Depuis l’hiver dernier, un vent de révolte souffle sur toute
l’Europe de l’Est. Les anciens membres du bloc soviétique tremblent tous
ou presque devant les révoltes et rassemblements qui prennent vie un
peu partout.
Récemment, c’est la Bulgarie qui connait un scénario des plus
haletants : les manifestations de l’hiver ont eu raison du Premier
Ministre qui avait convoqué des élections législatives anticipées. La
colère des habitants, notamment à cause d’une hausse vertigineuse des
prix de l’énergie, ne s’est pas traduite par une majorité claire et
précise dans les urnes. Grâce à une coalition inédite composée du parti
libéral lié à la minorité turque et le parti de centre-gauche, c’est
Plamen Orecharski, ancien ministre des finances, qui a été nommé chef du
gouvernement bulgare.
Malgré un programme ambitieux en vue de relancer l’économie, –
proposant notamment l’augmentation de 50 % des allocations familiales,
le doublement de l’allocation scolaire, une hausse du salaire minimum,
des pensions de retraite, la suppression de l’impôt sur le revenu pour
les salariés payés au salaire minimum et le renforcement du contrôle
public du secteur de l’énergie – ce pro-européen ne fait pas
l’unanimité et les révoltes n’ont pas cessé depuis sa nomination, le 29
mai dernier.
Les Bulgares expriment la une colère que d’autres ont traduit par des
agissements bien plus tragiques : depuis quelques mois, sept personnes
se sont suicidés parce qu’ils n’en pouvaient plus, certains ayant laissé
des mots pour exprimer leur dépit face à une situation de plus en plus
invivable pour ce nouveau pays de l’UE. La fronde s’est constituée
autour de la corruption extraordinaire qui gangrène le pays, dénoncée
par une majorité de la population depuis des mois.
Ce qui a remis le feu aux poudres, c’est la nomination vendredi
dernier du député Delyan Peevski à la tête de l’Agence de sécurité
nationale. Ce dernier est accusé par la population d’être soumis à
l’oligarchie et de ne posséder aucune expérience pour gérer ce type de
mission. De plus, la constitution d’une richesse inexplicable et son
influence dans des médias contrôlés par sa famille jettent l’opprobre
sur les réelles motivations de ce député. Depuis presqu’une semaine
donc, les manifestations se multiplient. Elles dénoncent également les
mesures d’austérité que l’ex Premier-Ministre avait établies, renforçant
par la même occasion une pauvreté déjà bien installée.
La Bulgarie n’est pas le seul Etat d’Europe de l’Est à connaitre
pareil scenario : la Macédoine connait à son tour une mobilisation
important afin de conserver un espace vert menacé par un projet
d’urbanisme. Ces manifestations ont même d’ailleurs permis à des
personnes issues de communautés différentes de se retrouver et de
manifester ensemble, un phénomène suffisamment rare pour qu’il soit
souligner. Bien que le cortège soit bien plus modeste qu’en Turquie,
cette mobilisation n’est pas sans rappeler l’origine des manifestations
sur la place Taskim.
Par ailleurs, la Serbie est elle aussi dans une situation quasi
similaire, mais là, non pas à la Macédoine ou à la Turquie, mais plutôt à
la Grèce ! Des mesures d’austérité ont été votées et validées par, bien
évidemment, une coalition gouvernementale, afin d’éviter la
« faillite » du pays. Le pays va donc privatiser de nombreuses
entreprises comme pour suivre une mode qui, on le sait aujourd’hui, ne
fait que renforcer la précarité.
Alors que bon nombre d’analyses nous permettent aujourd’hui de savoir
que les plans d’austérité classiques comprenant privatisation et gel
des salaires sont une absurdité, cette méthode est reprise là où le FMI
et ses alliés fourrent leur nez, et à Belgrade, les mandarins de
Washington ne sont pas très loin des décisions prises par ce triste
gouvernement. En 2011, un milliard d’euro avait été prêté par l’instance
internationale à ce petit pays des Balkans.
Si seulement quelques mouvements ont commencé à exister ci et là dans
le pays, nul doute qu’avec de telles mesures, la fronde ne devrait pas
tarder à se faire sentir.
Enfin, la Bosnie connait elle aussi une vague de protestation :
vendredi, des familles ont ainsi occupé le Parlement afin de protester
contre le refus des autorités nationales d’attribuer aux nouveau-nés un
numéro d’identité ! Les députés du parlement tripartite n’arrivent pas à
se mettre d’accord depuis février sur ce sujet et de fait, aucun papier
ne peut être délivrés au nouveau-nés, ce qui, depuis quelques semaines a
causé la mort de deux nourrissons qui auraient dû se faire opérer à
l’étranger, mais qui faut de papiers d’identité n’ont pu obtenir de
visa.
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