jeudi 6 août 2015

Pierre Carles : « En France, c’est l’omerta médiatique sur l’Équateur »

Pourquoi la politique du président équatorien Rafael Correa, qui va à l’encontre des plans d’austérité et enregistre depuis huit ans des succès économiques, a-t-elle aussi peu d’écho en France ? Bien connu pour son travail de critique des médias, le documentariste Pierre Carles s’est penché sur la question dans son dernier film « Opération Correa Épisode 1 : Les ânes ont soif ». Entretien.
Qu’est-ce qui vous a poussé à parler de Rafael Correa ?
À l’origine, Le Monde Diplomatique m’a demandé d’enquêter sur le fait que le journal n’est jamais cité dans les revues de presse radiophoniques, alors qu’il a pourtant le plus grand rayonnement à l’étranger [35 éditions internationales, 19 langues, ndlr]. À côté de ça, le Monde diplomatique a retranscrit la conférence de Rafael Correa du 6 novembre 2013 à la Sorbonne. Je me suis aperçu que ces propos n’avaient pas été repris par les grands médias français. C’était le silence total sur la politique menée depuis huit ans en Équateur. Mes collaborateurs Nina Faure, Aurore Van Opstal, Julien Brygo et Brice Gravelle sont donc allés au contact des responsables d’information français pour les interpeller au sujet de cette omerta médiatique.
Certains journalistes comme Ivan Levaï refusent de traiter ce sujet et d’autres, comme Christophe Barbier, estiment plus subtilement qu’il s’agit d’une pensée trop complexe pour être synthétisée à une heure de grande écoute…
Correa avait toutes les qualités pour être invité dans un grand média : il parle français, possède un certain charisme, il est économiste – non orthodoxe certes, mais reconnu. Et il est à la tête d’un pays qui, selon les standards traditionnels des grands médias, a des résultats économiques supérieurs à ceux de l’Allemagne. On pourrait se dire : « Tiens, il y a d’autres politiques que l’austérité. » Mais non ! On répond par des arguments totalement fallacieux : « On ne peut pas traiter ces sujets à 20 heures sur TF1. Les gens n’en veulent pas ! » Ivan Levaï a eu une réplique qui a donné son titre au film : « On ne donne pas à boire aux ânes qui n’ont pas soif ». Ça dénote un certain niveau de mépris pour l’auditeur. Et c’est une conception assez étrange de l’information que de fabriquer cette censure préalable.
C’est un peu ce que dit Christophe Barbier aussi, avec d’autres arguments. Ce qui se passe en Équateur va à l’encontre des politiques néo-libérales et reaganiennes que ces éditocrates nous présentent comme inéluctables. Alors ils préfèrent ne pas en parler. C’est un travail de flic de la pensée, destiné à maintenir un ordre établi injuste. Ils n’ont pas intérêt à ce que ça change s’ils veulent maintenir leur position de pouvoir, leurs privilèges, ceux de leurs propriétaires et de la classe dirigeante à laquelle ils appartiennent.
En salle, le film est projeté avec votre court-métrage « J’ai mal à la dette », où l’on voit notamment Susan George (Attac), les économistes Aurélie Trouvé, Jean Gadrey, Bernard Friot, Michel Husson…
Ce court-métrage porte sur le chiffrage de la part illégitime de la dette publique française. Selon le rapport du Collectif pour un Audit Citoyen de la dette publique, 59% de cette dette est illégitime. Elle devrait donc faire l’objet d’un défaut de paiement. À nouveau, il faut lire des médias indépendants pour prendre connaissance de cette idée.
Concrètement, quelles sont les solutions préconisées par les économistes que vous mettez en avant ?
Réguler la finance, les excès des dominants. Ce qui n’est pas très révolutionnaire en soi. Expliquer que la dette est une manière de faire la guerre… sans armée. Quand on endette un pays, on l’occupe. C’est ce qui est arrivé à la Grèce : le taux de pauvreté a augmenté, le chômage a explosé, et le Produit Intérieur Brut (PIB) a chuté de 25%.
