vendredi 29 mai 2015

Les Journées iconoclastes ! à la Chapelle - Toulouse

du vendredi 29 au dimanche 31 mai 2015


Journées de conférences, débats, ateliers, réflexions, partages et discussions autour de différents thèmes qui nous posent question...
... pour casser les icônes !
Programme complet sur notre site internet : www.atelierideal.lautre.net
Vendredi 29 mai (18h - 22h)
A partir de 18h : Apéro d’accueil et introduction aux journées
A 20h : Conférence-débat avec Françoise Morvan autour du thème
"Ethnorégionalisme et ultralibéralisme : La Bretagne pour laboratoire"
Samedi 30 mai (11h - 22h)
A 11h : table ronde pour poursuivre la conférence de la veille avec notamment Françoise Morvan et Eric Fraj
A 16h : Conférence-débat animée par Yves Coleman sur le thème « antisémitisme de gauche »
A 20h : Conférence-débat de Jordi Vidal sur la thématique « post-modernisme, la stratégie ou l’extinction des Lumières »
Dimanche 31 mai (11h - 22h)
De 11h à 13h : Atelier-débat autour du thème "30 ans de scissions dans le mouvement libertaire"
De 13h à 15h : pique-nique dans le jardin !
A 15h : Conférence-débat de Yves Coleman sur le thème « Idéologues et militants du social-chauvinisme »
Ces journées sont organisées par la CNT-AIT et l’Atelier Idéal.
+ d’informations notre site www.atelierideal.lautre.net
ou dans le programme détaillé en pièce jointe


Projet pour une presse libre

par Pierre Rimbert, le 28 mai 2015

Nous publions ci-dessous, sous forme de tribune [1] un article de Pierre Rimbert, paru en décembre 2014 dans Le Monde diplomatique. Pierre Rimbert sera notre invité lors du prochain jeudi d’Acrimed, organisé le jeudi 11 juin à 19h à la Bourse du travail (3, rue du Château d’Eau, Paris 10e), pour discuter notamment des propositions présentées dans ce texte (Acrimed).
Alors que la presse française titube, l’exigence s’affirme d’un modèle radicalement différent. Quel serait son cahier des charges ? Produire une information de qualité soustraite à la loi du marché comme aux pressions du pouvoir, loger numérique et papier à la même enseigne, inventer un mode de financement solide et juste. Surprise, les outils nécessaires à la mise en place d’un tel système sont sous nos yeux.

