Université Populaire de Toulouse
1-Nous avions voilà quelques mois organisé une conférence avec les auteurs du livre « Les Nouveaux partisans". Ils nous avaient un peu scotché ! (voir interview ci dessous). Dans ton livre la Gauche Prolétarienne (GP) occupe une place politique importante, tout aussi grande que les libertaires, là depuis longtemps, et la ligue plutôt bien implanté. Les faits d’arme de la GP multiples qui sont relatés dans le livre, donnent l’impression d’une série d’anecdotes sans que l’on connaisse l’impact de ces actions. Le petit chef d’une boite peint en rouge, ne débouche pas sur un exercice de peinture généralisé. Ni aucune action exemplaire ne débouchera sur une appropriation de l’action par des salariés . A-t-on une idée de l’impact des actions de la GP à Toulouse dans ces années là ? A quel moment la GP s’est elle questionné sur l’utilité de son action, de ses coups politiques ?
Le lecteur ne connaîtra pas l’impact des actions “coup pour coup” des mao-spontex pour la simple et très bonne raison que les dits maos n’ont eux-mêmes jamais enregistré aucune réaction des “masse” à leurs actions. Il s’agissait de “conscientiser” ces masses, de réveiller chez elles la “spontanéité révolutionnaire” qui devait à tous les coups conduire à leur soulèvement. C’est très largement parce que ce militantisme est resté sans effet d’entraînement sur les travailleurs, parce que l’isolement allait croissant et qu’il risquait d’amener à des dérives militaro-militantes, à des coups de desperados, que ces maos ont choisi l’auto-dissolution.
La mort de Pierre Overney le 25 février 1972 a été le point à partir duquel tout a basculé : des actions qui ne mobilisaient personne sur les chaînes de Renault valaient-elles la mort d’un jeune homme ? Huit mois plus tard, c’est la GP qui était enterrée.
Les maoïstes de la Cause du Peuple n’auront fait qu’un passage éclair à Toulouse, de 1969 à 1973, alors que les trotskistes de la JCR puis de la Ligue ont duré, ainsi que les libertaires, lesquels sont insubmersibles. Mais les mao-spontex sont très représentatifs de l’élan qui a suivi l’immédiat après-68. Ils étaient à ce point engagés dans l’agitation, la révolution du quotidien qu’ils ont pu attirer à eux des militants libertaires ! Ces deux catégories de militants - a priori staliniens et anarchistes, que tout opposait donc- se retrouvaient très bien dans une forme de “mouvementisme”.
Cet ouvrage ne retient de cette période que ce qui a agité le monde. Les maos du PCMLF ou les trotskistes de Lutte ouvrière y sont cités comme réfléchissant à la révolution. Ils en sont absents concernant le fait de faire la révolution...
Avant de devenir LCR, la Ligue communiste - l’organisation d’extrême-gauche la mieux implantée dans la ville - a pu naviguer du débat théorique sur la prise de pouvoir à l’organisation très pratique des moyens supposés y parvenir. Les trotskistes tenaient les maos pour de drôles de zèbres pas vraiment fiables. L’engagement très profond des libertaires y était en revanche respecté. Quoique portée sur l’analyse des choses, la Ligue imaginant qu’elle pourrait être un jour le fer de lance de la révolution, l’avant-garde du Grand soir, prenait soin de ne pas se couper de ceux qui s’agitaient sur tous les fronts
Dominique Grange Les nouveaux partisans .écouter ici
interview réalisée par l’UPT de militants de la Gauche Prolétarienne lire ici
2- Ton livre fait l’impasse sur un aspect de l’histoire toulousaine : les liens de l’UD CFDT 31 avec l’extrême gauche. Bon nombre de ses dirigeants e s étaient membre du PSU ou proche, un petit courant anarcho -syndicaliste, était présent. Pendant toute une période l’ UD CFDT à plaidé auprès de la CGT le droit pour les gauchistes de pouvoir manifester sans être vidés des manif ou maintenus loin par un cordon sanitaire. Pas la GP, peu attirée par les syndicats, de même que les libertaires pour des raisons différentes. Seule la ligue est intéressée par ce droit de manifester avec la classe ouvrière. Elle milite activement dans la CFDT et celle-ci doit gérer l’arrivée de ces nouveaux militant e s, qui bousculent, qui dérangent, mais qui font ivre bien des syndicats. As-tu considéré que cet élément de l’histoire toulousaine était secondaire ou insignifiant ou penses-tu que la CFDT 31 en réalité n’a joué aucun rôle vis-à-vis de l’extrême gauche ?
Le théâtre, la musique ou la poésie ont été des éléments tout à fait majeurs de l’Après-68 à Toulouse. La culture a bousculé le vieux monde certainement bien plus que n’ont pu le faire les mouvements d’extrême-gauche. Ce livre n’en dit pourtant pas un mot.
