vendredi 12 juillet 2013

De la race à l’espèce


Par Frédérique Martin

Paru dans Friture Mag
 
Holà niños mios, c’est ta Santa Maria unique et préférée qui vient t’illuminer le bulbe par intermittence.
Parlons de choses qui fâchent, parlons de l’humain. Dans un monde où l’industrie pharmaceutique cherche des médicaments ethniques pour répondre à des maladies qui seraient différentes chez les blancs et chez les noirs, un monde où « Nique ta race » est le lait des nations, un monde où la hiérarchisation induite par ce mot – race – conduit encore des êtres humains le dos contre un mur pour finir dans une fosse commune, il m’a semblé utile de poser une question de base : En quoi cet autre, si différent, est-il ton semblable ?
Non par la cuisse, comme tu sembles le croire, mais par le génome.
Le 11 novembre 1997, l’Unesco a adopté La Déclaration universelle sur le génome humain et les droits de l’Homme. Le génome, je te le rappelle, est l’ensemble du matériel génétique d’un individu ou d’une espèce, sa carte d’identité si tu préfères.
Le séquençage complet du génome humain, à l’origine de cette déclaration universelle, a permis d’établir que nous faisons tous partie d’une même famille. Celle des primates qui se sont redressés un jour, on ne sait toujours pas pourquoi, surtout quand on voit la joie de vivre du singe au cul rouge et qu’on l’oppose à la dépression chronique de l’homme au cul blanc.
Le génome c’est complexe, je te fais un résumé : il existe un nombre limité de points de variabilité dans l’ADN humain. En effet, environ 99,9% du patrimoine génétique est identique chez tous les représentants de l’espèce humaine. Eh oui, quelque soit ta couleur, chantre de la race pure, amateur des apparences, tu n’as que 0,01% de variabilité génétique avec celui que tu considères comme un niakwé, un négro, un basané, une crouille, un gadjo, une merde, une sous merde ou encore un souchien.
Toi qui tiens à ta race, je t’explique ce que c’est qu’une espèce. Une espèce est un ensemble d’individus capables de se reproduire entre eux et d’avoir une descendance féconde dans des conditions naturelles. C’est le cas de tous les êtres humains. Il n’y a donc pas à proprement parler de races humaines, mais bien une espèce humaine. Et aussi barbare que cela puisse te paraître, c’est bien ainsi que Vulvinia de la nouille molle et Amédée Stupifaille ont donné naissance à Pétula.
L’espèce humaine c’est une histoire commune : Un jour, des singes se sont levés. Peut-être avait-il vu la vierge, on n’en sait rien. Une fois dressés, ils s’aperçurent qu’ils manquaient cruellement de cire chaude et d’épilady convenable, alors ils se sont laissé tomber les poils. Comme ils se trouvaient trop serrés dans le berceau Africain – désolée, nous venons tous du berceau Africain – ils le quittèrent de manière désordonnée et pas tous en même temps, ce qui prouve le caractère indiscipliné de l’homme et son dégoût de la chose militaire. En cours de route, ils inventèrent des tas de trucs inutiles comme la roue qui tourne, certes, mais de manière fâcheuse, c’est-à-dire souvent dans le même sens et toujours pour les mêmes. Ils eurent recours au langage articulé car les mâles et les femelles étaient déjà en désaccord sur certains points. Ainsi naquit le langage qui tout d’abord fut bref : « Tourne-toi, si tourne-toi ! Non ça fait pas mal… ta gueule ». Tout ceci se passait il y a quelques 200 000 ans, époque d’une étonnante modernité.
On a dénombré à ce jour une quinzaine d’espèces du genre homo – et oui, désolée, mais on fait aussi partie du genre homo – dont le célèbre Néandertal. Toutes se sont éteintes ! Sauf Sapiens Sapiens, notre ancêtre commun, appelé aussi la teigne. Et comment a-t-il survécu, le petit Sapiens ? En se mélangeant, en copulant à couilles rabattues, en échangeant des informations génétiques qui lui ont permis de s’adapter aux aléas de l’environnement comme les glaciations, les épidémies, les changements de flore et de faune etc… Il a aussi survécu en s’alliant avec d’autres tribus pour chasser le mammouth, maitriser le feu, échanger des savoirs, des produits et, il faut bien l’avouer, quelques femelles accortes.
Ces échanges sont vitaux. Sans eux, pas de variable d’ajustement possible. Tu sais, ces 0,01% qui nous différencient et qui ont permis d’assurer la survie de l’espèce. Sans ces mélanges, Sapiens aurait bouffé du ver avec Néandertal. Et jamais, non jamais tu n’aurais pu voir « Secret story », l’émission culte qui exhibe des macaques pour faire rire des babouins.
En conclusion, l’espèce humaine est composée d’individus aux apparences variées, aux cultures différentes, aux croyances multiples, dont le génome est très fortement homogène signant la parenté biologique et génétique fondamentale de tous les membres de cette grande famille. C’est même la particularité de notre espèce. Et on peut donc affirmer que la race pure – celle qui refuse de se mélanger – est juste une lignée de la famille vouée à s’éteindre parce qu’elle devient stérile et dégénère à force de croiser des cons trop sanguins.
Au hasard, prenons les gueules de raies du FN ; elles flirtent avec l’UMP qui est lui-même fortement collé au cul du PS. Tous ces gens, la parentalité humaine, ça les défrise. Alors même qu’ils nous rabâchent le mot fraternité à longueur de discours. À force de s’astiquer mutuellement le popotin, les politiques dans leur ensemble, ont perdu de vu le fait qu’ils ont été élus pour faire entendre la voix des peuples, qui, comme on l’a vu, n’en font qu’un.
Il est temps que le peuple réunisse, comme ils le réclament eux-mêmes, tous les adeptes du sang pur et du pareil que soi. Oui, choisissons un coin stérile – la terre devrait bientôt se libérer à cet effet – veillons à ne pas mélanger les couleurs et claquons la porte du Lavomatic. Ils veulent du sang pur, ils en auront !
Rejoignons le peuple qui veut se consacrer à faire tourner les roues dans le bon sens. Soutenons l’achèvement du cycle des cons trop sanguins en favorisant l’auto stérilisation. Mettons les tous à bouillir ! On observera un fort ralentissement cérébral et de graves problèmes érectiles. Les deux seront soutenus par Loréal, le shampoing qui remet la matière en mouvement. La grande lavandière sera bien sûr Christine Boutin, qui a inventé ce slogan : « Avec Boutin, on se récure entre cousins ».

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