Source : l'Humanité
photo : juan carlos
Rassemblées « pour gagner le pays » et les législatives du 26 juin, les deux formations de gauche se sont alliées au sein d’Unidos Podemos. Aux dernières estimations, l’alliance anti-austérité obtiendrait 88 sièges de députés (73 pour le Parti socialiste ouvrier espagnol et 112 pour le Parti populaire).
photo : juan carlos
Rassemblées « pour gagner le pays » et les législatives du 26 juin, les deux formations de gauche se sont alliées au sein d’Unidos Podemos. Aux dernières estimations, l’alliance anti-austérité obtiendrait 88 sièges de députés (73 pour le Parti socialiste ouvrier espagnol et 112 pour le Parti populaire).
Podemos,
constitué en 2014, a siphonné une partie de l’électorat d’Izquierda
Unida (IU, la gauche unie qui regroupe des partis de la gauche
radicale, notamment le Parti communiste d’Espagne – PCE) en se
présentant comme la force antisystème, anti-« castes », anticorruption
généralisée. Historiquement, les principaux dirigeants de Podemos sont
des universitaires issus d’IU : ils l’ont quittée à la suite de crises
internes. Ils ont en quelque sorte « tué le père » pour voler de leurs
propres ailes.
une alliance En tête chez les moins de 55 ans
Les intellectuels communistes Manuel Monereo et Julio
Anguita restent des « mentors idéologiques » de Podemos, qui a su
s’adapter à la nouvelle situation née de la crise (2008) et du tsunami
des Indignés (15 mai 2011). Podemos a révolutionné la « grammaire
politique » et intégré de nouveaux apports. Constitué en parti, il a
ouvert un débouché politique (les Indignés étaient plutôt réfractaires
à la politisation). Critiqué pour sa volonté hégémonique, Podemos a
opéré au printemps dernier un recentrage, a mûri, écouté la forte
aspiration populaire au rapprochement avec Izquierda Unida.
Les deux jeunes leaders, Pablo Iglesias, pour Podemos, et
Alberto Garzon, pour IU, ne cachent pas leurs liens d’amitié. Ils se
sont rencontrés dans le mouvement des Indignés, dans ses remises en
cause, ses « utopies », ses constats si lucides (soutenus par 82 % de la
population). Une fraction des militants Indignés a considéré qu’un
mouvement uniquement de protestation ne suffisait pas à mettre fin aux
politiques néolibérales dévastatrices (chômage à 24 %, exil de plus de
400 000 jeunes diplômés, record européen des inégalités, etc.). Le
mouvement du 15 mai s’est transformé en mouvement politique
d’alternative.
Au sein du PCE et d’IU, l’irruption fracassante de Podemos
cliva les positions. Après la défaite électorale du 20 décembre 2015
(deux députés IU élus), Alberto Garzon prit du poids dans l’organisation
divisée et contribua à tirer les leçons nécessaires de l’échec sans
brader l’identité d’IU, seule force politique nationale d’opposition de
gauche depuis trente-sept ans. Même dans les moments difficiles, Alberto
Garzon s’est interdit toute critique publique et a continué à tendre
la main à Podemos (en perte de vitesse depuis quelques mois, sous le feu
nourri du système). Pour les piliers d’un bipartisme moribond, Podemos,
Garzon et Iglesias sont les cibles à abattre politiquement. Et plus
encore depuis l’annonce, symboliquement à la Puerta del Sol, de l’accord
électoral Podemos-IU. Panique à droite et au PSOE ! On ressort les
thèmes franquistes les plus rances, les services policiers fouillent
dans les poubelles.
L’alliance Podemos-IU – Unidos Podemos, UP – a été
approuvée massivement lors d’une consultation des militants (98 % des
votants pour le premier et 87,8 % pour la seconde). Et l’alliance,
ouverte aux mouvements sociaux et à d’autres petites formations (Equo,
Compromis…), arriverait en tête chez les moins de 55 ans. L’accord de
gouvernement qui en résulte, en 50 points, s’apparente à un programme
politique global. L’accord balaie tous les secteurs. En vrac :
protection urgente des plus démunis, fin des politiques néolibérales
austéritaires, de la corruption, prise en compte de la «
plurinationalité » de l’Espagne, amélioration des services de santé,
nouvelle « loi éducative », suppression des atteintes à la législation
du travail, plan national de transition énergétique, processus de
modification de la Constitution, nouveau modèle productif, SMIC à 800
euros, audit et restructuration de la « dette hypothécaire », création
d’une banque publique, réforme fiscale, etc. Enfin, chaque formation
mènera campagne pour le 26 juin comme elle l’entend…
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