’allemande
Qu’en est-il ailleurs de la violence
contestataire et de l’hostilité aux policiers ? Voyons le week-end du
1er mai en Allemagne. Depuis le milieu des années 1980, le Premier Mai
est l’occasion déclarée par divers groupes anarchistes, autonomes et
anti-fascistes, d’une confrontation violente avec la police
(projectiles, cocktails molotov, tirs de mortier, fusées diverses
interdites en Allemagne mais achetées en République tchèque ou en
Pologne) [2].
Cette année, un important dispositif était déployé dans les lieux
habituels de confrontation, mais l’imposant cortège policier, et une
politique habile de « désescalade » (nous y reviendrons), ont tenu les
hostilités à un niveau très bas. Dans le même temps cependant se tenait à
Stuttgart le congrès du parti de droite radicale Alternative für Deutschland (AfD).
Dans la ville, « 800 à 900 autonomes gauchistes violents » (expression
de la police locale), protégés dans un cortège de 4000 manifestants,
s’en sont pris à la police tandis que 1500 autres ont tenté par la
violence d’empêcher les membres de la AfD de rejoindre le lieu du
congrès. 500 protestataires ont été interpellés, et des arrêts de
travail ont été constatés chez 3 policiers. Pendant ce temps, à Zwickau,
en Saxe, haut lieu des manifestations Pegida, le ministre SPD de la
Justice, Heiko Maas, s’est vu obligé de tenir son allocution publique
sous protection policière, des troupes d’extrême droite s’étant
déplacées de toute la région pour empêcher le meeting. À Schwerin, dans
le nord de l’ex-RDA, une manifestation du parti d’extrême droite NPD
(son interdiction est en cours d’examen par le Tribunal constitutionnel
de Karlsruhe) a donné lieu à des affrontements avec les militants de
gauche, et la police avait pour mission de séparer les deux cortèges
hostiles l’un à l’autre. Même situation à Bochum, dans la Ruhr. A
Plauen, à la frontière tchèque, des militants d’extrême droite défilant
en piétinant des drapeaux de l’Union européenne ont jeté projectiles et
explosifs sur la police, qui a balayé le cortège au canon à eau.
- Manifestation du PKK en 2008 à Berlin
- En
gilets jaunes et verts, les policiers chargés de la communication. Les
policiers de maintien de l’ordre serrent le cortège et procèdent à une
interpellation en son sein, avec déploiement des policiers de
communication.
Photo : Jérémie Gauthier
Comme on le voit, les polices allemandes
ne chôment pas. Elles affrontent des violences de gauche et des
violences de droite ; des violences dont elles sont l’objet et des
belligérant.e.s qu’elles séparent ; elles protègent des ministres et des
foules ; elles emploient la force et elles interpellent. Mais le point
crucial qui les distingue des polices françaises est ceci : force reste à
la loi ; force reste dans la loi. Pas de manifestant.e.s menotté.e.s et
frappé.e.s par un policier. Pas de manifestant.e.s à terre et
frappé.e.s. Pas de manifestant.e.s injurié.e.s. Pas de jets
indiscriminés de gaz lacrymogène dans une foule composite engouffrée
dans le métro, au prétexte que s’y seraient glissé.e.s des autonomes ou
des casseur.e.s. Pas de matraquage dans le dos de passant.e.s. Pas de
perte de contrôle. Pas de gazage dans les entrées ou les enceintes du
métro. Au final, pas de polémique.
Cette maîtrise de la force, nous l’avons suggéré, est le produit d’une quinzaine d’années de politique dite de « désescalade » (Deeskalation) [3].
