Le Conseil national de la Résistance fut réactivé l'été 2008. Le CNR en Midi-Pyrénées est la déclinaison régionale de ce réseau organisé pour mener une résistance créatrice d'alternatives. Nous contribuons ainsi par notre action politique coopérative à construire Un Autre Monde... "Créer, c'est Résister. Résister, c'est créer."
mardi 29 septembre 2015
L’Inde permet la technologie de l’énergie libre malgré les menaces du Royaume-Uni, des États Unis, et de l’Arabie Saoudite
L’INDE ne supprimera pas la GÉNÉRATRICE d’énergie libre TEWARI
L’Inde considère que son propre
programme d’énergie libre, est une question de fierté nationale, et est
tout à fait disposé à risquer de se mettre à dos les pays du
pétrodollar, en apportant son support au générateur AC sans réaction
synchrone (RLG) inventé par son propre citoyen, Paramahamsa Tewari, un
ingénieur électricien, et ancien directeur exécutif du Nuclear Power
Corporation of India.
Il y a des années, Tewari a également
démontré les théories à l’intérieur du moteur homopolaire de Bruce de
Palma, qui le premier a exposé cet écrivain dans le monde des
technologies de l’énergie libre.
De toute évidence, un pays ne peut pas
mettre en œuvre son propre programme d’énergie libre, sans tenir compte
de toutes les conséquences possibles, y compris une intervention
militaire des pays du pétrodollar, par exemple l’Arabie Saoudite, le
Royaume-Uni, les États-Unis. Voilà pourquoi l’Inde a aligné son propre
programme militaire avec celui de la Russie qui actuellement se tient
debout, avec les pays du BRICS, contre la cabale Nazioniste qui impose
toutes sortes de sanctions pour le détruire.
L’alliance BRICS dans le passé, a promis
de libérer toutes les technologies supprimées, par exemple, l’énergie
libre, pour notre utilisation responsable. On dirait qu’ils respectent
leur parole.
DERNIÈRE NOUVELLE : UN GÉNÉRATEUR «OVER-UNITÉ» SANS RÉACTION INVENTÉ EN INDE
« Une
ère de nombreuses générations passe; nos machines seront alimentées par
une puissance disponible à tous les points de l’univers « . – Nikola Tesla
( Évolution
Collective) Un générateur synchrone AC sans réaction (RLG), a été
inventé par Paramahamsa Tewari, ingénieur électricien et ancien
directeur exécutif de Nuclear Power Corporation of India. Son expérience comprend la gestion de projets d’ingéniérie, pour la construction de centrales nucléaires.
L’efficacité des modèles qu’il a
construits, et qui ont également été construits et testés de façon
indépendante, est aussi élevée que 250%.
En novembre 2014, j’ai fait une des
nombreuses visites au laboratoire de Paramahamsa Tewari. Je l’avais vu à
la base de la conception RLG en septembre 2010. M. Tewari m’a montré un
conducteur rigide d’environ un pied de long, qui pouvait tourner au
centre et était relié à chaque extrémité avec un fil de petit calibre.
Un circuit magnétique a été placé sous
le conducteur. Quand on a laissé circuler un courant à travers du
conducteur, il a tourné, en raison d’une pression induit sur le
conducteur, en fonction de la Règle et la théorie standard de Flamands,
vérifiée par des expériences à l’aube de l’ère électrique.
Avec un simple réarrangement du circuit
magnétique, le même courant ne produit pas de rotation – la pression
(torque) a été annulée. Plus tard, j’ai dupliqué la configuration et
l’expérience sur mon établi. C’est ingénieux et cela a conduit à cette
percée, l’invention d’un générateur sans réaction, avec une efficacité
beaucoup plus grande.
Cette expérience a conduit à la
conception et aux essais de générateurs qui ont des rendements bien
supérieurs à toutes conceptions précédentes. La conception utilise les
mêmes types de matériaux utilisés dans les générateurs de courant, mais
le circuit magnétique dans la machine, est configuré pour annuler le
retour de pression (torque), tout en induisant du courant et de la
production d’énergie.
Cela pourrait être comparé à la
réorganisation des matériaux par les frères Wright, pour construire une
surface de vol, qui a abouti au vol humain à une époque, où beaucoup
avaient dit que c’était impossible, y compris les scientifiques. En
effet, les physiciens qui se cramponnent à un modèle désuet des
propriétés et de la structure de l’espace, ont déclaré que, ce que
Tewari a fait était impossible.
Lors de l’essai en novembre, j’ai été
témoin deux essais d’efficacité sur le nouveau modèle dans le
laboratoire de Tewari. Le deuxième essai était meilleur que le premier,
de plusieurs pourcentages, et a produit 6,6 KVA avec une efficacité de
238%. Un deuxième ensemble de bobines de démarrage n’était pas encore
connecté, mais il est prévu que cela augmenterait la production à 300%.
Ceci est un générateur AC synchrone
triphasé, 248 volts Hz, fonctionnant à 50 Hz. De vrais «meters» de
grande précision, RMS sur l’entrée et la sortie, mesuraient les KW, KVA,
et facteur de puissance, ont confirmé les lectures des «meters» que
nous avions fournis pour les essais que j’avais observés en avril 2014.
Nous avons pu visiter un site de l’usine
de 130 acres, de l’une des meilleures entreprises de fabrication de
machines électriques de l’Inde. Dans ce site, l’entreprise fabrique des
machines électriques rotatives, y compris les générateurs. Lorsque
l’ingénieur électricien en chef a d’abord vu les dessins et la
conception du RLG, il a su immédiatement ce que cela signifiait pour
l’efficacité!
En raison de leur confiance dans la
conception et les résultats des tests sur le plus petit modèle, la
société a assemblé une machine auto-excitée conçue pour produire 20 KVA.
Quand nous sommes arrivés à l’usine, un
vice-président de la société, le directeur général de l’usine, et
l’ingénieur en chef nous ont accueillis.
Nous avons ensuite inspecté la nouvelle
machine, et rencontré l’équipe de conception d’ingénierie affectée à ce
projet. Ce sont des ingénieurs électriques et mécaniques, qui conçoivent
et construisent des générateurs conventionnels avec une sortie aussi
élevée que 500 KVA.
Ils sont très enthousiastes et
comprennent que c’est une percée. Une seconde machine évaluée à 25 KVA,
est actuellement en construction dans cette société en Inde.
Je crois, comme le font les ingénieurs
en Inde, que ceci est la plus grande percée, dans la conception de
machines électriques rotatives, depuis l’invention du moteur électrique
de Faraday en 1832.
L’élimination du renversement de
pression (back torque) permet à toute l’énergie générée de passer à
travers la machine. La puissance de sortie est déterminée par la force
des aimants d’excitation, et la réactance synchrone (résistance à 50/60
Hz) des enroulements de démarrage. Les modèles actuels peuvent être
montés en parallèle pour une production plus élevée.
Chaque machine peut produire au moins
2,38 fois l’entrée et peut être configurée dans un mode de
fonctionnement autonome. Étant donné que la concentration a été sur
l’amélioration de l’efficacité et la conception, la machine n’a pas
encore été configurée de cette manière.
Lors d’une visite, en décembre de
l’année 2012, pour assister à des essais, nous étions invités par le
directeur de l’ingénierie d’une grande entreprise de service public, et
nous avons visité une installation de production, qui selon le
directeur, était prête pour les systèmes de RLG, dès qu’ils seront mis à
l’échelle de la taille requise.
En mars 2015, nous sommes retournés en
Inde pour des discussions de licence. Les plans actuels pour les modèles
d’introduction, de 10 KVA et 25 KVA, qui seront commercialisés.
Une deuxième société est impliquée dans les discussions sur la fabrication, et la Power Corporation Karnataka,
qui fournit Bangalore, étudie l’utilisation de 200 KVA dans une
application de ferme éolienne, tel que décrit dans la 7e édition d’avril
de l’Asia Times.
Le numéro de novembre 2013 du magazine
Atlantic, contient un article sur les 50 Plus Grandes Percées Depuis La
Roue. Le RLG est plus, que juste un produit ou une innovation technique.
C’est un changement fondamental dans la façon dont l’énergie peut être
générée.
Il surmonte les inefficacités inhérentes
des génératrices à courant alternatif. Des brevets ont été déposés, et
le RLG est prêt à être licencé pour des entreprises, qui fabriquent des
machines électriques rotatives. En fait, des discussions avec des
entreprises sont en cours sur trois continents.
Nous croyons que le RLG est une
découverte fondamentale, et non une innovation. La première découverte
fondamentale de l’humanité a été la maîtrise et le contrôle du feu. La
deuxième était la roue. La troisième a été la maîtrise et le contrôle de
l’électricité. La quatrième a été la maîtrise et le contrôle de
l’atome.
Le RLG peut faire tourner les roues sans
l’utilisation du feu (combustibles fossiles) ou de l’atome (des
centrales nucléaires). Il est une innovation du 21e siècle. Les quatre
premières de ces innovations, impliquaient une compréhension des
éléments matériels. Le RLG est basé sur une compréhension des propriétés
non-matérielles de l’espace.
La recherche de Paramahamsa Tewari sur
la nature de la réalité, l’a conduit de l’étude des anciens Védas de
l’Inde, à la formulation de la théorie Vortex de l’Espace. C’est une
nouvelle théorie unifiant la relation entre l’espace, la masse,
l’inertie, la lumière, et la gravité.
À partir des principes décrits dans les
textes védiques, Tewari a pu délimiter un modèle mathématique qui
explique les mots de Tesla quand il a dit:
“Toute matière
perceptible provient d’une substance primaire, ou ténuité au delà de la
conception, et remplissant tout l’espace, l’Akasha ou éther luminescent,
lequel est sollicité par le Prana donnant toutes vies, ou force
créatrice, qui crée l’existence, de toutes choses et phénomènes, dans
des cycles ne se terminant jamais..” – Nikola Tesla,“Man’s Greatest Achievement,” 1907 (La Plus Grande Réussite De L’Homme)
« – Nikola Tesla, »
Dans les mots de Tewari:
“La matière universelle est
créée à partir du prana, puisque le prana est de l’aakaash en mouvement,
et l’aakaash est le substrat superfluide primordial de l’univers.”
Le concept, que l’efficacité ne peut
être supérieure à 100%, est dû à une compréhension incomplète des
propriétés de l’espace. La deuxième loi de la thermodynamique doit être
modifiée, pour tenir compte du fait que l’espace n’est pas vide, comme
cela a été enseigné depuis les 150 dernières années.
Le RLG fonctionne sur ce qui a été
appelé « over-unité. » Beaucoup d’ingénieurs électriques expérimentés,
engagés dans la fabrication de génératrices à courant alternatif, ont
testé indépendamment le RLG, et ils ont confirmé les cotes d’efficacité
que j’ai observées. Il est temps pour les physiciens de s’enlever du
chemin, et d’aller modifier leurs théories, tandis que les ingénieurs
s’engagent dans la conception et la production.
Les modèles théoriques et mathématiques peuvent être trouvés à:
Couverture Médiatique Récente:
Article du Asia Times
Paramahamsa Tewari, Historique
Paramahamsa Tewari est né le 1er juin 1937, et a obtenu son diplôme en génie électrique en 1958 de Banaras Engineering College,
en Inde, et a occupé des postes de responsabilité dans les grandes
organisations d’ingénierie de construction, principalement dans les
projets nucléaires du Département de l’Énergie Atomique, de l’Inde.
Il a également été délégué à l’étranger,
pendant un an, au projet nucléaire de Douglas Point, Canada. Il est
actuellement le Directeur Exécutif Nucléaire à la retraite, de la
Corporation d’Énergie Nucléaire, Ministère de l’Énergie Atomique, de
l’Inde et il est l’ancien directeur de projets, de Kaiga Atomic Power Project.
Les notions de base de la physique ont
attiré l’imagination de Tewari dès ses premiers jours d’école et de
collège. Au cours des quatre dernières décennies, ses nouvelles idées
sur la nature fondamentale de l’espace, de l’énergie et de la matière,
se sont solidifiées, en une forme définie, à partir de laquelle une
nouvelle théorie (Théorie Vortex de l’Espace) a émergé.
La théorie révèle que la question la
plus fondamentale de la relation entre l’espace et la matière, pointe
précisément, que l’espace est une entité plus fondamentale que la
matière.
La signification physique de masse,
inertie, gravitation, charge et lumière, est révélée par l’extension de
l’analyse dans la théorie, au-delà des propriétés des matériaux, et dans
le substrat de l’espace, qui est à nouveau décomposé en des vides de
champ, montrant ainsi la limite à laquelle, une théorie physique peut
éventuellement arriver.
L’univers réel se révèle être contraire
aux concepts actuels de béton-matière et espace vide. Les livres qu’il a
publiés sur la théorie Vortex espace sont:
- The Substantial Space and Void Nature of Elementary Material Particles (1977)
- Space Vortices of Energy and Matter (1978)
- The Origin of Electron’s Mass, Charge Gravitational and Electromagnetic Fields from “Empty Space” (1982)
- Beyond Matter (1984)
Il a donné des présentations à titre de
conférencier invité à des conférences internationales en Allemagne, aux
États-Unis, et en Italie, sur le phénomène nouvellement découvert du
Pouvoir de la Génération de l’Espace.
Pour la démonstration pratique de la
génération d’énergie électrique à partir de l’espace, les générateurs
sans réaction que Tewari a construits, et qui fonctionnent à efficacité
over-unité, démontrent ainsi que les physiciens ont eu tort depuis110
ans, au sujet de la nature de l’espace, et il a démontré que l’espace
est la source d’énergie dans la génération des formes d’énergie de base.
POURQUOI IL N’Y AURA PAS DE SUPPRESSION DES NOUVELLES TECHNOLOGIES DE L’ÉNERGIE
Il n’a pas fallu longtemps avant que des
fabricants de voitures conduisent des voitures sans chevaux. Il n’a pas
fallu longtemps, avant que les gens qui traversaient le continent sur
les chemins de fer, les abandonnent pour les avions de ligne.
Le gaz naturel remplace le charbon et il
n’y a rien que les chemins de fer, les mineurs de charbon, ou les
entreprises de charbon, puissent faire à ce sujet. L’énergie la moins
chère et la plus efficace gagne toujours sur l’énergie dispendieuse. Le
charbon a remplacé le bois, et l’huile a remplacé le charbon comme
source d’énergie primaire.
