mercredi 9 mai 2018

Université Toulouse Jean-Jaurès: les bloqueurs évacués, AG ce midi place du Capitole

Source : La Dépêche



Le déblocage de l'université Jean-Jaurès de Toulouse par les forces de l'ordre a débuté dans la nuit de mardi à mercredi à 3h45 du matin. Entre 60 et 70 étudiants étaient présents dans le grand amphithéâtre de l'université quand environ 200 CRS et policers de terrain sont intervenus.
Prévenus par une fuite de l'action des policiers, quelques étudiants et personnels grévistes étaient chargés à tour de rôle de surveiller l'accès de l'amphi depuis l'accueil du bâtiment principal. Sur place, les CRS ont fait sauter les barricades montées avec des chaises, des tables et divers gros objets puis ont demandé aux grévistes de se rassembler devant l'accueil. Malgré quelques heurts, l'évacuation du campus universitaire du Mirail s'est relativement bien passée, témoigne une étudiante gréviste. Les forces de l'ordre au sol ont été appuyées par un hélicoptère qui survolait le campus.
L'entrée principale donnant accès au bâtiment de l'Arche, l'autre bâtiment occupé depuis le 6 mars, a été très vite bloquée par un cordon de CRS, casqués et équipés de boucliers.

Un long face-à-face entre étudiants et CRS

Encadrés par des CRS, frappant dans leurs mains, et scandant "libérez nos camarades" ou encore "Et l'université, elle est à qui? Elle est à nous!", les étudiants ont été repoussés vers la station de métro Mirail-Université vers 5 heures. Là, un long face-à-face a eu lieu avec les CRS. Les policiers d'un côté de la barrière, les étudiants de l'autre. Ces derniers ont tapé contre les barrières de contrôle et ont fait beaucoup de bruit pour manifester leur mécontentement. Ils ont fini par emprunter les premières rames du métro pour quitter les lieux.
"L’opération s’est déroulée dans le calme et sans incident. Les forces de l'ordre ont procédé à l'évacuation d'une soixantaine de personnes qui bloquaient les locaux. Aucun blessé n’a été recensé ni du côté des forces de l’ordre, ni du côté des personnes occupant l’université. A 5 heures, les locaux étaient totalement vides", écrit la préfecture dans un communiqué.

Cependant, vers 6 heures, un individu faisant partie des personnes évacuées, a été interpellé près de la gare Matabiau à Toulouse. "Il avait juste avant dégradé une caméra de surveillance du métro et appartenait à un groupe qui projetait d’envahir la gare", explique la préfecture. Lors de l'interpellation, l'individu s’est rebellé. Une bousculade a suivi durant laquelle le dispositif de désencerclement du fonctionnaire a explosé accidentellement sur sa tenue. "L'individu et deux fonctionnaires de police ont été légèrement blessés. Ils ont tous les trois été pris en charge par les secours", précisent les autorités.
Les forces de l'ordre ont débuté les opérations de déblocage de l'université peu avant 4 heures du matin./ Photo DDM, Athina Juge

Une nouvelle AG ce mercredi midi au Capitole

Cléo, une étudiante gréviste membre du NPA (Nouveau parti anticapitaliste), confirme qu'il n'y a pas eu, à sa connaissance, de blessé mais que l'intervention des policiers a été musclée. "Nous avons formé une chaîne en nous tenant par les bras et les CRS nous ont désolidarisés en nous repoussant mètre après mètre", explique le jeune homme.
Robin de l'UET (Union des étudiants de Toulouse), raconte que les forces de l'ordre sont intervenues vers 3h30 pour évacuer le bâtiment accueil. Selon l'étudiant, "les policiers ont brisé des vitres et l'intervention a été assez brutale avec des provocations et des coups de matraque alors que les étudiants n'étaient pas violents et ne possédaient pas d'armes".
Une assemblée générale (AG) a lieu ce mercredi depuis 12h30, sur la place du Capitole à Toulouse, et réunit environ 400 personnes. Par ailleurs, les grévistes ont prévu de se rassembler à 18 heures devant la préfecture à Toulouse.

"Pas d'interpellations mais une enquête concernant les dégradations"

Vers 5h30, Frédéric Rose, le directeur de cabinet du préfet de Haute-Garonne, est intervenu face à la presse. Il a précisé "qu'il n'y avait pas eu d'interpellations suite à des violences, ce qui montre que les choses se sont passées dans le calme". Par ailleurs, il a rappelé que "l'occupation des lieux n'est pas un délit pénal".
En revanche, "il y aura ensuite une enquête concernant les dégradations pour identifier les auteurs. Il y a eu des destructions, de nombreux tags et du matériel abîmé et souillé", a-t-il ajouté. La préfecture a indiqué que "les identités des personnes sur place" avaient été relevées.
Pour Richard Laganier, l'administrateur provisoire de l'université, qui s'est exprimé sur place à la fin de l'intervention des CRS, "il y avait une forte demande la communauté universitaire, largement majoritaire, qui souhaitait un déblocage rapide. Les dégâts sont importants. Nous avons fait une première estimation à plus de 400 000 euros. En ce qui concerne les examens, nous avons travaillé en amont. Je souhaite qu'ils se tiennent dans nos locaux universitaires mais on ne ferme pas la porte à une délocalisation s'il y avait nécessité", a précisé Richard Laganier.
L'administrateur provisoire a également prononcé la fermeture administrative "jusqu'à nouvel ordre". Il justifie sa décision par "l’intervention des forces de l’ordre ce mercredi matin, le désordre occasionné du fait du mouvement de grève et l’absence d’activités administratives, pédagogiques et de recherche sur le site du Mirail depuis plusieurs semaines".





L'université Jean-Jaurès de Toulouse, fer de lance de la mobilisation étudiante

Le préfet avait été saisi officiellement, le jeudi 3 mai, par Richard Laganier, l’administrateur provisoire de l’université, après la décision de justice rendue la veille. Mercredi dernier, en effet, le tribunal administratif de Toulouse, saisi par le syndicat UNI et quatre étudiants, avait ordonné le déblocage de l'université Jean-Jaurès. Depuis ce jugement, une centaine de personnes avaient dormi sur place et instauré des tours de garde à des endroits stratégiques pour guetter une éventuelle intervention policière.
Malgré cette décision de justice, à l’occasion d’une assemblée générale tenue jeudi dernier, les étudiants et personnels grévistes de l’université toulousaine avaient voté la poursuite du blocage jusqu’à la nouvelle AG ce mercredi. Ils avaient par ailleurs voté pour la note de 16/20 pour tous les étudiants aux examens, la démission de Richard Laganier, la perturbation des activités de l'administration provisoire et le blocage du "château" sur le campus du Mirail où s’est installée l’administration provisoire depuis que le bâtiment de la présidence est occupé par les grévistes.
L'université Jean-Jaurès de Toulouse, fer de lance de la mobilisation étudiante contre la réforme de l'entrée à la fac, est totalement bloquée depuis le 6 mars dernier. Malgré les nombreux votes à main levée en faveur du blocage depuis le début du mouvement, de nombreux étudiants, enseignants et chercheurs s'insurgeaient de ne pouvoir accéder aux locaux de l'université.
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