Source : Le Républicain Lorrain
Les auxiliaires de vie, qui s’occupent des personnes âgées à domicile, tirent actuellement la sonnette d’alarme en France. Leurs conditions de travail sont dégradées, alors que les budgets sont en baisse. Pourtant, elles ont un vrai rôle social. Exemple dans le bassin de Longwy.
Une véritable tornade. Annie Tordi est auxiliaire de vie sociale depuis deux décennies à l’Association départementale d’aide aux personnes âgées et aux handicapés de Meurthe-et-Moselle Nord. La suivre dans son métier donne le tournis, tant la Longovicienne enchaîne les gestes et les lieux. À 7h du matin, elle était à Heumont, pour ensuite prendre la direction de Mexy, Haucourt-Saint-Charles, puis Moulaine vers 10 h, où elle a déjà du retard.
« On n’y arrive pas. Imaginez qu’il faille souvent sortir la personne de son lit, puis lui faire sa toilette, l’habiller, la lever, l’installer pour le petit-déjeuner, faire son lit, nettoyer la douche ou encore balayer la cuisine, vider la sonde urinaire, la conduire aux rendez-vous médicaux, etc. Tout ça en seulement 30 minutes. On bouscule les gens, et ça devient de la maltraitance. »
Plus de dix heures de travail par jour
Ne lui parlez donc pas des aléas de la route et autres limitations de vitesse. « Parfois, il nous arrive de trouver la dame décédée. Il faut alors prévenir la famille, les sapeurs-pompiers, etc. » Durant plus de dix heures par jour, souvent treize ou quatorze, elle va de maison en maison, d’appartement en appartement, avalant sans pause les kilomètres souvent non payés. Le tout pour un salaire en rapport avec cette activité ? « Si seulement… En janvier, j’ai gagné seulement 990 euros pour 120 heures effectuées. Nos mois sont très irréguliers et dépendent des missions. Parfois, c’est beaucoup moins, parfois, un petit peu plus. »« Aucune reconnaissance »
Annie Tordi, comme ses collègues, n’en peut plus. Elle tire la sonnette d’alarme. « Il n’y a aucune reconnaissance du métier, alors qu’on parle de dépendance partout, et que le nombre de personnes âgées va augmenter énormément dans les années à venir. Auxiliaire de vie, ce qui n’a rien à voir avec femme de ménage ou aide à domicile, au regard de tout ce qu’on fait, ça permet pourtant de maintenir les gens chez eux, là où ils ont des repères, où ils se sentent bien, où ils mangent et se lèvent quand ils veulent. L’auxiliaire de vie évite ainsi le placement dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) qui n’ont pas les moyens de bien faire et dégoûtent les familles. »Problème : les conditions de travail, entraînant également de nombreux soucis de santé (problèmes de dos, sciatiques, douleurs aux cervicales, etc.) à force de porter ou de bouger partout, font fuir les jeunes ou les candidats, et les budgets sont en chute libre en France.
Problèmes de recrutement
« Les associations n’arrivent pas à recruter. Et j’ai pas mal de collègues qui sont en arrêt maladie. Quand arrive la période des congés à devoir poser obligatoirement pour ne pas les perdre, c’est l’enfer pour établir les plannings. »Annie Tordi veut faire changer les choses. « Personne ne se remue, donc je bouge. J’ai rencontré tout un tas de femmes et hommes politiques : députés, conseillers départementaux, secrétaire d’État, sénatrice. On ne peut plus continuer comme ça. »
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