Le Conseil national de la Résistance fut réactivé l'été 2008. Le CNR en Midi-Pyrénées est la déclinaison régionale de ce réseau organisé pour mener une résistance créatrice d'alternatives. Nous contribuons ainsi par notre action politique coopérative à construire Un Autre Monde...
"Créer, c'est Résister. Résister, c'est créer."
A l’approche des élections législatives anticipées
du 28 avril prochain, l’avenir de l’Espagne est incertain. Le
morcellement de l’offre politique nourrit les craintes de désunion dans
un pays encore secoué par la percée indépendantiste en Catalogne.
Comment l’Espagne sortira-t-elle de la crise ?
Des
manifestants brandissent des drapeaux indépendantistes catalans lors
d'une manifestation contre le procès des anciens dirigeants séparatistes
à Barcelone, le 16 février 2019•
Crédits : LLUIS GENE
-
AFP
Des routes régulièrement coupées par des militants
indépendantistes, à l’opposé des symboles indépendantistes arrachés par
des unionistes, dans des lieux publics. La querelle autour de
l’indépendance de la Catalogne continue aujourd’hui, en Espagne, un an
et demi après ce qui a été vécu comme un tremblement de terre dans le
pays et en Europe : le référendum et la déclaration manquée
d’indépendance.
Cela fait donc un an et demi et même un peu plus que ce sujet
structure, phagocyte, même, le débat politique en Espagne. C’était le
cas hier et avant-hier lors des deux débats organisés avant les
élections législatives anticipées – élections prévues dimanche. C’était
le cas aussi pendant la campagne, avec comme conséquence l’émergence au
niveau national d’un parti d’extrême-droite, Vox, qui a fait de la lutte
contre l’indépendantisme catalan l’un des axes majeurs de son
discours.
Une campagne, par ailleurs, parasitée ou alimentée, c’est selon, par
le procès de 12 dirigeants catalans – procès historique encore en cours,
deux mois après son ouverture.
Vous l’avez compris : la question catalane divise profondément la
société espagnole. Elle révèle aussi des fractures plus anciennes, et
peut-être plus profondes. Bref, elle fragilise – sans en être la seule
cause – l’unité du pays.
L’Espagne, nation affaiblie, peut-elle se relever du séisme catalan ?
1er mai 2019, une journée pour tout tenter, une journée pour tout rêver.
Le 25ème rendez-vous des GJ n’est pas comme les autres. Et c’est tant
mieux. Le mouvement a besoin de sortir de sa routine et de sa
ritualisation des manifs du samedi. Planifié, non pas un samedi, mais un
jour férié, date historique pour les luttes sociales à travers le
monde, ce nouveau rendez-vous devrait voir de nouvelles personnes venir
collaborer à la chute du système : syndicalistes, écolos, anarchistes
mais aussi et surtout des milliers de citoyens anonymes en colère.
Cette date du premier mai arrive quelques jours après l’annonce des
“décisions” de Macron suite au Grand Débat. Des annonces qui n’ont
convaincu personne en dehors de la République en Marche. Une allocution
qui a confirmé le mépris de classe et la position ultra-autoritaire et
inflexible du pouvoir, aussi bien le pouvoir politique que le pouvoir
économique, policier et judiciaire.
Le message est clair : vous
pourrez gesticuler encore des mois, la politique du gouvernement ne
changera pas. Et le système encore moins. Si cette posture tient d’une
tactique pour décourager les GJ et autres forces révolutionnaires, on
sait qu’après avoir vraiment tremblé en novembre et décembre, le système
a réussi à reprendre la main sur la gestion des révoltes, qui n’ont
quasiment plus connu de caractère insurrectionnel en 2019, y compris
lors des ultimatums du 16 mars et 20 avril. La force du système
ultra-libéral, c’est de comprendre les nouvelles situations et de s’y
adapter ultra rapidement.
Il faudra donc beaucoup plus qu’un
premier mai massif et déterminé pour réussir à ébranler le système. Mais
ce 1er mai est essentiel pour que la lutte continue, qu’elle mute pour
tromper encore le système, pour le faire dérailler. Ouvrir des brèches,
tenter des expériences, se rencontrer, échanger, créer des alliances de
rue éphémères…
Mercredi, chaque citoyen dans la rue aura les clés
de la réussite de cette journée. Ce ne sont pas les syndicats qui ont
les clés, ce ne sont pas les associations, ce ne sont pas les “figures”
des GJ. Non, c’est chaque citoyen, qui, selon ses choix, ses paroles,
ses actes, déterminera l’évolution de cette journée et donc de la suite
du mouvement : une tentative de manif sauvage, lancer un chant repris
par des milliers de manifestants, refuser d’entrer dans la nasse de fin
de manif (prévue Place d’Italie a priori), se déguiser pour tourner en
dérision le pouvoir, monter des barricades, repeindre la rue en jaune,
entrer dans un bâtiment pour une occupation éphémère….
Tout est
possible. La journée, la nuit et la vie nous appartiennent. N’ayons pas
peur de l’inconnu car seul cet inconnu peut nous permettre de vivre
différemment.
La solution ne viendra pas d’un transpalette ou
d’une banque en feu. Elle ne viendra pas non plus d’un manifestant
déguisé en clown ou d’une fanfare invisible. Mais elle viendra de tout
cela et des brèches que toutes ces individualités pourront créer. Des
brèches dans lesquelles il appartiendra de s’engouffrer et d’improviser.
Le pouvoir craint plus qu’il ne le dit cette journée du 1er mai. Sa
stratégie est connue d’avance : contrôler l’ensemble du cortège pour
l’amener dans la nasse géante de fin de manif. Avant cela, dès que
possible, scinder le cortège pour isoler les manifestants les plus
déterminés et faire un max de répression et d’arrestation. Tout faire
pour obliger les milliers de citoyens en colère à choisir leur camps :
celui des gentils manifestants qui respectent les règles de la
République, et les méchants anarchistes black bloc assoiffés de feu et
de sang.