Naguère, les nouveaux riches soucieux de parfaire leur intégration à la bonne société s’offraient un haras, une voiture ancienne ou une villa à Cabourg. Désormais, pour asseoir leur statut, ils s’achètent un journal. MM. Bernard Arnault et François Pinault, deuxième et troisième fortunes françaises, ont depuis longtemps chacun le leur, respectivement Les Echos et Le Point. Les voici rejoints par de nouveaux venus, MM. Xavier Niel et Patrick Drahi, industriels des télécommunications, renfloueurs respectifs du Monde (2010) et de Libération (2014). Financiers autant que philanthropes, ils ont inauguré leur magistère par une réduction drastique des dépenses. Paradoxe : les moyens techniques et intellectuels nécessaires pour produire et diffuser une information de qualité abondent ; mais, à de rares exceptions près, la presse imprimée et numérique chancelle, incapable de juguler la dégradation de ses contenus et de stabiliser son assise économique.
À s’en tenir aux trois dernières décennies, on repère une séquence presque toujours identique. Un journal, ou un groupe de presse, frappé par la baisse des ventes ou l’amenuisement de ses ressources publicitaires cherche des capitaux ; l’arrivée d’un investisseur s’accompagne d’un plan social et de la réduction des moyens rédactionnels ; le titre redémarre avec une dépendance accrue vis-à-vis du pôle économique. « Nous connaissons assez le capitalisme pour savoir qu’il n’y a pas de séparation entre le contrôle et la propriété », expliquaient les rédacteurs du Wall Street Journal (1er août 2007) après la reprise du quotidien d’affaires par le magnat de la presse Rupert Murdoch. Et la routine reprend, jusqu’à la prochaine crise.
Libération a été racheté successivement par M. Jérôme Seydoux en 1995, par M. Edouard de Rothschild en 2005, puis par MM. Bruno Ledoux et Drahi en 2013-2014, comme on se repasse une patate chaude — encore que ses colonnes évoquent plutôt une purée tiède. Au Monde, les restructurations du capital s’enchaînent à un rythme quasi quinquennal : 1985, 1991, 1995, 1998, 2004, 2010. En l’espace d’une décennie, Les Echos, Le Figaro, L’Express, Marianne, Le Nouvel Observateur ainsi qu’une ribambelle de quotidiens régionaux et d’hebdomadaires locaux ont eux aussi tendu les bras vers le même horizon, la même illusion : s’acheter un surcroît de survie au prix d’un nouveau propriétaire. Pour La Tribune et France-Soir, le rideau final est tombé [2].
Le modèle mixte expire
À en croire les analystes dominants de la presse, deux facteurs favorisent les sinistres à répétition. Le premier tiendrait au poids écrasant du Syndicat du livre, qui pousserait l’inconvenance jusqu’à payer les ouvriers d’impression et de distribution presque aussi bien que des cadres. Le second remonterait à l’immédiat après-guerre et aux fameuses ordonnances de 1944 : le propriétaire d’un quotidien d’information générale et politique ne peut posséder un autre titre de cette catégorie. Dit autrement, l’État proscrit alors la concentration de la presse la plus sensible sur le plan idéologique et politique. Cette disposition, conforme aux préconisations du Conseil national de la Résistance, fut transgressée par des personnages comme Robert Hersant, qui bâtit un empire en rachetant des quotidiens régionaux à coups de millions gagnés dans la presse magazine, non concernée par les ordonnances. Entre autres effets pervers, expliquent les adversaires de la réglementation, ces dispositions auraient engendré une sous-capitalisation structurelle de la presse française. Ainsi les journaux pâtiraient-ils de l’absence de groupes médiatiques capables, à l’instar de Springer et de Bertelsmann en Allemagne, de Pearson au Royaume-Uni ou de News Corporation de M. Murdoch, d’absorber les chocs de la conjoncture. Pareille défaillance aurait ouvert la voie aux amateurs de danseuses qui s’offrent un journal non point comme un actif mais comme un levier d’influence [3].
Ni les dérives de la presse contrôlée par M. Murdoch ni les restructurations du capitalisme médiatique outre-Rhin n’ont entamé la certitude des dirigeants de la presse française : chacune de leurs difficultés, pensent-ils, appelle une solution financière au coup par coup. Et qu’importe le sort du concurrent si l’on parvient à restaurer pour un temps ses fonds propres. Avec la montée en puissance du numérique et l’évaporation des ressources publicitaires, il devient difficile d’échapper à l’évidence : le véritable problème se pose non pas à l’échelle d’un titre en particulier mais à l’ensemble de la production d’information ; il ne provient pas d’une sous-capitalisation mais, précisément, des contraintes exercées par la capitalisation elle-même.
Pareille cécité tient à une ambivalence vieille de deux siècles : l’information est pensée comme un bien public, mais produite comme une marchandise. Substrat indispensable à la formation des jugements politiques, elle concourt à forger des esprits libres, des imaginaires collectifs, des groupes mobilisés. C’est l’arme à mettre entre toutes les mains. Et parce qu’aucune société émancipée ne saurait s’en priver, l’Assemblée constituante de 1789 proclame que « la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme » et que « tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement » [4]. Hélas, le législateur, toujours plus à l’aise dans la poésie des idées que dans la prose du quotidien, n’a pas sanctuarisé les moyens de son ambition. Enquêter, corriger, mettre en pages, stocker, illustrer, maquetter, administrer et, en ce qui concerne la presse imprimée, fabriquer et distribuer, tout cela coûte cher. Et bientôt le droit « universel » de « répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit [5]  » se mue en un privilège — celui d’une poignée d’industriels suffisamment fortunés pour s’offrir les grands moyens d’information.
Au fil du temps, le double caractère idéalement collectif et concrètement marchand de l’information s’est sédimenté sous la forme d’une tension entre le marché et l’État. Le premier produit et diffuse ; mais sa logique de course à l’audience par le racolage tire la qualité vers le bas. Le second régule, avec un zèle mollissant, et subventionne, mais sans discernement : 1,6 milliard d’euros accordé chaque année à l’ensemble du secteur. Pour les périodiques d’information politique et générale, les subsides représentent plus de 19 % du chiffre d’affaires. La persistance de ces aides publiques massives mais passives exprime la reconnaissance implicite d’une situation dérogatoire au droit commun des affaires : pas plus que l’éducation ou la santé, l’information de qualité ne saurait s’épanouir sous la férule de l’offre et de la demande. Détourné de l’intérêt général vers les conglomérats commerciaux, le modèle mixte expire [6].
Sur quelles bases économiques construire un nouveau système respectueux du cahier des charges minimal qu’imposent les leçons de l’histoire, une information conçue comme bien public échappant simultanément aux contraintes économiques et aux pressions politiques de l’État ?
La question fouette les imaginations depuis des lustres : nationalisation des infrastructures proposée par Léon Blum en 1928 (lire « M. Valls aurait-il osé ? »), création de sociétés de presse à but non lucratif réclamée par les sociétés de rédacteurs dans les années 1970 [7], mise en place d’une fondation nationale. À rebours des rêveurs, et alors que la poussée numérique porte le système au bord de l’éclatement, les gouvernements successifs limitent leur audace à la pose de rustines.
Paradoxalement, imaginer une refondation pérenne des médias écrits d’intérêt général ne requiert pas un effort d’imagination surhumain. Trois éléments permettent de charpenter un cadre. Le premier consiste à distinguer radicalement la presse d’information ayant vocation à alimenter le débat public de la presse récréative. Si les deux genres peuvent se prévaloir d’une égale dignité, seul le premier joue un rôle-clé dans l’exercice par tous de la chose publique, ce qui fonde sa légitimité à percevoir des financements de la collectivité. Sur les 4 726 publications recensées en France par la direction générale des médias et des industries culturelles en 2012, à peine plus de 500 répondaient à la qualification de presse nationale ou locale d’information politique et générale, dont 75 quotidiens et près de 300 hebdomadaires. Le reste mêle publications spécialisées grand public ou techniques, un océan de papier où 838 trimestriels de loisirs et 181 mensuels consacrés aux services marchands voisinent avec une poignée de périodiques ayant sans doute vocation à migrer dans la première catégorie.
L’administration fiscale reconnaît d’ailleurs implicitement la distinction dans l’article 39 bis A du code des impôts, puisque celui-ci circonscrit l’exonération sur les bénéfices aux sociétés « exploitant soit un journal quotidien, soit une publication de périodicité au maximum mensuelle consacrée pour une large part à l’information politique et générale, soit un service de presse en ligne (…) consacré pour une large part à l’information politique et générale ». Allons un peu plus loin : les titres consacrés au divertissement assumeront leur statut de marchandise, ceux dévolus à l’information revendiqueront celui de bien collectif, avec ses servitudes et son… Service commun.
Car le deuxième principe du modèle proposé repose sur la création d’un service mutualisé d’infrastructures de production et de distribution de l’information. Du journaliste au kiosquier ou à la page Web, la presse forme une chaîne humaine et technique. Situés au centre du processus, les travailleurs intellectuels négligent volontiers les autres maillons. D’autant que la division technique et sociale du travail mise en place après la seconde guerre mondiale a peu à peu entériné la séparation des activités d’impression, de diffusion, de gestion des abonnements (généralement externalisées), de développement informatique, enfin de production du journal proprement dit. Cette dispersion conduit à une impasse.
Le Service commun procurerait aux journaux — imprimés ou en ligne — non seulement les imprimeries, le papier, les messageries qui acheminent les liasses, une partie des kiosques, mais également des locaux, des serveurs, des outils de stockage et de diffusion, des moyens de recherche et de développement. Il fournirait à toutes les entreprises de presse d’intérêt général les services administratifs, comptables, juridiques, commerciaux, et opérerait une plate-forme commune d’abonnement, de paiement et de gestion de bases de données. Il rémunérerait des techniciens, des développeurs et des « bidouilleurs » informatiques qui, tout en restant intégrés au sein des équipes de chaque titre, collaboreraient pour améliorer les applications, accroître la qualité et la puissance du kiosque en ligne, s’assurer de la sécurité des données personnelles, améliorer la lisibilité des sites et inventer de nouvelles conceptions graphiques. Le Service intégrerait l’ensemble de la filière. De haut en bas, il engloberait les infrastructures de l’Agence France-Presse et prendrait en charge le salaire, enfin porté à un niveau décent, des kiosquiers. Au centre, il financerait celui des correcteurs, secrétaires de rédaction, maquettistes, photograveurs, graphistes… dont les postes se trouvent actuellement menacés d’éradication par la course à l’automatisation, mais sans lesquels un texte prend des allures de fleuve gris.
Dans ces conditions, la masse salariale des entreprises de presse se réduirait aux seuls journalistes — encore que cette exception, qui vise essentiellement à tuer dans l’œuf le soupçon de soviétisme qu’une telle organisation collective ne manquera pas d’éveiller chez les défenseurs de l’irréductible individualité des rédacteurs, ait vocation à se résorber. En attendant, la différence d’employeur n’affecterait pas les collectifs de travail : les équipes ne seraient pas séparées en fonction de leur mode de rémunération et continueraient à travailler sous le même toit.
Partager les infrastructures
En matière d’impression, d’administration et de logistique, la mutualisation engendrerait d’importantes économies d’échelle. Du reste, son principe ne représente pas une percée conceptuelle inédite : de nombreux services et industries de réseau (télécoms, transports, énergie) mutualisent des infrastructures coûteuses à construire et à entretenir. Si la concurrence règne en aval parmi les acteurs, tous empruntent le même réseau, qui forme ce que les économistes appellent un « monopole naturel » — chaque compagnie aérienne ne construit pas son aéroport. Côté numérique, le Service s’accorde harmonieusement avec le style de travail collaboratif des développeurs de logiciels libres habitués à partager leurs trouvailles ; sa centralisation et ses moyens lui font remplir l’obligation de sécurité et de confidentialité des données personnelles plus facilement que dans la configuration actuelle, où s’empilent des dizaines de prestataires privés. Au moment où les géants du Web transforment ces informations en marchandise, cette qualité ne relève pas de l’anecdote.
À qui profiterait la mutualisation et à quelles conditions ? À toute la presse d’information d’intérêt général, sans distinction d’opinion, de prestige ou de taille, pourvu que ses éditeurs adoptent le statut d’entreprise à but non lucratif (le bénéfice n’est pas distribué aux actionnaires), ne possèdent pas plus d’un titre dans chaque type de périodicité (quotidien, hebdomadaire, etc.) et proscrivent toute publicité de leurs colonnes ainsi que de leurs écrans. C’est-à-dire non seulement la réclame classique, sous forme d’inserts, de bannières ou de vidéos surgissantes, mais également les diverses formes d’écriture publirédactionnelle que les services marketing promeuvent au sein des rédactions. L’intention ici n’est pas de réduire l’information à un noyau sec dépourvu de pulpe, d’imprévu et de fantaisie, mais plutôt de s’assurer qu’elle réponde au désir des rédacteurs et à l’intérêt des lecteurs plutôt qu’aux exigences des annonceurs.
La mise en place de ce modèle provoquerait à coup sûr un grand courant d’air frais : créer ou reprendre un journal ou un site d’information serait d’autant plus facile que les dépenses se limiteraient aux salaires des seuls journalistes, le reste étant fourni par le Service. Enfin pourvue de moyens, la presse « alternative » pourrait sortir des marges. Comment financer le Service ? C’est le troisième et dernier pilier du système, le point où s’apprécie la crédibilité de l’ensemble. Dans notre schéma, les recettes des ventes couvrent les salaires des journalistes ainsi qu’une partie des dépenses mutualisées (environ la moitié, lire « Vers la cotisation information »). Reste à trouver une source pérenne qui remplace à la fois les aides publiques, supprimées, et la publicité, abolie. Il faut écarter d’emblée deux solutions souvent avancées en pareilles circonstances : d’une part, l’impôt, qui présente le risque de soumettre l’information à une tutelle trop directement politique ; d’autre part, la philanthropie — dont dépendent par exemple la plate-forme d’enquête ProPublica et l’organisation First Look Media —, qui subordonne le sort de l’information à la générosité de quelques milliardaires.
Le mode de financement qui ne doit rien au marché ni à l’État existe déjà : la cotisation sociale. Sa puissance a fondé le succès de la Sécurité sociale et assuré le versement depuis des décennies des pensions de retraite. Le sociologue Bernard Friot [8] y voit à la fois le produit des luttes sociales passées et l’embryon d’une société enfin soustraite aux forces du marché. Les gouvernants s’acharnent sur cette preuve en actes que le tous-pour-chacun fonctionne au moins aussi bien que le chacun-pour-soi. Contrairement à l’impôt, la cotisation socialise une partie de la richesse produite par le travail avant que les salaires ne soient payés et le capital rémunéré. Versée aux caisses (santé, retraite, famille), elle n’entre pas plus dans les budgets de l’État qu’elle ne sert de support spéculatif. Pourquoi, plaide Friot, ne pas étendre ce schéma à l’ensemble de l’économie ? En attendant que le rapport de forces politique permette l’accomplissement d’un tel projet, une application sectorielle s’envisage aisément : la création d’une cotisation information financera le Service. Au fond, quoi de plus logique que cette conquête sociale prenne en charge un bien collectif ?
Ni impôt ni publicité
D’autant que l’effort n’en serait pas un. Nos calculs (lire « Vers la cotisation information ») montrent que les besoins annuels de financement s’élèvent à 1,9 milliard d’euros, un chiffre à comparer au 1,6 milliard d’aides à la presse, lesquelles seront supprimées. Ce montant correspond à un taux de cotisation information de 0,1 % assis sur la valeur ajoutée et acquitté par toutes les entreprises et administrations. Pour la collectivité, la différence avec le modèle en vigueur représente donc un surcoût de 300 millions d’euros. C’est le prix d’une information libre : moins d’un tiers de la rallonge budgétaire de 1 milliard d’euros accordée par le gouvernement à Dassault en janvier dernier pour moderniser le chasseur-bombardier Rafale…
Dès lors, les sociétés de presse d’intérêt général n’auraient plus pour seule dépense que les salaires des journalistes, que financerait la vente des journaux en ligne ou imprimés — l’excédent étant reversé au Service. Quant aux formidables économies d’échelle engendrées par la mutualisation, elles se traduiraient par une baisse significative du prix des journaux en ligne et imprimés.
Aux sceptiques qui jugeraient irréaliste l’idée d’un financement par une nouvelle cotisation, il n’est sans doute pas inutile de rappeler que, au-delà du système paritaire hérité de l’après-guerre, elle fut discrètement mise en œuvre en 2010 par… M. Nicolas Sarkozy pour remplacer la défunte taxe professionnelle. Ce prélèvement, baptisé cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), s’applique actuellement aux sociétés à un taux variant entre 0,5 % et 1,5 % en fonction du chiffre d’affaires. Son produit, alloué au financement des investissements locaux (routes, ponts), a dépassé les 15 milliards d’euros en 2013, mais il ne fait pas l’objet d’une gestion paritaire et fonctionne comme un impôt.
Différenciation radicale entre presse d’intérêt général et presse de divertissement, création au bénéfice de la première d’un service mutualisé d’infrastructures, financement par une cotisation information : ces piliers reposent sur des principes juridiques et des outils fiscaux qui existent. Ils esquissent un système capable de conjuguer qualité et pérennité, adapté aussi bien à l’imprimé qu’au numérique, potentiellement extensible à l’audiovisuel ainsi qu’aux plates-formes de diffusion vidéo numérique. Ils limitent l’appropriation privée des moyens écrits d’information d’intérêt général sans pour autant en transférer le contrôle à l’État : les entreprises de presse demeurent dans leur diversité mais avec un statut non lucratif, un périmètre salarial restreint aux journalistes, une interdiction de la concentration. L’appropriation privée des médias écrits telle qu’elle se pratique en France depuis des décennies relève d’ailleurs plus de la prestidigitation que du capitalisme d’investisseurs, puisque, tous comptes faits, les sommes versées par les industriels pour acheter la presse s’avèrent bien maigres comparées aux prodigalités publiques. MM. Bergé, Niel et Pigasse ont acheté LeMonde en 2010 pour 60 millions d’euros ; entre 2009 et 2013, l’État a versé 90 millions d’euros à ce groupe (sans compter les aides indirectes). Cette année, M. Drahi a déboursé 14 millions d’euros pour acquérir une moitié du capital de Libération ; mais, rien qu’entre 2012 et 2013, la puissance publique a gratifié ce quotidien souffreteux de 20 millions d’euros. Si la règle du « qui finance contrôle » s’appliquait, l’État serait propriétaire d’un très vaste groupe de presse… Notre modèle remet l’économie à l’endroit : la collectivité (par la cotisation) et les usagers (par l’achat) financent les infrastructures communes et jouissent de la concurrence des idées.
La mise en œuvre concrète de l’édifice soulève à l’évidence quantité d’objections. Comment, par exemple, distinguer sans ambiguïté les publications vouées à l’information des titres récréatifs ? Si le renoncement obligatoire à toute forme de publicité opère un tri, des zones floues persistent. En outre, les modalités de séparation s’avèrent délicates : nombre de groupes produisent à la fois une presse informative et une presse récréative, les deux disposant de services communs. La création du Service, l’abolition des aides publiques, la non-lucrativité et la déconcentration inciteraient probablement les industriels à se séparer de l’information pour se recentrer sur le secteur récréatif et spécialisé, lequel bénéficierait du transfert de la publicité bannie des titres d’intérêt général (plus de 1,4 milliard d’euros en 2013 pour la seule catégorie presse d’information politique et générale, une somme largement suffisante pour compenser la suppression des aides d’État).
Qui dirigerait le Service, cet organisme mutualiste comptant à la fois plusieurs milliers de salariés et une grande variété de métiers ? Un mode de gestion paritaire, tel qu’il fut expérimenté au sein des caisses de Sécurité sociale entre 1945 et 1960, découle assez logiquement du mode de financement par la cotisation. Des représentants élus des diverses branches du Service, mais aussi des éditeurs, des journalistes, des lecteurs définiraient ensemble les besoins à satisfaire, les orientations à prendre, les investissements à réaliser. Mais comment éviter la bureaucratisation, comment engendrer une dynamique commune à des métiers héritiers de traditions fortes mais éclatées ? Arbitrer les conflits et réguler l’allocation des moyens du Service aux publications requiert des instances reconnues par tous comme légitimes.
Le modèle proposé ici laisse plus de trois points en suspension… Nul ne peut prétendre isoler hermétiquement un secteur des pesanteurs du régime économique et des pouvoirs publics, comme l’éprouvent quotidiennement les personnels d’enseignement, de santé ou de recherche. Il serait toutefois naïf d’attendre qu’un bouleversement social propage ses ondes de choc jusqu’aux industries de la communication pour bâtir un modèle d’information rationnel et désirable. D’autant que, par leur fonctionnement actuel, les médias font obstacle au changement. Notre esquisse lève cet obstacle et propose une application sectorielle, en attendant mieux, d’une économie mutualisée. Avec l’espoir de démentir enfin l’écrivain autrichien Robert Musil, qui déplorait il y a déjà près d’un siècle : « Les journaux ne sont pas ce qu’ils pourraient être à la satisfaction générale, les laboratoires et les stations d’essai de l’esprit, mais, le plus souvent, des bourses et des magasins [9]. »
Pierre Rimbert

