jeudi 12 décembre 2013

Rougeole, oreillons et rubéole : des épidémies toujours possibles

Le Point.fr
Le BEH publié ce matin étudie l'évolution de la couverture vaccinale des Français contre ces trois maladies infectieuses à une dizaine d'années d'intervalle.

Par Anne JEANBLANC

Les Français n'aiment guère les vaccins, l'actualité ne cesse de le démontrer. Et l'étude publiée ce matin dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire le confirme. Une première enquête, réalisée en 1998, avait montré une immunité insuffisante des enfants et des adolescents français vis-à-vis de la rougeole, des oreillons et de la rubéole. Ce qui ne permettait pas l'interruption de la circulation de ces trois virus. "Depuis, les recommandations de vaccination par le vaccin trivalent rougeole-oreillons-rubéole (ROR) ont évolué (en 2005, abaissement de l'âge de la 2e dose à 13-24 mois et vaccination de rattrapage pour les sujets nés depuis 1980)", rappellent Agnès Lepoutre (Institut de veille sanitaire) et son équipe. Et la France s'est engagée dans un plan d'élimination de la rougeole et de la rubéole congénitale. Un des objectifs était de réduire nettement, à l'horizon 2010, la réceptivité vis-à-vis de la rougeole (donc la possibilité de développer cette maladie).
 
 
Pour connaitre l'efficacité de ces mesures, une seconde étude a été lancée une dizaine d'années plus tard. Elle a porté sur des métropolitains devant subir une prise de sang : 1 617 enfants de 1 à 6 ans hospitalisés en 2008-2009 et 5 300 patients âgés de 6 à 49 ans se rendant dans un laboratoire d'analyse médicale en 2009-2010. Premier résultat, assez logique : les jeunes de 2 à 6 ans étaient trois fois moins souvent dépourvus d'anticorps protecteurs que les enfants d'un an. Pour mémoire, la séroprévalence (ou prévalence d'anticorps dans le sang) prouve qu'une personne a été en contact avec un agent infectieux ou vaccinée contre lui. C'est donc un bon moyen de mesurer l'impact de la vaccination.

Rattrapage vaccinal

"La séronégativité vis-à-vis de la rougeole, des oreillons et de la rubéole différait chez les enfants de 2 à 6 ans selon le nombre de doses de vaccin ROR reçues : plus de 84 % des jeunes non vaccinés étaient séronégatifs vis-à-vis des trois maladies contre 4 % à 8 % de ceux qui avaient reçu une dose de vaccin trivalent et moins de 4 % de ceux ayant reçu deux doses de vaccin trivalent", précisent les auteurs de cette enquête. Ils notent toutefois, sans l'expliquer, que l'absence d'anticorps contre les oreillons était plus fréquente chez les 6-49 ans résidant dans le sud de la France que chez les habitants du nord de notre pays. Une telle différence n'est pas retrouvée pour la rougeole ou la rubéole.
Ce travail montre également une moindre immunité des générations nées entre 1980 et 1990 par rapport à celle des générations nées auparavant, que ce soit pour la rougeole, les oreillons et la rubéole. Près de 9 % des jeunes âgés de 20 à 29 ans n'étaient pas immunisés vis-à-vis de la rougeole en 2009-2010, contre 1,5 % en 1998. "Ceci s'explique par le fait que les sujets nés avant 1980 ont été soumis, dès l'enfance, à l'intense circulation des virus à l'ère pré-vaccinale, alors que ceux nés à l'ère vaccinale ont été soumis à une moindre exposition aux virus, tout en étant insuffisamment immunisés" peut-on lire.
Ce constat d'une immunisation insuffisante des enfants et des jeunes adultes ainsi que la survenue d'une récente épidémie de rougeole dans notre pays ont conduit les autorités sanitaires à recommander, en mars 2011, un rattrapage vaccinal de la 2e dose de vaccin trivalent chez les générations nées après 1980. Il est donc probable que les Français sont actuellement un peu mieux immunisés contre cette maladie très contagieuse. Il n'empêche, nous ne sommes pas à l'abri d'une nouvelle épidémie de rougeole ou d'oreillons (le risque est moindre pour la rubéole).

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