Ne leur offrons pas cette chance de nous séparer,
idéologiquement mais aussi physiquement dans la rue. Soyons soudés dans
nos différences de pratiques et de tactiques. Respectons-nous car nous
avons le même adversaire, et que la différence ne nous fait pas peur.
Mercredi : chaque personne dans la rue aura le pouvoir de changer les
choses. Le mouvement des GJ a prouvé la force de l’horizontalité et de
l’action individuelle dans une lutte collective. Alors n’ayez pas peur
de vous lancer dans des initiatives. Parlez-en à vos proches et à vos
camarades de lutte. Il reste quelques heures pour préparer ce 1er mai.
C’est largement suffisant pour réfléchir et proposer des actions
surprises, qu’elles soient festives, musicales ou offensives. Mercredi,
chaque initiative sera une reprise éphémère de liberté et d’existence.
Chaque acte subversif sera une victoire face à ce système qui veut nous
faire croire que rien ne pourra jamais changer et qu’il faut retrouver
nos “vies d’avant”.
Nous savons que nos vies d’après peuvent être
bien plus joyeuses et solidaires. Et nous sommes prêts à nous battre
pour cet horizon. Cela commence mercredi.
Puisque les start-uppers ont décidé de faire une appli
pour sous-traiter des gens pour manifester, à notre tour.
Malheureusement, cette application est destinée seulement aux
manifestations autorisées et légales ! Il est temps d’en finir avec cette discrimination qui cible les autonomes et tout le mouvement social ! Ubérisons la diversité des tactiques ! Ubérisons le cocktail molotov à partir de 45 euros !
Le black bloc depuis votre fauteuil
Faire un black bloc tout en regardant du riot porn sur Russian Today, c’est possible, avec RIOT-START !
Quoi de plus désagréable que de rentrer de manif en sentant la lacrymo ou le plastique brûlé ?
Quoi de plus désagréable que de souffrir des courbatures d’une journée trop longue à se faire courser par les bacqueux ?
Fini tout ça : grâce à RIOT-START !
Avec RIOT-START, recrutez un black bloc pour faire le sale travail à
votre place plutôt que de risquer une arrestation ou un oeil crevé !
Plutôt que de prendre des risques inutiles et d’assumer vos positions
politiques, faites confiance à notre service d’entrepreneurs qui va vous
simplifier la vie.
Comment ça marche ?
Connectez vous à l’appli RIOT-START et vous pourrez trouver le candidat idéal : physique, profil sympathique !
Tous les genres et tous les âges sont disponibles ; il est possible qu’il y ait quelques délais de traitement aux alentours du 1er mai. [1]
Gardez confiance en votre auto-entrepreneur puisqu’il est noté en permanence par la communauté ! Une satisfaction à nulle autre pareille !
L’offre
15 euros : Offre « Starter »
L’offre de base comprenant l’équipement minimal :
Une paire de lunette de piscine
Un masque de chantier FFP2
Un sweat à capuche noir (autre couleur ou logo en option)
Une paire de gants pour éviter de laisser des traces [2]
30 euros : Offre « Power »
Pour rendre la manifestation plus festive et en plus de l’offre « Starter » :
Un masque à gaz de qualité supérieure volé pour vous à Castorama
Une batterie de feux d’artifice et notamment les bisons 4 de notre enfance, qui rendront nostalgiques nos amis les CRS
Pour l’avatar « homme » :
une coquille santé qui préservera les parties génitales des lanceurs
de balles de défense lancées par nos partenaires sociaux préférés.
Des chaussures Samba de marque Adidas, notre partenaire gracieux. Cela vous changera des chaussures de marche Décathlon.
45 euros : Offre « Premium »
En sus de l’offre « Power » seront joints :
Un casque de première qualité
Des protège-tibias permettant d’aller au contact des respectables forces de l’ordre
Un superbe cocktail molotov financé par la @fondationTotal, entreprise
vertueuse qui veille à garantir un soutien à tous les humanistes de ce
monde
Avec tout cet équipement, vous pourrez envoyer votre avatar combattre sans problème pour l’anarchie et la révolution sociale !
Financement
Comme vous le savez déjà sans doute, cette initiative est financée uniquement par Georges Soros, qui finance déjà les black bloc à hauteurs de 200 euros par personne !
En toute transparence, nous fournirons les budgets détaillés de la plate-forme en temps voulu.
Mais sachez qu’on va se faire beaucoup de sous sur votre dos !
Notes
[1] Conditions pour les futur-es candidat-es start-uppers corporates souhaitant nous rejoindre :
avoir une bonne assurance professionnelle au cas où la responsabilité de la plate-forme ne pourrait être engagée
avoir une excellente mutuelle ou complémentaire santé, aucun frais de
blessure éventuelle ne sera pris en charge ou considéré comme accident
de travail
À savoir que le prélèvement à la source sera saisi directement sur le prix de chaque manifestation ; la marge de la plate-forme RIOT-START ne dépassera pas les 20% ;
le prix de la manifestation débute à 8 € hors frais éventuels de
déplacement et hors primes exceptionelles décidées par RIOT-START. C’est
plus avantageurx qu’Uber, on vous l’a déjà dit !
[2] À
noter que les actes éventuellement délictueux de nos entrepreneurs sont
pris en charge par notre service d’assurance, de même que les frais
d’avocats.
Au nom de leur santé et du
principe de précaution, ils étaient 206 plaignants à réclamer devant le
juge des référés de Bordeaux, la fin de la pose des compteurs Linky.
Treize d'entre eux ont, en partie, obtenu gain de cause. Enedis va
devoir poser un filtre pour les protéger des ondes dégagées.
Le juge des référés du Tribunal de Grand Instance de Bordeaux a donné, en partie, raison à treize particuliers, sur les 206 au total, qui avaient engagé une action en justice contre les compteurs communicants Linky.
Ces treize plaignants, dotés d'un certificat médical attestant de leur
hypersensibilité électromagnétique (maux de tête, insomnies...) lors de
l'audience le mois dernier, vont pouvoir réclamer à Enedis, dans les
deux mois, la pose d'un filtre les protégeant des champs
électromagnétiques.
