mercredi 31 octobre 2018

L’Assurance-Chômage, prochaine cible de Macron




L’Assurance-Chômage telle que nous la connaissons a été créée en 1958. Gérée par un organisme paritaire (y siègent syndicats de salariés et représentants du patronat) nommé Unédic, elle indemnise les chômeurs et elle est financée par les cotisations patronales et salariales… Jusqu’à l’automne dernier. La dernière Loi de financement de la sécurité sociale a remplacé les cotisations salariales par la CSG, et elle a mis en place, pour 2019, une exonérations de cotisations patronales sur les salaires autour du SMIC. Si cette mesure a beaucoup fait parler d’elle en raison de l’imposition brutale et injuste de milliers de retraité.e.s (qui avaient pourtant cotisé durant toute leur vie professionnelle), elle a moins fait couler d’encre au sujet de ses conséquences sur notre droit au chômage.
Certes, ce droit n’a cessé d’être raboté ces dernières années. Perpétuellement attaqué par le patronat et ses alliés (pour la docilité des travailleurs le chômage ce n’est pas terrible, et surtout ils ne veulent pas supporter ce qu’ils appellent les “charges sociales”), l’indemnisation du risque chômage est passée de 90% du dernier salaire sous Pompidou à 57% du salaire  brut de nos jours… si l’on répond à tous les critères et toutes les obligations qui encadrent désormais son recours, des critères si épuisants et exigeants que la moitié des chômeurs français ne sont plus du tout indemnisés.
Autant dire que notre droit au chômage ce n’est pas le nirvana. Mais cela demeure trop pour Macron, le liquidateur de notre modèle social. En fiscalisant l’assurance-chômage, c’est-à-dire en faisant dépendre de son financement de l’impôt et non plus des cotisations, il a fait en sorte, comme il le dit lui-même dans cet extrait de son discours au Congrès de Versailles, qu’il n’y ait plus de droit au chômage. Il en vient à formuler cette contradiction incroyable “il y aura un droit mais il ne sera pas garanti à titre individuel” (du coup ça ne sera plus un droit) puisque tout le monde l’aura payé, et plus le travailleur par “ses cotisations”.
C’est évidement une vision très étroite de notre modèle social, vu par quelqu’un qui doit surtout vivre en souscrivant à des assurances-privées. L’Assurance-Chômage et la Sécurité Sociale (qui prend en charge le risque maladie, vieillesse et accident du travail) sont des systèmes assurantiels mais solidaires, qui ne se contentent pas de secourir ceux qui ont cotisés mais aussi leurs proches, les plus démunis, etc.
Ce que garantissait le financement par les cotisations sociales c’est d’une part, en payant les cotisations patronales, l’employeur s’acquitte de ses responsabilités à l’égard de ses salariés, voire qu’il contribue à réparer les dégâts qu’il commet (par les plans sociaux par exemple) et d’autre part que notre protection sociale soit gérée par les travailleurs eux-mêmes, puisqu’ils co-financent ce droit, et non par un pouvoir politique prompt à vouloir couper dans le budget au nom de “la lutte contre la dépense publique”.
Or, depuis que le financement par la CSG existe et que les gouvernements étendent leur pouvoir sur notre protection sociale, nos droits ne cessent d’être écrasés sous des considérations financières. L’assurance-maladie au régime dur nous propose désormais des services d’urgences saturées où les gens meurent, des zones désertifiés où l’accès à un médecin n’est plus garantit, des restes à charge pour le patient plus important.
Avec la CSG, Macron a pu écarter la cotisation sociale de l’Assurance-chômage. La prochaine étape sera d’évincer les syndicats de sa direction et de prendre les décisions qui, selon des types comme lui, “s’imposent”. Parce que c’est ce que ceux qui ont misé sur lui attendent.

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