Pour que l’entreprise d’occupation financière cesse, il faut opérer un défaut de paiement. Dire qu’une grande partie de la dette a servi des intérêts particuliers, et non la collectivité. En chiffrer la part illégitime. Sur ce point, le Comité de l’annulation de la dette du Tiers-monde (CADTM) recense quatre niveaux, en fonction des ravages commis : part illégale, part illégitime, part odieuse, et part insoutenable. En Grèce, on n’est pas loin de la dette odieuse, qui porte atteinte aux droits fondamentaux des citoyens : se loger, se nourrir…
Il faut établir un rapport de force avec les créanciers qui continuent à ponctionner, pomper, exploiter. Avant, on faisait la guerre pour piller des ressources. Maintenant le pillage se fait de manière plus maline et plus « light ».
Est-ce que les mouvements de gauche radicale, comme le gouvernement de Syriza en Grèce, ou Podemos en Espagne, sont réceptifs à l’expérience équatorienne ?
En 2008, l’Équateur a effectué un défaut de paiement sur la dette publique en la considérant comme illégitime. Il n’y a pas de raison pour qu’on ne puisse pas le reproduire ailleurs. Ce n’est pas un hasard si Eric Toussaint, l’un des fondateurs du CADTM, a participé à l’audit de la dette équatorienne et à la commission qui chiffre la part illégitime de la dette publique grecque. Les dirigeants grecs et Podemos regardent de très près comment fait l’Équateur pour rendre sa dette soutenable. Retrouver des marges de manœuvre financière. Injecter une partie de l’argent économisé dans des programmes d’investissement public, dans l’éducation, la santé. Ce que la Grèce ne peut pas faire aujourd’hui, tant qu’elle est confrontée à cette dette insoutenable.
La pression de la dette grecque est exercée par l’Allemagne. Comment l’Équateur s’est-il affranchi des États-Unis ?
Il a bénéficié de l’élection d’Hugo Chavez en 1998, qui a marqué un changement des relations entre une partie de l’Amérique latine et les États-Unis. À son arrivée au pouvoir, Correa a fermé la base étasunienne de Manta, sur la côte pacifique. Officiellement dédiée à la lutte contre le narcotrafic, elle constituait en réalité une ingérence très claire dans la souveraineté du pays. Leurs premières mesures ont donc été de retrouver leur souveraineté en fermant ces bases ou en récupérant les ressources minières pillées par les compagnies pétrolières, dont les profits partaient à l’étranger.
L’Équateur a contracté un important emprunt avec la Chine, qui est devenu son premier investisseur. N’est-ce pas juste une façon de déplacer le problème ?
La différence avec les dettes antérieures, c’est que la Chine n’interfère pas dans la politique du pays. Quand le FMI prête de l’argent, il demande des ajustements structurels. La Troïka et les organismes prêteurs ordonnent à la Grèce des mesures. Le rapport de force n’est pas le même.
L’Équateur a besoin d’argent pour ces projets dans l’éducation, la santé, la sécurité sociale, l’augmentation des salaires. Avec des prêts de la Chine et du Vénézuela, dix milliards de dollars ont également été investis dans une raffinerie géante, la Raffinerie du Pacifique, afin de pouvoir exporter un pétrole raffiné. À terme, il y a une volonté de souveraineté économique et de production locale. Aujourd’hui, l’Équateur, qui exporte son pétrole brut à un prix relativement faible, se retrouve obligé d’en importer pour sa consommation locale, raffiné ailleurs, à un prix plus élevé. La différence va dans des poches étrangères.
Pour autant, peut-on parler de miracle équatorien ?