"Une première brèche... timide"
"C'est une première brèche" estime l'avocat des 206 plaignants, maître Pierre Hurmic, "car
la décision ne concerne que quelques demandeurs de la procédure. Mais
c'est quand même une première brèche, dans ce qui était, la pensée
dominante jusqu'ici ; Enedis se bornant à dire qu'il n'y avait aucun
danger !" Pierre Hurmic reconnaît que "c'est timide". Il aurait préféré "l'interdiction de la pose des compteurs Linky. Le combat continue et je ne désespère pas d'aboutir un jour."
Enedis a quinze jours pour faire appel de la décision du juge des
référés en attendant le procès au fond. Elle a prévu de le faire a
indiqué la filiale d'EDF à l'Agence France Presse, en début de soirée.
Pour Enedis la décision du tribunal de Bordeaux "conforte aussi bien
le principe du remplacement des compteurs que notre démarche d'écoute à
l'égard de certains de nos clients qui se déclarent électro-sensibles."
Enedis souligne encore qu'il s'agit de cas "extrêmement rares
pour lesquels nos équipes mettent en oeuvre un accompagnement
personnalisé et adapté à chaque situation particulière". La société rappelle que "toutes
les mesures réalisées par les organismes indépendants mettent en
évidence des niveaux de champs électriques et magnétiques très largement
inférieurs aux limites réglementaires".
A Toulouse déjà...
Ce n'est pas le premier jugement allant dans ce sens. A Toulouse, le mois dernier, le juge des référés avait donné gain de cause à treize autres personnes
souffrant d'hypersensibilité aux ondes. Ils avaient obtenu le droit de
ne pas être équipés, contre leur gré, pour raison médicale, d'un
compteur électrique Linky. A ce jour, 22 tribunaux ont été saisis
d'actions conjointes. La grande majorité des plaignants, ont été
déboutés notamment à Rennes et à Bordeaux.
Le compteur Linky, dont l'installation est pilotée par Enedis et qui
permet de relever à distance et en direct la consommation des clients,
fait l'objet de polémiques récurrentes depuis son déploiement en 2015.
Un
proche de Macron confie son angoisse au Parisien : « Je ne vois pas
comment on sort de ça. Avec les beaux jours, les Gilets Jaunes vont
revenir et installer des barbecues sur les ronds-points… »
Voilà ce qui les effraie : la merguez révolutionnaire !
L’apéro Facebook géant !
Eh bien, durant « la semaine jaune » (votée à St Nazaire, qui va du 1er au 4 mai) nous proposons de libérer les droits du film (sur une version remaniée, raccourcie).
Alors
vous souhaitez le diffuser sur votre rond-point, dans votre salle des
fêtes, en extérieur, pour motiver avant le 4, ou pour passer un bon
moment ensemble le samedi soir ? Inscrivez-vous ! On vous recontacte
vite !
Pétition adressée à François de Rugy, Ministre d'État, ministre de la Transition écologique et solidaire
Mise à jour
La récupération du verre dans les conteneurs dédiés est une bonne chose, mais que devient-il finalement ?
J'ai entendu récemment à la radio que si une partie était effectivement
refondue pour fabriquer du verre, l'autre était enfouie dans les
décharges.
Les récipients que nous mettons dans les conteneurs sont généralement
en bon état et ça me fend le cœur d'entendre des verrines et des
bouteilles se briser lorsque je les jette alors qu'elles pourraient être
réutilisées sans problèmes pendant plusieurs cycles. Dans ces
conditions, pourquoi ne pas rétablir la consignation du verre qui avait
cours en France jusque dans les années soixante-dix et qui est toujours
pratiquée en Allemagne ?
Du fait de la contrepartie financière lorsqu'on rapporte des
récipients en bon état, on pourrait attendre de cette solution les
avantages suivants : - diminution des déchets enfouis dans les endroits où le recyclage du verre n'est pas effectif - diminution des dépenses énergétiques dues à la refonte du verre - diminution de l'impact sur les ressources en sable et autres éléments destinés à la fabrication du verre - diminution du prix des aliments en verrine - diminution des déchets en verre dans la nature
Certains emplois des fonderies de verre pourraient être mis à
mal, mais ils seraient de toute façon compensés par les emplois créés
dans les usines de nettoyage et de tri des récipients.
Il serait possible, dans un second temps, d'inciter les industriels
qui sont passés aux récipients en plastique à repasser au verre. Je
pense notamment aux sodas et à l'eau minérale. Cette solution limiterait
en outre le rejet de plastique dans la nature, et les transferts de
plastique dans les aliments et boissons que nous ingérons tous les
jours.
Une autre piste à explorer serait la standardisation en
France, voire au niveau européen, des récipients en verre afin que les
coûts de production soient diminués, ainsi que les problèmes de tri.
Le
président de l’Assemblée nationale du Venezuela, Juan Guaido, s’adresse
à une foule de partisans de l’opposition lors d’une réunion publique à
Caracas le 16 janvier 2019. Photo: Federico Parra/AFP/Getty Images
Washington essaie de renverser
le gouvernement du Venezuela depuis au moins 17 ans, mais
l’administration Trump se montre nettement plus agressive que les
précédentes. La semaine passée, les responsables de l’administration
sont passés à la vitesse supérieure en donnant leur aval à celui qu’ils
ont choisi pour succéder au président vénézuélien Nicolas Maduros Moros
avant même tout coup d’état. Juan Guaido, 35 ans, membre du congrès
vénézuélien s’est proclamé président, et l’administration Trump, comme
les gouvernements alliés, l’ont immédiatement reconnu comme tel – selon un plan arrangé à l’avance.
Il est évident que le Président Trump vise un changement de régime ; son administration ne s’en cache même pas. Et ses alliés, comme le vice président Mike Pence et le sénateur Marco Rubio, républicain de l’état de Floride, l’ont clairement annoncé.
