Résistances
Par Erwan Manac’h
Politis - 7 janvier 2014
Une ferme aux 1 000 vaches, un poulailler avec 300 000 poules, 4 500
cochons dans une même porcherie : plusieurs organisations alertent sur
l’industrialisation tous azimuts des élevages.
Derrière l’exemple extrême de la « ferme aux 1 000 vaches », étable
géante qui sort de terre sur deux communes proches d’Abbeville, dans la
Somme, c’est une tendance de fond que dénonce cette semaine une partie
des organisations écologiques et agricoles.
L’industrialisation des élevages n’est pas un phénomène nouveau, mais «
il s’accélère, témoigne Laurent Pinatel, porte-parole de la
confédération paysanne :
« Les jeunes qui s’agrandissent obtiennent des droits de produire. On
leur colle un emprunt sur le dos au nom de la modernisation des
bâtiments. Ils se retrouvent contraints à toujours plus de productivité.
Nous sommes en train de perdre le fil du métier de paysan ! »
C’est la fuite en avant productiviste. Les fermes-usines obligent les
producteurs à se tourner vers un modèle axé sur l’exportation et font
craindre d’importants risques sanitaires. Développement accéléré des
maladies, recours massifs aux antibiotiques ou aux anti-inflammatoires,
qui se retrouvent, une fois le lisier utilisé comme engrais, dans les
sols. En faisant monter la pression sur le foncier, ces mastodontes de
la production paysanne sont aussi des freins au développement d’une
agriculture à échelle humaine.
Avec le début, ce mardi, des discussions à l’Assemblée du projet de loi
d’avenir agricole, les associations de sauvegarde de l’environnement et
de l’agriculture paysanne organisent une semaine d’action. Le texte de
loi déposé par le ministre de l’Agriculture vise à moderniser la filière
d’élevage et organise le développement de l’agroécologie. Mais il est
insuffisant. Notamment pour préserver l’agriculture française de cette
course au gigantisme, estime la Confédération paysanne, qui manifeste ce
mardi après-midi aux côtés des associations de sauvegarde de la nature
(L214 et AIVES notamment). Les députés écologistes ont déposé une série
d’amendements pour renforcer le contrôle des mouvements fonciers et
favoriser les méthaniseurs collectifs. Deux points qui permettraient de
contrôler l’industrialisation des élevages.
Pour illustrer une tendance de fond, trois projets de fermes-usines sont
mis à l’index dans le Nord de la France :
1000 vaches et 750 veaux et génisses à proximité d’Abbeville
Ce projet d’étable géante, porté par un entrepreneur des BTP très
influent dans le Nord de la France, est devenu un symbole. Malgré
l’opposition grandissante des riverains, une étable de 200 mètres de
long est en passe de sortir de terre pour accueillir 1 000 vaches
laitières en enclos.
Un méthaniseur occupera 2 700 hectares proches de la ferme. Il doit
permettre de produire 1,5 mégawatt à partir du fumier et apporter 40 000
tonnes de résidus à épandre aux agriculteurs de 24 communes
environnantes. Les locaux craignent pour la qualité de l’air et les
infiltrations dans les nappes phréatiques. Le méthaniseur est situé à
600 mètres des premières habitations.
Lire > Non à la ferme aux mille vaches !
4 500 porcs à Heuringhem
Le projet de porcherie industrielle est porté par un couple d’éleveurs
déjà installé dans le village d’Heuringhem (Pas-de-Calais). La commune
avait autorisé la construction, en émettant des réserves sur l’épandage
du lisier prévu sur les communes alentours. Mais suite au recours déposé
par 14 habitants d’Heuringhem et d’ Ecques, le tribunal administratif de
Lille a suspendu l’exécution du permis de construire le 28 octobre 2013,
en attendant de statuer sur le fond.
300 000 poules à Doullens
Un projet de poulailler gigantesque a été rendu public en mai 2013 sur
la commune de Doullens (Somme). Il vise la construction d’un élevage de
type « œuf au sol », sans cage pour les poules, avec 9 poules au m2, et
prévoit la valorisation de 6 000 tonnes de fientes dans un centre de
compostage construit à côté du poulailler.
« Nous allons attaquer des marchés de type industriel », expliquait
Pascal Lemaire, gérant de la société Œufs Nord Europe initiatrice du
projet, sur France 3 en juin 2013. Le gigantisme vise à limiter les
coûts de production.
