samedi 6 octobre 2018

A Cazères, les habitants se mobilisent contre l'explosion de leurs factures d'eau et d'électricité

Source : La Dépêche

DOSSIER : Précarité énergétique

Gérés en régie municipale depuis plus d'un siècle, les services de l’eau et de l’électricité posent problème à Cazères et mobilisent les habitants. Pour l’eau, les usagers ont constaté des surfacturations  qui pourraient être liées à d’importantes fuites sur le réseau. Concernant l’électricité, les microcoupures déprogrammeraient le système heures pleines/heures creuses des compteurs, qui ne retiendraient plus que des heures pleines.
Ce jeudi matin une trentaine d’administrés se sont rassemblés devant le siège de la régie Eléance pour réclamer que ces problèmes soient pris en compte et « qu’enfin la régie trouve des solutions, ça fait plus de dix ans que ça dure » commente un participant à la manifestation.

Selon sa facture, elle consomme près d'un litre d'eau par minute !

À la tête du mouvement, Maryse-Hélène Malroux bénéficie du soutien des manifestants. Elle est personnellement concernée : « D’abord je ne peux tout simplement pas payer ce qu’Eléance me réclame, explique-t-elle : 600 € d’eau et 380 € d’électricité par mois. Ensuite, que les choses soient bien claires : je ne veux pas payer car j’ai fait constater par huissier les dysfonctionnements : la consommation d’eau qui m’ait demandée de régler, c’est 0,8 litre par minute ! Et la consommation électrique est de 8 ampères… quand le compteur est coupé ».
Résultat : son accès à l’électricité lui a été coupé, ce matin, pendant qu’elle participait au rassemblement…. « La régie est en tort, mais elle me coupe l’électricité ».
Aussitôt informés, les manifestants se sont mobilisés pour Maryse-Hélène Malroux, sans que cela ne change rien. « C’est un cas personnel, mais nous la soutenons car son dossier symbolise les problèmes que nous avons tous », explique un manifestant. La réaction de la régie avec cette coupure est également symbolique d’un impossible dialogue ».
Marysse-Hélène Malroux et Me Marciano./ Photo DDM,Hervé Boucleinville

Une action en justice

Me Christophe Marciano, avocat à Toulouse, représente le collectif. « L’idée est de se regrouper : quand on est seul, on n’est pas grand-chose, mais en groupe, on pèse plus », lance-t-il. Lui espère un dialogue entre le collectif et la régie, mais envisage aussi d’en passer par le tribunal « civilement pour faire constater juridiquement les problèmes de surfacturation et en demander le remboursement – voire des dommages et intérêts ». Et peut-être « pénalement, car si les surfacturations ont été faites en connaissance de cause, c’est une autre affaire »…

Eléance: les réponses du directeur

Joint par téléphone, le directeur de la Régie Eleance, Philippe Saunier, a répondu à nos questions.
Ce matin le collectif a évoqué des tarifs élevés concernant l’eau et l’électricité à Cazères, qu’en dites-vous ?
Pour l’eau, c’est à Cazères que le m3 est le moins cher de la communauté. Concernant le prix de l’électricité, il est réglementé : les tarifs actuels ont été fixés par l’arrêté du 31 juillet 2018.
Les manifestants pensent le réseau électrique souffre de microcoupures, avez-vous connaissance de ce problème ?
Oui, ça arrive. Comme sur tout réseau, il peut y avoir des défauts qui proviennent des oiseaux, des branches, des intempéries… Il y a en peu, mais il y en a. Ces microcoupures peuvent également venir de la desserte d’Enedis. Elles sont utilisées pour gérer les défauts sur une ligne et permettent d’éviter des casses de lignes. C’est un problème que nous allons régler en nous raccordant directement à RTE, ce qui améliorera la desserte.
Ces microcoupures peuvent-elles être responsables de la déprogrammation des compteurs ? Et cette déprogrammation peut-elle provoquer la modification de l’option heures pleines/heures creuses ?
Oui c’est déjà arrivé : une fois (sur les 10 000 compteurs que nous avons). Le compteur a été reprogrammé, la totalité de la consommation a été facturée en heures creuses. Et non l’inverse.
Concernant le cas de Mme Malroux : elle fait état de factures démesurées concernant sa consommation d’eau : 0,8 litre/minute. N’est-ce pas un problème ?
Bien sûr que c’est un problème ! Mais un problème de droit privé : la régie n’a légalement aucune possibilité d’entreprendre des travaux sur un terrain privé. Le médiateur de l’énergie à Paris a d’ailleurs été saisi, il a dédouané la régie.

La réponse du médiateur de l'énergie

Sollicité par Maryse-Hélène Malroux, le médiateur de l'énergie a indiqué qu'il ne remettait en cause ni le niveau de consommation, ni la facturation. Le médiateur note une consommation journalière moyenne de 41,28 kWh par jour (dans les moyennes nationales qui varient de 38,08 à 55,62 kWh) et que la consommation est relativement stable.
HERVÉ BOUCLEINVILLE

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