Tout ce qui est plus efficace stimule
les chiffres sur la ligne du bas, du grand livre. Les dollars courent
après l’efficacité. L’inefficacité est supprimée par les forces du
marché. C’est l’efficacité qui gagne sur la place du marché.
Le directeur de l’ingénierie (génie
électrique) de la Power Corporation du Karnataka (KPC), laquelle
alimente 6 millions de personnes, à Bangalore et tout l’État de
Karnataka (10.000 mégawatts de charge), m’a dit que la machine de Tewari ne serait jamais supprimée (voir la machine ici).
Le travail de Tewari est connu depuis
les plus hauts niveaux de gouvernement jusqu’en bas. Quand il a
construit la centrale nucléaire de Kaiga, son nom était sur la liste de
composition rapide du téléphone du premier ministre.
La Nuclear Power Corporation de
l’Inde lui ont permis d’avoir deux techniciens pour travailler sur sa
machine, alors qu’il construisait l’usine. Ils lui ont acheté des
pièces, et lui ont même donné un petit atelier portatif, qui est
maintenant à côté de son laboratoire principal.
Cropmton Greaves Ltd (GE de l’Inde) a
financé son travail, et les administrateurs des sociétés CGL, ainsi que
de Reliance (pétrole et énergie), connaissent son travail.
De nombreux Indiens m’ont également dit,
que le travail de Tewari ne sera jamais supprimé. C’est une question de
fierté nationale. L’Inde est prête à faire sa place dans le monde.
Vous pouvez le sentir partout où vous
allez. J’ai réalisé, lors de ma première nuit ici, tandis que je
méditais à 3h00 du matin, pour passer à travers des cas sérieux de
décalage horaire, que, il y a un peu plus de 100 ans, depuis que
Vivekananda est venu aux États-Unis et a introduit dans l’ouest, les
enseignements védiques, que dans tous les pays du monde, au cours de
chaque minute et chaque seconde de la journée ou de la nuit, des gens
pratiquent des techniques de méditation yogiques.
En fin de compte; l’efficacité gagne
toujours. Il n’y aura pas de suppression de ces machines, qui ont des
rendements plus élevés, que celles qui sont actuellement sur le marché.
Toby et Tewari
La Meilleure Façon Pour Éliminer Les Émissions De Carbone
- Éliminer les combustibles au carbone.
- Les États-Unis ont dépensé des milliards de dollars sur les combustibles fossiles. Les Systèmes d’Énergie Renouvelable n’ont pas de coûts de carburant. Un utilitaire, qui n’a pas de combustibles coûts, peut fournir de l’électricité moins chère et le faire sans émission de CO2
- Rien ne dure éternellement. La production de charbon a déjà atteint un sommet en termes de BTU par livre. La production volumétrique maximale n’est pas loin, probablement d’ici à 2025
- Si nous n’utilisons pas l’énergie, que nous avons maintenant, pour construire un système énergétique indépendant de l’énergie non renouvelable, quand les combustibles fossiles seront épuisés, nous vivrons dans un monde préindustriel.
- Si on se base sur le taux d’épuisement des combustibles fossiles dans le monde entier, nous avons une fenêtre de 50 ans pour construire un nouveau système énergétique. Nous devons commencer dès maintenant, tout en protégeant la santé et la sécurité des mineurs de charbon, qui fourniront l’énergie nécessaire pour effectuer ce travail
Éliminer les émissions de carbone est un impératif, ne nécessite pas de meilleure façon; en fait c’est le seul moyen.
Écrit par Toby Grotz. (Vous pouvez voir une photo de lui avec Tewari ici)
Il est un ingénieur électricien et
depuis 1973, chercheur de nouvelles technologies énergétiques. Il a
organisé de nombreuses conférences et a parcouru le monde à interviewer
et aider les inventeurs, depuis 1992.
Il a été impliqué sur les deux côtés de
l’équation de l’énergie: l’exploration des ressources pétrolières et
gazières et géothermiques, et dans l’industrie des services publics
travaillant dans le charbon, le gaz naturel et les centrales nucléaires.
Alors qu’il travaillait dans l’industrie
aérospatiale, il a travaillé sur une navette spatiale, et les tests du
télescope Hubble, dans une installation d’essai de simulation solaire,
et d’environnement de l’espace. Il a également été impliqué dans la
recherche de sources d’énergie nouvelles, et de nouvelles formes de
production d’hydrogène.
Traduction Estelle P. pour www.stopmensonges.com vu sur (Before It’s News)
dimanche 27 septembre 2015
Une pensée explosive
Source : Le Monde diplomatique
Jean Cavaillès (1903-1944) était professeur de philosophie des sciences, et grand logicien. C’est précisément en tant que philosophe et logicien qu’il s’engagea dans la Résistance : parce que c’était la seule démarche logique, et donc nécessaire, pour celui qui prenait au sérieux la recherche de la vérité.
De prime abord, il semble bien qu’il y ait davantage de nombres entiers que de nombres pairs. C’est même évident, puisque chacun sait qu’un nombre entier sur deux seulement est multiple de deux. Et pourtant, cette évidence est fausse. Pourquoi ? Parce qu’il est facile d’établir une correspondance parfaite entre tous les nombres entiers et tous les nombres pairs. Il suffit d’associer à chaque nombre entier son double : à 1 on associe 2, à 2 on associe 4, à 3 on associe 6, etc., ce qui démontre qu’il y a en réalité autant de nombres entiers que de nombres pairs. Ce nombre est bien sûr infini. On l’appelle l’« infini dénombrable ». C’est l’effectif du plus petit des ensembles infinis (il existe en fait une infinité de sortes d’infinis). L’infini dénombrable, c’est une sorte d’atome d’infinité, expression qui, si on l’entend bien, est susceptible de réveiller nos imaginaires endormis...
Ce résultat surprenant — la partie d’un ensemble peut être aussi grosse que l’ensemble lui-même — est la preuve que la vraisemblance ne prépare pas à la vérité et que le plausible n’est pas forcément un bon indice. Il arrive même qu’une découverte surprenne son auteur à tel point qu’il ne parvient pas à y croire.
C’est ce qui arriva au XIXe siècle au mathématicien Georg Cantor lorsqu’il entreprit de clarifier la notion d’infini, qui jusqu’alors n’apparaissait en mathématique que sous une forme négative : l’infini n’était que le « non-fini », ce qui ne constitue pas une définition très précise. Au cours de ses recherches, Cantor en est venu à se poser la question de savoir s’il est vraiment vrai qu’il y a plus de points dans un carré de côté L que sur un segment de longueur L. La réponse qui s’est imposée à lui énonce qu’il y en a exactement autant.
Cette conclusion le dérangea profondément, car elle débordait sa propre pensée et déréglait ses idées les plus sûres : le segment étant contenu dans le carré, Cantor s’attendait à ce qu’il y ait beaucoup plus de points dans le carré. Il fut littéralement effrayé par cette découverte que son intuition rejetait, mais que sa raison devait admettre, puisqu’il avait découvert une preuve de sa véracité. Dans une lettre du 29 juin 1877 à son collègue Richard Dedekind, il rendit compte ainsi de son désarroi : « Je le vois, mais je ne le crois pas (1)... »
Si les travaux de Cantor sur l’infini et les troubles qu’ils suscitèrent méritent d’être évoqués aujourd’hui, c’est parce qu’il y a un peu plus de soixante-dix ans, le 17 février 1944, un homme qui les avait étudiés avec passion était fusillé par les Allemands dans la citadelle d’Arras. Il venait d’avoir 40 ans. Il s’appelait Jean Cavaillès. Il fut un philosophe-logicien remarquable, mais aussi un combattant téméraire, un résistant, un chef de réseau ; un homme d’action, et même de coups de main. Ce major de l’Ecole normale supérieure (ENS) de la rue d’Ulm — qui a pour partie inspiré le rôle joué par Paul Meurisse dans L’Armée des ombres, le film de Jean-Pierre Melville (1969) — fit sauter des ponts, des transformateurs, des trains et des usines. Cavaillès fut un « philosophe mathématicien bourré d’explosifs », pour reprendre les mots du philosophe Georges Canguilhem, spécialiste de l’épistémologie, qui l’avait bien connu.
« Explosif » est ici à prendre au sens propre et au sens figuré. Car sa pensée était elle aussi détonante : selon lui, la tâche de la philosophie était de substituer au primat de la conscience vécue ou réfléchie le primat du concept. Or, à l’époque, ce problème — faut-il pencher pour une philosophie de la vie ou pour une philosophie du concept ? — était devenu central dans la discipline en France. Il allait d’ailleurs ouvrir sur la question du sujet, puisque ce dernier, à la fois corps vivant et créateur de concepts, représente la part commune à ces deux orientations : il est interrogé d’une part quant à sa vie, sa vie subjective, sa vie organique, et d’autre part quant à sa pensée, sa capacité créatrice, sa capacité d’abstraction. Il n’est donc pas étonnant que ce rapport entre corps et idée, vie et concept, ait organisé de façon conflictuelle le devenir de la philosophie française, autour de figures emblématiques telles qu’Henri Bergson d’un côté et Léon Brunschvicg de l’autre.
En cette matière comme en tant d’autres, Cavaillès a clairement choisi son camp. A ses yeux, la philosophie ne doit se couper ni des sciences ni de la raison. Elle doit à tout prix refuser le déclin de la preuve pour devenir fille de la rigueur. Elle s’apparente donc davantage aux mathématiques qu’à la littérature : philosopher, c’est démontrer, et non faire des confidences sur sa subjectivité propre ; c’est une affaire de concepts plutôt qu’un épanchement des états d’âme de l’intellect. La recherche de la vérité implique en somme qu’on s’oublie un peu.
Né le 15 mai 1903, issu d’une longue lignée huguenote du Sud-Ouest, fils d’officier, Cavaillès est élevé dans les valeurs du patriotisme et de la rigueur protestante. En 1923, il est reçu au concours d’entrée de l’ENS après l’avoir préparé seul. En 1927, déjà titulaire d’une licence de mathématiques, il devient agrégé de philosophie. Il accomplit l’année suivante son service militaire comme sous-lieutenant dans une unité de tirailleurs sénégalais. Il séjourne ensuite à plusieurs reprises en Allemagne, où il observe et analyse la montée en puissance du régime nazi. En collaboration avec la grande mathématicienne Emmy Noether, il publie la correspondance entre Dedekind et Cantor, dont est issu l’extrait cité plus haut. En 1931, il rencontre un Edmund Husserl vieillissant et assiste à une conférence de l’étoile montante de la philosophie allemande, un certain Martin Heidegger.
En 1937, il soutient à la Sorbonne deux thèses, intitulées respectivement Méthode axiomatique et formalisme et Remarques sur la formation de la théorie abstraite des ensembles, sous la direction de Brunschvicg, puis devient maître de conférences à l’université de Strasbourg. Au moment où Nicolas Bourbaki (2) commence à élaborer un nouveau mode de pensée mathématique, lui nourrit l’ambition d’arracher la philosophie des mathématiques à l’à-peu-près.
Mobilisé en septembre 1939 comme officier de corps franc, puis comme officier du chiffre, cité à deux reprises pour son courage, il est fait prisonnier le 11 juin 1940 en Belgique. Il s’évade pour rejoindre à Clermont-Ferrand l’université de Strasbourg, qui s’y était repliée. Un haut responsable de l’université s’écrie : « Mais, Cavaillès, vous avez déserté ! », comme si l’acceptation résignée de la captivité était une obligation militaire ou un impératif moral. Parallèlement à son activité d’enseignant, qu’il reprend, il cofonde avec Lucie Aubrac et Emmanuel d’Astier de La Vigerie le mouvement de résistance Libération-Sud. Son charisme agit comme un aimant. Cavaillès contribue également à la fondation du journal Libération (l’original). En 1941, il est nommé professeur de philosophie des sciences à la Sorbonne. Il participe alors en zone nord à la Résistance au sein du mouvement Libération-Nord, puis s’en détache pour fonder en 1942 le réseau de renseignement Cohors.
Ses camarades de clandestinité sont unanimes : Cavaillès est entré en Résistance non par fidélité à un parti ou à une ligne politique, mais « par logique ». Marqué par Baruch Spinoza, il juge que le sujet est de peu de poids vis-à-vis de la nécessité dans laquelle il se trouve pris. La lutte contre l’inacceptable est inéluctable, donc nécessaire, un point c’est tout. Et par « lutte », il ne faut pas entendre l’indignation chuchotée dans les couloirs ou l’alimentation des boîtes aux lettres en tracts vengeurs. Par « lutte », il faut entendre le combat les armes à la main.
Arrêté et emprisonné à plusieurs reprises, ayant réussi toutes ses évasions sauf la dernière, Cavaillès ne renonça jamais ni à l’action la plus subversive ni à la réflexion la plus abstraite. Pour lui, les deux vont de pair : l’action ne découle pas de la réflexion, elle la précède ; la pensée n’est pas représentation, mais processus, cheminement, enchaînement de concepts. En 1942, loin des livres, dans la solitude d’une prison, il écrit un ouvrage incroyable intitulé Sur la logique et la théorie de la science (3), qui, lorsqu’il fut publié après la guerre, ébranla la scène philosophique par sa puissance.
Sa haine de l’oppression lui donna toutes les audaces et lui fit courir tous les risques. Cavaillès fut arrêté par la Gestapo en août 1943, torturé, condamné à mort et exécuté cinq mois plus tard, en février 1944. Lorsque ses juges lui demandèrent d’expliquer ses mobiles, il dit « qu’il était fils d’officier, qu’il avait appris de son père à aimer son pays, et qu’il avait trouvé dans la continuation de la lutte un apaisement à la douleur de la défaite ». Il dit aussi « combien il aimait l’Allemagne de Kant et de Beethoven — et, développant sa position, il démontra qu’il réalisait dans sa vie la pensée de ces maîtres allemands (4) ». Il s’exprima en définitive comme quelqu’un que ses références philosophiques avaient conduit par la voie la plus directe et sans le moindre déchirement à la même conclusion que celle qui lui avait été imposée, d’un autre côté, par ses origines, son éducation et son tempérament de lutteur. Quelqu’un qui ne pouvait accepter le fait, accompli pour tant d’autres, de l’humiliation et de l’oppression.
Pour ceux qui découvrirent le cadavre de Cavaillès dans une fosse commune, il était simplement l’« inconnu no 5 ». Ses bourreaux n’avaient sans doute pas à l’esprit que pour lui être appelé « inconnu », cette chose que les mathématiques permettent de réduire calmement par le calcul, était un titre de gloire et la plus belle des épitaphes.