En Allemagne, la « désescalade » est entre autres le produit de la
décision « Bockdorf » du Tribunal constitutionnel (1985), qui avait
introduit une « obligation de communication et de coopération » des
forces de l’ordre avec les protestataires. La notion est, en elle-même,
issue du travail social, où elle désigne toutes les tactiques et
techniques de réduction de la conflictualité dans la confrontation avec
des personnes hostiles. Du travail social, elle a été importée par la
police et est devenue une ligne directrice de tout un ensemble
d’institutions policières allemandes, au delà des seules configurations
manifestantes, comme le montre la sociologie des relations quotidiennes
dans les quartiers difficiles [4].
Un nouveau modèle européen de maintien de l’ordre
Or loin d’être propre à l’Allemagne, cette
politique a sinon nourri, du moins participé à un nouveau modèle de
maintien de l’ordre en Europe, que l’on retrouve désormais dans le
système des officiers de dialogue en Suède, l’event police au Danemark, les peace units en Hollande, les Liaison Officers en Angleterre, les Special Police Tactics (SPT) en Suède ou encore le modèle dit des trois D (dialoguer, désamorcer, défendre) en Suisse romande [5].
Ce nouveau modèle repose sur quatre grands principes :
1/ une conception des logiques de la foule, alternative à celle promue par Gustave Le Bon [6], toujours au cœur de la philosophie française du maintien de l’ordre ;
2/ la facilitation et l’accompagnement des manifestations de rue ;
3/ le développement de la communication à tous les stades d’une opération de maintien de l’ordre ;
4/ la différenciation et le ciblage des interventions de rétablissement de l’ordre.
1/ une conception des logiques de la foule, alternative à celle promue par Gustave Le Bon [6], toujours au cœur de la philosophie française du maintien de l’ordre ;
2/ la facilitation et l’accompagnement des manifestations de rue ;
3/ le développement de la communication à tous les stades d’une opération de maintien de l’ordre ;
4/ la différenciation et le ciblage des interventions de rétablissement de l’ordre.
Détaillons-en rapidement les attendus.
La nouvelle psychologie des foules,
inspirée par des psychologues sociaux, au premier rang desquels Stephen
Reicher et Otto Adang [7],
s’appuie sur une idée simple, inspirée d’une démarche d’observation
expérimentale et participative. Toute présence réelle ou psychologique
hostile au groupe minore l’individualité des membres du groupe, qui
tendent alors à former un bloc uniforme, tendu vers la réduction ou
l’éloignement du danger perçu. Les membres du groupe expriment leur
appartenance en affichant les traits et les normes les plus distinctifs
de leur groupe face aux membres de l’autre groupe. Lorsque cette
présence s’estompe, leurs relations s’inscrivent davantage dans un
contexte interindividuel où ils peuvent affirmer des caractéristiques
qui les différencient des membres de leur(s) groupe(s) : l’homogénéité
et la solidarisation au sein du groupe se désagrègent.
L’appel à manifester introduit d’emblée un
changement de la définition identitaire : il renforce des aspects
spécifiques de l’identité sociale, en lien avec les groupes manifestants
et les revendications défendues. Le déroulement de la manifestation
dépend ensuite des rapports intergroupes dans lesquels sont pris les
participant.e.s. Lorsque les signes, drapeaux ou slogans sont organisés
autour d’un point de vue homogène et clairement opposé à un adversaire,
la cohésion du groupe et l’identification de ses membres se renforcent
et invitent à des actions déterminées vers les espaces occupés par
l’adversaire. C’est dans de telles situations que l’on observe le
développement d’émeutes et d’affrontements, notamment face à la police,
dont la présence accentue la cohésion de la manifestation. À l’inverse,
dès que l’homogénéité se lézarde par l’apparition de sigles qui
signalent des points de vue différents, les manifestants sont amenés à
redéfinir leur identité en s’inscrivant dans tels ou tels groupes
militants présents. À l’extrême, lorsqu’une manifestation prend la forme
d’un agrégat d’entités hétérogènes, l’action collective se dissout à
mesure que la déambulation des participant.e.s se résume à des relations
interindividuelles au sein de petites unités disloquées.