Par Erwan Manac’h
Politis - 7 janvier 2014
Une ferme aux 1 000 vaches, un poulailler avec 300 000 poules, 4 500
cochons dans une même porcherie : plusieurs organisations alertent sur
l’industrialisation tous azimuts des élevages.
Derrière l’exemple extrême de la « ferme aux 1 000 vaches », étable
géante qui sort de terre sur deux communes proches d’Abbeville, dans la
Somme, c’est une tendance de fond que dénonce cette semaine une partie
des organisations écologiques et agricoles.
L’industrialisation des élevages n’est pas un phénomène nouveau, mais «
il s’accélère, témoigne Laurent Pinatel, porte-parole de la
confédération paysanne :
« Les jeunes qui s’agrandissent obtiennent des droits de produire. On
leur colle un emprunt sur le dos au nom de la modernisation des
bâtiments. Ils se retrouvent contraints à toujours plus de productivité.
Nous sommes en train de perdre le fil du métier de paysan ! »
C’est la fuite en avant productiviste. Les fermes-usines obligent les
producteurs à se tourner vers un modèle axé sur l’exportation et font
craindre d’importants risques sanitaires. Développement accéléré des
maladies, recours massifs aux antibiotiques ou aux anti-inflammatoires,
qui se retrouvent, une fois le lisier utilisé comme engrais, dans les
sols. En faisant monter la pression sur le foncier, ces mastodontes de
la production paysanne sont aussi des freins au développement d’une
agriculture à échelle humaine.
Avec le début, ce mardi, des discussions à l’Assemblée du projet de loi
d’avenir agricole, les associations de sauvegarde de l’environnement et
de l’agriculture paysanne organisent une semaine d’action. Le texte de
loi déposé par le ministre de l’Agriculture vise à moderniser la filière
d’élevage et organise le développement de l’agroécologie. Mais il est
insuffisant. Notamment pour préserver l’agriculture française de cette
course au gigantisme, estime la Confédération paysanne, qui manifeste ce
mardi après-midi aux côtés des associations de sauvegarde de la nature
(L214 et AIVES notamment). Les députés écologistes ont déposé une série
d’amendements pour renforcer le contrôle des mouvements fonciers et
favoriser les méthaniseurs collectifs. Deux points qui permettraient de
contrôler l’industrialisation des élevages.
Pour illustrer une tendance de fond, trois projets de fermes-usines sont
mis à l’index dans le Nord de la France :
1000 vaches et 750 veaux et génisses à proximité d’Abbeville
Ce projet d’étable géante, porté par un entrepreneur des BTP très
influent dans le Nord de la France, est devenu un symbole. Malgré
l’opposition grandissante des riverains, une étable de 200 mètres de
long est en passe de sortir de terre pour accueillir 1 000 vaches
laitières en enclos.
Un méthaniseur occupera 2 700 hectares proches de la ferme. Il doit
permettre de produire 1,5 mégawatt à partir du fumier et apporter 40 000
tonnes de résidus à épandre aux agriculteurs de 24 communes
environnantes. Les locaux craignent pour la qualité de l’air et les
infiltrations dans les nappes phréatiques. Le méthaniseur est situé à
600 mètres des premières habitations.
Lire > Non à la ferme aux mille vaches !
4 500 porcs à Heuringhem
Le projet de porcherie industrielle est porté par un couple d’éleveurs
déjà installé dans le village d’Heuringhem (Pas-de-Calais). La commune
avait autorisé la construction, en émettant des réserves sur l’épandage
du lisier prévu sur les communes alentours. Mais suite au recours déposé
par 14 habitants d’Heuringhem et d’ Ecques, le tribunal administratif de
Lille a suspendu l’exécution du permis de construire le 28 octobre 2013,
en attendant de statuer sur le fond.
300 000 poules à Doullens
Un projet de poulailler gigantesque a été rendu public en mai 2013 sur
la commune de Doullens (Somme). Il vise la construction d’un élevage de
type « œuf au sol », sans cage pour les poules, avec 9 poules au m2, et
prévoit la valorisation de 6 000 tonnes de fientes dans un centre de
compostage construit à côté du poulailler.
« Nous allons attaquer des marchés de type industriel », expliquait
Pascal Lemaire, gérant de la société Œufs Nord Europe initiatrice du
projet, sur France 3 en juin 2013. Le gigantisme vise à limiter les
coûts de production.
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