Les lignes qui suivent, écrites par Canguilhem, disent presque tout : « D’ordinaire, pour un philosophe, écrire une morale, c’est se préparer à mourir dans son lit. Mais Cavaillès, au moment où il faisait tout ce qu’on peut faire quand on veut mourir au combat, composait, lui, une logique. Il a donné ainsi sa morale, sans avoir à la rédiger (5). »
Chez un personnage de cette envergure, il ne peut être question d’essayer de dissocier la profondeur de ce qu’il a compris en tant que philosophe et la grandeur de ce qu’il a fait en tant que combattant. L’œuvre est en l’occurrence inséparable de l’homme, qu’elle explique, même : elle est ce par quoi, au cœur d’un terrible décor historique, il a puisé une force essentielle pour se hisser au niveau de ses devoirs pratiques, en vertu d’une sorte de mystique de l’infini.
Jean Cavaillès (1903-1944) était professeur de philosophie des sciences, et grand logicien. C’est précisément en tant que philosophe et logicien qu’il s’engagea dans la Résistance : parce que c’était la seule démarche logique, et donc nécessaire, pour celui qui prenait au sérieux la recherche de la vérité.
De prime abord, il semble bien qu’il y ait davantage de nombres entiers que de nombres pairs. C’est même évident, puisque chacun sait qu’un nombre entier sur deux seulement est multiple de deux. Et pourtant, cette évidence est fausse. Pourquoi ? Parce qu’il est facile d’établir une correspondance parfaite entre tous les nombres entiers et tous les nombres pairs. Il suffit d’associer à chaque nombre entier son double : à 1 on associe 2, à 2 on associe 4, à 3 on associe 6, etc., ce qui démontre qu’il y a en réalité autant de nombres entiers que de nombres pairs. Ce nombre est bien sûr infini. On l’appelle l’« infini dénombrable ». C’est l’effectif du plus petit des ensembles infinis (il existe en fait une infinité de sortes d’infinis). L’infini dénombrable, c’est une sorte d’atome d’infinité, expression qui, si on l’entend bien, est susceptible de réveiller nos imaginaires endormis...
Ce résultat surprenant — la partie d’un ensemble peut être aussi grosse que l’ensemble lui-même — est la preuve que la vraisemblance ne prépare pas à la vérité et que le plausible n’est pas forcément un bon indice. Il arrive même qu’une découverte surprenne son auteur à tel point qu’il ne parvient pas à y croire.
C’est ce qui arriva au XIXe siècle au mathématicien Georg Cantor lorsqu’il entreprit de clarifier la notion d’infini, qui jusqu’alors n’apparaissait en mathématique que sous une forme négative : l’infini n’était que le « non-fini », ce qui ne constitue pas une définition très précise. Au cours de ses recherches, Cantor en est venu à se poser la question de savoir s’il est vraiment vrai qu’il y a plus de points dans un carré de côté L que sur un segment de longueur L. La réponse qui s’est imposée à lui énonce qu’il y en a exactement autant.
Cette conclusion le dérangea profondément, car elle débordait sa propre pensée et déréglait ses idées les plus sûres : le segment étant contenu dans le carré, Cantor s’attendait à ce qu’il y ait beaucoup plus de points dans le carré. Il fut littéralement effrayé par cette découverte que son intuition rejetait, mais que sa raison devait admettre, puisqu’il avait découvert une preuve de sa véracité. Dans une lettre du 29 juin 1877 à son collègue Richard Dedekind, il rendit compte ainsi de son désarroi : « Je le vois, mais je ne le crois pas (1)... »
Si les travaux de Cantor sur l’infini et les troubles qu’ils suscitèrent méritent d’être évoqués aujourd’hui, c’est parce qu’il y a un peu plus de soixante-dix ans, le 17 février 1944, un homme qui les avait étudiés avec passion était fusillé par les Allemands dans la citadelle d’Arras. Il venait d’avoir 40 ans. Il s’appelait Jean Cavaillès. Il fut un philosophe-logicien remarquable, mais aussi un combattant téméraire, un résistant, un chef de réseau ; un homme d’action, et même de coups de main. Ce major de l’Ecole normale supérieure (ENS) de la rue d’Ulm — qui a pour partie inspiré le rôle joué par Paul Meurisse dans L’Armée des ombres, le film de Jean-Pierre Melville (1969) — fit sauter des ponts, des transformateurs, des trains et des usines. Cavaillès fut un « philosophe mathématicien bourré d’explosifs », pour reprendre les mots du philosophe Georges Canguilhem, spécialiste de l’épistémologie, qui l’avait bien connu.
« Explosif » est ici à prendre au sens propre et au sens figuré. Car sa pensée était elle aussi détonante : selon lui, la tâche de la philosophie était de substituer au primat de la conscience vécue ou réfléchie le primat du concept. Or, à l’époque, ce problème — faut-il pencher pour une philosophie de la vie ou pour une philosophie du concept ? — était devenu central dans la discipline en France. Il allait d’ailleurs ouvrir sur la question du sujet, puisque ce dernier, à la fois corps vivant et créateur de concepts, représente la part commune à ces deux orientations : il est interrogé d’une part quant à sa vie, sa vie subjective, sa vie organique, et d’autre part quant à sa pensée, sa capacité créatrice, sa capacité d’abstraction. Il n’est donc pas étonnant que ce rapport entre corps et idée, vie et concept, ait organisé de façon conflictuelle le devenir de la philosophie française, autour de figures emblématiques telles qu’Henri Bergson d’un côté et Léon Brunschvicg de l’autre.
En cette matière comme en tant d’autres, Cavaillès a clairement choisi son camp. A ses yeux, la philosophie ne doit se couper ni des sciences ni de la raison. Elle doit à tout prix refuser le déclin de la preuve pour devenir fille de la rigueur. Elle s’apparente donc davantage aux mathématiques qu’à la littérature : philosopher, c’est démontrer, et non faire des confidences sur sa subjectivité propre ; c’est une affaire de concepts plutôt qu’un épanchement des états d’âme de l’intellect. La recherche de la vérité implique en somme qu’on s’oublie un peu.
Né le 15 mai 1903, issu d’une longue lignée huguenote du Sud-Ouest, fils d’officier, Cavaillès est élevé dans les valeurs du patriotisme et de la rigueur protestante. En 1923, il est reçu au concours d’entrée de l’ENS après l’avoir préparé seul. En 1927, déjà titulaire d’une licence de mathématiques, il devient agrégé de philosophie. Il accomplit l’année suivante son service militaire comme sous-lieutenant dans une unité de tirailleurs sénégalais. Il séjourne ensuite à plusieurs reprises en Allemagne, où il observe et analyse la montée en puissance du régime nazi. En collaboration avec la grande mathématicienne Emmy Noether, il publie la correspondance entre Dedekind et Cantor, dont est issu l’extrait cité plus haut. En 1931, il rencontre un Edmund Husserl vieillissant et assiste à une conférence de l’étoile montante de la philosophie allemande, un certain Martin Heidegger.
En 1937, il soutient à la Sorbonne deux thèses, intitulées respectivement Méthode axiomatique et formalisme et Remarques sur la formation de la théorie abstraite des ensembles, sous la direction de Brunschvicg, puis devient maître de conférences à l’université de Strasbourg. Au moment où Nicolas Bourbaki (2) commence à élaborer un nouveau mode de pensée mathématique, lui nourrit l’ambition d’arracher la philosophie des mathématiques à l’à-peu-près.
Mobilisé en septembre 1939 comme officier de corps franc, puis comme officier du chiffre, cité à deux reprises pour son courage, il est fait prisonnier le 11 juin 1940 en Belgique. Il s’évade pour rejoindre à Clermont-Ferrand l’université de Strasbourg, qui s’y était repliée. Un haut responsable de l’université s’écrie : « Mais, Cavaillès, vous avez déserté ! », comme si l’acceptation résignée de la captivité était une obligation militaire ou un impératif moral. Parallèlement à son activité d’enseignant, qu’il reprend, il cofonde avec Lucie Aubrac et Emmanuel d’Astier de La Vigerie le mouvement de résistance Libération-Sud. Son charisme agit comme un aimant. Cavaillès contribue également à la fondation du journal Libération (l’original). En 1941, il est nommé professeur de philosophie des sciences à la Sorbonne. Il participe alors en zone nord à la Résistance au sein du mouvement Libération-Nord, puis s’en détache pour fonder en 1942 le réseau de renseignement Cohors.
Ses camarades de clandestinité sont unanimes : Cavaillès est entré en Résistance non par fidélité à un parti ou à une ligne politique, mais « par logique ». Marqué par Baruch Spinoza, il juge que le sujet est de peu de poids vis-à-vis de la nécessité dans laquelle il se trouve pris. La lutte contre l’inacceptable est inéluctable, donc nécessaire, un point c’est tout. Et par « lutte », il ne faut pas entendre l’indignation chuchotée dans les couloirs ou l’alimentation des boîtes aux lettres en tracts vengeurs. Par « lutte », il faut entendre le combat les armes à la main.
Arrêté et emprisonné à plusieurs reprises, ayant réussi toutes ses évasions sauf la dernière, Cavaillès ne renonça jamais ni à l’action la plus subversive ni à la réflexion la plus abstraite. Pour lui, les deux vont de pair : l’action ne découle pas de la réflexion, elle la précède ; la pensée n’est pas représentation, mais processus, cheminement, enchaînement de concepts. En 1942, loin des livres, dans la solitude d’une prison, il écrit un ouvrage incroyable intitulé Sur la logique et la théorie de la science (3), qui, lorsqu’il fut publié après la guerre, ébranla la scène philosophique par sa puissance.
Sa haine de l’oppression lui donna toutes les audaces et lui fit courir tous les risques. Cavaillès fut arrêté par la Gestapo en août 1943, torturé, condamné à mort et exécuté cinq mois plus tard, en février 1944. Lorsque ses juges lui demandèrent d’expliquer ses mobiles, il dit « qu’il était fils d’officier, qu’il avait appris de son père à aimer son pays, et qu’il avait trouvé dans la continuation de la lutte un apaisement à la douleur de la défaite ». Il dit aussi « combien il aimait l’Allemagne de Kant et de Beethoven — et, développant sa position, il démontra qu’il réalisait dans sa vie la pensée de ces maîtres allemands (4) ». Il s’exprima en définitive comme quelqu’un que ses références philosophiques avaient conduit par la voie la plus directe et sans le moindre déchirement à la même conclusion que celle qui lui avait été imposée, d’un autre côté, par ses origines, son éducation et son tempérament de lutteur. Quelqu’un qui ne pouvait accepter le fait, accompli pour tant d’autres, de l’humiliation et de l’oppression.
Pour ceux qui découvrirent le cadavre de Cavaillès dans une fosse commune, il était simplement l’« inconnu no 5 ». Ses bourreaux n’avaient sans doute pas à l’esprit que pour lui être appelé « inconnu », cette chose que les mathématiques permettent de réduire calmement par le calcul, était un titre de gloire et la plus belle des épitaphes.
Les lignes qui suivent, écrites par Canguilhem, disent presque tout : « D’ordinaire, pour un philosophe, écrire une morale, c’est se préparer à mourir dans son lit. Mais Cavaillès, au moment où il faisait tout ce qu’on peut faire quand on veut mourir au combat, composait, lui, une logique. Il a donné ainsi sa morale, sans avoir à la rédiger (5). »
Chez un personnage de cette envergure, il ne peut être question d’essayer de dissocier la profondeur de ce qu’il a compris en tant que philosophe et la grandeur de ce qu’il a fait en tant que combattant. L’œuvre est en l’occurrence inséparable de l’homme, qu’elle explique, même : elle est ce par quoi, au cœur d’un terrible décor historique, il a puisé une force essentielle pour se hisser au niveau de ses devoirs pratiques, en vertu d’une sorte de mystique de l’infini.
Etienne Klein
Directeur de recherche au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA). Auteur de l’essai En cherchant Majorana. Le physicien absolu, Flammarion - Les Equateurs, Paris, 2013.
(1) Cité par Jean Cavaillès, préface à la correspondance Cantor-Dedekind reprise dans Philosophie mathématique, Hermann, Paris, 1962.
(2)
Formé en 1935, ce groupe secret de mathématiciens francophones réunis
sous cette identité fictive a entrepris de renouveler la discipline, au
fil de l’élaboration d’un traité qui comporte aujourd’hui une
quarantaine de volumes.
(3) Jean Cavaillès, Sur la logique et la théorie de la science, Vrin, Paris, 2000 (1re éd : 1947).
(4) Ces propos ont été rapportés par sa sœur : Gabrielle Ferrières, Jean Cavaillès. Un philosophe dans la guerre, 1903-1944, Seuil, Paris, 1982.
(5) Georges Canguilhem, Vie et mort de Jean Cavaillès, Allia, Paris, 1996.
Podemos aprueba la confluencia en Madrid sin Ahora en Común y relega al resto a puestos basura
Los partidos Izquierda Unida, Decide en Común (Decidimos), Convocatoria
por Madrid y Equo Madrid anuncian confluencia con Podemos en Madrid.
Ahora en Común no figura y Podemos exige los primeros puestos en las
listas.
La tan ansiada confluencia por la izquierda en Madrid al fin se ha dado. Entre los participantes: Izquierda Unida, Decide en Común (Decidimos), Convocatoria por Madrid, Equo Madrid y Podemos. El acuerdo tardó en llegar. ¿El motivo? El precio que Podemos ha puesto al resto de partidos por confluir.
Tras cinco horas de reunión este jueves, Decide en Común (partido liderado por el exsocialista Alberto Sotillos), Convocatoria por Madrid, Izquierda Unida y Equo Madrid celebrarán sus primarias para ver quién ocupa los puestos bajos en la lista que encabezará Pablo Iglesias y los suyos. Destacan que “en estos momentos, Podemos no está dentro de la misma estructura y lo que salga de las primarias (que Podemos ya ha realizado) sí que podrá considerarse estructura para formar las listas”. Sin duda, lo que ha llamado también la atención ha sido la decisión, hasta el momento, de no concurrir de Ahora en Común y el sí de Izquierda unida. Los primeros comparecerán el sábado para explicar su postura.