- Manif du 1er Mai 2016
- Screenshot : Street Politics
Dans ce modèle, il est possible de
comprendre comment certains cortèges a priori paisibles peuvent se
transformer en action collective violente, alors que des manifestations
supposées agressives se déroulent sans heurts. Ici, l’usage indiscriminé
de la force par la police durant un événement protestataire est
susceptible d’avoir un impact négatif sur les dynamiques de la foule,
dont la cohésion se renforce à l’encontre d’un adversaire tout désigné :
la police. Pour les auteurs dont nous parlons, il est donc nécessaire
d’éviter tout recours indiscriminé à la force, pour éviter toute
radicalisation de la foule : que ceux qui manifestent sans intention
malveillante se trouvent solidaires de ceux dont l’intention était d’en
découdre. Pour cela il faut trouver le moyen de véhiculer une perception
de la légitimité de l’action policière auprès du plus grand nombre (et
non pas seulement les organisateur.trice.s déclaré.e.s) par une
stratégie de facilitation des comportements pacifiques de la foule
(information, orientation, liaison permanente) ; un profil tactique
encourageant le dialogue et la communication avec les manifestant.e.s,
avant, pendant et après l’événement ; l’évitement de toute action
répressive indiscriminée et la mise en place d’une stratégie
incrémentale et ciblée de recours à la force.
Le maintien de l’ordre « à la française » : l’arrière-garde
Ces changements relativement profonds des
doctrines d’emploi et des stratégies de maintien de l’ordre n’ont sans
doute pas échappé aux polices françaises spécialisées dans le maintien
de l’ordre. En atteste par exemple le rapport de la commission de
l’Assemblée nationale formée après les événements de Sivens qui en
mentionne certains éléments [8].
Mais sans que cela débouche sur un bouleversement des doctrines
d’emploi, attestant d’une insularité inquiétante des forces de maintien
de l’ordre françaises. Certaines techniques hexagonales sont communes
aux autres polices européennes, comme l’accompagnement du cortège sur
ses flancs, le tronçonnement du cortège (les « nasses » vues ces
dernières semaines) ou d’autres encore. La gendarmerie a développé les
ULI (Unités légères d’intervention) dans les années 1990, qui permettent
les interpellations ciblées ; les CRS ont développé les SPI (Sections
protection-intervention) et les SAM (Section d’appui et de manœuvre) aux
mêmes fins [9]. Mais ces techniques se sont développées sans leur double nécessaire : la communication.
Prenons l’exemple de l’interpellation
ciblée dans le cortège. Le recours aux binômes policiers pour
« prélever » dans une foule un individu réputé violent a été pensé, en
Allemagne, en Suisse romande ou encore à Bruxelles depuis la fin des
années 1990, dans le cadre d’une stratégie de désescalade : il s’agit
d’empêcher les plus radicaux de nuire, tout en effectuant une
interpellation rapide et propre qui ne débouche pas sur la
solidarisation de la foule avec les interpellé.e.s. En France, par
contraste, la technique est employée aux fins de multiplier les
interpellations et les défèrements (le procureur de la République
dispose désormais de bureaux mobiles aux abords des sites de
manifestation). La judiciarisation accrue du maintien de l’ordre
s’inscrit dans la dynamique moderne de répression judiciaire comme
indicateur de l’efficacité politique, la « politique du chiffre » tant
décriée. Les forces de police se multiplient en autant d’occasions de
confrontations en corps à corps, avec les dérapages que cela entraîne,
toujours susceptibles de produire l’effet que l’on cherche précisément à
éviter ailleurs en Europe : le retournement de la foule et sa
solidarisation avec les éléments les plus radicaux. Par ailleurs, ces
interventions contribuent à brouiller les frontières entre police
urbaine (dans le cadre du délit flagrant) et police des foules, la
première étant appelée à seconder la dernière, avec ses moyens dolosifs
propres – les flash-balls, notamment, dont les forces de maintien de
l’ordre ne sont justement pas équipées tant ils rompent avec la
recherche d’équipements d’évitement et de mise à distance des
protestataires. Les manifestations de ces dernières semaines en ont à
nouveau donné de tragiques illustrations, notamment à Rennes. Pour
autant, preuve de la force de conviction de certaines sections de la
Police nationale, le politique ne se résout pas à l’interdiction de ces
armes dans les opérations de maintien de l’ordre [10].