Il serait très fâcheux de continuer dans cette voie. Les politiques
de Trump ont non seulement aggravé les souffrances des vénézuéliens mais
elles ont, en plus, rendu quasiment impossible pour le pays de sortir
de la dépression économique et de l’hyperinflation. Une résolution négociée du conflit politique au Venezuela est
nécessaire, mais l’implication de l’administration de Trump dans le
renversement illégal du régime en place exclut cette option.
Une résolution négociée du conflit politique au Venezuela est
nécessaire, mais l’implication de l’administration de Trump dans le
renversement illégal du régime en place exclut cette option. Pire même,
la stratégie manifeste de Trump est d’accentuer les souffrances par des
sanctions – dont la plupart n’ont été qu’annoncées – jusqu’à ce qu’une partie de l’armée initie un coup de force pour instaurer un nouveau régime pro-Washington.
La régularité des élections présidentielles de 2018, boycottées par
l’opposition, reste à débattre, mais les problèmes principaux de la
stratégie de renversement de régime découlent d’autres considérations.
Le Venezuela est un pays divisé et renverser le gouvernement, même sans
l’implication de Washington, ne ferait qu’augmenter cette polarisation
et les risques de violences ou même de guerre civile.
Prenons l’exemple du Nicaragua, où en 1990 les Sandinistes de gauche
et leurs opposants soutenus par les U.S.A. acceptèrent de résoudre leurs
désaccords par une élection. Les parties ont dû accepter certaines
conditions pour que les perdants ne soient pas persécutés : les
Sandinistes gardèrent l’armée sous contrôle après leur échec aux élections, et la paix a été préservée.
Ce genre de compromis nécessaire serait impossible sous la stratégie
de changement de régime entreprise par l’administration Trump.
Le Venezuela est politiquement polarisé et il l’est depuis que Hugo
Chavez a été élu président en 1998 et qu’il a lancé sa Révolution
bolivarienne. La tentative de coup d’état militaire par l’opposition
contre Chavez en 2002, soutenue et encouragée par des cadres de l’administration Bush, ainsi que la volonté
vacillante de l’opposition à accepter les résultats d’élections
démocratiques les années suivantes ont préparé le terrain pour de
longues années de défiance.
La polarisation politique du Venezuela interagit avec un schisme
profond qui se retrouve dans pratiquement toute la société de l’Amérique
latine : une division selon les classes et les races.
Presque partout dans les Amériques, les deux sont corrélées. Cette
dernière décennie, il a été facile de deviner, dans les manifestations,
en s’attachant simplement aux vêtements et aux nuances du teint des
participants si ceux-ci étaient des partisans ou des opposants au
gouvernement. Les foules de l’opposition
sont visiblement plus blanches et plus aisées que celles des groupes
qui soutiennent le gouvernement vénézuélien. Durant les toutes dernières
manifestations, les pauvres et les travailleurs de Caracas sont plus
souvent intervenus qu’auparavant mais pas assez pour effacer la division
de classe et de race entre les Chavistes et l’opposition.
Un autre vecteur de polarisation du Venezuela est la foi dans la
souveraineté et l’auto-détermination. Pour les Chavistes, l’indépendance
vis-à-vis des USA est centrale et leur gouvernement, quand il en avait
les moyens, appliquait des politiques
dans son hémisphère tendant vers plus d’indépendance pour toute la
région. L’opposition et les ennemis des Chavistes par contre ont
collaboré étroitement avec les gouvernements états-uniens durant les
deux dernières décennies, comme cela a pu être observé durant la dernière tentative de coup d’état. L’intervention
de Washington aggrave la polarisation sur la question de la
souveraineté et rend l’opposition suspecte de collaboration avec un
pouvoir étranger, un pouvoir qui a historiquement eu un rôle désastreux
pour toute la région. Pour juger de l’animosité que cela créerait, il
faut penser à ce qui a été généré aux USA par l’interférence russe dans
les élections de 2016 et il faut multiplier cela par plusieurs ordres de
grandeur. L’impact polarisant de l’opération de changement de régime de Trump est ce qui la rend si dangereuse.
L’impact polarisant de l’opération de changement de régime de Trump
est ce qui la rend si dangereuse. L’inflation annuelle est probablement
supérieure à un million de pour cent et l’économie a très probablement
diminué de 50 % durant les cinq dernières années. Des millions de
personnes ont quitté le pays pour trouver du travail. L’opposition
aurait presque certainement gagné les dernières élections
présidentielles si elle y avait pris part. (Il faut noter que les USA
auraient menacé un candidat de l’opposition, Henri Falcon, de sanctions financières personnelles s’il persistait à poser sa candidature à la présidence.)
Il faut admettre que les politiques économiques gouvernementales ont joué un rôle dans les malheurs du Venezuela mais les sanctions de Trump ont considérablement aggravé les choses depuis août 2017 en détruisant
l’industrie pétrolière et en aggravant la pénurie de médicaments,
laquelle a tué beaucoup de vénézuéliens. Ces sanctions ont rendu le
gouvernement chaviste quasiment incapable de prendre des mesures pour sortir de l’hyperinflation et de la dépression.
Bien que les media américains soient silencieux à ce sujet, il est
important de noter que les sanctions de Trump sont, à la fois,
violemment immorales – à nouveau, elles tuent – et illégales. Elles sont
une violation de la Charte de l’Organisation des États Américains, de celle des Nations Unies et des autres conventions internationales
dont les U.S.A. font partie. Ces sanctions violent également les lois
des États-Unis puisque, pour pouvoir imposer de telles mesures, le
président des USA doit affirmer,
et c’est là qu’est l’absurdité, que le Venezuela représente « une
menace inhabituelle et extraordinaire à la sécurité nationale » des
États-Unis.
Le Venezuela ne pourra pas sortir de cette crise politique avec un
camp écrasant l’autre, comme le supposent les promoteurs d’un changement
de régime. Le Vatican qui a joué un rôle de médiateur en 2016, l’Uruguay et le Mexique, qui sont restés neutres dans ce conflit politique, ont offert,
cette semaine, leur médiation. L’équipe de Trump, qui a une énorme
influence sur l’opposition, n’a montré jusqu’à maintenant aucun intérêt
pour une solution pacifique.
Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.
Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre
champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions
la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité
s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]
Kevin
Choquert vient d'entamer avec sa compagne la réalisation d'une maison en
paille sur les rives du canal du Midi. Une concrétisation faisant suite
à un engagement sans faille pour promouvoir et faire connaître ce type
de construction écologique.
Avant d’installer sa maison en paille à
Sallèles-d’Aude, Kevin a créé l’association Participaillons dans le but
de faire connaître la construction en paille et de la rendre accessible à
tous. Cette association promeut également les chantiers participatifs
et les circuits courts. Mais Participaillons est aussi et surtout un
mouvement basé sur une démarche éthique présentée au travers d’un
projet : la traversée de la France à pied de Limoux à Paris en passant
par Grenoble et Rennes, avec une botte de paille sur le dos.
Cette démarche – qui a eu lieu en 2017 – avait pour but de montrer
aux Français l’utilisation de la paille dans le bâtiment, ainsi que son
rôle économique et social via les chantiers participatifs. Le principe
de porter cette botte est symbolique, il rappelle la consommation
d’énergie liée au transport de matériau.
Chemin faisant, Kévin a proposé des mini-conférences dans les écoles
d’architecture. Son périple, ainsi que de nombreuses informations sur la
construction en paille sont à retrouver sur le site internet
participaillons.fr.
L’agroécologie
conçoit des systèmes de production qui utilisent les fonctionnalités
offertes par les écosystèmes. Elle les amplifie tout en diminuant les
pressions exercées sur l’environnement (comme les émissions de gaz à
effet de serre, les intrants chimiques que sont les pesticides) et à
préserver les ressources naturelles.
20 février 2019 - Laurie Debove
Bonne nouvelle pour le futur ! Une étude démontre qu’il est
possible de convertir toute l’Union Européenne à l’agroécologie en
assurant la subsistance alimentaire de sa population. Les pertes de
rendements des champs pourraient être compensées en réduisant du régime
alimentaire européen le bétail nourri aux céréales.
Produire moins, mais mieux
Les débats font souvent rage entre les défenseurs de l’agroécologie
et ses détracteurs autour de la baisse des rendements induits par cette
méthode agricole. S’il est possible de cultiver la terre de façon
vertueuse, la quantité de nourriture produite serait-elle suffisante
pour nourrir tout le monde ? L’Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI), un institut de recherche français et indépendant, a mené une étude qui tranche le débat : oui, une Europe construite autour de l’agroécologie peut nourrir une population croissante avec une alimentation saine. Crédit Photo : Eddie Kopp
L’agroécologie conçoit des systèmes de production qui utilisent les
fonctionnalités offertes par les écosystèmes. Elle les amplifie tout en
diminuant les pressions exercées sur l’environnement (comme les émissions de gaz à effet de serre, les intrants chimiques que sont les pesticides) et en préservant les ressources naturelles. Il s’agit donc d’utiliser au maximum la nature comme facteur de production en maintenant ses capacités de renouvellement.
« L’idée d’une Europe entièrement agroécologique est souvent
considérée comme irréaliste en termes de sécurité alimentaire car
l’agroécologie est parfois synonyme de rendements plus faibles », a déclaré à The Guardian Rob Percival, responsable de la politique alimentaire à la Soil Association. « Mais
cette recherche montre qu’en recentrant les régimes alimentaires des
humains sur les protéines végétales et le bétail nourri aux pâturages,
une Europe entièrement agroécologique est possible. »
Malgré une baisse induite de la production de 35 % par rapport à 2010 (en Kcal), le scénario proposé par l’IDDRI, nommée « 10 ans pour l’agroécologie en Europe » (TYFA en anglais), dépeint
un avenir radieux où l’agriculture en Europe pourra faire face au
changement climatique en réduisant de 40 % ses émissions de gaz à effet
de serre, éliminer les pesticides, maintenir sa capacité
d’exportation, restaurer une biodiversité vitale en protégeant ses
ressources naturelles, le tout en fournissant un régime alimentaire
suffisant et sain pour une population en hausse. L’étude prédit ainsi
que l’agroécologie peut nourrir 530 millions d’européens en 2050 (nous sommes 512 millions aujourd’hui).
La nécessité de changer de modèle agricole
Le rapport de l’IDDRI commence par présenter les réussites du système alimentaire industriel européen :
« les volumes produits, la structuration d’un appareil
agro-alimentaire capable à la fois de nourrir plus de 500 millions
d’Européens et de contribuer positivement à la balance commerciale,
fournissant 4,2 millions d’emplois en Europe. Une certaine amélioration
en termes de gaz à effets de serre (– 20 % entre 1990 et 2015), du fait
notamment d’une concentration de l’élevage et d’une meilleure efficacité
dans l’usage de l’azote. »
Mais l’étude dénonce le prix à payer très élevé de ces
succès, avec des conséquences sociales et environnementales de plus en
plus marquées : explosion des maladies liées à une alimentation trop importante et déséquilibrée (diabète, obésité, maladies cardio-vasculaires),
usage massif d’intrants chimiques – pesticides et fertilisants de
synthèse qui ont de nombreux effets délétères sur la santé de nos
agriculteurs, de nos sols, de nos eaux et des conséquences sur la
qualité nutritionnelle de notre alimentation, effondrement de la biodiversité dans les champs, destruction de la forêt tropicale que l’on « importe » indirectement via le soja produit en Amérique du Sud, détresse et misère des agriculteurs endettés… Cliquez sur l’image pour agrandir
Le scénario TYFA (Ten Years for Agroecology) repose sur l’abandon des pesticides et des fertilisants de synthèse pour les remplacer par les auxiliaires de cultures (la régulation naturelle d’un milieu grâce à l’équilibre proie/prédateur), le redéploiement des prairies naturelles et l’extension des infrastructures agroécologiques (haies, arbres, mares, habitats pierreux)
à hauteur de 10 % de la sole cultivée, qui s’ajoutent aux prairies
extensives qui constituent la principale composante de ces
infrastructures. Pour assurer la fertilité des sols, TYFA mise sur
l’apport d’azote grâce aux légumineuses et les engrais organiques créés
par le fumier de l’élevage.