En el comunicado enviado el resto de fuerzas agradece el esfuerzo de confluencia de Ahora en Común e invita a que se sumen a la confluencia. “Trasladamos a Ahora en Común Madrid el reconocimiento del trabajo realizado en el arranque de la iniciativa y el valor de reconocerse a sí mismos como espacio facilitador, pero no único, para la consecución del objetivo compartido de una lista unitaria para las elecciones generales, por lo que les invitamos a sumarse a participar de este llamamiento superador”, señala el escrito.
De este modo, Pablo Iglesias encabezará la lista, seguido de una mujer que podría ser Carolina Bescansa (serán listas paritarias) con Iñigo Errejón de número tres, a éste le seguirán Rafa Mayoral hasta llegar al sexto puesto con Tania Sánchez, según fuentes cercanas.
Los morados no han querido ceder y tras meses de diálogo la confluencia por Madrid se llamará el nombre que se decida entre los partidos – Podemos.
En el escrito, los partidos muestran ilusión por haber conseguido una confluencia de izquierdas ya que juntos tienen más opciones de ganar la capital.
Tras las candidaturas de unidad popular del pasado 24 de Mayo, la ciudadanía de la Comunidad de Madrid demanda encontrar en las elecciones generales “una réplica de ese proceso de ilusión y movilización ciudadana que permitió el avance de las fuerzas del cambio”, señalan en el escrito.
“Al calor de dicha demanda, múltiples han sido las iniciativas y debates públicos realizados y, sin embargo, desde la vuelta del verano se ha enfriado el avance de los necesarios procesos de unidad”, admiten en el comunicado.
Los partidos suman a la sociedad civil a sus candidaturas en un acuerdo territorial que incorpore a todos los agentes sociales y políticos madrileños y anuncian que “dentro de las posibilidades que la urgencia del calendario impone, trataremos de implicar y recoger las propuestas de toda la ciudadanía de todos los barrios y pueblos de Madrid”.
“Entendemos que el marco de realización de primarias populares para la elección de la propuesta de candidatas/os a incorporar al proceso electoral, debe ser territorial, en nuestro caso autonómico. Este llamamiento se concreta en que queremos generar un espacio plural y relevante en Madrid que a través de un proceso democrático de primarias populares permita generar una ilusión que, en cooperación con Podemos, nos permita sentar las bases para ganar las elecciones generales del país”, destacando la “cooperación” con Podemos.
La tan ansiada confluencia por la izquierda en Madrid al fin se ha dado. Entre los participantes: Izquierda Unida, Decide en Común (Decidimos), Convocatoria por Madrid, Equo Madrid y Podemos. El acuerdo tardó en llegar. ¿El motivo? El precio que Podemos ha puesto al resto de partidos por confluir.
Tras cinco horas de reunión este jueves, Decide en Común (partido liderado por el exsocialista Alberto Sotillos), Convocatoria por Madrid, Izquierda Unida y Equo Madrid celebrarán sus primarias para ver quién ocupa los puestos bajos en la lista que encabezará Pablo Iglesias y los suyos. Destacan que “en estos momentos, Podemos no está dentro de la misma estructura y lo que salga de las primarias (que Podemos ya ha realizado) sí que podrá considerarse estructura para formar las listas”. Sin duda, lo que ha llamado también la atención ha sido la decisión, hasta el momento, de no concurrir de Ahora en Común y el sí de Izquierda unida. Los primeros comparecerán el sábado para explicar su postura.
En el comunicado enviado el resto de fuerzas agradece el esfuerzo de confluencia de Ahora en Común e invita a que se sumen a la confluencia. “Trasladamos a Ahora en Común Madrid el reconocimiento del trabajo realizado en el arranque de la iniciativa y el valor de reconocerse a sí mismos como espacio facilitador, pero no único, para la consecución del objetivo compartido de una lista unitaria para las elecciones generales, por lo que les invitamos a sumarse a participar de este llamamiento superador”, señala el escrito.
Sin Ahora en Común
Con este pacto la izquierda rinde pleitesía a Podemos, ya que renuncian a tener representación contentándose con las migajas de sus iguales. Podemos ha esgrimido que ya ha realizado sus primarias para escurrir el bulto y pasar la pelota diciendo: “ahora os toca a vosotros”.De este modo, Pablo Iglesias encabezará la lista, seguido de una mujer que podría ser Carolina Bescansa (serán listas paritarias) con Iñigo Errejón de número tres, a éste le seguirán Rafa Mayoral hasta llegar al sexto puesto con Tania Sánchez, según fuentes cercanas.
Los morados no han querido ceder y tras meses de diálogo la confluencia por Madrid se llamará el nombre que se decida entre los partidos – Podemos.
En el escrito, los partidos muestran ilusión por haber conseguido una confluencia de izquierdas ya que juntos tienen más opciones de ganar la capital.
Tras las candidaturas de unidad popular del pasado 24 de Mayo, la ciudadanía de la Comunidad de Madrid demanda encontrar en las elecciones generales “una réplica de ese proceso de ilusión y movilización ciudadana que permitió el avance de las fuerzas del cambio”, señalan en el escrito.
“Al calor de dicha demanda, múltiples han sido las iniciativas y debates públicos realizados y, sin embargo, desde la vuelta del verano se ha enfriado el avance de los necesarios procesos de unidad”, admiten en el comunicado.
Los partidos suman a la sociedad civil a sus candidaturas en un acuerdo territorial que incorpore a todos los agentes sociales y políticos madrileños y anuncian que “dentro de las posibilidades que la urgencia del calendario impone, trataremos de implicar y recoger las propuestas de toda la ciudadanía de todos los barrios y pueblos de Madrid”.
“Entendemos que el marco de realización de primarias populares para la elección de la propuesta de candidatas/os a incorporar al proceso electoral, debe ser territorial, en nuestro caso autonómico. Este llamamiento se concreta en que queremos generar un espacio plural y relevante en Madrid que a través de un proceso democrático de primarias populares permita generar una ilusión que, en cooperación con Podemos, nos permita sentar las bases para ganar las elecciones generales del país”, destacando la “cooperación” con Podemos.
Communiqué – Le Son du Silence
Aujourd’hui, comme jamais : la musique est partout…
Elle pénètre dans tous nos espaces de
vie à travers de multiples canaux : concert, radio, télévision, cinéma,
ordinateur, tablette, téléphone, etc.
Cette abondance stimule en permanence le
désir de faire de la musique, de voir des artistes et de se vivre
autrement qu’en simple consommateur.
Sans les acteurs que nous sommes
(salles, festivals, lieux d’enseignement, radios, producteurs de
spectacles et de disques, bars, etc.) et notre ambition d’être au plus
près des musiciens et des habitants, ce désir de musique restera lettre
morte.
Si nous, qui vous accueillons, recevons
des subventions, c’est parce que notre mission est reconnue d’intérêt
général, qu’elle cherche l’accessibilité à toutes les bourses et à
toutes les tranches d’âges, qu’elle promeut la musique dans sa large
diversité et qu’elle rejette toute discrimination.
Aujourd’hui ces aides publiques
connaissent une chute dramatique, en trente ans d’histoire de notre
secteur, c’est une situation inédite. Les diminutions voire
suppressions de subventions se multiplient et nous craignons une
nouvelle ère où nos initiatives n’auront plus le droit de cité.
Doit-on renoncer à une politique
publique de la culture, de l’éducation ou du social ? Où les artistes
vont-ils pouvoir créer, répéter, jouer, rencontrer les publics si ces
structures sont contraintes à réduire leur programmation, licencier des
salariés, pire, à fermer leurs portes ?
La prise de conscience, le dialogue et la concertation sont plus que jamais une arme dont chacun doit se saisir.
Les cultures populaires ne sont pas
qu’un divertissement, elles nous construisent et nous aident, jeunes et
moins jeunes, à faire société dans nos différences. Elles peuvent être
une préoccupation de nos dirigeants actuels, et de ceux qui bientôt se
présenteront à vos suffrages : cela dépend de vous, de nous.
Refusons ensemble cette tragédie annoncée, nous comptons sur vous !
Même pas peur ! sortira le 7 octobre en salle
"Même pas peur !" est un film documentaire signé Ana Dumitrescu qui
sortira dans toutes les salles le 7 octobre 2015. Il est issu du
questionnement et des interrogations suscités par les événements
tragiques de janvier 2015.
A travers un axe directeur qui est composé des trois valeurs fondamentales républicaines : Liberté, égalité et fraternité, des universitaires, des citoyens, des acteurs de la société civile essaient d'apporter leur réponse.
A travers un axe directeur qui est composé des trois valeurs fondamentales républicaines : Liberté, égalité et fraternité, des universitaires, des citoyens, des acteurs de la société civile essaient d'apporter leur réponse.
Conférence-débat : " Quel code du travail pour protéger les salariés et sortir de la crise ? "
La CGT 31, la FSU 31 et l’Université Populaire de
Toulouse invitent Gérard Filoche
le Lundi 28 septembre à 20h30, à la Bourse du Travail, place Saint Sernin, Toulouse.
Gérard Filoche a égrené tout au long de sa vie de multiples expériences professionnelles : cheminot, facteur, ouvrier du Livre, en passant par journaliste et prof de philo ! C’était avant de devenir en 1985 un inspecteur du travail engagé, et même sanctionné, pour la défense sans concession des droits des salariés.
Aujourd’hui à la retraite, il est membre du bureau national du Parti socialiste, dont il est devenu un militant critique, après un parcours politique éclectique, mais toujours très à gauche. Et il se dépense sans compter, avec une ardente conviction, pour une société plus juste.
le Lundi 28 septembre à 20h30, à la Bourse du Travail, place Saint Sernin, Toulouse.
Gérard Filoche a égrené tout au long de sa vie de multiples expériences professionnelles : cheminot, facteur, ouvrier du Livre, en passant par journaliste et prof de philo ! C’était avant de devenir en 1985 un inspecteur du travail engagé, et même sanctionné, pour la défense sans concession des droits des salariés.
Aujourd’hui à la retraite, il est membre du bureau national du Parti socialiste, dont il est devenu un militant critique, après un parcours politique éclectique, mais toujours très à gauche. Et il se dépense sans compter, avec une ardente conviction, pour une société plus juste.
Une batterie qui permet l’autosuffisance énergétique ?
Source Toutvert
L’autosuffisance énergétique bientôt une réalité ? Peut-être. L’entreprise Tesla, un des leaders de la voiture électrique, vient de présenter sa batterie au lithium-ion qui permet de stocker à domicile l’électricité tout au long de la journée pour la restituer quand les usagers en ont besoin : une petite révolution !
Le problème des énergies renouvelables est leur intermittence. Il n’est pas possible d’avoir de l’électricité avec une éolienne s’il n’y a pas de vent, idem avec un panneau photovoltaïque, il faut attendre que le soleil brille. Cette batterie apporte une solution en pouvant stocker l’énergie produite aux heures creuses (généralement en journée) en la restituant aux heures de forte consommation (habituellement en fin de journée).Elon Musk, le PDG de Tesla, s’exprime en ces termes pour présenter sa batterie nouvelle génération : « notre but est de transformer complètement l’infrastructure énergétique mondiale pour la rendre totalement durable et sans produire d’émissions de carbone ».
S’il existe déjà quelques batteries permettant de stocker ainsi l’énergie, il faut soit être un bon bricoleur, soit pouvoir payer assez cher. L’avantage de la batterie de Tesla est son prix et sa facilité d’installation et d’utilisation. Le premier modèle, pour 7 kWh, sera vendu à 3000 dollars (soit un peu plus de 2600 euros) et peut s’accrocher facilement sur un mur. Il existe aussi des modèles avec une plus grande capacité, notamment pour les entreprises.
QUELQUES INFORMATIONS : Quels sont les avantages d’une voiture électrique ? Les réponses aux 5 questions les plus fréquentes
Cependant, une étude comparative a été menée par des experts et mis bout à bout, tous les frais induits par la mise en place d’une batterie Tesla, l’électricité serait plus chère que celle fournit par le réseau électrique français.
Toutefois, dans les pays où l’électricité est vendue à un tarif très élevé comme en Allemagne, cette alternative peut être intéressante. La batterie Tesla peut aussi permettre à des habitations situées dans des endroits isolés d’avoir accès à l’électricité en permanence.
LE SITE DE LA SOCIÉTÉ TESLA : www.teslamotors.com
A Noé (31), la grève des facteurs se poursuit
Source : La Dépêche
Suite au préavis de grève déposé par les facteurs de Noé,
soutenus par la CGT et SUD PTT, pour le 24 et 25 septembre, le
personnel du centre de distribution courrier a entamé la grève hier
matin ; un mouvement suivi par 90 % du personnel soit 12 tournées
arrêtées sur 14.Ce mouvement vient après la réunion du 23 septembre à
Cazères où représentants des facteurs, CGT et SUD PTT ont rencontré la
direction pour lui faire part de leurs revendications. Elles portent sur
des conditions de travail difficiles (intégration de pause méridienne
de 45 minutes, distribution de courrier tardive, heures supplémentaires
non payées, suppression de postes…), après une réorganisation du travail
non validée par les organisations syndicales. Après de longues
discussions, trois options ont été proposées par la direction. Elles
portent sur le renfort des équipes certains jours, sur le paiement de 20
minutes de pause sur les autres jours, accompagnement de quelques
tournées, relevé journalier sur 15 jours des heures de rentrée des
facteurs… Si ces propositions se concrétisaient, les facteurs, obligés
de respecter les horaires de rentrée, amputeraient la distribution du
courrier, reportée au lendemain. Pénalisante également pour les usagers,
cette situation ne ferait qu'aggraver un climat déjà fort conflictuel.
Attendant des propositions plus concrètes, le personnel peu satisfait a
demandé à rencontrer dans la matinée d'hier la direction à Muret. Si les
négociations et des avancées notoires, par rapport aux revendications
ne se concrétisaient pas, la grève risque de se poursuivre aujourd'hui
25 septembre. Des actions pourraient être reconduites dans les semaines à
venir. Une rencontre avec les organisations syndicales CGT et SUD PTT
est prévue le 9 octobre.
Gisèle Pison
La Banque d’Espagne menace la Catalogne d’une sortie de la zone euro
Source : La Tribune
CC - Wikimedia
Le gouverneur de la banque centrale espagnole, membre du conseil des gouverneurs de la BCE,
tente de reprendre la menace utilisée en Grèce de l’expulsion de la
zone euro pour décider les Catalans à ne pas voter pour les listes
indépendantistes le 27 septembre.
