samedi 27 juin 2015

Londres confirme les coupes budgétaires malgré les manifestations anti-austérité

Source : Le Monde


Manifestation anti-austérité dans les rues de Londres, samedi 20 juin.
Dur réveil ce dimanche 21 juin pour les dizaines de milliers de personnes qui ont défilé samedi dans les rues de Londres contre l’austérité. Le ministre des finances, George Osborne, signe dans le Sunday Times une tribune où il confirme qu’il procédera bien à 12 milliards de livres (16,8 milliards d’euros) de coupes dans le budget qui doit être annoncé début juillet. Samedi après-midi, une imposante manifestation a parcouru les grandes artères de la capitale entre la Banque d’Angleterre, au cœur de la City, et le Parlement, en passant par Downing Street, aux cris de « Non à la guerre contre les pauvres ! », « Non aux coupes budgétaires ! », « Stoppons l’austérité maintenant » et « Dehors les Tories ! ».
Un peu plus d’un mois après la victoire du premier ministre conservateur David Cameron, le peuple de gauche a voulu se rappeler au bon souvenir d’un gouvernement tout puissant face au Parti travailliste hébété par sa défaite et ses querelles de succession. M. Cameron, qui se targue d’avoir réduit à 5,5 % le taux de chômage et porté la croissance à 2,8 % en 2014, entend poursuivre la politique drastique de réduction des dépenses publiées qu’il a mise en œuvre depuis 2010.

Des coupes encore floues

Le défilé, très coloré et plutôt joyeux, n’était pas organisé par le Labour, mais par le groupe « People’s assembly » et surtout par les syndicats. Curieusement, les manifestants ne faisaient aucunement référence à la situation en Grèce ou aux politiques d’austérité menées dans d’autres pays européens. D’autres défilés ont eu lieu simultanément à Liverpool et Glasgow marquant selon les organisateurs « le début d’une campagne de protestation, de grèves, d’actions directes et de désobéissance civile à travers le pays ». A Londres, les marcheurs, plutôt jeunes dans l’ensemble, ont dénoncé les menaces sur le système national de santé (NHS) public, sur l’éducation, ainsi que la montée de la pauvreté et des expulsions locatives liées à la réduction des prestations sociales. « Réduisez les dépenses militaires, pas les prestations sociales », « Défions la loi des Tories », proclamaient les pancartes. Des manifestants appelaient à « faire payer les banquiers, pas le peuple ». « Payez vos impôts ! », hurlaient-ils en passant devant les cafés Starbucks.
Pas question d’écouter la rue, répond en substance George Osborne dans sa tribune du Sunday Times. Cosigné par le ministre du travail et des retraites, Iain Duncan Smith, ce texte confirme la volonté du gouvernement britannique de réduire les dépenses sociales de 12 milliards de livres sur un budget annuel de 220 milliards de livres. Ces 12 milliards de coupes faisaient partie du programme électoral du Parti conservateur, mais chacun pensait, avant les élections, que les Tories en modéreraient l’ampleur pour les rendre acceptables aux yeux des Libéraux-démocrates. La débâcle de ces derniers et le succès inattendu de M. Cameron lui laissent les mains libres, même si des voix se sont multipliées, ces dernières semaines, pour dénoncer les conséquences sociales d’une telle austérité.
La nature précise des coupes n’est pas connue. Les aides au logement et les réductions d’impôts liés au nombre d’enfants devraient figurer parmi les premières visées, ciblant de fait les familles à bas revenus.

« Assurer que le travail paie »

Se réclamant du mandat donné par les électeurs, les deux ministres qualifient certaines prestations sociales de « largesses financées par la dette » et affirment qu’ils ne cesseront de combattre « la culture néfaste de la dépendance aux allocations », arguant qu’« une décennie » au moins sera nécessaire pour parvenir à un budget social « sain ».
Ils ne cachent pas leur philosophie : la réduction des aides sociales est destinée à « assurer que le travail paie ». Largement entamée depuis le retour des conservateurs au pouvoir en 2010, la baisse des prestations sociales, s’ajoutant au regain de l’économie et aux pressions des agences pour l’emploi pour faire accepter les emplois existants, a effectivement déjà conduit des centaines de milliers de salariés britanniques à accepter des salaires très bas et des contrats précaires, tel que les « zero hour » ne garantissant aucun horaire de travail.
George Osborne confirme aussi la décision de baisser de 26 000 à 23 000 livres (de 36 300 à 32 100 euros) le plafond annuel de prestations, toutes comprises, que peut percevoir un foyer, une mesure destinée elle aussi à inciter à la reprise d’emploi. Il compte aussi supprimer toute aide au logement pour les moins de 25 ans et réduire les crédits d’impôts accordés aux couples avec deux enfants. Le tout-puissant ministre des finances, qui rêve de succéder à M. Cameron en 2020, se paie même le luxe de faire la leçon aux travaillistes. Le Labour, en dépit de sa défaite, semble persévérer dans ses errements en matière d’aides sociales, écrit en substance le chancelier de l’Echiquier. Il appelle les dirigeants du Labour à « soutenir les prochaines économies que nous devons réaliser pour rendre notre système social plus juste et plus abordable ».

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/06/21/londres-confirme-les-coupes-budgetaires-malgre-les-manifestations-anti-austerite_4658692_3214.html#23LpswsooMWdlyix.99

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