Notes

[1] Les articles publiés sous forme de « tribune » n’engagent pas collectivement l’Association Acrimed, mais seulement leurs auteurs.
[2] Rectificatif : en ce qui concerne La Tribune, si l’édition quotidienne sur papier a effectivement été arrêtée, une édition numérique reste publiée chaque jour, ainsi qu’une édition sur papier chaque semaine.
[3] Cette thèse convenue est défendue notamment par l’historien Patrick Eveno. Cf. Histoire du journal Le Monde. 1944-2004, Albin Michel, Paris, 2004.
[4] Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, article 11.
[5] Déclaration universelle des droits de l’homme, article 19.
[6] Lire Sébastien Fontenelle, « Aides à la presse, un scandale qui dure », Le Monde diplomatique, novembre 2014.
[7] Lire « Sociétés de rédacteurs, un rêve de journaliste », Le Monde diplomatique, mai 2007.
[8] Lire « La cotisation, levier d’émancipation », Le Monde diplomatique, février 2012. Cf. aussi Puissances du salariat, nouvelle édition augmentée, La Dispute, Paris, 2012, et Emanciper le travail. Entretiens avec Patrick Zech, La Dispute, 2014.
[9] Robert Musil, L’Homme sans qualités, tome 1, Points, Paris, 2011 (1re éd. : 1930).

