dimanche 21 avril 2019

Toulouse. “Je vais te baiser la gueule” : violences policières et arrestations arbitraires au café l’Autan

Source : Revolution permanente

Nous relayons ce témoignage affligeant qui nous a été transmis, de violences policières suivies d’arrestations survenues samedi soir dans la ville Rose, théâtre d’une répression sans précédent, suite à l’Acte 22 des Gilets Jaunes. Si vous avez été témoin de la scène, nous vous invitons à nous écrire.

Publié initialement le lundi 15 avril


“Ce samedi, j’étais venu boire un verre, seul à l’Autan, comme il m’arrive souvent d’y passer, pour lire un journal, boire un café, une bière. La terrasse était pleine, avec en tout logique une bonne partie de manifestants. Les camions de policiers rentrant au bercail et passant obligatoirement devant le bar, les personnes assissent à la terrasse se sont mises à huer à leur encontre et à les maudir. Ces derniers ont répondu par des doigts d’honneur collés à la fenêtre.
Mais la soirée prend un autre tournant lorsqu’à 22h22, plusieurs camions de police s’arrêtent au pied de la terrasse, puis une dizaine de policiers chargent, écrasant, bousculant, frappant dans la masse. Les chaises volent, les gens essayent de se défendre, s’enfuient. Je me retrouve dans le bar, un jeune homme se fait tabasser par cinq policiers. Je ressors, je suis choqué, j’essaye de me remettre de mes émotions quand deux policiers me surprennent, arrivés de derrière, me prennent les bras, me menottent. Deux autres arrivent, me prennent les jambes et me lancent comme un vulgaire sac dans le camion. Une fois dans le camion, deux policiers me poussent avec leurs pieds m’insultant de « fils de pute », « enculé de gaucho de merde », « petite merde tu fais plus le malin ». L’un d’eux me pousse, me demandant de me mettre correctement, l’autre a son pied posé sur mon bassin comme si j’étais un gibier de chasse. Les policiers continuent les insultes, je ne réplique pas, ils continuent « putain d’artiste », « assis-toi enculé », pour m’asseoir l’un d’eux me tire en arrière en me criant dessus « assieds-toi connard, assieds-toi correctement enculé ». L’un des deux conducteurs parle tout haut, disant « on va le faire fermer ce sale bar de gauchos ».
Nous arrivons au commissariat central, on me fait sortir du fourgon, quand un des policiers m’attrape, me plaque violemment contre le véhicule, me menaçant « continue à faire le malin petit enculé et je vais te baiser la gueule fils de pute ». Une fois dans le bâtiment, on me pousse dans un coin, on me crie dessus en me demandant de m’asseoir, puis quelqu’un me prend en photo avec son téléphone portable et les policiers se partagent la photo sur leurs téléphones personnels. On m’attache ensuite à un banc, tellement serré que je ne peux absolument pas bouger sous peine de m‘abimer fortement les mains. Le même policier qui m’avait menacé repasse me réprimander car je suis mal assis selon lui (toujours devant ses collègues).
En face de moi arrive la personne qui s’est fait tabasser dans le bar, le visage en sang, le nez tordu, un oeil poché. Je ne le connais pas, j’essaye de lui demander s’il va bien, alors un autre policier nous dit de fermer notre gueule, je continue de parler, une jeune policière s’en mêle, nous disant de fermer notre « gueule ». Le temps passe, vers minuit - une heure du matin on nous transfère dans des commissariats aux alentours de Toulouse pour la nuit. Je suis libéré le lendemain, dimanche 14 avril vers 18h.”

Une vidéo de la scène circule sur Facebook.

Appel à témoignages : si vous avez été témoin de la scène, que vous disposez de photos et/ou vidéos, merci de nous écrire à siterevolutionpermanente@gmail.com.

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