Le scénario remet en question nos besoins et préconise un régime
alimentaire plus sain, moins riche en produits animaux et accordant une
plus grande place aux fruits et légumes. Pour l’établir, les chercheurs
se sont basés sur les recommandations nutritionnelles en vigueur (EFSA,
OMS et PNNS).
« Si les bénéfices de TYFA sont centrés sur l’Europe, les enjeux
globaux ne sont pas pour autant sacrifiés dans le passage à une Europe
agroécologique – qui n’en devient pas par ailleurs autarcique. En
matière de sécurité alimentaire, la réduction de la consommation et de
la production de produits animaux, notamment granivores, se traduit par
une moindre mobilisation des céréales pour ce secteur, libérant un
surplus de céréales comparable, en volume, à la balance net
export-import de la dernière décennie (6 % de la production européenne).
Cette quantité n’a pas vocation à « nourrir le monde » – ce sont en première instance les pays qui doivent se nourrir eux-mêmes – mais à fournir un stock mobilisable en cas de crise alimentaire, en particulier dans la zone méditerranéenne. Mais la principale contribution à la sécurité alimentaire consiste à envisager une agriculture européenne plus autonome,
qui cesse d’importer près de 35 millions d’hectares de soja. Pour les
pays exportateurs de soja, c’est une pression moindre sur la
déforestation. » Extrait du rapport Crédit Photo : Spencer Pugh
Alors qu’une étude récente nous a alerté sur l’effondrement des populations d’insectes
dans le monde entier et que nous affrontons des aléas climatiques de
plus en plus forts, le modèle agricole TYFA donne des objectifs
désirables et réalisables pour assurer la résilience de notre
alimentation : une « ferme Europe » agroécologique productive et très efficiente dans l’usage des ressources rares en 2050.
Pour les auteurs du rapport, ce scénario reste perfectible et
doit permettre d’enrichir le débat autour de la transition vers
l’agroécologie. Ils ont posé l’enjeu dans le titre même de TYFA : les
dix ans (« Ten Years ») sont, pour eux, le laps de temps nécessaire pour
engager un mouvement qui permette d’arriver à une Europe entièrement
agroécologique en 2050.Le Salon de l’Agriculture en France s’ouvre samedi, combien seront-ils à promouvoir et débattre autour de l’agroécologie ?
20 février 2019 - Laurie Debove
Oui, une Europe agroécologique qui nourrit tous ses citoyens est possible
L'Éveil - Numéro 3Tous
les auteurs de « L'Éveil » cassent les codes de l'information. De
Idriss Aberkane à Sébastien Arsac ou encore David Koubbi et Valérie
Cabanes, nos auteurs nous alertent sur les plus grands enjeux de notre
décennie. Si nous voulons changer notre société, nous devons passer par
l'éveil. Vous serez séduits par la qualité de rédaction de chacun, qui
reste accessible à tous.
Des
militants du DAL ont occupé ce lundi le square René-Viviani, à Paris,
pour demander « l’hébergement et le logement pour tous ». Un square
situé à deux pas de Notre-Dame de Paris, objet de nombreux dons après
l’incendie de la semaine dernière.
Par PDB
« Un milliard en 24 heures pour le toit de Notre-Dame et rien pour les sans-toit », « Notre-Dame est sans toit, nous aussi », « un milliard pour Notre-Dame et zéro pour les sans-logis »…
Equipés de banderoles, les militants du Droit au Logement (DAL) se sont
rassemblés ce lundi dans le square René-Viviani, à Paris.
#NotreDame est sans toit, nous aussi! 1milliard en 24h pr le toit de ND et rien pr les sans toit! Les 150 familles qui occupent #Roquepine depuis bientôt 3mois ds l'indifférence générale de l'@Elysee occupent le square Viviani face à ND pr demander hébergement&logement pour tous! pic.twitter.com/yWAbYCNf7O
L’occupation du square, situé à deux pas de la cathédrale dans le 6e arrondissement, visait à dénoncer « l'indifférence générale
» du gouvernement quant au sort des SDF. Un sort mis en parallèle avec
les dons massifs effectués après l’incendie partiel de la semaine
dernière.
Le gymnase Roquépine, occupé depuis trois mois par 150 familles
Evacués
dans l’après-midi par la police, les militants sont ensuite retournés
vers le gymnase Roquépine, dans le 8e arrondissement. Un espace occupé
depuis trois mois par 150 familles sans logis, proche de l’Elysée.
Évacuation en cours des familles mal logées et sans logis qui occupaient le square Viviani en face de #NotreDameDeParis depuis ce matin, à la demande de la Mairie de @Paris? pic.twitter.com/poeWjm6Oio
Avec cette start-up présentée
par Édouard Philippe comme «innovante», l'État veut restaurer la
confiance entre locataires et propriétaires. Mais il existait déjà des
dispositifs de garantie.
Trouver un logement, la croix et la bannière. | mastersenaiper via Pixabay
Temps de lecture: 6 min
L’autre jour, notre Premier ministre a fait une visite totalement start-up nation.
Partir des problèmes des usagers pour proposer
une solution innovante en moins de 6 mois : ce sont les start-up d’Etat !
Visite de la Fabrique Numérique avec @cedric_o. pic.twitter.com/bBgZFE0j06
Il y est allé de ses éléments de langage habituels tels que «solution innovante», alors
que franchement une solution toute simple c’est aussi très bien. Il a
enchaîné avec un petit tacle aux fonctionnaires velléitaires. (Je ne
sais pas… parfois j’ai l’impression que derrière les costards bien
propres les mecs sont en fait complètement kamikazes.)