Vous avez aimé la menace du Grexit et
l’utilisation du système bancaire pour faire céder le gouvernement grec
cet été ? Vous adorerez la menace du « Catexit », autrement dit celle
d’expulser une Catalogne devenue indépendante de la zone euro. Cette nouvelle version a été ouvertement utilisée ce lundi 21 septembre par le gouverneur de la Banque d’Espagne, Luis Maria Linde.
Le « Catexit »
Ce dernier a ainsi déclaré que si la Catalogne se séparait de l’Espagne, le nouvel Etat serait « automatiquement exclu de la zone euro, car ce processus implique la sortie de l’Union européenne. » Et Luis Maria Linde d’aller encore plus loin dans les menaces en dressant le tableau cataclysmique d’un « Catexit. » « Les banques catalanes pourraient cesser d’avoir accès au refinancement de la BCE », explique-t-il. Dans ce cas, la Catalogne serait obligée d’émettre sa propre monnaie qui serait sans doute dévaluée. Et Luis Maria Linde rajoute encore l’horreur à la menace : « les dépôts pourront alors être gelés, comme cela a été le cas en Amérique latine ou en Grèce. »
Utiliser une recette qui a bien fonctionné
A six jours des élections régionales catalanes qui prennent la forme d’un référendum de substitution, la Banque d’Espagne - et donc la BCE - rejoue la partition grecque, chypriote et irlandaise qui a si bien fonctionné jusqu’ici pour obtenir des électeurs ou des gouvernements ce que désire la banque centrale. La menace de couper l’accès à l’euro et de provoquer un chaos économique par « un mauvais choix » semble donc devenir un mode de gouvernance de la zone euro de la part de l’Eurosystème. Ce qui est nouveau, c’est qu’on est ici non pas dans un choix purement économique, mais dans un choix politique. La Banque d’Espagne sort ici ouvertement de sa neutralité politique en cherchant à apeurer les électeurs catalans. Sa déclaration suit les annonces ce week-end des grandes banques espagnoles qui avaient menacé de quitter la Catalogne si cette dernière sortait de l’UE en cas d’indépendance.
Provoquer la panique pour gagner les élections
Il semblerait que, à Madrid, les élections du 27 septembre commencent à provoquer la panique et que l’on essaie d’affaiblir le mouvement indépendantiste catalan par la peur et la menace. Une technique qui avait déjà été utilisée avec succès en Ecosse voici un an lors du référendum du 18 septembre 2014. Dans les sondages, en effet, les deux listes indépendantistes, la CUP d’extrême-gauche et la liste commune indépendantistes Junts pel Sí obtiennent toujours la majorité des sièges. En termes de voix, elles restent minoritaires, mais certaines enquêtes, comme celle de Metroscopia du 16 septembre, leur attribuent près de 50 % des voix (49,6 % pour Metroscopia). En cas de double majorité, il sera difficile de stopper la volonté indépendantiste des Catalans.
Encore un bluff ?
Les menaces de Luis Maria Linde sont cependant un peu courtes et pourraient bien relever du même bluff que celui du Grexit. La liste Junts pel Sí n’entend pas, en effet, déclarer unilatéralement l’indépendance, sauf si Madrid provoque une épreuve de force. Le programme de cette liste est celui d’une séparation négociée et sanctionnée par un référendum qui a toujours été refusé par Madrid. Or, les indépendantistes souhaitent intégrer l’Europe dans ce processus. Junts pel Sí est en effet une liste pro-européenne, militant pour une Catalogne intégrée dans la zone euro et l’UE. L’idée est de négocier les modalités de la séparation, y compris au niveau financier et monétaire. Cette négociation serait logique puisque les Traités, contrairement à ce que dit Luis Maria Linde, ne prévoient pas le cas de la sécession. Il faudra donc discuter pour combler ce vide.
Le risque du « Catexit » pour la zone euro
Un « Catexit » chaotique provoqué par une BCE inflexible n’est, en réalité, pas davantage crédible que l’était le Grexit. La Catalogne représente 17 % du PIB espagnol, le cinquième de la zone euro. L’effondrement de son économie provoquerait une onde de choc qui menacerait le reste de l’Union monétaire. D’autant que, à la différence de la Grèce, la Catalogne est une économie très ouverte et c’est aussi une économie de transit par laquelle passe l’essentiel des exportations espagnoles.
Expulser manu militari la Catalogne serait jouer un jeu dangereux. D’autant que ce pourrait aussi être interprété comme un précédent par ceux qui souhaitent sortir de la zone euro. Certes, ce ne serait pas un précédent aussi franc que le Grexit, mais le mythe fondateur de « l’irréversibilité de l’euro » serait mis à mal, car les citoyens catalans seraient alors violemment privés de leur monnaie. Du reste, les fondements juridiques d’une telle expulsion seront contestables, puisque le cas serait nouveau.
Enfin, le gouvernement catalan ne serait pas entièrement démuni de moyens de réponse. Il pourrait répondre en instaurant un contrôle des capitaux et une contribution exceptionnelle pour conserver l’euro et s’appuyer sur des réserves de devises. Son économie en pâtirait lourdement, mais ce serait aussi un coup dur porté aux sociétés espagnoles et aux nombreuses entreprises étrangères présentes en Catalogne. La BCE pourra-t-elle prendre un tel risque en plein marasme économique mondial ? Par ailleurs, la Catalogne pourrait refuser de reprendre une partie de la dette espagnole, laissant un poids insupportable au reste de l’Espagne et provoquant donc un doute sur la solvabilité du pays. Bref, la menace d’une expulsion dans négociation n’est pas très crédible. Luis Maria Linde profite sans doute de son statut de membre du Conseil des Gouverneurs de la BCE pour agiter un chiffon rouge en espérant qu’il aura le même impact que les menaces précédentes appliquées aux pays déjà cités.
Un jeu dangereux
Mais, cette fois, les Catalans pourraient ne pas se laisser prendre. Plus Madrid joue les gros bras et les menaces (début septembre, le ministre de la Défense avait évoqué l’emploi des forces armées contre la Catalogne), plus les indépendantistes progressent dans les sondages. Une autre enquête publiée ce week-end sur la télévision catalane 8TV montrait que 58,2 % des Catalans étaient prêts à « assumer le fait que la Catalogne indépendante soit expulsée de l’UE. » L’Eurosystème prend donc un risque considérable, d’abord celui de renforcer l’indépendantisme, ensuite celui de s’aliéner un mouvement largement pro-européen qui ferait finalement passer l’indépendance avant sa présence dans l’UE, quitte à y revenir ensuite. Reste à savoir si la menace de la Banque d’Espagne sera reprise, en cas de victoire indépendantiste, par la BCE. Si c’est le cas, la question de l’indépendance de cette institution devra à nouveau être posée.
Le « Catexit »
Ce dernier a ainsi déclaré que si la Catalogne se séparait de l’Espagne, le nouvel Etat serait « automatiquement exclu de la zone euro, car ce processus implique la sortie de l’Union européenne. » Et Luis Maria Linde d’aller encore plus loin dans les menaces en dressant le tableau cataclysmique d’un « Catexit. » « Les banques catalanes pourraient cesser d’avoir accès au refinancement de la BCE », explique-t-il. Dans ce cas, la Catalogne serait obligée d’émettre sa propre monnaie qui serait sans doute dévaluée. Et Luis Maria Linde rajoute encore l’horreur à la menace : « les dépôts pourront alors être gelés, comme cela a été le cas en Amérique latine ou en Grèce. »
Utiliser une recette qui a bien fonctionné
A six jours des élections régionales catalanes qui prennent la forme d’un référendum de substitution, la Banque d’Espagne - et donc la BCE - rejoue la partition grecque, chypriote et irlandaise qui a si bien fonctionné jusqu’ici pour obtenir des électeurs ou des gouvernements ce que désire la banque centrale. La menace de couper l’accès à l’euro et de provoquer un chaos économique par « un mauvais choix » semble donc devenir un mode de gouvernance de la zone euro de la part de l’Eurosystème. Ce qui est nouveau, c’est qu’on est ici non pas dans un choix purement économique, mais dans un choix politique. La Banque d’Espagne sort ici ouvertement de sa neutralité politique en cherchant à apeurer les électeurs catalans. Sa déclaration suit les annonces ce week-end des grandes banques espagnoles qui avaient menacé de quitter la Catalogne si cette dernière sortait de l’UE en cas d’indépendance.
Provoquer la panique pour gagner les élections
Il semblerait que, à Madrid, les élections du 27 septembre commencent à provoquer la panique et que l’on essaie d’affaiblir le mouvement indépendantiste catalan par la peur et la menace. Une technique qui avait déjà été utilisée avec succès en Ecosse voici un an lors du référendum du 18 septembre 2014. Dans les sondages, en effet, les deux listes indépendantistes, la CUP d’extrême-gauche et la liste commune indépendantistes Junts pel Sí obtiennent toujours la majorité des sièges. En termes de voix, elles restent minoritaires, mais certaines enquêtes, comme celle de Metroscopia du 16 septembre, leur attribuent près de 50 % des voix (49,6 % pour Metroscopia). En cas de double majorité, il sera difficile de stopper la volonté indépendantiste des Catalans.
Encore un bluff ?
Les menaces de Luis Maria Linde sont cependant un peu courtes et pourraient bien relever du même bluff que celui du Grexit. La liste Junts pel Sí n’entend pas, en effet, déclarer unilatéralement l’indépendance, sauf si Madrid provoque une épreuve de force. Le programme de cette liste est celui d’une séparation négociée et sanctionnée par un référendum qui a toujours été refusé par Madrid. Or, les indépendantistes souhaitent intégrer l’Europe dans ce processus. Junts pel Sí est en effet une liste pro-européenne, militant pour une Catalogne intégrée dans la zone euro et l’UE. L’idée est de négocier les modalités de la séparation, y compris au niveau financier et monétaire. Cette négociation serait logique puisque les Traités, contrairement à ce que dit Luis Maria Linde, ne prévoient pas le cas de la sécession. Il faudra donc discuter pour combler ce vide.
Le risque du « Catexit » pour la zone euro
Un « Catexit » chaotique provoqué par une BCE inflexible n’est, en réalité, pas davantage crédible que l’était le Grexit. La Catalogne représente 17 % du PIB espagnol, le cinquième de la zone euro. L’effondrement de son économie provoquerait une onde de choc qui menacerait le reste de l’Union monétaire. D’autant que, à la différence de la Grèce, la Catalogne est une économie très ouverte et c’est aussi une économie de transit par laquelle passe l’essentiel des exportations espagnoles.
Expulser manu militari la Catalogne serait jouer un jeu dangereux. D’autant que ce pourrait aussi être interprété comme un précédent par ceux qui souhaitent sortir de la zone euro. Certes, ce ne serait pas un précédent aussi franc que le Grexit, mais le mythe fondateur de « l’irréversibilité de l’euro » serait mis à mal, car les citoyens catalans seraient alors violemment privés de leur monnaie. Du reste, les fondements juridiques d’une telle expulsion seront contestables, puisque le cas serait nouveau.
Enfin, le gouvernement catalan ne serait pas entièrement démuni de moyens de réponse. Il pourrait répondre en instaurant un contrôle des capitaux et une contribution exceptionnelle pour conserver l’euro et s’appuyer sur des réserves de devises. Son économie en pâtirait lourdement, mais ce serait aussi un coup dur porté aux sociétés espagnoles et aux nombreuses entreprises étrangères présentes en Catalogne. La BCE pourra-t-elle prendre un tel risque en plein marasme économique mondial ? Par ailleurs, la Catalogne pourrait refuser de reprendre une partie de la dette espagnole, laissant un poids insupportable au reste de l’Espagne et provoquant donc un doute sur la solvabilité du pays. Bref, la menace d’une expulsion dans négociation n’est pas très crédible. Luis Maria Linde profite sans doute de son statut de membre du Conseil des Gouverneurs de la BCE pour agiter un chiffon rouge en espérant qu’il aura le même impact que les menaces précédentes appliquées aux pays déjà cités.
Un jeu dangereux
Mais, cette fois, les Catalans pourraient ne pas se laisser prendre. Plus Madrid joue les gros bras et les menaces (début septembre, le ministre de la Défense avait évoqué l’emploi des forces armées contre la Catalogne), plus les indépendantistes progressent dans les sondages. Une autre enquête publiée ce week-end sur la télévision catalane 8TV montrait que 58,2 % des Catalans étaient prêts à « assumer le fait que la Catalogne indépendante soit expulsée de l’UE. » L’Eurosystème prend donc un risque considérable, d’abord celui de renforcer l’indépendantisme, ensuite celui de s’aliéner un mouvement largement pro-européen qui ferait finalement passer l’indépendance avant sa présence dans l’UE, quitte à y revenir ensuite. Reste à savoir si la menace de la Banque d’Espagne sera reprise, en cas de victoire indépendantiste, par la BCE. Si c’est le cas, la question de l’indépendance de cette institution devra à nouveau être posée.
Le Plantain : cette “mauvaise herbe” est l’une des plantes médicinales les plus utiles de la planète.
Source : Le 4é singe
Il y a deux grands types de plantain en
Colombie Britannique, au Canada: le Plantain lancéolé et le Grand
Plantain. La plupart du temps, les quelques 200 variétés de plantain ont
les mêmes propriétés. Elles poussent particulièrement bien dans des
sols pauvres, rocailleux (au bord des routes) et on la trouve souvent
avec les pissenlits. Vous la verrez dans des gravières et des sites de
construction, là où la nature tente de régénérer le sol. Introduite en
Amérique du Nord dans les années 1600, elle fut autrefois appelée « Le
pied de l’homme blanc » par les Amérindiens, qui avaient remarqué
qu’elle poussait là où les Européens dérangeaient le sol.
Le grand plantain (Plantago major) a des
feuilles larges et des fleurs allongées. Le plantain lancéolé (ou petit
plantain ou herbe à cinq coutures) a des feuilles allongées (en forme
de lance) et des petites fleurs au bout des tiges. Quant au plantain
moyen (ou langue d’agneau), il possède des feuilles plutôt rondes et des
fleurs crème à étamines violettes alors que leurs cousines sont
verdâtres ou brunâtres et inodores.