4es Rencontres nationales des Médias Libres et du journalisme de résistance à Meymac en Corèze

4es rencontres nationales des médias libres et du journalisme de résistance


Toutes les infos ici

Source : Medias Libres

VICTOIRE DES FRALIB !

Le , par L’équipe de Là-bas

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Un grand éclat de rire au milieu des journalistes (photo : Vincent Lucas)
Des détenus s’échappent après avoir creusé un tunnel pendant 1336 jours. Incroyable ?
C’est ce qu’ont réussi les salariés de Fralib. Pendant 1336 jours ils ont lutté, ils ont occupé, ils ont creusé, ils ont rusé, ils ont fini par faire plier l’énorme multinationale Unilever qui voulait fermer l’usine et les jeter. Victoire ! Aujourd’hui ils lancent 1336, leur marque de thé. Fralib devient la coopérative ouvrière SCOP-TI. Le syndicalisme offensif, ça marche. Il y croient, ils n’ont rien lâché. Depuis 2011, l’équipe de Là-bas a suivi leur lutte, et leur victoire nous fait du bien à tous. Un autre système économique est possible.
« Nous sommes le symbole de la lutte contre le capitalisme financier. » Car ils ne font pas que remonter une boîte et lancer des produits. C’est une autre façon de travailler et de produire qu’ils mettent en place, sérieux, émus et rigolards sous le portrait du Che. C’est comme une brêche dans la nuit du chômage et de la précarité. Et de la résignation ambiante.
Et hier à Gémenos c’était jour de fête, le couronnement de cinq années de luttes victorieuses. Gaylord VAN WYMEERSCH et Vincent LUCAS y étaient pour Là-bas, voici un aperçu de leur reportage, à découvrir en intégralité ici : « Effusion et infusion, c’est la victoire des FRALIB ! ».
VICTOIRE DES FRALIB !
Un reportage de Gaylord VAN WYMEERSCH.

Grèce/dette: ébauche d’accord et « dernière ligne droite » des négociations

Source Anti-K.org

Lis moi avec webReader
AFP – Boursorama – 
Le Premier ministre grec Alexis Tsipras au Parlement le 30 mars 2015
Le Premier ministre grec Alexis Tsipras au Parlement le 30 mars 2015 ( AFP/Archives / Aris Messinis )

Les équipes techniques du gouvernement grec et des créanciers ont commencé mercredi à rédiger un accord, portant sur certains points, tandis que des divergences entre créanciers retardent un accord global, a assuré une source gouvernementale grecque.

« De grands pas ont été accomplis, nous sommes près d’un accord », a assuré de son côté le Premier ministre, Alexis Tsipras, à Athènes.
Du côté de l’UE, le ton était moins optimiste. La Commission n’a pas confirmé, en remarquant que la réunion du groupe de Bruxelles (représentants de la Grèce et de ses créanciers) qui devait se tenir mercredi à Bruxelles n’avait pas encore commencé en raison d’une panne électrique chez les contrôleurs aériens belges.
Les équipes techniques du groupe de Bruxelles « ont commencé aujourd’hui le travail de rédaction d’un accord » à Bruxelles, a annoncé la source gouvernementale grecque, précisant que l’ébauche d’accord portait sur les niveaux d’excédent budgétaire primaire (c’est-à-dire hors charge de la dette) à exiger de la Grèce, sur la réforme de la TVA, sur une révision du système de retraites et sur la dette.
Mais « il reste le problème des différentes positions défendues par les créanciers. Si le FMI avait donné son aval, l’accord aurait déjà été conclu », assure cette source.
« Cette divergence de position, a-t-elle assuré, s’observe alors que les Européens (Commission européenne et BCE) demandent un accord rapide d’ici fin mai, alors que le FMI, par l’intermédiaire de ses représentants (est favorable à) un accord global, et non à une solution provisoire obtenue rapidement ».
Elle a ajouté que M. Tsipras « sera en communication constante avec les autres dirigeants pour faciliter un accord ».
Athènes insiste sur le fait qu’il n’y aura pas dans cet accord de nouvelles coupes sur les salaires et les retraites.
Un homme marche le 25 mai 2015 devant un graffiti montrant une pièce de "0 euro" dessiné sur le mur d
Un homme marche le 25 mai 2015 devant un graffiti montrant une pièce de « 0 euro » dessiné sur le mur d’un parking d’Athènes ( AFP / LOUISA GOULIAMAKI )
Mercredi midi, Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission en charge de l’Euro, avait évoqué « un progrès graduel » dans les discussions techniques, notamment sur la TVA.
Il avait souligné la nécessité « d’atteindre un accord très rapidement car nous avons déjà dépassé de plusieurs mois le schéma initial. La situation des liquidités devient serrée et il y a toutes les raisons d’aller vite ».
Il a insisté sur la volonté de la Commission de travailler avec les Grecs, tout en rappelant que « la meilleure chose pour la Grèce et la zone euro serait que la Grèce achève le programme en cours ».

Ben Laden prévoyait d’attaquer les usines Pernod-Ricard pour mettre la France à genoux

Source : Le Gorafi

L’armée américaine a rendu publics des documents attestant que le terroriste Oussama Ben Laden prévoyait d’attaquer la France lorsqu’il était encore en vie. Selon un rapport, le chef d’Al-Qaida avait même planifié une série d’attaques contre plusieurs sites du fabricant d’alcool Pernod-Ricard afin de déstabiliser le pays. Reportage.
Ces révélations font suite à la déclassification par l’armée américaine de documents retrouvés dans la résidence pakistanaise de Oussama Ben Laden. Parmi les documents retrouvés, on retrouve l’économie française pour les nuls, plusieurs essais autour de la recette du Pastis ainsi que des cartes révélant l’emplacement des sites de fabrication du groupe Pernod-Ricard,
Par son choix de s’en prendre au plus gros fabricant d’alcool, Oussama Ben Landen voulait à la fois toucher l’économie et le moral des Français. Un plan qui d’après de nombreux experts avait 80% de chances de provoquer un effondrement de la société française. On apprend aussi qu’en plus de cibler les usines Pernod-Ricard, le chef d’Al-Qaïda visait également de nombreux sites réputés pour leur consommation d’alcool tels que le festival Hellfest ou les fête de Bayonne.
Suite à la diffusion de ces documents, l’Élysée a annoncé une série de mesures visant à renforcer la sécurité autour des usines du groupe Pernod-Ricard mais aussi autour de tous les débits de boisson présents sur le territoire français et de Frédéric Beigbeder.
La Rédaction

Répertoire alternatif toulousain

Que ce passe t-il sur Toulouse, dans le cadre alternatif ?