Mais ce qui tranche le plus avec les
pratiques aujourd’hui développées ou recherchées chez nos voisins, c’est
le volet communication sur l’action qui renvoie à ce qui est communiqué
mais aussi au comment l’on communique et en direction de qui. C’est
sans doute en Allemagne que le système des Anti-Konflikt Team (TActical Communication, TaCom System) est le plus avancé [11].
Ceux-ci sont employés à la fois dans les manifestations politiques
d’envergure et dans les rencontres de football. C’est après les grandes
manifestations violentes de la fin des années 1990 à Berlin et en Hesse
que les modalités de la communication via des équipes policières
destinées au dialogue sont renforcées, avec notamment comme objectif de
faire en sorte que les mouvements de la police soient interprétés
correctement par les manifestant.e.s, que les manifestant.e.s pacifiques
partagent le point de vue de la police sur ce qu’il convient de faire,
que les participant.e.s enfin soient convaincu.e.s que les actions
préconisées – ou interdites – par la police le sont de manière légitime.
Dans cette optique un élément matériel important est l’usage de
véhicules dotés de haut-parleurs (les TLU, Tactical loudspeaker units,
utilisés pour la première fois dans une manifestation d’extrême droite
en Hesse et utilisés depuis avec succès) ou encore la disposition
d’écrans LED géants pour informer la foule, notamment lors des phases
critiques de dispersion. Par contraste, la manière dont en France on
informe les manifestant.e.s d’un ordre de dispersion est depuis
longtemps incompréhensible et inadaptée. Ce que d’ailleurs les rapports
des commissions d’enquête parlementaires constituées après les
manifestations de novembre-décembre 1986 soulignaient déjà clairement.
Que depuis trente ans l’autorité civile ne se soit jamais préoccupée de
réformer sérieusement cet aspect du droit de la manifestation est un
mystère aux conséquences bien dommageables.
- Manifestation sur la Grèce en 2015 à Berlin
- Au
cours d’une manifestation d’hostilité à la politique de Merkel et
Schäuble en Grèce, les policiers viennent d’arracher une banderole
portant "L’Allemagne est un joli morceau de merde" et d’interpeller une
dizaine de protestataires. A quelques mètres, les policiers chargés de
la communication se déploient et expliquent.
Photo : Fabien Jobard
Reste à s’interroger sur les raisons pour
lesquelles le maintien de l’ordre à la française se trouve rangé sur le
bas-côté de la circulation européenne des idées et des doctrines
policières. Il y a d’abord la certitude, largement entretenue par
policiers et gendarmes, que le maintien de l’ordre « à la française »
est d’excellence et qu’il est prisé dans le monde entier [12].
Cela fut peut-être vrai par le passé, mais ce n’est plus le cas. S’il
en fallait donner un indicateur, il suffirait de montrer à quel point
dans de nombreux pays les forces de police se tournent désormais vers
d’autres modèles mais aussi d’autres équipements que ce que la France a à
offrir, avec les effets économiques que l’on imagine aisément. Cette
difficulté à se remettre en question s’adosse en second lieu à un
discours sur les spécificités de la situation française avec l’idée que
les casseurs sont d’une détermination jamais vue auparavant et que l’on
bascule dans un cycle inédit de violence (l’expression n’est pas
littérale, mais elle est déclinée sous diverses formes et en toute
occasion depuis les manifestations CIP de 1994). Que ce soit Poitiers,
Strasbourg, Rennes, les manifestations anti-CPE, les divers cortèges
étudiants ou lycéens… la police française, même la police parisienne qui
a conservé son appareil de renseignement, semble seulement découvrir
sur les lieux mêmes la présence de protestataires armés et violents. Au
lieu de s’inquiéter de pareille déclaration d’incurie, le politique se
contente de reprendre à son compte les déclarations des principaux
syndicats de police, selon lesquels la violence de l’adversaire exonère
le dispositif de maintien de l’ordre. Car le retranchement doctrinal de
la police française est redoublé de l’isolement dans lequel la laisse le
politique : se laissant convaincre des arguments policiers sur la
« violence extrême » des adversaires [13], les ministres de l’Intérieur par cette seule posture s’empêchent tout examen au fond de l’action policière [14].
