mardi 1 décembre 2015

Ouvrir les yeux sur la COP21 : Brandalism détourne 600 panneaux publicitaires

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Pour dénoncer « la mainmise des multinationales sur les négociations climatiques durant la COP21 », les activistes de Brandalism ont remplacé pendant le weekend 600 affiches publicitaires placées dans les espaces JC Decaux (abris bus, etc.) par des œuvres de 80 artistes originaires de 19 pays du monde. Une campagne pirate de « publicité subversive » prenant la forme d’images et de messages parodiques, et parfois poétiques.




Parodie d'une publicité TOTAL par Barnbrook © Brandalism
Ce sont quelque 600 affiches publicitaires un peu spéciales qui ont pris place à Paris et aux alentours du Bourget sur les abris-bus et autres panneaux publicitaires du groupe JC Decaux pendant le weekend. 600 affiches réalisées par 80 artistes internationaux parmi lesquels plusieurs grands noms du « street art »  (le collaborateur de Banksy Paul Insect, ou encore les Français Alex One ou Arnaud Liard). Le dénominateur commun de ces affiches (j’en ai mis certaines sur la page La Revue des images du site de France Culture), c’est notamment de dénoncer en les parodiant les messages des grandes entreprises partenaires de la COP21… Pour les activistes du mouvement anti-pub, décroissant et écologiste britannique Brandalism, qui est à l’origine de cette campagne massive de détournement publicitaire, ces messages sont plutôt des mensonges.

Détournement d'une photo du Premier ministre japonais Shinzo Abe par Bill Posters © Brandalism

Une centrale à charbon sur le tête
L’affiche détournant la publicité TOTAL reprend la photo de la vraie publicité du groupe pétrolier. On y voit un homme à bord d’un hélicoptère survolant une installation off-shore qu’il montre fièrement du doigt. Sauf qu’ici, le slogan dit : « Notre philosophie : vous n’avez pas besoin de savoir ».


Détournement d'une affiche publicitaire d'Air France © Brandalism
Les marques Volkswagen ou encore Air France ne sont bien sûr pas épargnées par cette campagne de détournement… Qui interpelle  aussi le public sur les contradictions des chefs d’Etats en matière de changement climatique. On a ainsi vu apparaître sur un abribus une photo du premier ministre du Japon (Shinzo Abe). Une centrale à charbon est posée sur sa tête, il baisse les yeux et plisse les lèvres comme honteux…

Détournement d'une affiche dans le cadre de la campagne Brandalism Paris 2015 © Brandalism


Transposant les codes graphiques des publicités des années 1950, une autre affiche, plus humoristique, montre une femme à l’expression catastrophée. Le message dit : « Le changement climatique : ça pique ».


Affiche exposée dans le cadre de la campagne de Brandalism / COP21 © Brandalism
Poétiques et tristes, d’autres affiches représentent une Alice de Walt Disney pas franchement au pays des merveilles puisqu’elle suffoque sous un masque à gaz relié à une bombonne toxique ; ou encore simplement un petit exercice de conjugaison où l’on peut lire : « Je, tu, il consomme… etc. Et la terre mourra en hurlant ».

Affiche exposée dans le cadre de la campagne de Brandalism / COP21 © Brandalism

Bataille des images et des messages, bataille pacifiste et efficace
Le groupe JC Decaux s’est empressé de faire retirer les affiches, même si certaines parmi les 600 disposés par les activistes de Brandalism doivent encore subsister ici et là…  Vous l’aviez sans doute saisi, Brandalism, c’est la contraction de « brand » qui signifie marque en anglais et de « vandalisme », mais il faut noter qu’aucune serrure de panneaux n’a été forcée ou détériorée par cette campagne de piratage créatif que les organisateurs décrivent comme la plus importante réalisée depuis la création du mouvement en 2012.

Affiche exposée dans le cadre de la campagne de Brandalism / COP21 © Brandalism
Dans nos sociétés asphyxiées par la publicité, où l’on peut vous interdire de manifester, de vous rassembler pour penser ensemble, mais où l’on vous encourage en permanence à consommer en masse sans vous poser de question, cette  bataille des images et des messages se révèle à la fois efficace et pacifiste. En s’inspirant de l’Agitprop mais aussi du situationnisme, elle apparaît comme l’expression concrète, maline et inventive d’une révolte, comme l’expliquent les organisateurs, « contre l’assaut visuel des géants médiatiques et commerciaux qui ont mis la main sur les messages et les significations portés par l’espace public ». Et pour ça, déjà, disons-le, elle est franchement réjouissante.
Pour en savoir plus sur Brandalism et voir plus d'affiches : http://www.brandalism.org.uk

Affiche exposée dans le cadre de la campagne de Brandalism / COP21 © Brandalism




Affiche exposée dans le cadre de la campagne de Brandalism / COP21 © Brandalism

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