Source : Regards
Nous publions un témoignage sur les incidents lors des manifestations organisées dimanche contre le changement climatique à Paris, dont la médiatisation a livré une vision extraordinairement orientée, portant toute la responsabilité sur les manifestants.
J’ai été doublement scandalisé hier soir au retour de République vers 17h30. D’une part, par la dénonciation unanime des manifestants comme profanateurs, alors que ce sont bien les flics qui ont piétiné le mémorial. Et que dire du ridicule du ministre de l’Intérieur présentant « ce qui paraît être une bougie » comme un redoutable projectile lancé aux forces de l’ordre.
Ce qui m’amène à mon second sujet d’indignation, à savoir la présentation de l’après-midi à République comme un déchaînement de violence contre la police. Or, il n’en a rien été. J’étais là de 12h30 à 16h30. Il y a eu continument plusieurs milliers de personnes rassemblées, sans doute jamais plus de cinq mille ensemble au même moment – mais au total sur la demi-journée beaucoup plus évidemment, venues au moins autant contre l’état d’urgence que pour le climat.
Le rythme s’est lentement accéléré à mesure que l’après-midi avançait. Mais il n’y a rien eu de cassé Place de la République. Pas de vitrine démolie ; Pizza Pino et le Café de la République sont restés ouverts tant qu’ils n’ont pas été gênés par trop de lacrymos. L’atmosphère devenait de plus en plus chargée, mais cela n’empêchait pas une foule pacifique, animée notamment par "l’armée des clowns" et les "pingouins" du collectif des Engraineurs, de rester rassemblée au milieu de la Place, inquiète mais bon enfant.
Et puis, à un moment donné (vers 15h30 je crois) la police à visiblement reçu l’ordre de dégager la place. Ils ont alors méticuleusement resserré l’espace laissé aux manifestants, à partir du côté Voltaire de la place, les gardes mobiles avançant, en dégageant parfois sans ménagement les manifestants, mais sans violence excessive, suivis par une armada de petits camions qui couvrait toute la largeur de la place et empêchait tout repli dans cette direction. Ce, jusqu’à arriver jusqu’à hauteur de la statue. Jusque-là, il n’y avait pas eu de "profanation". Sur la photo ci-dessous, on voit des manifestants, parfaitement pacifiques, reculant tranquillement devant l’avancée, parfois intempestive, de la police.
Une fois sorti de la place, je me suis retrouvé avec quelques centaines de personnes derrière le barrage policier, où tout le monde criait des slogans contre l’état d’urgence. J’ai appelé mon fils, qui était encore sur la place. Je lui ai conseillé de sortir me rejoindre, il n’a sans doute pas pu, l’étau policier sur la place s’étant resserré, jusqu’à coincer les manifestants contre les murs. Au bout d’une vingtaine de minutes, la police a commencé à nous faire reculer, et finalement nous sommes partis, 400 ou 500 personnes, en manifestation par les petites rues, jusqu’au canal et au-delà. Surpris et heureux de pouvoir enfin défiler. On a traversé le boulevard Magenta à la barbe des policiers. Qui se sont mis à nous suivre, nous faisant accélérer la cadence.
Mais bientôt, après avoir forcé un cordon de police à l’entrée du 19e arrondissement, nous avons dû retourner vers le canal et nous disperser sur les quais. Brusquement envahis par une nuée de véhicules de police.
Là j’ai de nouveau appelé mon fils qui m’a annoncé : « Je suis dans un car de flics ». Après trois heures d’attente dans un bus, il a été mis en garde à vue au commissariat du 18e arrondissement, et transféré à celui du 8e. D’après le témoignage de proches, son interpellation a été assez musclée. Il était au premier rang, avec les manifestants pacifiques coincés sur la place, et il a été violemment tiré par les pieds pour l’extraire du groupe. Ses amis n’ont pas été embarqués, mais n’ont pu sortir de la place que vers 20 heures, après que la police eut fini de faire sa "pêche aux manifestants" que nous ont montrée les chaînes infos hier soir en boucle.
Voilà, sans caricature ni excès je crois, un bref compte rendu des évènements d’hier. Ce n’était pas le chaos qu’ont présenté certains journaux télévisés, et il est clair également que la police a fait sa récolte de manifestants, en piochant dans les malheureux coincés sur la place, jusqu’à atteindre un quota suffisant, sans doute pour "faire des exemples".
Nous publions un témoignage sur les incidents lors des manifestations organisées dimanche contre le changement climatique à Paris, dont la médiatisation a livré une vision extraordinairement orientée, portant toute la responsabilité sur les manifestants.
J’ai été doublement scandalisé hier soir au retour de République vers 17h30. D’une part, par la dénonciation unanime des manifestants comme profanateurs, alors que ce sont bien les flics qui ont piétiné le mémorial. Et que dire du ridicule du ministre de l’Intérieur présentant « ce qui paraît être une bougie » comme un redoutable projectile lancé aux forces de l’ordre.
Ce qui m’amène à mon second sujet d’indignation, à savoir la présentation de l’après-midi à République comme un déchaînement de violence contre la police. Or, il n’en a rien été. J’étais là de 12h30 à 16h30. Il y a eu continument plusieurs milliers de personnes rassemblées, sans doute jamais plus de cinq mille ensemble au même moment – mais au total sur la demi-journée beaucoup plus évidemment, venues au moins autant contre l’état d’urgence que pour le climat.
