Communiqué LDH
Paris, le 4 février 2014
Qui fait et défait la loi dans la République ?
Ainsi donc, la « Manif pour tous les
intégristes » a gagné. La promesse faite en 2012, les
amendements présentés par les députés socialistes lors
de la loi sur le mariage instituant l’égalité d’accès à
la PMA , l’engagement qui leur avait été fait que ce que
l’on bloquait alors serait repris en 2014 dans la loi
sur la famille… Tout cela est passé à la trappe.
Comme il y a dix ans, le ministre de l’Intérieur
est Premier ministre, ministre de la Famille , ministre
de la Justice , auto-investi du pouvoir de définir le
« destin » des Roms, des étrangers, des homosexuels, de
déclencher des censures a priori, etc.
Ainsi donc, le reste du gouvernement ne sert à
rien. Le Parlement ne sert à rien. Les associations
porteuses d’égalité des droits, la « société civile »,
dont on nous rebat les oreilles quand cela peut servir
la communication électoraliste, tous ceux qui
connaissent l’état réel de la société quant aux rapports
familiaux, aux droits et à l’intérêt réel des enfants,
eux non plus ne servent à rien.
Quel gâchis démocratique ! Aujourd’hui comme
hier, le mélange d’astuce et d’inaction est un double
message que ses auteurs ne sont pas en état de
maîtriser. Aux manifestants d’extrême droite et de
droite extrême, que l’on croit naïvement « apaiser », on
montre « ce qui paie » : à quand les mobilisations des
« familles » sur la « fin de vie », contre l’avortement,
pour une Europe à la Mariano Rajoy ? Et message non
moins redoutable, pour toutes celles et tous ceux qui
avaient entendu « le changement, c’est maintenant » :
citoyens électeurs qui vous imaginiez souverains,
députés qui vous imaginiez législateurs, voyez comme le
vrai pouvoir, qui est ailleurs, est capable de faire
très vite ce qu’il n’avait pas dit, et d’oublier très
vite de faire ce qu’il avait promis.
Avec cette combinaison d’impuissance et de
reculade face aux forces les plus régressives, avec une
forme d’autoritarisme face au Parlement et un mépris des
engagements pris, c’est l’effectivité de la démocratie
qui est gravement compromise. Et l’on peut craindre que
ceux qui ont fait ce pas de clerc ne soient pas les
seuls à en payer le prix.
La Ligue des droits de l’Homme,
solidaire de tous ceux et toutes celles qui continuent à
faire avancer l’égalité des droits, appelle les
citoyennes et les citoyens à continuer à construire
ensemble un avenir qui n’est ni dans le rétroviseur ni
dans l’immobilisme.
Paris, le 4 février 2014
Qui fait et défait la loi dans la République ?
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