L’ouvrage n’a aucune intention encyclopédique concernant cette période. L’objet de ce travail est, comme son titre l’indique, l’extrême-gauche agissante, la vie et l’œuvre politique des militants qui se dispersent sur tous les fronts anti-autoritaires, ces jeunes gens qui ont rêvé du Grand soir tout en vivant les petits matins nouveaux du monde qu’ils étaient en train de réinventer.
De la même façon, les rapports de cette extrême-gauche avec les partis de la social-démocratie ou avec le Parti communiste y sont à peine effleurés tant ils ne sont constitutifs de rien de neuf. Sinon avec le PSU. Le livre fait un sort particulier à ce parti qui établissait le pont entre gauche et extrême-gauche Les approches tactiques concernant le PS, le PCF ou l’Union de la gauche autour du Programme commun ne révolutionnaient pas la vie, l’amour, le cinéma ni la musique !
Idem donc pour ce qui est des rapports entre les syndicats et les “révolutionnaires”. La CFDT leur a ouvert bien des portes, a pu les laisser animer ses sections ou leur prêter une aile protectrice. C’est aspect là n’est pas négligé. Il n’est seulement pas au centre de mon propos. Des cadres cédétistes ont pu s’acoquiner avec le PSU ou la Ligue communiste. Mais il n’y a jamais eu de mouvement d’adhésion des syndiqués vers ces organisations. Ces rapports avec les “révolutionnaires” ressortent de l’histoire de la CFDT alors que ce n’est qu’anecdotique du point de vue de la mouvance d’extrême-gauche pour laquelle « changer la vie » ne passait pas spécialement par le combat syndical.
Vanessa Codaccioni invitéé de l’UPT traite ici de la justice populaire et de la Gauche Prolétarienne lire ici
Gilbert Laval est l’invité de l’Université
Populaire de Toulouse le 10 avril au Bijou.
Il vient de publier aux éditions Cairn : « Le gauchisme flamboyant L’après mai 68 à Toulouse ». Un livre passionnant retraçant l’histoire de l’extrême gauche toulousaine et au-delà d’une partie de la jeunesse toulousaine. Un livre truffé d’anecdotes, certaines prêtent à rire d’autres font froid dans le dos, anecdotes toujours accompagnées d’analyses. Ce livre dont l’histoire racontée a commencé voilà 50 ans nous parle aussi aujourd’hui.
Nous avons posé deux question à Gilbert Laval qui traitent de la Gauche Prolétarienne et la propagande. Les liens de la CFDT 31 avec l’extrême gauche et plus particulièrement avec Ligue Communiste.
Il vient de publier aux éditions Cairn : « Le gauchisme flamboyant L’après mai 68 à Toulouse ». Un livre passionnant retraçant l’histoire de l’extrême gauche toulousaine et au-delà d’une partie de la jeunesse toulousaine. Un livre truffé d’anecdotes, certaines prêtent à rire d’autres font froid dans le dos, anecdotes toujours accompagnées d’analyses. Ce livre dont l’histoire racontée a commencé voilà 50 ans nous parle aussi aujourd’hui.
Nous avons posé deux question à Gilbert Laval qui traitent de la Gauche Prolétarienne et la propagande. Les liens de la CFDT 31 avec l’extrême gauche et plus particulièrement avec Ligue Communiste.
1-Nous avions voilà quelques mois organisé une conférence avec les auteurs du livre « Les Nouveaux partisans". Ils nous avaient un peu scotché ! (voir interview ci dessous). Dans ton livre la Gauche Prolétarienne (GP) occupe une place politique importante, tout aussi grande que les libertaires, là depuis longtemps, et la ligue plutôt bien implanté. Les faits d’arme de la GP multiples qui sont relatés dans le livre, donnent l’impression d’une série d’anecdotes sans que l’on connaisse l’impact de ces actions. Le petit chef d’une boite peint en rouge, ne débouche pas sur un exercice de peinture généralisé. Ni aucune action exemplaire ne débouchera sur une appropriation de l’action par des salariés . A-t-on une idée de l’impact des actions de la GP à Toulouse dans ces années là ? A quel moment la GP s’est elle questionné sur l’utilité de son action, de ses coups politiques ?
Le lecteur ne connaîtra pas l’impact des actions “coup pour coup” des mao-spontex pour la simple et très bonne raison que les dits maos n’ont eux-mêmes jamais enregistré aucune réaction des “masse” à leurs actions. Il s’agissait de “conscientiser” ces masses, de réveiller chez elles la “spontanéité révolutionnaire” qui devait à tous les coups conduire à leur soulèvement. C’est très largement parce que ce militantisme est resté sans effet d’entraînement sur les travailleurs, parce que l’isolement allait croissant et qu’il risquait d’amener à des dérives militaro-militantes, à des coups de desperados, que ces maos ont choisi l’auto-dissolution.
