Hôpitaux à vendre
Siné Mensuel – novembre 2018 – Patrick Pelloux –
Pour le
monde libéral, la Sécurité sociale et le service public hospitalier sont
des anomalies historiques et politiques. Le discours du président
Macron prononcé le 18 septembre et intitulé « Ma santé 2022 » est
instructif à plus d’un titre. Il jette les bases, non pas d’une
modernisation de ces systèmes, mais de leur destruction.
Nous l’avons vu le mois dernier avec la
prétendue fin de la sélection des étudiants en médecine, cette manière
qu’a Macron de dire ce qu’il ne fera pas… tout en le faisant est
désormais la signature de son style politique ! Quand il dit : « Nous ne
fermerons pas d’hôpitaux », il faut entendre : « Nous n’allons pas les
fermer mais les changer », ce qui a la même finalité.
Un
exemple ? La maternité de Creil, dans l’Oise : il n’y a aucune raison
médicale ni sociale de la fermer, d’autant qu’un bâtiment a été
construit pour la rénover. Le bassin de population est sinistré avec
plus de 40 % de chômage, des femmes qui accouchent seules…
Bref,
s’il y a un territoire de santé qui a besoin d’un accès aux soins et
d’une maternité, c’est bien celui-là. Pourtant, contrairement à ce que
prétend le président, ce lieu de proximité va fermer ! Les habitants
devront parcourir une dizaine de kilomètres pour se rendre dans une
maternité. Alors que nombre d’entre eux n’ont pas les moyens d’avoir un
véhicule! Et ils devront surtout attendre, car à chaque fois que des
regroupements ont lieu, des lits sont fermés, favorisant ainsi les
cliniques privées qui augmentent leurs profits. Pourquoi cet oubli de la
notion du service public ?
Les grands
de la finance ont réussi à tout contrôler à leurs plus grand bénéfice
par le truchement des banques et des assureurs. Aux États-Unis, la
question de la santé était tellement prégnante humainement et
politiquement que Clinton et le Parti démocrate aveint tout fait pour
inventer une sorte de sécurité sociale à l’américaine.
Le public privé de tout
Dans
certains discours, les démocrates faisaient référence à la France. Cela a
débouché sur l’Obamacare, une loi sans précédent au pays du capitalisme
et du libéralisme ! Depuis, Trump a réussi à la saboter. Bilan :
quarante millions de personnes sont sans couverture maladie aux
États-Unis ! En France, un tel discours est plu difficile à tenir car
nous sommes un pays profondément social depuis la Révolution française
et la Commune de Paris, même si les libéraux veulent casser cette
réalité politique. Et ils attaquent sur deux axes : la Sécurité sociale
est en déficit et il serait nécessaire de donner tout ou partie aux
assureurs… D’où le développement des assurances complémentaires et des
systèmes mutualistes qui tendent à devenir des assureurs. L’autre axe
est que l’hôpital public doit changer.
Le
président l’a annoncé dans son discours : le privé doit entrer davantage
dans le public et un changement de statut des médecins hospitaliers se
profile. L’argent et l’appât du gain sont en train de faire chavirer
l’esprit des médecins hospitaliers ! Le plus probable est que la
chirurgie et l’anesthésie soient les premiers secteurs à être privatisés
dans les hôpitaux publics. D’ailleurs, ce sont eux qui ont les plus
grosses consultations privées !
Le reste
des hôpitaux publics devenant la structure des plus pauvres et des plus
vieux… Face à ces changements, les politiques de gauche sont aveugles,
sourds et muets ! Après tout, on n’a que ce qu’on mérite !
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