Pour savoir ce qui se passe sur Toulouse:
http://toulouse.demosphere.eu/
La coopérative intégrale toulousaine. Une alternative humaine pour Toulouse et ses environs :
http://cooperative-integrale-toulouse.org/
Toulouse social club : Rendez vous tous les dimanche
10h au marché saint aubin pour tables d'infos, prise de parole libre...
Zone de Libre Echange Toulouse
https://www.facebook.com/groups/227985753923171/
Asso d'éducation et d'information populaire :
fanzine militante sur Toulouse:
http://beugle.fr/
Inform'Action :
http://informaction.info/
https://www.facebook.com/association.informaction
Friture Mag :
http://www.frituremag.info/
La Bibliothèque Libertaire nommée Encres Noires vous ouvre ses portes à Toulouse :
http://fr.squat.net/…/toulouse-la-bibliotheque-libertaire-…/
Vent debout :
http://www.vent-debout.org/
site indigné toulouse :
http://www.prends-ta-place.fr/
Asso et mouvement pour la dignité :
Centre autogéré Toulousain: le CREA
http://crea-csa.over-blog.comhttps/…/centresocialautogere.c…
Le droit au logement :
https://www.facebook.com/DalToulouse
Ville en transition : http://www.toulouse.transitionfrance.fr/
le collectif les désobéissants http://www.desobeir.net/

Climat, fiscalité, droits humains, environnement : le véritable bilan annuel de Total

Source : Colibri info
"http://static.blog4ever.com/2012/01/636480/a.gif l’occasion de l’assemblée générale de Total le 29 mai 2015, l’Observatoire des multinationales publie son premier « rapport annuel alternatif », en collaboration avec les Amis de la Terre France. Cette publication entend mettre en lumière le véritable bilan du groupe pétrolier français, y compris les conséquences sociales et environnementales de ses activités.
Pollutions, grèves, contestation du gaz de schiste, présence de Total dans les paradis fiscaux, forages de plus en plus coûteux et risqués, accusations d’atteintes aux droits humains... Tels sont les sujets abordés dans ce rapport, qui cherche à lever le voile de la communication bien lissée de l’entreprise. Ces aspects demeurent largement passés sous silence dans les documents officiels.
En cette année 2015 marquée par l’enjeu du changement climatique, avec l’organisation de la 21e Conférence intergouvernementale sur le sujet à Paris en fin d’année, le thème de la transition énergétique et des énergies fossiles occupe évidemment une place centrale dans ce bilan annuel. Total est l’un des principaux émetteurs français et mondiaux de gaz à effet de serre. Le groupe n’a pas engagé de véritable réduction de ces émissions, en misant au contraire sur l’exploitation de nouvelles sources fossiles extrêmement polluantes (comme les sables bitumineux canadiens) et extrêmement risquées (gaz non conventionnels, prospection en offshore profond), y compris dans des zones écologiques fragiles jusqu’ici préservées, comme l’Arctique ou les Grands lacs africains.
Au vu de l’urgence climatique, c’est le cœur même de l’activité de Total qui suscite des questions, alors que de plus en plus d’acteurs financiers souhaitent détourner leurs investissements des énergies fossiles (pétrole, gaz et charbon). Ce sont les salariés de l’entreprise qui, les premiers, risquent de supporter les conséquences de la stratégie de déni poursuivie par la direction de Total.
Ce rapport annuel alternatif est une première en France. À la fin du mois de juin, l’Observatoire des multinationales publiera des contre-rapports sur quelques autres grandes entreprises françaises, en attendant de poursuivre et étendre cette démarche dans les années à venir."

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Ni capitalisme, ni Etat - la Coopérative intégrale s’épanouit à Barcelone

Source : Reporterre


Ils fraudent le fisc pour financer la révolution. Avec un budget de 490 000 euros, la Coopérative intégrale catalane (CIC) tente de construire ses propres « services publics coopératifs » dans le domaine de la santé, du logement, du transport ou encore de l’éducation. Leur but : se passer de l’euro, de l’Etat et des banques.

- Barcelone, reportage
Au pied de la Sagrada Familia, des cars venant du monde entier déversent chaque jour des marées de touristes qui rendent laborieuse la progression sur les trottoirs. Tous veulent leur selfie avec en arrière plan l’Ovni architectural de Gaudi. Deux pâtés d’immeubles en contrebas, au numéro 263 de la rue Sardenya, se niche une autre curiosité, mais elle n’apparaît sur aucun guide touristique.
L’immeuble baptisé Aurea Social a tous les attributs du siège d’une entreprise de service prospère. Pourtant, c’est un squat. Sûrement le plus luxueux de Barcelone qui compte pourtant une soixantaine de centres sociaux autogérés comme celui-ci. Quand on s’approche de l’entrée, la porte automatique s’ouvre sur le guichet en bois verni de la réception. Dans ce dédale de bureaux et de couloirs, des groupes de personnes s’affairent, en réunion ou le visage rivé sur leur ordinateur pendant que d’autres font du yoga ou cultivent des plantes médicinales interdites sur l’immense toit-terrasse avec vue sur le haut de la Sagrada Familia. Quand on rentre dans les toilettes, les lumières s’allument sans que l’on ait besoin d’appuyer sur l’interrupteur. On peut régler le système de ventilation de chaque pièce avec une télécommande.
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Un groupe de travail lors d’une assemblée de la CIC.
Mais le faste du bâtiment n’est pas la seule chose qui le distingue des lieux alternatifs barcelonais. Aurea Social abrite aussi le quartier général de la Coopérative Intégrale Catalane (CIC). Ce mastodonte de l’alternative créé en 2010 compte plus de deux mille membres et dispose cette année d’un budget de 490 000 euros dédié à la construction d’un nouveau monde. Ces activistes ne demandent pas de meilleurs retraites, l’instauration d’une taxe carbone ou la séparation entre banques de dépôt et banques d’investissement. Ils ne demandent rien. Et pour cause. « Nous rejetons l’État comme système de contrôle basé sur l’exploitation de l’être humain », expliquent-t-il dans l’Appel à la révolution intégrale qui leur sert de manifeste officieux.
La CIC s’est donné pour logo une fleur multicolore inspirée de la permaculture. Chaque pétale représente une commission et un secteur de la vie (santé, éducation, logement, alimentation, transport, technologie) que la coopérative tente d’extraire des griffes du capitalisme et de l’Etat pour les remettre dans les mains de ses utilisateurs. Ils veulent créer leur propres « services publics coopératifs » gérés par leurs usagers. Exit les politiciens professionnels, les personnes décident de ce qui les concerne lors d’assemblées quinzomadaires ouvertes à tous. Leur but : se passer progressivement de l’euro, de l’Etat et des banques et prouver que « nous pouvons vivre sans capitalisme ».

« Nous pouvons vivre sans capitalisme »

Un rêve d’adolescents immatures ? Peut-être. Toujours est-ils qu’ils n’attendent pas le grand soir pour commencer à le réaliser. En quatre ans, ils ont financé ou facilité la création de deux logements sociaux coopératifs, d’une école libre, de deux ateliers de machines-outils collectivisées, d’un centre de santé, d’une colonie éco-industrielle qui travaille sur la souveraineté technologique et d’une banque autogérée sans intérêts.
La coopérative a également popularisé des techniques et des machines pour rouler en utilisant le moins possible de pétrole et dynamisé une monnaie parallèle utilisée par deux mille personnes mais aussi un atelier de transformation de produits écologiques, des greniers alimentaires et une centrale de distribution de nourriture biologique couvrant toute la Catalogne. La CIC a ausi permis à une dizaine de communautés de trouver des terres pour s’installer en zone rurale et aide les personnes sur le point de se faire expulser de leur logement à le garder ou à en trouver un autre.
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Filtre à huile qui permet au camion de rouler sans essence ou presque, 5 litres utilisés l’hiver dernier.
Pour faire tourner cette grosse machine, la CIC verse des « assignations », sorte d’argent de poche pour activistes, à environ 70 personnes qui touchent entre 200 et 900 euros par mois, en fonction de leurs besoins. Pour financer ses activités, elle ne demande évidemment pas de subventions. En fait, elle se sert elle-même dans les caisses de l’Etat via l’insoumission fiscale.
L’insoumission fiscale ? Pour comprendre, je m’éloigne de Barcelone et emprunte les routes ridiculement étroites qui mènent vers un fournil coopératif dans le nord-ouest de la Catalogne. Angel m’accueille avec un sourire et referme rapidement la porte derrière moi afin de ne pas perdre la chaleur du four. Ce trentenaire aux allures de gendre idéal est boulanger autodidacte, mais il est aussi hors la loi. Sa coopérative tourne bien, pourtant elle ne verse pas un sou au fisc espagnol. D’ailleurs, aux yeux de l’Etat, l’entreprise n’existe pas. Angel et ses cinq collaborateurs se répartissent les revenus de leur activité sans que l’administration ne voie la couleur d’un euro.
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Angel dans son fournil coopératif
Comment cela est-il possible ? Il est membre de Libertanonima [nom modifié pour ne pas faciliter le travail du fisc], une coopérative créée par la CIC qui sert de parapluie juridique à des petits artisans et commerçants, les dispensant ainsi de créer leur entreprise. Elle propose à ses « socios auto-ocupados » (membres auto-entrepreneurs) un service comptable et administratif mutualisé et sert d’interface entre eux et l’Etat. En échange de ces services, les membres paient une participation à la coopérative proportionnelle à leurs recettes et lui versent la TVA qu’ils auraient dû payer à l’Etat. Dans le cas d’Angel, un peu plus de mille euros par an, une somme largement inférieure aux charges qu’il aurait dû payer s’il avait monté une entreprise classique.
« Aux yeux de la loi, nous sommes des coopérateurs bénévoles de la coopérative, m’explique-t-il en me montrant l’attestation fournie par Libertanonima qu’il garde dans un tiroir en cas de contrôle. C’est comme si on était un groupe de cyclistes, qu’on avait un local et qu’on bossait dessus ensemble. » Sauf qu’ici, les cyclistes sont boulangers et tirent un revenu de leur activité. « Ce n’est pas illégal, c’est a-légal, précise-t-il. On jongle avec la loi. » D’ailleurs il parle de sa situation avec détachement et ne requiert pas l’anonymat. Et si jamais les enquêteurs du fisc décident de le contrôler, il les renvoie vers le siège de Libertanonima .