La Colombie, en guerre civile depuis des dizaine d’années, voit avec envie ce qui se passe chez son voisin. Depuis l’arrivée de Correa, les inégalités entre les 10% les plus riches et les 10% les plus pauvres ont baissé. Des routes ont été construites et réparées. L’État est relativement présent sur l’ensemble du territoire. Il y a des hôpitaux, des dispensaires, des écoles gratuites. C’est le résultat de luttes. Ces avancées impressionnent les pays voisins. Néanmoins, c’est un modèle productiviste et centralisé, ce qui est critiquable.
Qu’est-ce qui lie ces nouveaux états sud-américains, souvent d’inspiration bolivarienne ?
Chavez, Correa, Morales ou Kirchner en Argentine sont arrivés au pouvoir de manière différente. Ils se sont entraidés en créant des organismes de coopération importants, se passant des États-Unis. Quand il y a eu des tentatives de coup d’état – au Vénézuela en avril 2002, en Équateur en septembre 2010 – les autres pays se sont montrés solidaires. Pour eux, ce n’est plus possible qu’on remette en place des dictatures de droite appuyées par les États-Unis.
On reproche à ces gouvernements de faire preuve d’autoritarisme, voire d’être des dictatures…
Dans un reportage, Arte avait qualifié Chavez de dictateur quand il a été victime du coup d’état d’avril 2002. C’est un retournement incroyable. Le sujet racontait qu’il avait démissionné. Ce qui était complètement faux. Il y a de la désinformation dans des journaux comme Libération. Paulo Paranagua, responsable du service Amérique latine du Monde est un anti-castriste et anti-chaviste primaire. Si on veut s’informer sur ce qui se passe dans ces pays, il vaut mieux lire Le Monde Diplomatique, l’Humanité ou les articles de Patrick Bèle dans Le Figaro.
On voit dans votre film que Correa a fermé |1| trois chaînes de télévision et une radio en 2008. Son rapport aux médias est controversé
Je ne suis pas sûr que le premier reproche qu’on puisse lui faire soit d’avoir régulé l’audiovisuel en 2013, en inscrivant dans la Constitution une part de 33% de médias publics, 33% de médias privés et 33% de médias communautaires et associatifs. On ferait mieux de s’en inspirer. Une journaliste espagnole a reproché à Correa d’avoir fermé des médias |2| appartenant aux banquiers de la Filanbanco, les frères William et Roberto Isaias, en exil à Miami et accusés de détournement de fonds. Elle trouve inconvenant qu’une partie du capital ait été redistribuée aux salariés. Or c’est plutôt une bonne chose que les salariés soient propriétaires de leur outil de travail. Car ces médias ne sont pas neutres : ils appartiennent à des gens qui sont dérangés dans leur business, à des banquiers qui ont pillé le peuple équatorien au moment de la fermeture des banques en 1999. Les intérêts de ces médias détenus par des groupes industriels ne vont pas forcément dans le sens de l’État équatorien.
On ne peut pas dire que tout est rose en Équateur…
Non. Par exemple, les mouvements sociaux qui contestent des aspects de la politique de Correa ne sont pas pris en compte. En avril dernier, à Quito, des manifestations ont dénoncé la politique extractiviste qui consiste à puiser dans les ressources minières et pétrolières pour développer le pays… en occasionnant des ravages environnementaux – et sans qu’il y ait forcément de concertation. On attendrait aussi d’un régime progressiste des mesures envers les femmes, comme la légalisation de l’avortement. Au bout de huit ans, des penchants autoritaires se révèlent et dérangent à la gauche de Correa. Quand on enquêtera sur place, on parlera des avancées mais aussi de ces aspects problématiques.
Il y a également une volonté d’adopter le tout électrique qui n’est pas sans poser problème…
Aujourd’hui, les habitants cuisinent au gaz, ce qui coûte très cher à l’État, qui subventionne les bouteilles de gaz importé. Celui-ci veut généraliser le passage aux plaques à induction, et un programme d’équipement et de subvention est à l’oeuvre. Correa a également lancé la construction de huit barrages hydro-électriques très importants qui devraient, à court terme, permettre au pays d’être autonome en énergie renouvelable. Sur le papier, ça tient la route. Mais ce programme ne tient pas compte des habitudes culturelles des habitants. D’où des résistances et des contestations de pans entiers de la population qui ne se sentent pas associés à cette politique.
