Par : Janine Le Calvez (Silence)
Publié par : http://www.reporterre.net/spip.php?article5721
Le : mardi 15 avril 2014
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Dans la quasi-indifférence, la technologie 4 G de téléphonie mobile se
répand dans le pays. Mais elle est encore plus problématique pour la
santé que les systèmes antérieurs.
A peine la génération technique 3 G de téléphonie mobile s’est-elle
généralisée que la 4 G est répandue par les opérateurs et l’Etat.
Justification : pouvoir recevoir toujours plus de données sur les
appareils mobiles. Conséquence : un niveau d’exposition accru de la
population aux ondes électromagnétiques.
Pour y voir plus clair, Silence a interrogé Janine Le Calvez, présidente
de l’association Priartem (Pour une réglémentation des implantations
d’antennes relais et de téléphonie mobile).
A quoi sert la 4 G ?
Janine Le Calvez - Après la 2 G, dont l’objet était de permettre de
téléphoner d’un téléphone mobile et donc de transmettre à distance de la
voix, est venue la 3 G qui permet de transmettre non seulement de la
voix mais aussi des données, des images, des vidéos…
Mais cette dernière technologie ne permet pas d’avoir un accès aussi
important (limite de volume) et aussi rapide aux données que l’internet
domestique, d’où la justification d’une nouvelle génération de
technologie communicante, la 4 G. Selon les opérateurs, elle permet un
accès aussi rapide sur les mobiles que les liaisons internet filaires
pour des volumes aussi importants.
Ceci répond-il à un besoin social ? Pour les opérateurs, ce n’est pas le
problème. Il s’agit, pour eux, de renouveler toujours plus rapidement
leurs offres afin de multiplier les ventes d’appareils et de forfaits.
La 4 G accroît-elle le niveau de champ électromagnétique ? Qu’en est-il
des antennes-relais intégrées dans les box” internet ?
Les différentes générations de téléphonie mobile ne se substituent pas
les unes aux autres mais se superposent, superposant également les
réseaux qui les sous-tendent. Donc aujourd’hui non seulement nous
n’avons pas un réseau par opérateur mais plusieurs réseaux pour chacun
des opérateurs.
Cette multiplication d’antennes et d’applications différentes a une
incidence directe sur le niveau d’exposition de la population. Celle-ci
a été évaluée lors des travaux d’expérimentation de réduction des
expositions qui ont fait suite au Grenelle des ondes. Dans le rapport
final de ces expérimentations, rendu public, en août 2013, on lit ainsi :
"L’ajout de la 4 G dans les simulations dans sept communes pilotes
illustrant les différents types d’environnements géographiques montre
que l’exposition augmente, tout en restant inférieure aux seuils
réglementaires. Sur la base des hypothèses prises par le COPIC et en
général, l’exposition moyenne simulée avec l’ajout d’antennes 4 G
théoriques augmente au sol et en façade, de 50% environ… »
Le développement de la 4 G, tel qu’il se fait aujourd’hui, apparaît donc
en contradiction avec la recommandation de réduction des expositions
formulée par l’Agence de sécurité sanitaire - AFSSET devenue ANSES – dès
2009 et confirmée en 2013.
Par ailleurs, la 4 G utilise des fréquences qui lui sont propres, le 800
MHz fréquence libérée lors du passage à la TNT et le 2600 MHz. Cette
dernière non utilisée jusqu’alors va venir s’ajouter aux fréquences
antérieures : 900 MHz, 1800 MHz, 2100 MHz, 2400 MHz. Or des études ont
montré qu’à chaque fréquence se trouvent associés des effets
spécifiques. On vient ainsi de complexifier encore le contexte
électromagnétique dans lequel nous vivons sans qu’en soient évaluées les
conséquences sanitaires.
L’arrivée du quatrième opérateur – Free – ainsi que le développement des
réseaux 4G posent de façon accrue les difficultés rencontrées dans la
recherche de nouveaux sites pour installer les antennes-relais. D’où
l’idée lumineuse, lancée grandeur nature en premier lieu par Free, dès
la 3G, d’intégrer dans les “box” internet de petites antennes-relais
appelées femtocells, activées par défaut.
« La femtocell est une mini station de base. L’ordre des grandeurs se
décrémente ainsi : macro, micro, pico, femto. Cette dernière est
connectée à un accès internet pour relier le réseau de l’opérateur
mobile. Cette cellule va permettre de couvrir l’intérieur des bâtiments
(indoor) de manière parfaite et à faible coût. » Voilà ce que l’on peut
lire sur le site Univers freebox.
Au premier abord on peut être tenté de penser que c’est une bonne chose
puisque cela peut éviter l’installation d’un certain nombre de stations
de base extérieures. Le gros problème est que cela en fait une source
d’émission proche, voire très proche, ce qui se traduit par une
augmentation du niveau d’exposition intérieur. Il s’agit là donc d’une
très mauvaise idée d’autant qu’elle s’accompagne d’une absence totale
d’information.
Comment peut-on bloquer l’installation d’antennes ?
La jurisprudence a réduit fortement les possibilités d’agir des élus
locaux et de recours des riverains.
Le Conseil d’Etat par des arrêts en date du 26 octobre 2011 a limité les
pouvoirs des élus en stipulant que seules les autorités de l’Etat
désignées par la loi (ministre, ARCEP, ANFR) sont compétentes pour
réglementer de façon générale l’implantation des antennes relais de
téléphonie mobile.
Le Tribunal des conflits, par sa décision du 14 mai 2012 a limité les
possibilités de recours des riverains.
La seule possibilité est donc de mettre en œuvre une mobilisation
citoyenne suffisante pour bloquer l’installation. Ce n’est pas facile
mais nous n’avons pas le choix si nous voulons pouvoir continuer à agir
sur notre environnement.
Source : Article transmis par la Revue Silence, dont Reporterre est
partenaire.
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