Indications :
Les constituants du plantain (pectine, aucubine, ampigénine, flavonoïdes, tanins, soufre, calcium, fer, phosphore, mucilage…) en font une plante aux très nombreuses indications, utilisable aussi bien en interne qu’en externe. Pour les amateurs de chimie pharmacologique, précisons que l’aucubine accélère l’élimination par les reins et possède des propriétés antimicrobiennes ; l’ampigénine est un anti-inflammatoire et les mucilages freinent l’appétit et activent le transit intestinal… Le plantain est aussi concentré en vitamines du groupe B (B1, B2 et PP) et en vitamine A. Plusieurs études scientifiques ont confirmé les bienfaits du plantain. Ainsi en 1980, des médecins allemands avaient administré pendant 10 jours une préparation à base de plantain à 593 personnes souffrant d’infections respiratoires aiguës : leurs symptômes — et notamment la toux — avaient significativement diminué.
La première indication du plantain
concerne les inflammations des voies respiratoires, des muqueuses de la
bouche et du pharynx. Parce que le plantain est un expectorant naturel à
haute teneur en silicium, une infusion peut s’avérer utile en cas de
problèmes respiratoires, de toux et de rhumes. Mais, en interne, le
plantain est aussi utile pour lutter contre l’eczéma, les infections des
voies urinaires, les hémorroïdes et la constipation. En externe, on
l’utilise pour stopper les saignements, cicatriser les blessures,
soulager les piqûres et les rhumatismes. C’est un excellent collyre pour
défatiguer les yeux et lutter contre l’inflammation des paupières et la
conjonctivite… et comme si tant d’indications ne suffisaient pas, le
plantain est aussi prescrit pour lutter contre le saignement des voies
urinaires, l’ulcère gastroduodénal et la consolidation des fractures !
Le plantain a souvent été le principal
remède des randonneurs ennuyés par les moustiques. Parce qu’il absorbe
les toxines, de par sa nature astringente, le plantain peut être écrasé
(ou mâché) et placé directement comme cataplasme sur une piqure
d’abeille, une morsure d’insecte, sur de l’acné, sur une coupure, ou sur
des éruptions cutanées. Entourez la zone en question et laissez le
plantain agir pendant 4 à 12 heures. Le plantain peut aussi servir pour
fabriquer un baume pour kit de secours, en infusion, ou comme nettoyant,
pour la peau et en général.
Enfin, il serait sans doute intéressant de voir comment le plantain agit dans le cadre d’un régime amincissant puisque, d’une part, il régule l’appétit et le transit intestinal et que, d’autre part, diurétique et circulatoire, il facilite toutes les fonctions éliminatrices de l’organisme.
Le plantain est en effet reconnu pour
ses effets curatifs sur le système digestif. C’est particulièrement
utile pour quiconque a vu son système digestif endommagé par des
antibiotiques, des anti-inflammatoires ou des antidouleurs, par des
allergies alimentaires, ou par la maladie cœliaque. Les feuilles comme
les graines possèdent des vertus curatives pour le système digestif. Les
feuilles peuvent être utilisées comme du thé, ajoutées dans la soupe,
ou séchées comme des chips.
Pas de contre-indication :
Il n’existe pas d’effets secondaires liés au plantain qu’il soit pris seul ou avec un médicament. Toutefois, par prudence, on le déconseille aux femmes enceintes car il pourrait avoir un effet stimulant sur l’utérus. Seul effet indésirable, à haute dose, le plantain peut être un laxatif mal contrôlé.
Utilisation :
On conseille l’utilisation de feuilles et fleurs fraîches, ce qui n’est pas compliqué puisque le plantain se récolte 10 mois sur 12. Mais il est, bien sûr, préférable de cueillir le plantain à la floraison, au printemps et loin de toute pollution (ce qui est rarement le cas dans les pelouses !). Les feuilles doivent être soigneusement lavées. Pour les sécher, on les place au soleil ou dans un four chaud.
• salade : préférez les jeunes feuilles
que vous ajouterez à votre laitue ou à vos endives. Le goût est
légèrement amer, avec un petit parfum de champignon.
• légume : il suffit de cuire les feuilles et de les utiliser en soupe (comme pour les orties).
• infusion : laisser infuser 10 minutes, 1,5 g de parties aériennes pour
1 litre d’eau frémissante (2 à 4 tasses par jour). Pour la toux, les
bronchites et la constipation.
• décoction : à utiliser en gargarisme ou lotion. 10 à 20 g de plante
entière (feuilles, fleurs et même racines) dans 1 litre d’eau, laissez
bouillir 10 minutes. 1 tasse à chaque repas.
• macération : pour les problèmes digestifs ou urinaires. 30 à 60 g dans
1 litre d’eau. Faites bouillir 3 minutes et laissez macérer toute la
nuit. Buvez toute la macération dans les 24 heures.
• collyre : utilisez la décoction, ajoutez éventuellement du mélilot et/ou du bleuet.
• friction : frottez et massez la peau avec des feuilles fraîches. Attendez plusieurs heures avant de rincer sans savon.
• compresses et cataplasmes : feuilles fraîches sur les plaies, les varices… et même les rhumatismes.
• gélules : 2 gélules 3 fois par jour avec beaucoup d’eau.
• sirop : 2 cuillérées à soupe en cas de toux sèche ou grasse.
Vous pouvez faire votre sirop anti-toux très facilement. Séchez les feuilles lavées avec un linge propre. Écrasez-les pour en extraire le suc que vous mélangez à du miel à quantité égale. Faites cuire à feu doux pendant 20 minutes. Cela se conserve sans problème au réfrigérateur. Recommandé pour soulager les affections respiratoires et la grippe. Bien entendu, si les troubles persistent, consultez votre médecin.
Articles originaux : http://higherperspective.com/2014/01/little-weed-one-useful-medicines-planet.html?utm_source=MAM & http://www.univers-nature.com/durable-co/sante/plantain-anti-toux-51478.htmlSources:
– Prescription for Herbal Healing: 2nd Edition – Phyllis A. Balch, CNC
– Hygieia: A Woman’s Herbal – Jeannine Parvati
– Healing Secrets of the Native Americans – Porter Shimer
– The New Age Herbalist – Richard Mabey
Entretien avec Yannis Varoufakis sur MEDIAPART
" Il faut se souvenir que la zone euro est l'une des plus grandes
économies du monde, c'est notre espace économique... Une macroéconomie
d'une telle ampleur est donc gouvernée par une "société secrète
moyenâgeuse" : des gens qui se réunissent à huis clos, qui ne donnent
jamais aucun procès verbal - ce n'est pas qu'on ne publie rien... C'est
que personne ne prend de notes. Tout est oral ! Mais les mots sont comme
des armes. Ce sont des mots qui déterminent l'avenir de nombreuses nations.
A chaque fois que j'étais là, j'étais pleinement conscient des espoirs
et des craintes de mes concitoyens grecs qui reposaient sur mes
épaules... Et assister à ces réunions qui duraient 10 heures, lorsqu'il
fallait constamment intervenir de manière vive au nom de son pays, sans
que personne ne prenne la moindre note ! ... J'en sortais en me disant
que j'étais dans un brouillard complet. Quelle confusion ! Quel
épuisement ! J'avais l'impression de ne me souvenir que vaguement de ce
que j'avais pu dire. Est-ce bien moi qui l'ai dit ? Est-ce quelqu'un
d'autre ? Je ne savais plus. (...)
Comme le dit Julian Assange, notre civilisation est une archive de ce qui se dit, et de ce qui s'écrit. Et si une démocratie n'a pas d'archives, ne prend pas de notes, alors ce n'est plus une démocratie, particulièrement lorsque tout se fait à huis clos. (...)
L'eurogroupe n'existe pas. Lorsque le président de l'eurogroupe a pris une décision que j'ai remise en cause, il s'agissait de publier un communiqué, j'ai dit " Attendez ! Vous savez que je ne suis pas d'accord avec le communiqué ? " L'UE impose la règle de l'unanimité, alors ils ne pouvaient pas le publier si je n'étais pas d'accord. Il m'a répondu " Si, je peux ! " J'ai donc demandé à un expert juridique - on peut voir ça dans le monde diplomatique. Et puis au bout du compte, un responsable m'a dit " Monsieur Varoufakis, s'agissant de votre question, du point de vue juridique, il n'y a pas de règle, car l'eurogroupe n'existe pas selon la loi européenne. " Par conséquent, le président fait ce qu'il veut.
Quelle démocratie est gérée par un groupe qui n'existe pas et dont le président ne répond à aucun parlement ? "
VOIR L'INTEGRALITE DE L'ENTRETIEN ICI.
Comme le dit Julian Assange, notre civilisation est une archive de ce qui se dit, et de ce qui s'écrit. Et si une démocratie n'a pas d'archives, ne prend pas de notes, alors ce n'est plus une démocratie, particulièrement lorsque tout se fait à huis clos. (...)
L'eurogroupe n'existe pas. Lorsque le président de l'eurogroupe a pris une décision que j'ai remise en cause, il s'agissait de publier un communiqué, j'ai dit " Attendez ! Vous savez que je ne suis pas d'accord avec le communiqué ? " L'UE impose la règle de l'unanimité, alors ils ne pouvaient pas le publier si je n'étais pas d'accord. Il m'a répondu " Si, je peux ! " J'ai donc demandé à un expert juridique - on peut voir ça dans le monde diplomatique. Et puis au bout du compte, un responsable m'a dit " Monsieur Varoufakis, s'agissant de votre question, du point de vue juridique, il n'y a pas de règle, car l'eurogroupe n'existe pas selon la loi européenne. " Par conséquent, le président fait ce qu'il veut.
Quelle démocratie est gérée par un groupe qui n'existe pas et dont le président ne répond à aucun parlement ? "
VOIR L'INTEGRALITE DE L'ENTRETIEN ICI.
Bernard Friot : « Nous n’avons besoin ni d’employeurs, ni d’actionnaires pour produire »
Source : Revue Ballast
Économiste
et sociologue, Bernard Friot défend depuis de nombreuses années une
alternative au capitalisme, qu’il a théorisée à partir de son sujet de
prédilection : la sécurité sociale. Contrairement à la proposition du revenu de base qu’il qualifie de « roue de secours du capitalisme »,
la solution du salaire à vie s’inscrit autant dans une refonte complète
de notre rapport à la propriété que dans une démarche de suppression de
notre aliénation au marché de l’emploi, au profit de la valorisation du
travail. Car, pour ce professeur émérite de l’université de Nanterre,
c’est très clair : nous travaillons tous, même si nous n’avons pas
d’emploi. Au sein de l’association d’éducation populaire Réseau salariat dont il est cofondateur, Bernard Friot déconstruit méthodiquement la rhétorique de ce qu’il appelle la « religion capitaliste », que nous avons intégrée jusqu’à en être prisonniers conceptuellement. Entretien.
Dans
l'une de vos conférences, vous affirmez que la France n’est pas un État
laïc. Pouvez-vous nous expliquer en quoi le capitalisme est une
religion, d’État qui plus est ?
La France est un État partiellement laïc
et c’est heureux : la laïcité, en séparant l’État des religions, est
une condition de l’émancipation populaire, car les religions sont de
puissants systèmes d’adhésion à la classe dirigeante. Mais justement, il
y a une religion qui, loin d’être séparée de l’Etat, y règne en maître :
c’est la religion capitaliste. Entendons par là un ensemble très
construit de dogmes, de croyances, de rituels, qui font passer pour
divine la violence des institutions du capital. Les dogmes sont
construits par la prétendue « science économique », qui s’est imposée à
l’université en excluant les hétérodoxes
des postes de professeur et qui formate tout le discours des
gouvernants et des médias. Plus la réalité infirme le dogme, plus il est
raffiné, avec l’affirmation classique de toute religion : c’est parce
que nous ne sommes pas assez fidèles au dogme qu’il n’informe pas encore
suffisamment le réel ! La prétendue « science économique » procède par
injonction permanente. Les croyances permettent d’intérioriser les
injonctions du capital : nous présenter sur le marché du travail comme
« demandeurs d’emploi » (alors que nous sommes les seuls producteurs de
la valeur !) parce que nous croyons que seuls ceux qui ont un emploi
produisent de la valeur économique ; nous soumettre aux marchés
financiers parce que nous croyons que l’on ne peut financer
l’investissement (et créer de la monnaie) que par crédit ; accepter la
rémunération du capital parce que nous croyons que l’outil de travail
crée de la valeur ; apprendre à vivre avec la souffrance d’un travail
mené sous la dictature du temps parce que nous croyons que la mesure
naturelle de la valeur, c’est le temps de travail. Je m’en tiens à ces
exemples, mais les croyances capitalistes nous enserrent dans un filet
très fin.
Les rituels, eux, inscrivent notre
quotidien dans la pratique ou l’acceptation des croyances et des dogmes.
Là encore, je n’en retiens que quelques-uns dans un ensemble infini.
Dès l’enfance, nous entendons à la radio et à la télé le prêche des
éditorialistes, qui nous rabâchent ad nauseam le même sermon :
si vous n’êtes pas sages, vous irez en enfer (voyez, les Grecs n’ont pas
été sages, ils sont en enfer). À la radio toujours, l’appel plusieurs
fois par jour du muezzin qui, depuis le temple de la Bourse, récite le
moulin à prières de la cote des titres financiers. Dès le collège, nos
enfants sont régulièrement conduits dans des salons d’orientation où ils
vont apprendre à appauvrir leurs désirs professionnels pour les
conformer aux « exigences du marché du travail », un dieu
particulièrement cruel. Puis il faudra aller régulièrement à confesse :
auprès de conseillers de Pôle emploi et autres institutions du marché du
travail pour examiner avec eux comment sortir du péché en améliorant
notre employabilité, auprès du N+1 pour entretenir soigneusement notre
incertitude sur la légitimité de notre présence dans notre emploi. A
l’opposé, dans une pratique laïque de l’État, la loi ne doit être
porteuse d’aucune de ces croyances et de ces rituels, leur expression
doit être interdite dans les instances d’État et les services publics
(mais autorisée bien sûr sur France Culture le dimanche matin parmi les
autres croyances) ; la loi doit interdire leur obligation et garantir
l’impunité pour ceux qui les refusent. Nous en sommes loin, le combat
laïc a encore fort à faire. Mener la bataille pour la séparation de
l’État et de la religion capitaliste est d’autant plus décisif
aujourd’hui que, chez les socialistes, les mânes de la séparation de
l’État et des églises traditionnelles sont invoquées comme caution de
gauche à une politique de soutien résolu à la religion capitaliste,
tandis que la laïcité a été récupérée par le Front national et Les
Républicains comme argument raciste au service d’une division populaire
qui dédouane le capital de sa responsabilité dans la crise du travail.