Comment avez-vous préparé l’enquête qui doit faire l’objet de cette deuxième partie ?
En mars, avec Nina Faure, on a fait un repérage de trois semaines sur le terrain. Voir comment ça se passe. Sentir le pays. Rencontrer des pro-Correa et des opposants de gauche, des déçus. On n’est pas allés voir l’opposition de droite issue de l’oligarchie. On est allés dans la campagne voir d’autres réalités que celles des trois grandes villes de Quito, Cuenca et Guayaquil.
On a une idée, forcément imparfaite, de ce qui fonctionne et de ce qui pose problème. On va essayer de la sortir en début d’année prochaine. Peut-être qu’on l’appellera « Révolution et induction », en référence à ces plaques à induction qui cristallisent à la fois des aspects intéressants et problématiques.
Selon vous, Correa est soutenu par les classes populaires…
En 2013, il a été réélu [pour la troisième fois] au premier tour avec 57% des voix, dans un pays où il n’y a pas d’abstention car le vote est obligatoire. C’est une assise très large. Comme en Bolivie, où Morales a été élu avec 61% des voix au premier tour. Ces gouvernements ont une légitimité populaire énorme. Les gens ont vu les améliorations de leur niveau de vie, avec une retraite supérieure à ce qu’ils avaient avant – quand ils en avaient une. Avant, vous pouviez crever dans un hôpital parce que vous n’aviez pas d’argent ! Maintenant les hôpitaux privés ont l’obligation, en cas d’urgence, de vous recevoir, et on peut désormais s’y faire soigner avec la sécurité sociale. Faire des études gratuites. Ces mesures ont amélioré le sort des plus pauvres et énervé les plus riches.
N’y a t-il pas un risque de vous laisser fasciner par le personnage ?
Chaque fois qu’on fait des films, on peut se laisser fasciner. Mais on ne travaille pas seul. Le travail collectif permet de limiter ce risque. On présente des versions de travail à un public restreint pour recevoir des critiques, s’améliorer. Les retours critiques ne nous font pas peur. C’est comme ça qu’on fait des films qui tiennent la route.
En 2012, Correa a donné asile à Julian Assange, le fondateur de Wikileaks, dans son ambassade de Londres. Pourquoi, selon vous ?
Peut-être pour un enjeu de politique intérieure. C’était une façon pour Correa, très contesté par l’opposition sur son rapport aux médias, de leur faire un pied de nez en disant : « Je suis un grand défenseur de la liberté d’expression. Je donne l’asile à Julian Assange. » Toujours est-il qu’il fallait avoir le courage de le faire et de se mettre à dos les États-Unis, très fâchés de ne pas pouvoir l’extrader.
En 2013, l’avion d’Evo Morales a été stoppé à Vienne par la France, l’Italie, l’Espagne et le Portugal, car les États-Unis le soupçonnaient de transporter Edward Snowden. Ça a fait un scandale en Amérique latine. Il y a eu des manifestations devant l’ambassade de France à la Paz. Des drapeaux français ont été incendiés. Evo Morales a expliqué qu’il a été séquestré. On a même tenté de fouiller son avion présidentiel, qui bénéficie pourtant d’un statut d’extraterritorialité. C’est une ingérence des États-Unis dans les affaires de ces quatre pays européens, qui se sont comportés comme des vassaux. Tout ça aurait dû faire l’objet d’enquêtes et la Une des journaux. Mais il y a un tel parti-pris pro-américain que c’est passé, en France, comme une lettre à la poste.
