Source : Le Huffington Post
Ce que nous montre ce drame, tout comme les incendies en Grèce, c'est qu'il est urgent de stopper la réduction aveugle des crédits et des effectifs des services publics.
Des révélations accablantes
Peu à peu des indices accablants apparaissent: ce pont était vieux (il fut construit dans les années 1960) et mal entretenu à tel point que sa démolition avait été envisagée en 2009. Si des réparations avaient été effectuées en 2016, elles ne répondaient pas à ce qui était attendu pour sécuriser le viaduc.
L'accident, tôt ou tard, était devenu inéluctable. Interviewé par les médias italiens, le procureur de la République a ainsi affirmé que le drame n'était pas une fatalité et qu'une erreur humaine pouvait l'expliquer.
Les informations laissent ainsi apparaître une incurie: celle des responsables de l'entretien de ce pont construit en plein milieu de la ville et emprunté tous les ans par des dizaines de millions de véhicules. D'autres ponts en Italie seraient ainsi dans le même état, notamment en Sicile et en Calabre où sévit une corruption considérable, notamment à travers le secteur des travaux publics.
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Ce drame doit conduire les responsables politiques à se poser des questions fondamentales. Alors que les pays européens, l'Italie en particulier, traversent une crise importante de leurs finances publiques depuis de nombreuses années, avec un endettement croissant, ces pays ont-ils encore les moyens d'entretenir de telles infrastructures? S'il s'agit de sociétés privées concessionnaires, ces sociétés ont-elles investi suffisamment dans l'entretien de telles infrastructures?
La réponse, s'agissant de l'Italie, est clairement non. Le ministre italien des transports a ainsi affirmé que la société gérant le viaduc de Gênes aurait l'obligation de payer la reconstruction de l'ouvrage. Mais un tel constat ne suffit pas.
Plus globalement, la gestion de telles infrastructures pose aussi la question de la surveillance de ces sociétés par l'État ou, le cas échéant, par les collectivités territoriales qui en sont propriétaires. Les administrations disposent-elles des moyens matériels et humains nécessaires pour suivre l'évolution des grandes infrastructures alors que beaucoup des acteurs publics ont délégué au secteur privé la construction et l'exploitation de tels ouvrages monumentaux ?
Mais le drame de Gênes révèle en réalité une autre plaie géante qui commence à gangréner notre continent: celle de la désagrégation progressive du service public.
La décrépitude des services publics
Les incendies qui ont fait des dizaines de victimes en Grèce au mois de juillet ont aussi démontré l'impéritie des responsables publics dans cette affaire. Si le gouvernement a accepté sa responsabilité politique avec la démission d'un ministre, deux responsables locaux de la sécurité ont été limogés.
Mais deux ou trois démissions ne sont pas suffisantes pour le bilan accablant de ce qui s'est passé: une urbanisation anarchique sans contrôle des pouvoirs publics qui n'en ont plus les moyens, une corruption généralisée qui gangrène les administrations publiques dans le sud de l'Europe, enfin l'absence totale d'un plan d'évacuation.
Il faudra bien aller au-delà pour trouver les vrais responsables, sans oublier une responsabilité collective dans ce qui se passe.
Gare à la privatisation
Mais attention, la privatisation ne constitue pas la panacée, loin de là. L'enfer est souvent pavé de bonnes intentions. Au Royaume-Uni, la privatisation des transports ferroviaires est une catastrophe, notamment dans la région de Manchester où les usagers ont été obligés de changer leurs horaires pour s'adapter au manque de fiabilité des trains tandis que le service national de santé est en ruine, les autorités publiques étant dans l'incapacité de répondre à l'exigence d'un système de soins moderne et adapté aux besoins des usagers et des patients.
La France ne sera pas épargnée par ce phénomène: d'ores et déjà, dans les suites du drame de Gênes, des voix s'élèvent pour mettre en garde contre la diminution des crédits dédiés à l'entretien des ouvrages d'art, notamment la réduction des crédits aux collectivités territoriales qui en ont, en partie, la charge.
Il est donc urgent de stopper la réduction aveugle des crédits et des effectifs des services publics qui ne pourra qu'aggraver encore plus la situation. Il faut aussi réfléchir immédiatement à la refondation de nos services publics en Europe.
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