Communiqué de presse - 28 mars 2017
Décret d'autorisation de création de l'EPR prorogé de trois ans : une marge illusoire pour un réacteur à abandonner d'urgence
Par un décret
lapidaire du 24 mars 2017, le gouvernement a
prorogé de trois ans le délai prévu par le décret
d’autorisation de création de l’EPR de Flamanville
pour effectuer le premier chargement en
combustible du réacteur. Le Réseau “Sortir du
nucléaire“ conteste fortement cette énième
concession à une industrie nucléaire en déroute et
envisage d’attaquer ce décret en justice. Cher,
inutile et dangereux, l’EPR doit être abandonné !
Une marge supplémentaire pour un réacteur dangereux
Publié le 11 avril 2007, le décret
d’autorisation de création de l’EPR de Flamanville
spécifiait que le premier chargement en combustible du
réacteur devait être effectué dans les dix ans à
compter de cette date. À défaut, il serait caduc et
EDF devrait initier une nouvelle procédure comprenant
une enquête publique afin d'obtenir un nouveau décret
d'autorisation de création.
Depuis, retards et malfaçons se sont
accumulés, tout comme les éléments accablants sur les
défauts de l’EPR. Risque d’explosion de vapeur
lié à la conception du « récupérateur de corium »,vulnérabilité au crash d’un avion
de ligne, mode de pilotage susceptible de
favoriser les accidents, sans compter les défauts de la cuve, qui est
déjà installée et impossible à démonter : à ce jour,
de nombreux problèmes n’ont toujours pas trouvé de
parade.
Dix ans après, le réacteur, qui a vu
ses coûts tripler, n’est toujours pas achevé. La
logique imposerait d’abandonner ce projet
inconstructible et dangereux. Mais le gouvernement a
préféré proroger ce délai de trois ans par décret, en
vertu d’une piteuse
concession faite à EDF pour lever l’une des étapes
en vue de la fermeture de Fessenheim.
Achever l’EPR… à quel prix ?
Au vu du retard sur le chantier et
des nombreux problèmes toujours pendants (dont en
premier lieu la défectuosité de la cuve, qui devrait à
elle seule interdire la mise en service du réacteur),
il apparaît peu réaliste que ces trois années
supplémentaires permettent son achèvement effectif.
EDF cherche-t-elle à reculer
l’échéance pour éviter de regarder son fiasco en
face ? Ou continue-t-elle de tabler sur une mise en
service coûte que coûte pour sauver l’image de l’EPR,
quitte à sauter les étapes, n’effectuer que des
vérifications de façade et faire pression sur
l’Autorité de sûreté nucléaire pour obtenir
l’homologation de la cuve ?
Les milliards déjà engloutis ne
sauraient servir de prétexte pour justifier
l’achèvement à tout prix d’un réacteur aussi
dangereux, dont les coûts n’ont d’ailleurs pas fini de
dériver. D’autres pays, comme l’Allemagne ou
l’Autriche, ont bien su arrêter à temps des chantiers
de réacteurs nucléaires. Plutôt que de céder aux
caprices d’une industrie à bout de souffle, en la
laissant s’enfoncer encore plus, le gouvernement
aurait mieux fait de mettre en œuvre une véritable
transition énergétique.
Le Réseau “Sortir du
nucléaire“, qui appelle les candidats à la
présidentielle à mettre fin au fiasco de l’EPR,
envisage de déposer un recours devant le Conseil
d’État pour contester ce décret absurde.
Contact presse :
Martial Chateau - 06 45 30 74 66
Chargée de
communication :
Charlotte Mijeon - 06 64 66 01 23
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