Enfin, il faut souligner que les nouveaux
modèles de maintien de l’ordre articulés autour de la notion de
désescalade ne peuvent se développer et produire pleinement leurs effets
que pour autant qu’en amont s’améliorent le recrutement et les
modalités de formation initiale et continue des fonctionnaires de
police. En France, l’ethos professionnel des forces de maintien de
l’ordre, de la haute hiérarchie aux hommes du rang, devrait subir un
certain nombre d’inflexions pour que les stratégies de désescalade
prennent tout leur effet, seule garantie d’une restauration progressive
de la confiance retrouvée de la population dans sa police. Il faudrait
ici pour être précis faire le détail de tout ce qui dans l’image
publique de la police, plutôt dégradée au regard de ce que l’on constate
dans les autres pays européens [15],
oriente les vocations, aussi bien que tout ce qui, dans les mécanismes
de recrutement puis la formation initiale ou continue, éloigne le
fonctionnaire de police d’une conception du métier comme mission de
service public au service de toute la population [16].
Que des syndicats de police aient refusé
d’être entendus par la commission parlementaire de 2015 sur le maintien
de l’ordre, ce que le syndicat de commissaire SCPN estime être une
« injustice de plus voire une insulte faite à l’engagement et au
professionnalisme de la police », témoigne de l’inquiétante étanchéité
de l’institution policière. Il ne reste, dans un tel contexte, qu’à voir
des syndicats policiers (souvent les mêmes) appeler, quelques mois à
peine après que les policiers furent acclamés par la foule après les
attentats de Paris, à des manifestations contre « la haine anti-flic »
et contre « l’acharnement irresponsable à vouloir faire croire que les
policiers sont des brutes sauvages qui frappent aveuglément sur la
jeunesse » [17].
Par contraste, tout un ensemble d’arènes internationales offrent aux
polices européennes et extra-européennes la possibilité d’inscrire les
doctrines de maintien de l’ordre dans la satisfaction de l’impératif de
pacification des cortèges, tels que le United Nations Interregional
Crime and Justice Research Institute, qui coordonne les National
Research Programs on Security during Major Events initiés en 2004 en
réaction aux événements de Gênes [18] et de Göteborg [19],
et surtout le programme européen Godiac, Good Practice for Dialogue and
Communication as Strategic Principles for Policing Political
Manifestations in Europe, qui réunit policiers de 12 pays et chercheurs
en sciences sociales autour, notamment, de la nouvelle psychologie des
foules que nous avons exposée. La France y tient encore une place
mineure, n’ayant par exemple pas participé au programme GODIAC ; ces
forums permettent pourtant aux polices d’échanger sur des pratiques
contestataires qui, elles aussi, se diffusent et s’harmonisent, comme le
montrent le mouvement des places [20], d’Occupy aux Indignados en passant par Nuit Debout.
Pour citer cet article :
Olivier Fillieule & Fabien Jobard, « Un splendide
isolement . Les politiques françaises du maintien de l’ordre »,
La Vie des idées
, 24 mai 2016.
ISSN : 2105-3030.
URL : http://www.laviedesidees.fr/Un-splendide-isolement.html
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