La banquière devenue révolutionnaire

Ils seront reçus à Aurea Social par Angels, une ancienne banquière qui a décidé de rejoindre les rangs révolutionnaires. Dans son bureau aux parois de verre, cette femme au chignon sévère et aux cheveux grisonnants les attend de pied ferme. « Ils sont déjà venus deux fois et n’ont rien trouvé à redire, on joue au chat et à la souris avec l’Etat. Et pour l’instant, la souris gagne », dit-elle avec un sourire satisfait, tout en s’affaissant sur le dossier flexible de son siège. Angels fait partie des 70 personnes qui touchent des assignations. Pour m’expliquer le complexe montage juridique qui leur a jusqu’à présent permis de passer outre la vigilance du fisc, elle saisit un crayon et une feuille et se met à dessiner.
L’astuce est la suivante : Libertanonima demande à ses membres de faire passer leurs factures personnelles pour des frais professionnels, ce faisant la coopérative équilibre artificiellement sa balance de TVA. Elle verse donc à l’Etat une somme dérisoire et réinjecte le reste dans son réseau militant. La CIC a créé plusieurs coopératives comme Libertanonima afin de noyer le poisson et de limiter les risques. Ils font en effet attention à ne jamais excéder les 120 000 € de fraude potentielle, afin de ne pas encourir de poursuites pénales. Quand une coopérative s’approche du chiffre fatidique, une nouvelle entité est créée.

De la fraude fiscale à des fins sociales

A la tête de ces « parapluies juridiques », cinq personnes, pour la plupart insolvables, sont prêtes à assumer les risques judiciaires. Piquete est l’une d’elles. Quand il ne chante pas des chansons révolutionnaires, ce cinquantenaire aux allures de rocker qui affiche son engagement anarchiste sur sont Tshirt prend part à la commission juridique de la CIC. Volubile, il est adepte de la « désobéissance civile et économique » et prend son rôle très au sérieux. « En 36, il y a eu une révolution libertaire ici en Catalogne. Des milliers d’entreprises ont été collectivisées et on a fonctionné sans chef pendant trois ans. Mais pour rendre cela possible, il a fallu des décennies de préparation morale et culturelle. C’est ce que nous essayons de faire avec la CIC, nous créons des outils pour faciliter la transition. Nous préparons la révolution tout en la faisant. »
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Piquete
Et leurs outils ne s’adressent pas qu’aux militants professionnels. Restaurateurs, maraîchers, bijoutiers, bûcherons, brasseurs, graphistes, documentaristes, éditeurs... Ils sont près de 700 artistes, artisans ou petits commerçants, seuls ou en mini collectifs de travail, à utiliser le statut de « socio auto-ocupado ». Mais la CIC n’a rien inventé. Nombre d’entreprises capitalistes font également de l’optimisation fiscale afin de se soustraire à l’impôt. Sauf qu’ici, les gains sont distribués de manière collective à des projets sociaux. De la fraude fiscale en bande organisée ? Oui, mais à des fins révolutionnaires !
- A SUIVRE

Lire aussi : A Toulouse, une « coopérative intégrale » prépare l’après-capitalisme
Source et photos : Emmanuel Daniel pour Reporterre
. Photo chapô : la boulangerie coopérative où travaille Angel.

Centres commerciaux : les créations 2017/2020

Source : Toute la franchise.com

10ème partie du dossier des centres commerciaux

Entre 2017 et 2020, 17 projets de créations de nouvelles surfaces commerciales sont annoncés pour un peu plus de 940.000 m² ! Aubagne et Sainte Geneviève des Bois en 2017, Strasbourg et Chartres en 2018, Montpellier en 2019 et surtout Gonesse en 2020 !


Les créations 2017
13 - Alpha 2017 à Aubagne (Immochan) +200 boutiques (75.000 m²), un pôle loisirs (25.000 m²)
Le projet Alpha 2017 programmé par Immochan à Aubagne pour 2017 sera un pôle d’attractivité moderne et accueillant, un lieu spacieux unique. Projet ambitieux, Alpha 2017 constituera un pôle urbain d’un genre nouveau, intégrant logements (haute qualité energétique), bureaux, hôtels, parfaitement desservi et inséré au cœur d’un hub urbain. L'espace commercial comprendra 200 boutiques (75.000 m²), un pôle loisirs (25.000 m²) qui comprendra des espaces de restauration avec terrasses ouvertes sur l’esplanade, des espaces sportifs et ludiques pour tous les membres de la famille en extérieur et en intérieur (escalade, vague de surf artificielle, simulateur de chute libre et salle de gaming, accrobranche…), des promenades, des lieux de détente et de relaxation... Le pôle culturel enfin comprendra un multiplexe et la programmation d’évènementiels artistiques et musicaux (concerts, performances, projections sur écran géant, happenings glisse ou street art, expositions…).

91 - Central Parc Valvert à Sainte Geneviève des Bois (Compagnie de Phalsbourg) +85.000 m² GLA
A Sainte Geneviève des Bois, en grande banlieue parisienne, la Compagnie de Phalsbourg prévoit pour 2017 la création d'un espace commercial de nouvelle génération baptisé Central Parc Valvert (pour 85.000 m² GLA de commerce). Ce projet complet se décline autour d'un espace vert de plus de 6 hectares avec un lac, une grande pelouse, deux bois, un musée en plein air, un parcours santé, une école et des espaces ludiques créés par Philippe Starck. Côté commerce, le projet s'organise autour du parc selon 4 grandes thématiques ; le sport, l'équipement de la personne et de la maison, et dans le parc la "Fashion Avenue" dédiée à des magasins de mode et de décoration de plus petite taille. Un «Pop-Up Village» proposera aussi aux enseignes ou aux marques des espaces pour tester des produits ou créer de lieux de commerce éphémères. 3.717 places de stationnement accompagneront cet ensemble.

31 – Val Tolosa à Toulouse (Unibail-Rodamco) + 60.000 m²
Au seconde semestre 2017, Unibail-Rodamco inaugurera Val Tolosa à Plaisance-du-Touch, à 10 minutes à l’ouest de Toulouse. Implanté sur 44 ha de terres agricoles, le projet prévoit 60.000 m² de surfaces de vente (97.011 m² GLA), répartis entre une enseigne de grande distribution et 150 surfaces commerciales. Le projet prévoit aussi un grand magasin ainsi qu’un espace de restauration au bord de l’eau.

26 - Les Allées Shopping de Montélimar (Sodec) +55.000 m² SHON
Les Allées Shopping de Montélimar constituent un nouvel ensemble urbain alliant commerces, loisirs, restauration... dans un environnement paysager de grande qualité. L’ensemble, qui représente 55.000 m² SHON, constitue le programme de la ZAC du Plateau, créée par la communauté d’agglomération Montélimar Sésame.
Les Allées Shopping disposeront de 2.000 places de stationnement. 4 à 5 millions de visiteurs sont attendus par an. Le programme commercial sera composé d’un centre commercial et d’un retail park accueillant une surface alimentaire qualitative et une offre variée de moyennes unités déclinées autour de plusieurs thématiques (sport aventure, culture loisirs, univers de la maison, mode, équipement de la personne). En complément des commerces, l’offre de loisirs comprendra un cinéma multiplexe de 8 à 10 salles, un bowling 12 pistes, un simulateur de chute libre permettant la pratique du bodyflying, des restaurants et cafés au bord de l’eau, de multiples équipements de loisirs extérieurs (mur d’escalade, parcours de VTT, tyrolienne, kite skating, promenade et parcours de santé, aires récréatives pour enfants). Un hôtel et un immeuble tertiaire seront également sur site.