Le but est d’étaler ces films jusqu’aux présidentielles 2017, avec un financement participatif…
Le premier épisode a été financé avec très peu. On l’a sorti au cinéma pour le faire circuler et rapporter un peu d’argent. Le deuxième est en train d’être financé par les internautes. Toutes les ressources sont les bienvenues, à condition qu’elles ne nous lient pas. Pas question de recevoir d’argent du gouvernement équatorien. Quant aux chaînes de télévision françaises, l’Équateur n’a pas l’air d’être leur priorité. Et mes films en sont bannis. En dix-sept ans, aucun de mes huit long-métrages n’a été diffusé sur une chaîne de télévision. On n’a pas d’autre choix que d’aller chercher un financement auprès des spectateurs, des internautes.
Est-ce une façon de s’adresser aux futurs candidats de 2017, tout comme le précédent film « DSK, Hollande, etc. » se référait aux élections de 2012 ?
En 2012, on a voulu montrer à quel point le jeu est faussé. Les grands médias orientent le vote des électeurs, construisent des catégories de gros et de petits candidats, et fabriquent un duo jugé « sérieux ». Ils arrivent à mettre dans la tête des gens qu’il n’y pas d’autres choix possibles que ces deux là, dont les programmes sont en réalité très proches. C’est pour cela que les médias ont promu les candidatures de DSK et François Hollande, tous les deux issus de l’aile droite du Parti Socialiste. Tout en prenant au sérieux la candidature de Nicolas Sarkozy. Le choix proposé, c’était droite-droite et non droite-gauche, comme on l’a fait croire au deuxième tour.
Avant l’élection de mai 2017, on va essayer avec ces films de contribuer à l’enrichissement du débat politique. Faire connaître aux citoyens l’existence d’autres modèles de société. Il ne faut pas compter sur ces grands médias pour nous en informer.
Vous avez participé à l’expérience de Pour lire pas lu / Plan B, « le journal qui mort et fuit » dont le nom est inspiré de votre film « Pas vu pas pris ». Où en est la presse alternative ?
Il y a pas mal de journaux indépendants comme Fakir, CQFD la Décroissance, la Brique, Silence, l’Envolée… Mais pas de radio ou de télé alternative. Pour l’instant, les médias indépendants ne constituent pas une alternative aux médias dominants pour le grand public.
Si on veut qu’il y ait un jour des médias alternatifs, il faudrait déjà que les médias traditionnels aient moins d’espace. Je milite pour une réduction de leur l’espace. Pour la suppression de certaines chaînes et radios hégémoniques. Si on veut voir émerger de véritables radios ou télévisions de gauche, communiste, il faudrait que les médias de droite privés et publics cèdent un peu leur place. Qu’ils cessent de nous asphyxier avec leur pensée néo-libérale. Ce qui passe par des mesures coercitives, parce que si on leur demande ils ne le feront jamais. On en est encore loin. Mais on a vu en Équateur qu’il est possible de réguler le spectre audiovisuel. J’espère que ça sera fait ici un jour.

Source : The Dissident

Julien Le Gros

Notes
1 En 2008 les chaînes de télévision Gamavision, TC Television et Cablevision appartenant aux frères Isaias ont été saisies. La radio Sucre a également été fermée
2En 2011, après une plainte de Rafael Correa, quatre dirigeants du journal de droite conservateur El Universo ont été condamnés pour diffamation à trois ans de prison, dont l’éditorialiste Emilio Palacio, frère de l’ancien président Alfredo Palacio, depuis parti aux États-Unis
Julien Le Gros
Julien Le Gros est un journaliste indépendant, spécialisé sur les cultures d'Afrique. Il a notamment écrit dans pour Jazzman - Jazz magazine, Afriscope, Mondomix.. mais aussi sur Internet avec Africultures, Mondafrique, Tribune 2 l'artiste, International Hip Hop. Il a fait des reportages au Kenya, Cameroun, Côte d'Ivoire, Burkina Faso, Sénégal et récemment en Guinée Conakry sur le virus Ebola.
 

 

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