Les
décideurs du monde entier se réunissent à Davos du 22 au
25 janvier, avec au programme la réflexion sur les «
risques globaux »(1), sur la base d’un rapport alarmiste
élaboré après consultation de plus de 700 experts et
dirigeants mondiaux. En reconnaissant son « échec
collectif », le sommet de Davos constate son impuissance
face aux catastrophes annoncées, mais ne propose que la
fuite en avant.
La
classe de Davos, après avoir permis et accéléré le
déchaînement conjoint des forces du marché et de la
technoscience, découvre qu’elle ne maîtrise plus rien. Le
rapport analyse de façon étrangement lucide la connexion des
«risques globaux». Il reconnaît que les risques économiques,
sociaux, écologiques, géopolitiques, sont interconnectés et
susceptibles de déclencher à court ou moyen terme une
défaillance systémique.
Les
inégalités sociales sont devenues improductives et les
luttes contre l’austérité en Europe sapent la confiance dans
les institutions. Les protestations populaires dans les pays
émergents indiquent l’épuisement de modèles prédateurs. Le
chômage de masse risque de faire de la génération des jeunes
ayant 20 ans en 2013 une génération perdue. Le changement
climatique et les évènements météorologiques extrêmes pèsent
sur l’économie. L’accès à l’eau risque d’être compromis pour
une part grandissante de la population.
Klaus
Schwab, l’organisateur de Davos, estime à raison que « cette
situation est le résultat d'un échec collectif face à la
façon de gérer les conséquences de la mondialisation
». Mais en dépit de toute son expérience, il espère encore
que le forum de Davos permettra aux dirigeants du monde de
trouver « les réponses aux tremblements de terre qui
nous attendent »(2). Des mots usés jusqu’à la
corde vont donc à nouveau ronfler : « redonner confiance
aux jeunes », « définir une compétitivité
soutenable» et une «croissance équitable,
soutenable et inclusive», « retrouver la
résilience des sociétés », « améliorer la
gouvernance globale et le libre-échange mondial »…
Malgré
la lucidité des constats, la vacuité de ces réponses fait
davantage de ce sommet un exercice d’exorcisme collectif que
le prélude à un changement de cap. La foi aveugle dans la
supériorité du marché et de la technologie n’est pas
ébranlée par l’accumulation des risques catastrophiques.
Après
le succès du forum social mondial de Tunis en 2013, le
forum, qui se réunit désormais tous les deux ans, se prépare
à rejoindre à nouveau Tunis en mars 2015, avec en
perspective la mobilisation de la société civile pour la COP
21, la conférence climatique qui se tiendra en France à
l’automne 2015. Le mouvement altermondialiste, lui, sait que
le capitalisme est devenu antagonique avec la démocratie,
que le libre échange est désormais insoutenable pour les
sociétés et pour la nature. Les mouvements sociaux, anciens
et émergents, par leurs luttes et leurs expériences,
s’engagent dans un changement systémique. En nous appuyant
sur nos valeurs, sur les travaux de scientifiques
responsables et sur l’intelligence collective, nous opposons
aux désastres annoncés non pas un « meilleur des mondes
» mais la possibilité de mondes meilleurs.
Attac
France,
21
janvier 2014
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