57 – Best à Farébersviller (Codic) +55.000 m²
Best est un projet de centre de commerces et de loisirs totalisant 55.000 m² de surface développée, à Farébersviller, au cœur de l’Est mosellan. Il sera composé d’un hypermarché Carrefour, d’une galerie marchande (48 boutiques, 14 moyennes surfaces de plus de 300 m² de vente et 4 restaurants) et d’un bâtiment abritant 9 moyennes surfaces. Trois restaurants extérieurs seront situés dans des bâtiments distincts. Un espace de 4.000 m² abritera des loisirs familiaux (bowling).

59 – Lillenium à Lille (Vicity) +56.000 m²
Dans le secteur de Lille Sud, Lillenium imaginé par Vicity va déployer un complexe de 56.000 m², dont 37 000 m² GLA de commerces avec un hypermarché de 5.000 m² (Leclerc), une galerie marchande de 100 boutiques, 8 moyennes surfaces auxquelles il faut ajouter un «food court» (12 restaurants) qui proposera de nombreux restaurants. Sur le site prendra aussi place un hôtel de 110 chambres, un ensemble de bureaux, et un espace loisirs avec un skybar et sa terrasse panoramique, un Icebar et une Cité des Enfants de 1.300 m² pour les 3-10 ans. Le tout sera accompagné de 1.000 places de parking.

57 – Muse à Metz (Apsys Group) +52.000 m² GLA
Face au Centre Pompidou de Metz, à côté du futur hôtel Starck et à quelques minutes à pieds du centre-ville historique, Apsys Group inaugurera en 2017 un projet global de commerces et de loisirs développé sur 52.000 m² GLA. Pierre angulaire du nouveau quartier de l’Amphithéâtre, ce projet développera 110 boutiques dont 12 moyennes surfaces et 10 restaurants sur une surface de 37.000m² GLA. Le projet n'oublie pas les loisirs en intégrant notamment un multiplexe 9 salles et une salle de fitness dans le prolongement de Muse sur plus de 15.000 m² GLA. 7,4 millions de visiteurs sont attendus à Muse.

77 - Greencenter - Claye-Souilly (Foncière Frey) + 44.000 m²
En Seine et Marne, la Foncière Frey inaugurera au 2e trimestre 2017 le Green Center de Claye Souilly. A proximité immédiate de l’hypermarché Carrefour (18.000 m² de surface de vente - 5ème CA de France) et au cœur d’une des plus belles zones commerciales d’Ile-de-France (160 000 m²), le greencenter Claye-Souilly s’insère dans un contexte tout à fait privilégié. Le projet comportera 44 000 m² pour 35 enseignes et 1 300 places de stationnement.

80 - Greencenter – Amiens (Foncière Frey) + 40.000 m²
Dans la Somme, création d'un nouveau parc commercial à Amiens-Nord offrant un mix-merchandising de moyennes surfaces et de boutiques et restaurants, à proximité immédiate d'un hypermarché Carrefour. Cet ensemble comportera 40.000 m² pour 35 enseignes. La livraison est prévue pour le 1er trimestre 2017.

38 - The Village à Villefontaine (Compagnie de Phalsbourg) +25.000 m²
A l'horizon 2017, la Compagnie de Phalsbourg prévoit l'ouverture du premier village de marques aux portes de Lyon à Villefontaine, le long de l'A43. "The Village" regroupera sur 25 000 m² quelque 120 enseignes dédiées aux marques de luxe et haut de gamme. Le projet sera complété par des services et un parking de 1 500 places de stationnement.

13 - Le Prado à Marseille (Klépierre) +23.000 m² GLA
Dans le 8e arrondissement de Marseille, en 2017, un nouveau centre commercial verra le jour près du rond-point du Prado. Ce nouveau centre déclinera sur 23.000 m² GLA un total de 50 magasins dont Les Galeries Lafayette qui installeront leur enseigne phare sur 9.400 m².

91 - Massy Place du Grand Ouest (Altarea Cogedim) +20.000 m² GLA
A Massy dans le sud de Paris, face à la gare, Altarea Cogedim inaugurera en 2017 un projet mixte de commerces de pied d’immeuble en cœur de ville, composé de 1 multiplexe, 1 surface alimentaire, 1 centre des congrès, 25 boutiques et restaurants, sur 20.000 m² GLA. Le site sera doté de 550 places de stationnement.

77 - PAC de la Prairie - Coulommiers (Foncière Frey) +8.500 m²
En Seine et Marne, courant 2017, la Foncière Frey inaugurera dans la zone commerciale autour de E. Leclerc (7.500m²) et du futur hyper Intermarché (3.500 m²), la Foncière Frey réalise un projet d'environ 8.500 m² à proximité directe du parc commercial existant (Gémo, La Halle, Orchestra, Casa, Gitem, Feu Vert...). Ce parc sera composé d'une dizaine de cellules agrémentées d'un parking de 360 places.

Les créations 2018

67 - Strasbourg – Vendenheim (Foncière Frey) +100.000 m²
Dans le Bas Rhin, la Foncière Frey va inaugurer au 2e semestre 2018 une zone commerciale à Vendenheim. Située sur les communes de Vendenheim, Mundolsheim, Reichstett et Lampertheim, la ZCN (Zone Commerciale Nord) est la zone commerciale n°1 de l'Agglomération Strasbourgeoise (150 hectares - 200 enseignes). A proximité immédiate du 1er hypermarché CORA de France (140 M€ CA en 2014), le projet développe près de 100.000 m² de commerces, de restaurants et de loisirs, desservis par 3.000 places de stationnement. Cette zone sera restructurée autour d'un espace vert et naturel, dont le paysage sera complètement repensé. Une réorganisation des déplacements favorisera la fluidité de la circulation. Le projet prévoit également la création de bureaux et d'habitations. Le projet comportera 100.000 m² et 3.000 places de stationnement.

28 - Chartres l'Iliade (Altarea Cogedim) + 80.000 m²
En périphérie de Chartres avec un accès immédiat depuis l'autoroute A11, Altarea Cogedim prévoit l'implantation d'un nouveau centre commercial de 80.000 m² comprenant un pôle commerces autour d'un hypermarché, un pôle loisirs, un pôle grandes surfaces spécialisées et de moyennes surfaces extérieures. Ce nouveau centre sera associé à 3.000 places de stationnement.

06 - Valbonne Sophia Antipolis (Compagnie de Phalsbourg) + 43.000 m²
Le projet de Valbonne Sophia Antipolis situé dans le quartier des Clausonnes au cœur de la communauté d’agglomération Sophia Antipolis vient structurer un espace actuellement en semi friche. L’aménagement de ce secteur sera mixte. Il comprendra la création de 43.000 m² de surface de vente de commerce; 30.000 m² de bureaux, services publics et équipements collectifs et 10.000m² d’hôtellerie.

Les créations 2019

34 - Ode à la Mer - Montpellier (Foncière Frey) + 61.000 m²
Ode à la Mer est l'une des plus grandes opérations de renouvellement urbain et commercial jamais lancé en France pour une entrée de ville. Le projet se situe le long de la route de la mer, première destination commerciale de l'agglomération. Il accueillera des enseignes de commerce et de loisir, mais également des bureaux et des services.
Le projet comportera 61.000 m² - 2.500 places de stationnement

01 - Open Saint Genis (Foncière Frey) +60.000 m²
Bénéficiant d'un emplacement exceptionnel à huit kilomètres du centre-ville de Genève (zone de chalandise constituée de 530.000 habitants, l’une des plus qualitative de France), Open comportera 60.000 m² pour 90 enseignes - 2.000 places de stationnement.