Les start-up d’État illustrent une réalité
réjouissante : des fonctionnaires qui trouvent des solutions au lieu de
produire des normes ! @cedric_opic.twitter.com/d7LWmUlxDM
Et puis, tiens, un exemple de start-up
qui bosse pour l’État et qui a mis au point une solution innovante. (À
ce stade, j’ai compris. Une solution innovante, c’est toujours une
solution qui implique un écran. Si y a pas d’écran, c’est pas innovant.)
Pour transformer l’administration, il faut oser
penser autrement. Par exemple, face à la fraude dans les dossiers de
location, la start-up d’État Locatio garantit aux propriétaires de
recevoir des dossiers complets et vérifiés. https://t.co/JVdRsChZ3Xpic.twitter.com/OwCoRtJPkS
J’ai rarement été aussi près de m’étouffer avec ma propre salive.
Que la personne qui n'a jamais trafiqué son dossier me jette la première pierre
Qu’il
y ait un grave problème de logements en France, particulièrement dans
les grandes villes, on est bien d’accord. Que la priorité soit de
débusquer les locataires qui maquillent leurs dossiers… mon Dieu…
Disons-le tout net: je ne suis pas objective en la matière parce que
j’ai grugé à propos de tous mes dossiers de location. Et je ne veux
balancer personne mais je pense que je peux compter sur les doigts d’une
main mes amis qui ne l’ont jamais fait. Étudiante, il s’agissait de
s’inventer des parents riches. Même si ma mère se portait garante pour
moi, son emploi dans la réinsertion des personnes qui étaient passées
par la prison ne lui permettait pas d’afficher suffisamment de zéros sur
sa fiche de paie alors mon ordinateur lui donnait un petit coup de
pouce. Plus tard, il a fallu s’inventer un emploi fixe, en CDI, à temps
complet, au-dessus du Smic, le truc qui n’existait nulle part autour de
moi. En réalité, comme tout le monde, je cumulais. Pour moi, c’était
emploi à temps partiel d’assistante d'éducation, factures
d’auto-entrepreneuse et piges diverses. Je vous laisse imaginer la tête
du dossier si je l’avais présenté tel qu'il était.
Je me demandais parfois comment les propriétaires pouvaient croire que
si j’avais eu un CDI payé 2.300 euros nets je louerais 20 mètres carrés
au fin fond du XIXe arrondissement avec une moquette marron
et une cuisine-placard –le coin cuisine était littéralement dans un
placard. Mais attention, je ne falsifiais pas mes dossiers pour obtenir
un appartement dont je n’aurais pas pu payer le loyer. J’ai toujours
réglé mes mensualités en temps et en heure. Je vais vous révéler un
scoop: la plupart des gens sont prêts à ne manger que des pâtes pour
pouvoir payer leur loyer.
Qui contrôle les abus des propriétaires?
Ce n’est pas
nous qu’il faut contrôler. Ce sont les propriétaires qui exigent tout et
n’importe quoi, limite s'il ne s'en trouve pas qui nous demandent de
pisser sur un test de grossesse avant de daigner louer leur appart à 700
boules par mois. Tous les appartements que j’ai loués l’étaient
officiellement en tant que meublés, alors qu’ils étaient vides, mais ça
permettait aux proprios de payer moins d'impôts. Alors franchement,
m'inventer un boulot de rêve, ça ne me posait pas le moindre problème.
Vous allez faire quoi des jeunes qui ne pourront pas se loger à cause de la puissance de vos algorithmes?
Ma seule véritable trouille, c’était de me faire prendre.
J'avais peur parce que, dans le fond, j'avais un peu honte. Ce n'est pas
si facile de présenter un dossier bidon. Ni de se dire qu'il doit
exister des gens capables de présenter tout ça («ça» comprenant
notamment des fiches de paie à hauteur de trois ou quatre loyers, avec
des garants équivalents), sachant que nous, non. Qu'on n'a peut-être pas
fait ce qu'il fallait, ou nos parents, on n'en sait rien. On ne sait
pas où ça a merdé, mais ça a dû merder si à présent la norme c'est
d'avoir à justifier de tels revenus pour obtenir un simple studio. Oui,
ça a merdé, on a merdé, alors on est obligé de tricher. On se sent
affreusement mal et on espère que personne ne se rendra compte qu'on est
un peu merdique, parce qu'en vrai, au-delà de la honte, il y a cette
simple réalité: il faut trouver un endroit où vivre.
Ce n’est pas nous le problème. Dans la mesure où, dans l’écrasante
majorité des cas, nous payons ces loyers délirants, je ne nous considère
même pas comme des personnes malhonnêtes. Le problème, c’est ce système
qui nous oblige à le faire. Vous allez faire quoi des jeunes qui ne
pourront pas se loger à cause de la puissance de vos algorithmes? Est-ce
que vous y avez seulement songé une seconde? Où est-ce que j'aurais
trouvé à dormir avec cette saloperie d'algorithme? Rien que d'y penser,
j'ai le vertige.
Une solution qui risque de compliquer l'accès au logement
Ce
site est une insulte. Un crachat à la gueule de toutes les personnes
qui galèrent, des jeunes qui font des études et dont les parents ne
gagnent pas 3.000 euros chacun par mois, des jeunes déjà dans la vie
active qui bossent comme des malades pour une misère, des autres qui
cumulent un boulot alimentaire et un stage à temps complet pour espérer
s’en sortir d’ici la trentaine, des mères célibataires qui sont limitées
à des boulots à temps partiel.
Avant d'emmerder les plus pauvres, que les politiques fassent quelque chose contre les loyers délirants dans les grandes villes.
Je déteste cette vidéo et ce jeune homme sûr de lui qui baragouine «zone tendue»et «confiance». Ce
qu’on se fout de la confiance entre propriétaire et locataire quand on
vit avec la trouille de ne pas trouver de logement! Tant qu’il n’y a pas
suffisamment d'apparts, c’est la guerre inévitable et tous les moyens
sont bons pour trouver un toit. Je comprends bien que des propriétaires
aient besoin des revenus locatifs pour vivre. Mais il existe déjà des
garanties, comme le visa pour le logement et l’emploi (Visale) ou les différentes garanties de loyers impayés.