Vous
décrivez donc une religion capitaliste qui est la cause d’une très
puissante aliénation aux institutions du capital. Quelles sont les
alternatives possibles à ces institutions ?
« Tout cela peut être étendu à toute la production, car nous n’avons besoin ni d’employeurs, ni d’actionnaires, ni de prêteurs pour produire. »
Mettre en évidence le déjà-là de ces
alternatives est tout l’objet de mon activité de chercheur : je fais
donc une réponse sommaire et je renvoie le lecteur à mes livres, du plus
simple (Émanciper le travail, entretiens avec Patrick Zech, aux éditions La Dispute, en 2014) au plus technique (Puissances du salariat,
édition augmentée, La Dispute, 2012). Vous avez raison de souligner que
malgré la chape de plomb de la religion d’État, le mouvement populaire a
commencé à construire une classe révolutionnaire qui s’est
victorieusement opposée aux institutions du capital. Contre le marché du
travail a été construit le salaire à vie des fonctionnaires et des
retraités. Contre le salaire « prix de la force de travail », qui fait
de nous des mineurs économiques ayant droit à du pouvoir d’achat, niés
comme producteurs de valeur, la classe ouvrière a imposé le salaire à la
qualification. Contre la mesure de la valeur par le temps de travail,
la production des administrations est mesurée par la qualification des
producteurs. Contre la propriété lucrative, de multiples formes de
propriété d’usage sont en train de s’instituer. Contre le crédit à
l’investissement, l’impôt et la cotisation permettent de subventionner
des équipements collectifs. Tout cela peut être étendu à toute la
production, car nous n’avons besoin ni d’employeurs, ni d’actionnaires,
ni de prêteurs pour produire.
Il a été reproché à Thomas Piketty de négliger dans son livre best-seller Le Capital au XXIe siècle
toute la violence sociale contenue dans le rapport entre un employeur
et un employé. Peut-on imaginer un capitalisme sans ce rapport
asymétrique, et donc sans cette violence ?
Évidemment pas : la propriété lucrative
réserve la propriété de l’outil de production à une minorité, qui exerce
une dictature sur la majorité par le double chantage à l’emploi et à la
dette. Les institutions de l’Union européenne, syndicat du capital,
organisent depuis les années 1950 ce double chantage, avec une constance
et une détermination que des travaux comme ceux de Corinne Gobin,
politiste à l’université libre de Bruxelles, ont très bien montrées
depuis des décennies, sans qu’ils aient été pris au sérieux par tous les
croyants dans une possible réforme de l’Union européenne.
L’affrontement de la troïka au peuple grec ouvre aujourd’hui les yeux de
certains de ces croyants, et cela en dépit de la mise en scène du jeu
de rôles entre Hollande et Merkel, et de l’incroyable propagande du
clergé médiatique. Dans une affaire où Le Monde et Libération s’illustrent par leur participation sans retenue à la curée, de tous les quotidiens, seul L’Humanité soutient le peuple grec, même s’il faut déplorer qu’elle le fasse sur la base d’un appui sans réserve à Syriza, qui ne mène pas la nécessaire lutte contre la classe capitaliste grecque pour la propriété populaire de l’économie, condition sine qua non
de tout bras de fer avec la troïka – ce qui nous renvoie, chez nous, à
la dérive sociale-démocrate du PCF et de la CGT. Puisque votre question
fait référence à Thomas Piketty, qui s’inscrit dans la filiation de François Furet et de Pierre Rosanvallon
dont la responsabilité dans le déplacement à droite du débat public
depuis quarante ans est énorme, je note qu’il a pris position contre la
troïka, avec tous les économistes hétérodoxes. Ce qui montre que le
refus de l’austérité, qui motive l’essentiel de l’opposition à la
politique de l’Union, est à côté de la plaque : la violence du capital
exige en réponse la construction d’une autonomie populaire sur la base
d’une production alternative à la production capitaliste, comme la
classe ouvrière, avant son affaissement des quarante dernières années, a
commencé à le faire. Je viens de rappeler ces commencements en réponse à
votre précédente question, et c’est de ces acquis – considérables –
qu’il faut partir pour les généraliser.
Pour
faire disparaître la violence sociale due à l’emploi, vous proposez,
entre autres, la copropriété d’usage, et donc l’abolition de la
propriété lucrative. En quoi cette dernière est-elle différente de ce
que l’on appelle communément la propriété privée des biens de
production ?
« Le capitalisme ne repose pas sur la propriété privée des biens de production mais sur leur propriété lucrative, c’est-à-dire sur la contrainte faite aux non propriétaires de présenter leur force de travail comme une marchandise sur un marché du travail. »
Remplacer dans l’analyse de la propriété
l’opposition propriété privée/publique par l’opposition propriété
lucrative/d’usage est décisif si le mouvement populaire veut sortir de
son désastreux mutisme sur la propriété. « Propriété privée » est un
pléonasme : le propriétaire d’un logement individuel ou le collectif
copropriétaire d’une usine en ont un usage privé, personne d’autre que
ces propriétaires ne peut disposer de ce logement ou de cette usine. Le
projet d’« abolir la propriété privée » est de ce point de vue un
non-sens : seuls des logements ou des outils de travail portés par des
propriétaires sont réellement assumés. C’est pourquoi ce projet est si
peu énoncé, ou alors selon deux propositions très contestables. La
première, traditionnelle dans la revendication de nationalisations,
opère une distinction entre les petits et les gros propriétaires : seuls
les seconds seraient concernés par la collectivisation de la propriété
(le projet étant, je le rappelle, de passer du « privé » au « public »)…
ce qui revient à laisser au capital l’essentiel du tissu productif,
fait de PME, et crée une division du salariat entre les salariés des
grandes entreprises et les autres, deux raisons essentielles de l’échec
des nationalisations, qui ont pourtant été très nombreuses au XXe siècle.
La seconde, plus récente, considère la propriété comme une question
dépassée, et préconise l’usage : certes, mais sur quelle base juridique
et avec quelles capacités décisionnelles ? Revendiquer l’usage sans la
propriété ne risque pas de faire peur au capital ! Le capitalisme ne
repose pas sur la propriété privée des biens de production mais sur leur
propriété lucrative, c’est-à-dire sur la contrainte faite aux
non-propriétaires de présenter leur force de travail comme une
marchandise sur un marché du travail, afin de produire des marchandises
sous la dictature du temps et ainsi d’augmenter le patrimoine des
propriétaires. Seul le travail vivant produit de la valeur, et donc, si
un patrimoine procure un revenu, c’est forcément sur la base de cette
extorsion du travail d’autrui dans la sphère de la production. Y compris
si l’on est « petit » : propriétaire d’une TPE ou d’une PME, salarié
actionnaire ou titulaire d’une épargne dont le rendement est supérieur à
la croissance du PIB courant, loueur d’un bien foncier ou immobilier.
Tant que la propriété lucrative n’est
pas délégitimée (et interdite) dans toutes ses manifestations, l’œuf
volé par le « petit » légitimera le bœuf volé par le « gros ». Contre la
propriété lucrative et à sa place, c’est une autre propriété qu’il faut
continuer à construire pour la généraliser : la propriété d’usage.
Propriété, parce que c’est la condition pour décider : de
l’investissement, de ce qui va être produit, de la hiérarchie, du
collectif de travail. Tout cela doit être le fait de chacun de nous,
nous devons absolument devenir propriétaires de notre outil de travail
(et, j’ajoute, de notre logement, pour pouvoir y apporter les
modifications conformes à notre pratique de l’espace privé). Faute
d’être nous-mêmes propriétaires, nous sommes impuissants devant des
propriétaires lucratifs qui délocalisent à leur guise, qui nous imposent
l’objet et les conditions de notre travail ou des hiérarchies sur
lesquelles nous n’avons aucune prise, qui nous obligent à restituer
notre logement dans l’état où nous l’avons trouvé. Oui, contre cette
impuissance, nous devons devenir tous propriétaires de notre outil de
travail et de notre logement, mais propriétaires d’usage ! Qu’est-ce que
ça veut dire ? Que nous ne tirons aucun revenu de cette propriété, et
qu’elle n’est transmissible que comme propriété d’usage. Pas de parts
sociales cessibles comme dans trop de coopératives : dès qu’on est
embauché, on entre dans l’entreprise avec tous les droits d’un
copropriétaire (décision sur l’investissement, le produit, la
hiérarchie, le collectif de travail…), sans nécessité d’un quelconque
apport autre que celui de son travail, et quand on la quitte, c’est sans
autre enrichissement que celui d’une progression salariale, si on a pu
passer une épreuve de qualification grâce à l’expérience acquise. Dans
la même logique, la maison de famille, la ferme ou l’outil de travail
d’un artisan sont transmissibles comme propriété d’usage, et uniquement
comme propriété d’usage. Aucune accumulation individuelle et familiale
ou collective n’est possible.
Devant
le rejet de la hiérarchie de la part de la nouvelle génération, le
capitalisme semble opérer une nouvelle mutation. Dans de plus en plus
d’entreprises, on supprime les hiérarchies, et on autonomise et implique
davantage tous les travailleurs dans les créations de projet. On leur
propose même parfois de décider eux-mêmes de leur salaire. Qu’en
pensez-vous?
On peut aussi venir y travailler en
short et tongs et avec son chat. Et, si possible, avec son sac de
couchage, pour être en permanence « créateur de projet » ! La capacité
de telles entreprises à essorer les jeunes en s’appuyant sur leur
intérêt pour leur travail pour obtenir d’eux un infini travail gratuit
est effectivement très perverse. Mais, à 30 ou 35 ans, ils se rendent
compte qu’ils ont été floués.
Cette
question vous est souvent objectée mais, pour avoir lu et écouté vos
réponses, nous restons encore sur notre faim : qu'est-ce qui pourrait
pousser les gens à travailler s'ils reçoivent un salaire à vie ? Ne
projetez-vous vos propres dispositions personnelles sur l'ensemble de la
population ? Votre anthropologie ne souffre-t-elle pas de quelque
candeur ?
« La valeur n’a pas d’autre fondement que politique, elle est le lieu d’expression de l’enjeu de pouvoir inhérent à toute production, à tout travail. »
Si les réponses que je fais
habituellement à cette objection ne vous satisfont pas, je vais passer
par un détour théorique sur la valeur et la lutte des classes. Le mot
« travail » renvoie à deux réalités qu’il faut bien distinguer. Nous
passons l’essentiel de notre vie éveillée dans des activités concrètes
qui produisent, avec la nature, des biens et des services utiles – ou
considérés comme tels. Ce travail concret est producteur de la richesse
sans laquelle notre espèce ne pourrait pas se reproduire. Et lorsqu’une
personne, bien qu’engagée dans ces activités concrètes, dit qu’elle
« cherche du travail » ou qu’elle « ne travaille plus », nous sommes
renvoyés à la seconde dimension du travail, celle de sa validation
sociale et de l’expression monétaire de cette validation dans le profit
du propriétaire lucratif et le salaire du salarié, ou dans le bénéfice
du travailleur indépendant. Ici, ce n’est pas sous sa dimension
concrète, en tant que producteur de richesse, que le travail est
considéré, mais en tant que producteur de valeur. On parle alors de
travail abstrait : quelles que soient les différences de leur travail
concret, une comptable et un boucher peuvent produire la même valeur. Le
travail abstrait détermine le travail concret : c’est sur « ce qui
vaut » que va se concentrer la production de richesse et cela, selon les
critères de « ce qui vaut ». Par exemple : si ce sont les transports
liés à la route qui valent, il y a peu de chance pour que des moyens de
transport ferroviaires ou fluviaux soient produits. Il y a une loi de la
valeur, au sens où la production de richesse est déterminée par la
production de valeur. Penser qu’on pourrait faire société dans la
transparence des valeurs d’usage, éliminer le travail abstrait, libérer
la richesse de la valeur en supprimant la monnaie et le travail est un
rêve mortifère, qui prétend abolir le pouvoir par décret et qui empêche
de voir que le travail abstrait est l’objet d’une lutte de classes. Car
qui décide de ce qui vaut dans tout ce que nous produisons ? La lutte de
classes. La valeur n’a pas d’autre fondement que politique, elle est le
lieu d’expression de l’enjeu de pouvoir inhérent à toute production, à
tout travail.
La classe capitaliste, en tant que
classe dirigeante, exerce une dictature sur la production de valeur en
la mettant au service de l’accumulation du capital : les richesses
produites hors de son emprise (par les retraités, les fonctionnaires,
les travailleurs indépendants, les chômeurs) sont déclarées sans valeur,
tandis que valent des biens et des services parfaitement inutiles ou
dangereux, dont la production alimente le capital. Mais
contradictoirement, comme nous l’avons vu, une classe révolutionnaire se
construit depuis deux siècles, avec des hauts et des bas, et commence à
imposer une autre pratique de la valeur que, dans L’Enjeu du salaire et dans Émanciper le travail,
je qualifie de « salariale » parce qu’elle se construit à partir des
institutions du salaire conquises par la classe révolutionnaire : une
pratique de la valeur décidée par des copropriétaires d’usage titulaires
d’un salaire à vie, libérés du marché du travail, du chantage au crédit
et de la mesure de la valeur par le temps de travail. La lutte de
classes est l’affrontement irréductible entre deux pratiques
antagonistes de la valeur. Elle se joue dans la matérialité des
institutions de la production et dans les représentations qu’elles
génèrent. La bourgeoisie prend l’avantage dans la lutte de classes quand
elle réussit à imposer le gel ou le recul des cotisations et des impôts
qui paient les soignants, les retraités, les fonctionnaires, les
parents ou les chômeurs. Quand elle transforme le droit au salaire des
chômeurs en droit à l’emploi, la retraite comme salaire continué par la retraite comme salaire différé,
le salaire à la qualification par la sécurisation des parcours
professionnels. Quand elle réimpose le financement à crédit des
équipements collectifs. Quand, par le new public management,
elle introduit la dictature du temps dans la production des services
publics et y remplace des fonctionnaires par des CDI ou des salariés
associatifs. Nous sommes là dans la matérialité des institutions de la
production. Mais la lutte de classes se joue aussi dans les
représentations. Quand un chômeur dit qu’il ne travaille pas, ou qu’un
retraité dit qu’il ne travaille plus, il y a, dans cet aveu que ce
qu’ils font peut être utile mais ne crée pas de valeur, adhésion à la
religion capitaliste, aliénation à la violence de rapports de classes
qui permettent à la classe capitaliste de refuser de valider l’activité
qui se déroule hors de l’emploi, dont elle a la maîtrise absolue.