La mort de Pierre Overney le 25 février 1972 a été le point à partir duquel tout a basculé : des actions qui ne mobilisaient personne sur les chaînes de Renault valaient-elles la mort d’un jeune homme ? Huit mois plus tard, c’est la GP qui était enterrée.
Les maoïstes de la Cause du Peuple n’auront fait qu’un passage éclair à Toulouse, de 1969 à 1973, alors que les trotskistes de la JCR puis de la Ligue ont duré, ainsi que les libertaires, lesquels sont insubmersibles. Mais les mao-spontex sont très représentatifs de l’élan qui a suivi l’immédiat après-68. Ils étaient à ce point engagés dans l’agitation, la révolution du quotidien qu’ils ont pu attirer à eux des militants libertaires ! Ces deux catégories de militants - a priori staliniens et anarchistes, que tout opposait donc- se retrouvaient très bien dans une forme de “mouvementisme”.
Cet ouvrage ne retient de cette période que ce qui a agité le monde. Les maos du PCMLF ou les trotskistes de Lutte ouvrière y sont cités comme réfléchissant à la révolution. Ils en sont absents concernant le fait de faire la révolution...
Avant de devenir LCR, la Ligue communiste - l’organisation d’extrême-gauche la mieux implantée dans la ville - a pu naviguer du débat théorique sur la prise de pouvoir à l’organisation très pratique des moyens supposés y parvenir. Les trotskistes tenaient les maos pour de drôles de zèbres pas vraiment fiables. L’engagement très profond des libertaires y était en revanche respecté. Quoique portée sur l’analyse des choses, la Ligue imaginant qu’elle pourrait être un jour le fer de lance de la révolution, l’avant-garde du Grand soir, prenait soin de ne pas se couper de ceux qui s’agitaient sur tous les fronts
Dominique Grange Les nouveaux partisans .écouter ici
interview réalisée par l’UPT de militants de la Gauche Prolétarienne lire ici
2- Ton livre fait l’impasse sur un aspect de l’histoire toulousaine : les liens de l’UD CFDT 31 avec l’extrême gauche. Bon nombre de ses dirigeants e s étaient membre du PSU ou proche, un petit courant anarcho -syndicaliste, était présent. Pendant toute une période l’ UD CFDT à plaidé auprès de la CGT le droit pour les gauchistes de pouvoir manifester sans être vidés des manif ou maintenus loin par un cordon sanitaire. Pas la GP, peu attirée par les syndicats, de même que les libertaires pour des raisons différentes. Seule la ligue est intéressée par ce droit de manifester avec la classe ouvrière. Elle milite activement dans la CFDT et celle-ci doit gérer l’arrivée de ces nouveaux militant e s, qui bousculent, qui dérangent, mais qui font ivre bien des syndicats. As-tu considéré que cet élément de l’histoire toulousaine était secondaire ou insignifiant ou penses-tu que la CFDT 31 en réalité n’a joué aucun rôle vis-à-vis de l’extrême gauche ?
Le théâtre, la musique ou la poésie ont été des éléments tout à fait majeurs de l’Après-68 à Toulouse. La culture a bousculé le vieux monde certainement bien plus que n’ont pu le faire les mouvements d’extrême-gauche. Ce livre n’en dit pourtant pas un mot.
L’ouvrage n’a aucune intention encyclopédique concernant cette période. L’objet de ce travail est, comme son titre l’indique, l’extrême-gauche agissante, la vie et l’œuvre politique des militants qui se dispersent sur tous les fronts anti-autoritaires, ces jeunes gens qui ont rêvé du Grand soir tout en vivant les petits matins nouveaux du monde qu’ils étaient en train de réinventer.
De la même façon, les rapports de cette extrême-gauche avec les partis de la social-démocratie ou avec le Parti communiste y sont à peine effleurés tant ils ne sont constitutifs de rien de neuf. Sinon avec le PSU. Le livre fait un sort particulier à ce parti qui établissait le pont entre gauche et extrême-gauche Les approches tactiques concernant le PS, le PCF ou l’Union de la gauche autour du Programme commun ne révolutionnaient pas la vie, l’amour, le cinéma ni la musique !
Idem donc pour ce qui est des rapports entre les syndicats et les “révolutionnaires”. La CFDT leur a ouvert bien des portes, a pu les laisser animer ses sections ou leur prêter une aile protectrice. C’est aspect là n’est pas négligé. Il n’est seulement pas au centre de mon propos. Des cadres cédétistes ont pu s’acoquiner avec le PSU ou la Ligue communiste. Mais il n’y a jamais eu de mouvement d’adhésion des syndiqués vers ces organisations. Ces rapports avec les “révolutionnaires” ressortent de l’histoire de la CFDT alors que ce n’est qu’anecdotique du point de vue de la mouvance d’extrême-gauche pour laquelle « changer la vie » ne passait pas spécialement par le combat syndical.
Vanessa Codaccioni invitéé de l’UPT traite ici de la justice populaire et de la Gauche Prolétarienne lire ici
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