Qu’on invente d’autres dispositifs si on estime que ceux-là ne
suffisent pas. Qu’on force des propriétaires à mettre en location leurs
biens inoccupés. On peut aussi se demander pourquoi les gens ne
parviennent plus à payer leur loyer…
Mais surtout, avant d'emmerder les plus pauvres, que les politiques
fassent quelque chose contre les loyers délirants dans les grandes
villes, contre les propriétaires et les agences immobilières abusives.
Le décret d’application de la loi d’encadrement des loyers n’est toujours pas promulgué.
En plus, il s’agit d’une simple expérimentation à titre volontaire.
Alors très bien, expérimentons et dans trois ans, on verra où en est le
marché locatif et là, si la situation s’est assainie et qu’on ne nous
demande plus d’hypothéquer un rein pour louer une studette, on pourra
envisager d’agir contre les personnes qu'on accuse de frauder. On ne
peut pas systématiquement commencer par s’attaquer à la population qui
galère. D'abord parce que c'est idiot, ça revient à confondre la cause
avec la conséquence. Ensuite parce qu'à force, ces personnes en ont
ras-le-bol.
Ce Locatio
aura autant d’effet sur le marché immobilier que la suppression des
bancs pour la lutte contre la grande pauvreté. Mais il est très efficace
pour raviver chez les personnes démunies ce délicat sentiment de ne pas
être à la hauteur.
Ce texte est paru dans la newsletter hebdomadaire de Titiou Lecoq.
HLM
: trois lettres connues de tous pour "habitation à loyer modéré".
Aujourd’hui, 10 millions de Français habitent en HLM et la moitié du
parc est gérée par des entreprises privées. Pour ce nouveau numéro, le
magazine"Cash Investigation" (Facebook,Twitter,#cashinvestigati) a poussé la porte de ces logements qui génèrent plus de 20 milliards d’euros par an de chiffre d’affaires…
Le
magazine présenté par Elise Lucet a mis la main sur des informations
totalement inédites. Villa avec piscine, hôtel… Un organisme HLM aurait
préféré investir des millions d’euros dans des projets pharaoniques
plutôt que d’entretenir ses logements sociaux.
Une somme en liquide pour avoir un logement
Au
cours de son enquête, la journaliste Sophie Roland a découvert que des
sociétés HLM privées, en région parisienne, pratiquent des loyers pas
vraiment modérés. Pour obtenir un logement, certains locataires auraient
été contraints de verser plusieurs milliers d’euros en liquide.
"Cash"
révèle également les étranges pratiques d’une société HLM à Marseille.
Elle aurait eu la main lourde sur les charges : la facture pour les
locataires se chiffre en millions d’euros… Une enquête qui fait monter
dans les tours du logement social ! "Sociétés HLM :
loyers modérés pour business démesuré", une enquête de Sophie Roland
diffusée mardi 23 avril 2019 à 21 heures sur France 2.
Des militants du groupe
Extinction Rebellion bloquent le pont de Waterloo à Londres, samedi 20
avril 2019 ( AFP / Niklas HALLE'N )
Le groupe Extinction Rebellion menait samedi à Londres une sixième
journée consécutive de blocages pour réclamer un "état d'urgence
écologique", affichant sa détermination malgré plus de 700 arrestations
depuis lundi.
Né au Royaume-Uni, ce réseau de militants bloquait la circulation sur
Waterloo Bridge, en plein coeur de Londres, où des manifestants
pouvaient être vus en position du lotus sur un pont partiellement
transformé en jardin.
Trois autres lieux très fréquentés (Parliament Square, Oxford Circus
et Marble Arch) étaient également bloqués "en raison de la présence de
manifestants", a indiqué l'autorité des transports de Londres (TfL).
Dans un message publié sur Twitter, Extinction Rebellion a interpellé
directement la Première ministre conservatrice Theresa May: "Nous savons
que vous n'en faites pas assez (pour le climat). Vous savez que vous
n'en faites pas assez. Parlons-en, alors".
Une
militante du groupe Extinction Rebellion à Oxford Circus, samedi 20
avril 2019A climate change activist holds placards as demonstrators
continue to block the road at Oxford Circus in London on April 20, 2019,
on the sixth day of an environmental protest by the Extinction
Rebellion group after police towed away the pink boat being used as the
focal point of the camp the previous evening. Climate change activists
continued their demonstration into a sixth day in London with protest
camps at iconic locations despite over 700 arrests. ( AFP / Niklas
HALLE'N )
Pour rythmer son action pendant le week-end de Pâques, le mouvement a
prévu d'organiser quantités d'activités ludiques sur les sites occupés:
yoga, massages, discours, concerts, etc.
Les actions menées par Extinction Rebellion ont conduit à "715
arrestations" depuis le début de la semaine, 28 personnes ayant fait
l'objet de poursuites, a indiqué à l'AFP la police londonienne.
Le nombre d'interpellations pose "un problème logistique (...) en
termes d'espace cellulaire" et détourne les agents de police de leurs
autres missions, a dénoncé la "Met" (Metropolitan Police), dans un
communiqué.
Scotland Yard a également souligné un fait "inhabituel": "la volonté
des participants d'être arrêtés et leur manque de résistance aux
arrestations", un comportement illustrant le mode opératoire du
mouvement, qui prône la désobéissance civile non violente.
Des militants du groupe
Extinction Rebellion bloquent le pont de Waterloo à Londres, samedi 20
avril 2019 ( AFP / Niklas HALLE'N )
Extinction Rebellion, dont le réseau est devenu international, a trois
revendications au Royaume-Uni: la proclamation d'un "état d'urgence
climatique et écologique", l'élaboration d'un plan d'actions pour
"réduire à zéro" les émissions nettes de gaz à effet de serre d'ici 2025
et la création d'une "assemblée citoyenne" qui, aidée d'avis
scientifiques, se prononcerait sur des questions climatiques.