« Quand un chômeur dit qu’il ne travaille pas, ou qu’un retraité dit qu’il ne travaille plus, il y a, dans cet aveu que ce qu’ils font peut être utile mais ne crée pas de valeur, adhésion à la religion capitaliste. »
Quand des fonctionnaires acceptent
l’idée absurde qu’ils dépensent (et non pas qu’ils produisent, comme
tous les salariés) la valeur de l’impôt qui les paie, ils témoignent
aussi de la même violence et de son intériorisation religieuse : ils
croient que, comme ils ont un salaire à vie lié à leur grade, qui est un
attribut de leur personne, et non un salaire à l’emploi (dont le
support est le poste de travail, comme dans le privé), ils ne
travaillent pas – au sens de : ils ne produisent pas de valeur –,
puisque leur travail concret ne s’inscrit pas dans les canons
capitalistes du travail abstrait. L’enjeu est que la classe
révolutionnaire reprenne l’avantage, dans les institutions comme dans
les représentations. Pour m’en tenir à l’objet de votre question (mais
le raisonnement serait le même pour la copropriété d’usage de tous les
outils de travail, pour le financement de l’investissement sans appel au
crédit, ou pour le remplacement de la mesure capitaliste du travail
abstrait par le temps de travail, par sa mesure salariale, par la
qualification du producteur), nous ne pourrons généraliser le salaire à
vie que si la classe révolutionnaire retrouve l’offensive et continue à
imposer la pratique salariale de la valeur contre sa pratique
capitaliste, comme elle l’a fait jusque dans les années 1970. Énumérons
quelques mots d’ordre et pratiques d’une telle ré-offensive en vue de
l’institution d’un droit politique au salaire, c’est-à-dire d’un salaire
attribué de façon irrévocable à chaque personne, de 18 ans à sa mort,
avec une progression possible par épreuves de qualification : hausse
massive des cotisations et des impôts qui paient les fonctionnaires, les
libéraux de santé ou les retraités, pour que la valeur qu’ils
produisent aille au salaire socialisé, exclusivité des marchés publics
pour les seules entreprises non capitalistes afin de sortir les
coopératives et le travail indépendant de la marginalité, affectation de
la qualification, et donc du salaire, à la personne des salariés du
privé et non à leur poste de travail, transformation des prétendues
« aides à l’agriculture » en salaire à vie des paysans, etc.
Si une telle mobilisation était porteuse
d’une moindre incitation à travailler, elle serait immédiatement
vaincue par l’adversaire de classe. Et d’ailleurs, qu’est-ce qui pousse
aujourd’hui à une telle mobilisation ? Précisément l’expérience que le
marché du travail et le marché des capitaux (ces fouets esclavagistes
qui sont implicitement derrière la croyance que leur disparition
conduirait à une moindre incitation à travailler) sont des institutions
du travail abstrait qui empêchent le travail concret, celui des
travailleurs bridés dans leurs initiatives par la nécessité de produire
de la valeur pour l’actionnaire, celui des jeunes sous-utilisés
massivement parce que victimes du marché du travail, celui des retraités
réduits au bénévolat, celui des travailleurs indépendants ou des
patrons de PME réduits aux miettes que leur laissent les groupes
capitalistes. La mutation salariale du travail abstrait va
considérablement relancer le travail concret et, ce qui est encore plus
décisif quand on considère les considérables dégâts anthropologiques et
écologiques de la pratique capitaliste du travail, le déplacer vers
d’autres valeurs d’usage si, dès l’enfance, nous sommes éduqués à la
coresponsabilité sur la valeur, puisque nous nous serons libérés de la
dictature du capital.
Je résume : la généralisation du salaire
à vie contre le marché du travail est l’affaire d’une incessante lutte
de classes pour construire un travail abstrait libéré de sa pratique
capitaliste et rendant possible un travail concret pour tous dans de
bonnes conditions anthropologiques et écologiques. Il ne s’agit en aucun
cas d’une « autre répartition de la valeur » qui affecterait aux
personnes sous forme inconditionnelle une partie de la valeur créée par
un travail abstrait inchangé. Laissons ce projet aux tenants du revenu
de base, roue de secours d’une classe capitaliste porteuse d’un travail
abstrait à ce point aberrant pour le travail concret qu’elle est prête à
mettre en place la soupape de sécurité d’un revenu de base permettant à
chacun, dans les interstices que laisse une production capitaliste
inchangée, de mener les activités concrètes de son choix : par exemple
avoir un jardin bio dans un océan d’agro-business, produire des
logiciels libres qui, au bout du compte, alimenteront le droit de
propriété intellectuelle des groupes capitalistes de l’internet. En
contradiction avec cette dérive hélas possible, la généralisation du
salaire à vie est une des dimensions de la suppression de la production
capitaliste et de l’institution, à l’échelle macroéconomique, d’une
autre pratique de la valeur et du travail dans laquelle le chantage à
l’emploi et à la dette cédera la place à la coresponsabilité dans la
production d’une valeur suffisante pour assurer le droit politique au
salaire.
Nous avons récemment interviewé le sociologue Alain Bihr. Il nous disait : « Ce
qui me paraît fort critiquable dans l'idée de "salaire à vie", c'est
qu'elle passe à la trappe l'idée qu'abolir le capital, c'est,
simultanément et du même mouvement, abolir le salariat. Le processus
révolutionnaire est celui par lequel les producteurs associés, et
au-delà l'ensemble de la société à travers eux, se réapproprient les
moyens sociaux de production et dirigent, organisent et contrôlent la
production de manière à satisfaire l'ensemble des besoins sociaux. Dans
le cadre de pareils rapports de production, il n'y a pas de salariat. » Que répondez-vous ?
« La croyance dans une révolution qui n’aura jamais lieu que demain entretient le mythe de l’impuissance des dominés aujourd’hui. »
Alain Bihr fait partie de ces marxistes
(et ils sont hélas nombreux) qui pensent qu’il n’y a pas de sujet
révolutionnaire effectivement en train de se construire à l’échelle
macrosociale, que la seule classe qui existe est la classe capitaliste.
Et cela contre le cœur même de l’œuvre de Marx, analyste magistral du
capitalisme comme contradiction, journaliste soigneux des mouvements
révolutionnaires, acteur de la Première Internationale.
Alain Bihr écrit certes sur « les rapports sociaux de classes », au
sens où il énonce, à juste titre, que les classes ne préexistent pas à
leur conflit et que ce sont les luttes de classes qui produisent les
classes, mais les classes qu’il définit ne comportent… qu’une classe, la
« classe capitaliste » qui domine respectivement le« prolétariat »,
l’« encadrement » et la « petite bourgeoisie ». Le postulat de la lutte
de classes reste chez lui un élément du puzzle théorique mais, dans la
réalité, il n’observe aucun résultat révolutionnaire de la mobilisation
syndicale ou politique concrète des dominés : la qualification, la
sécurité sociale, la fonction publique, la cotisation, tout cela peut
selon lui apporter une correction aux inégalités sociales et desserrer
provisoirement l’étau, mais ne constitue en aucun cas les prémices d’une
alternative, voire sert les intérêts fondamentaux du capital. Ce
mouvement ouvrier qui n’a rien conquis de véritablement subversif du
capital n’est donc pas un sujet historique, il n’est pas une classe
révolutionnaire. Seule la classe capitaliste existe comme telle. Alain
Bihr n’est pas le seul à exalter le mouvement ouvrier abstrait mais à
faire du mouvement ouvrier concret un idiot utile du capital, à élaborer
une critique théorique du capitalisme dans l’ignorance de sa critique
sociale, à raconter la saga d’une classe dirigeante qui a toujours la
main : la majorité des chercheurs en sciences sociales écrivent
l’histoire du point de vue de la domination de classe. Par leur
fascination pour le pouvoir, ils sont un élément décisif du clergé de la
religion capitaliste. Je ne parle pas ici des économistes orthodoxes,
dont j’ai dit dès le début qu’ils sont le haut clergé de cette religion
et qui pratiquent d’ailleurs, non pas la science sociale (pouah), mais
la science tout court ! Je parle d’un bas-clergé d’autant plus efficace
qu’il critique une domination capitaliste dont il nie qu’elle ait
commencé à être radicalement mise en cause.
On retrouve là un ingrédient constitutif
de la religion, qui, je le rappelle, n’est pas simple soumission, mais
aussi soupir du soumis contre son maître. De même que la croyance dans
la damnation des riches après la mort entretient la soumission dans
cette vie à ces riches haïs, de même la croyance dans une révolution qui
n’aura jamais lieu que demain entretient le mythe de l’impuissance des
dominés aujourd’hui. J’ai tout à fait conscience de la gravité qu’il y a
à dire cela, s’agissant de collègues aussi respectables qu’Alain Bihr
ou les Pinçon-Charlot, ou trop d’Économistes atterrés. Si
je le dis aujourd’hui avec encore plus de fermeté qu’hier, c’est parce
qu’il y a urgence à sortir d’une critique du capitalisme aveugle sur les
tremplins révolutionnaires construits dans la lutte de classes, une
critique qui, par son aveuglement, participe, évidemment à son corps
défendant, à la domination qu’elle combat. Pourquoi Alain Bihr
identifie-il souveraineté sur la production des producteurs associés et
abolition du salariat ? Précisément parce que les salariés sont rangés
chez lui dans deux classes-qui-n’en-sont-pas, le prolétariat, qu’il
définit exclusivement comme dominé, et l’encadrement, qui regroupe « les
agents subalternes de la domination capitaliste ». Le salariat, c’est
les prisonniers et leurs kapos. Et alors même qu’il insiste sur le
papier sur la nécessité théorique d’une historicisation des classes
sociales, en pratique il les essentialise : les salariés sont enfermés à
vie dans le camp du capital. Rien, dans ce qui s’est passé depuis deux
siècles de combat ouvrier, n’est fondamentalement émancipateur. Le
« processus révolutionnaire » dont il parle dans la citation que vous
rapportez est pour demain, Alain Bihr attend le Messie qui balaiera la
classe capitaliste, et donc le salariat qui en est l’appendice. Alors
que si, comme je m’y efforce depuis quarante ans dans mon analyse de la
sécurité sociale dans l’Europe continentale, on élabore une critique
théorique du capitalisme à partir de sa critique sociale, le salariat
prend une tout autre couleur. En tant que classe ouvrière, il a mené
une lutte de classes sur le salaire qui a produit les institutions
décisives que sont le salaire à la qualification et, plus encore, à la
qualification de la personne qui en fait un salaire à vie, et une
socialisation massive de la valeur contradictoire à l’accumulation
capitaliste par la partie de la cotisation et de l’impôt qui est
affectée au paiement du salaire à vie et au subventionnement de
l’investissement.
« Il y a urgence à sortir d’une critique du capitalisme aveugle sur les tremplins révolutionnaires construits dans la lutte de classes. »
Aujourd’hui où la classe ouvrière s’est
affaissée dans les vieux pays capitalistes – ce qui certes est
dommageable sur le court terme mais doit être lu dans le nécessaire
temps long de la révolution du mode de production (après tout, la
bourgeoisie a mis cinq siècles pour l’emporter comme classe
révolutionnaire sur l’aristocratie féodale, et a connu elle aussi des
hauts et des bas dans ce combat séculaire) –, l’imposition d’une
production salariale sans emploi et sans crédit, sans chantage donc de
la propriété lucrative, relève de la mobilisation et de l’inventivité
des organisations encore vivantes de la classe ouvrière, mais aussi,
très au-delà d’elles, de la mobilisation des cadres, écœurés des
pratiques des actionnaires et des prêteurs et qui mettent leur
savoir-faire au service d’une production alternative portée par de plus
en plus de trentenaires éduqués qui refusent, c’est leurs termes, de
«produire de la merde pour le capital » ou de se soumettre aux
injonctions d’employabilité : et aussi de la mobilisation de
travailleurs indépendants qui ont compris que leur intérêt n’est
absolument pas du côté du capital, voire de patrons de PME sur qui
pèsent la fonction d’employeur et la propriété d’un patrimoine dont ils
pourraient être libérés par une organisation salariale de la production.
Le salariat comme classe révolutionnaire en cours d’affirmation face à
la classe capitaliste ne se définit évidemment pas à partir du contrat
de travail avec un employeur. Il regroupe toutes celles et tous ceux qui
assument les institutions anticapitalistes du salaire : droit politique
au salaire à vie, copropriété d’usage de l’outil de travail,
socialisation de tout le PIB dans la cotisation-salaire et la
cotisation-investissement, création monétaire sans crédit.
Dans Après l'économie de marché, paru aux éditions ACL, Anselm Jappe
vous reproche de vous battre pour des choses qui, finalement, existent
déjà (la valeur, l'argent, le salaire, les fonctionnaires, les
retraites), et estime que votre montagne (la révolution) accouche d'une
souris. Vous voyez les choses en petit ou Jappe a-t-il la folie des
grandeurs ?
Comme Alain Bihr, Anselm Jappe pense
qu’il n’y a pas de sujet révolutionnaire en construction face à la
classe capitaliste, ce qui pour lui n’a d’ailleurs aucune importance.
Car la lutte de classes disparaît chez lui non seulement de
l’observation concrète, mais de la théorie elle-même. Le capitalisme est
défini comme fétichisme de la valeur, un fétichisme qui domine tant les
capitalistes que ceux qu’ils dominent, les uns comme les autres
impuissants à contenir une dynamique éperdue de marchandisation pour
tenter d’échapper à l’implacable baisse tendancielle du taux de profit,
dans une fuite en avant qui débouchera sur une inévitable apocalypse. Il
reste à espérer qu’elle sera joyeuse. Anselm Jappe ne voit les choses
ni en petit ni en grand : il développe du capitalisme une lecture
millénariste irresponsable. Ce qui m’importe, c’est de débattre avec
ceux que touche cette lecture. Car un tel discours sur l’horreur
économique, sur l’inutilité des mobilisations syndicales, sur la
nécessité de suppression de la valeur, et donc du travail et de la
monnaie, n’est pas sans échos à une époque où, à défaut de pouvoir
susciter l’adhésion au triste état dans lequel elle met la pratique de
la valeur et donc le travail concret, la classe dirigeante s’accommode
d’opposants qui récusent toute mobilisation pour changer cette pratique.
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