Une foule pacifique
Il y avait une cinquantaine de "Black blocs", bien reconnaissables, tenus à distance par les autres manifestants, et qui ont d’ailleurs été plutôt en-dessous de leur réputation. À ma connaissance, ils n’ont guère jeté sur les barrages policiers que des chaussures, ramassées sur les dépôts du matin et des bouteilles de bière, contre lesquelles les gendarmes mobiles se sont facilement défendus par des jets intermittents de lacrymos dès 13h30.Le rythme s’est lentement accéléré à mesure que l’après-midi avançait. Mais il n’y a rien eu de cassé Place de la République. Pas de vitrine démolie ; Pizza Pino et le Café de la République sont restés ouverts tant qu’ils n’ont pas été gênés par trop de lacrymos. L’atmosphère devenait de plus en plus chargée, mais cela n’empêchait pas une foule pacifique, animée notamment par "l’armée des clowns" et les "pingouins" du collectif des Engraineurs, de rester rassemblée au milieu de la Place, inquiète mais bon enfant.
Et puis, à un moment donné (vers 15h30 je crois) la police à visiblement reçu l’ordre de dégager la place. Ils ont alors méticuleusement resserré l’espace laissé aux manifestants, à partir du côté Voltaire de la place, les gardes mobiles avançant, en dégageant parfois sans ménagement les manifestants, mais sans violence excessive, suivis par une armada de petits camions qui couvrait toute la largeur de la place et empêchait tout repli dans cette direction. Ce, jusqu’à arriver jusqu’à hauteur de la statue. Jusque-là, il n’y avait pas eu de "profanation". Sur la photo ci-dessous, on voit des manifestants, parfaitement pacifiques, reculant tranquillement devant l’avancée, parfois intempestive, de la police.
Étau policier
Les charges et les jets de grenades se sont alors intensifiés. C’est à ce moment que j’ai perdu mon fils, je me suis retrouvé du côté de la statue, et lui du côté de la rue du Temple. Je me suis rapproché de la statue, et c’est là que j’ai découvert les flics en train de piétiner fleurs et bougies. J’ai ensuite reculé prudemment. Il restait encore un large espace libre entre la statue d’un côté et Saint-Martin et Magenta de l’autre. J’ai cherché mon fils des yeux, ne l’ai pas trouvé, et décidé de me rapprocher de l’entrée du Boulevard Saint-Martin. Où la police laissait sortir de la place à travers un barrage filtrant (c’est à dire avec inspection des sacs).Une fois sorti de la place, je me suis retrouvé avec quelques centaines de personnes derrière le barrage policier, où tout le monde criait des slogans contre l’état d’urgence. J’ai appelé mon fils, qui était encore sur la place. Je lui ai conseillé de sortir me rejoindre, il n’a sans doute pas pu, l’étau policier sur la place s’étant resserré, jusqu’à coincer les manifestants contre les murs. Au bout d’une vingtaine de minutes, la police a commencé à nous faire reculer, et finalement nous sommes partis, 400 ou 500 personnes, en manifestation par les petites rues, jusqu’au canal et au-delà. Surpris et heureux de pouvoir enfin défiler. On a traversé le boulevard Magenta à la barbe des policiers. Qui se sont mis à nous suivre, nous faisant accélérer la cadence.
Mais bientôt, après avoir forcé un cordon de police à l’entrée du 19e arrondissement, nous avons dû retourner vers le canal et nous disperser sur les quais. Brusquement envahis par une nuée de véhicules de police.
Violences et "pêche aux manifestants"
C’est là que j’ai assisté à des violences policières, des jeunes coursés dans un petit square par des flics en civil qui avaient sorti des matraques du coffre de leur voiture banalisée, et des vidéastes assermentés qui filmaient les manifestants en fuite (au zoom j’imagine). Le temps de voir un premier civil donner un croche-pied à un jeune qui courait, et un second civil lui asséner un coup de matraque sur le dos, je me suis mêlé aux promeneurs du dimanche, et j’ai gagné Stalingrad par l’autre rive du canal, car il y avait des cordons de police sur la rive Est.Là j’ai de nouveau appelé mon fils qui m’a annoncé : « Je suis dans un car de flics ». Après trois heures d’attente dans un bus, il a été mis en garde à vue au commissariat du 18e arrondissement, et transféré à celui du 8e. D’après le témoignage de proches, son interpellation a été assez musclée. Il était au premier rang, avec les manifestants pacifiques coincés sur la place, et il a été violemment tiré par les pieds pour l’extraire du groupe. Ses amis n’ont pas été embarqués, mais n’ont pu sortir de la place que vers 20 heures, après que la police eut fini de faire sa "pêche aux manifestants" que nous ont montrée les chaînes infos hier soir en boucle.
Voilà, sans caricature ni excès je crois, un bref compte rendu des évènements d’hier. Ce n’était pas le chaos qu’ont présenté certains journaux télévisés, et il est clair également que la police a fait sa récolte de manifestants, en piochant dans les malheureux coincés sur la place, jusqu’à atteindre un quota suffisant, sans doute pour "faire des exemples".
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