Les créations 2020

95 – Europa City, Gonesse (Immochan) + 230.000 m²
Programmé pour le début des années 2020, Europa City va s'ancrer dans le Val-d’Oise, à Gonesse, tel un navire amiral. Au centre commercial géant de 230.000 mètres carrés de surface de vente s'ajouteront un parc d’attractions, un cirque, des hôtels et un centre des congrès. Projet français inédit et d’intérêt national, Europa City s'inscrit dans la dynamique du Grand Paris. Initié et porté par le Groupe Auchan, il va monopoliser un budget colossal de 2 milliards d’euros. Plus encore qu'un centre commercial, Europa City se veut être un nouveau quartier entre Paris et l’aéroport de Paris Charles de Gaulle. Situé sur le Triangle de Gonesse, son objectif affiché est d’accompagner le développement du Grand Roissy, au bénéfice direct des habitants du territoire. En chiffres, le projet Europa City est impressionnant : 50.000 m² de culture, 100.000 m² d’espaces publics, 230.000 m² de commerces, 150.000 m² d’hôtellerie – restauration et 150.000 m² de loisirs !
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Sommaire
Les créations par grandes régions

Livre: "Cher Pôle emploi", la supplique des chômeurs en détresse

Source : L'Epress
"Cher Pôle emploi" rassemble des lettres envoyées par des chômeurs à leur agence.
"Cher Pôle emploi" rassemble des lettres envoyées par des chômeurs à leur agence.
afp.com/Philippe Huguen

Menacés de perdre leurs allocations, les demandeurs d'emploi se tournent souvent vers Pôle emploi pour implorer sa clémence. La réalisatrice Nora Philippe a compilé une trentaine de leurs lettres, comme autant de fragiles bouteilles à la mer.

"Bonjour ou bonsoir selon le temps et les circonstances où vous recevez mon information", lance, en guise de salut, un chômeur à Pôle emploi. "J'ai pas l'habitude de rater les rendez-vous", poursuit-il dans sa lettre. Pour une fois, pourtant, il ne se présentera pas à l'entretien prévu. Le motif? "Je vous informe que je vais chez mon frère à Bruxelles pour voir mon père qui est venu spécialement pour faire une opération médicale, et comme je ne l'ai pas vu déjà ça fait 6 ans, je vais partir pour le voir."
Le courrier de ce demandeur d'emploi anonyme compte parmi la trentaine de missives compilées dans Cher Pôle emploi. Lettres de chômeurs entre détresse et contestation*, à paraître fin mai aux éditions Textuel. La réalisatrice Nora Philippe a profité du tournage de son documentaire Pôle emploi, ne quittez pas!, à l'agence de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis), pour collecter ces quelques feuilles volantes. Souvent manuscrites, parfois raturées, elles "ne cessent de remplir la boîte aux lettres de l'entrée et les sacs des coursiers". La plupart tentent de justifier une absence à une convocation, principale cause de radiation, et donc, pour les chômeurs indemnisés, de suspension des allocations. Ces lettres deviennent alors des bouteilles à la mer, fragiles tentatives pour éviter la sanction face à une administration débordée, qui prendra à peine le temps d'y prêter attention.
image: http://static.lexpress.fr/medias_10435/w_640,c_fill,g_north/cherpoleemploi_5342945.jpg
"J'ai oublier mon rdv, parce que j'ai beaucoup de chose en tête, mon frère est décéder donc j'ai oublier plein de choses et j'ai plus d'emploi." **
"J'ai oublier mon rdv, parce que j'ai beaucoup de chose en tête, mon frère est décéder donc j'ai oublier plein de choses et j'ai plus d'emploi." **
Cher Pôle emploi/Ed. Textuel
"Il y a presque trois cents ans, on écrivait au souverain pour lui demander son aide, sa clémence, sa miséricorde, observe l'historien et directeur de recherches au CNRS Philippe Artières, en postface du livre; l'homme du peuple empruntait le vocabulaire du pouvoir pour s'adresser à son souverain; avec maladresse, dans ces mots trop grands, avec ces formules étrangères à son quotidien, souvent soufflées par un écrivain public, un homme, une femme écrivaient à leur roi pour sauver leur vie." Le trône est aujourd'hui occupé par un monstre bureaucratique. Mais les chômeurs nourrissent le même espoir que le bas peuple d'autrefois, quand "l'écrit avait ce pouvoir de faire croire que quelques lignes tracées sur une page, une série de signes fébrilement inscrits, pouvaient changer le cours des choses".
Pour gagner la mansuétude de Pôle emploi, les chômeurs n'ont d'autres choix que de se mettre à nu. Il faut "toucher 'juste' son interlocuteur", "ni en rajouter, ni minimiser les conséquences que pourrait avoir [la] radiation des listes", analyse Philippe Artières. Les lettres dévoilent souvent des vies familiales chaotiques qui parasitent la recherche d'un travail, comme cette femme dont le conjoint vient d'être incarcéré. "Mon frère est décédé donc j'ai oublié plein de choses", confie aussi un anonyme. Un second dit vivre "dans un milieu désorganisé". "A la recherche d'une boîte postale", un troisième assure que sa mère, qui partage son logement, déchire ses courriers.
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"Objectf: explications de ne pas repondre les courriers. Suitte a la consultation de mon dossier il est apparu que plusieurs courriers m'ont étés adresser mais j'habite dans un milieu desorganiser. J'ai reçu aucun courrier si non il y a pas de raisons de ne pas leurs repondre. La consultation a eu lieu ce jours le 25/04/2013, et je vous adresses la suitte le même jours. Veuillez agreer l'assurance de mes sentiments les plus distinguées."
"Objectf: explications de ne pas repondre les courriers. Suitte a la consultation de mon dossier il est apparu que plusieurs courriers m'ont étés adresser mais j'habite dans un milieu desorganiser. J'ai reçu aucun courrier si non il y a pas de raisons de ne pas leurs repondre. La consultation a eu lieu ce jours le 25/04/2013, et je vous adresses la suitte le même jours. Veuillez agreer l'assurance de mes sentiments les plus distinguées."
Cher Pôle emploi/Ed. Textuel
Au détour des mots d'excuses, apparaissent aussi ce que les experts nomment des "freins périphériques à l'emploi": l'enclavement géographique, qui impose des heures de transports pour se rendre à l'agence, ou l'absence de solutions de garde d'enfants. "La communication entre Pôle emploi et ses inscrits, dans l'absolu et en particulier dans une zone comme celle de Livry-Gargan, se caractérise par l'empêchement, la perturbation", pointe Nora Philippe en introduction. Bien souvent, les courriers n'arrivent pas à leurs destinataires, ou bien sur des e-mails et autres "espaces personnels" que les chômeurs n'ont pas les moyens de consulter. Des lettres contradictoires se croisent, laissant les chômeurs impuissants.

"Ce n'est pas une excuse valable à vos yeux"

Certains courriers prêtent à sourire par leur bon sens maladroit. "Je me suis prise d'une grippe et je n'ai donc pas pu me rendre à cette convocation. Je ne peux vous fournir un certificat médical car je me suis automédiqué", assure un auteur, quand un autre tient à s'excuser "de [son] absence au RDV pour le motif suivant: 'oubli du RDV'". "J'ai le plaisir à vous informer que je voyage pour Portugal car mes parents sont malades", tente un troisième dans une courte missive.
Tous semblent pourtant avoir une conscience aigüe du risque encouru, comme du soupçon d'oisiveté qui pèse sur eux à l'heure où Pôle emploi s'apprête à durcir ses contrôles. "Ce n'est pas une excuse valable à vos yeux, je m'en excuse sincèrement", anticipe une femme qui a raté un rendez-vous pour cause de "pertes de mémoire dues à [sa] dépression". Mais "si je perds mes indemnités, je vais complètement m'effondrer, implore-t-elle. Etre au chômage ne me convient pas, je préférerais avoir un emploi pour avancer et exaucer mes projets."
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"Madame, Monsieur, je me permet par la présente, vous informez des raisons pour lesquelles je n'ai pu me présenter au rendez-vous du lundi 18 mars et du jeudi 21 mars 2013. En effet j'ai bien reçu votre courrier avec les deux convocations, que j'ai survolée dans un premier temps, car si ma méoire est bonne je les ai reçu le jeudi 7 ou vendredi 8 mars, je comptais relire cela le week-end plus tranquillement, mais le même week-end nous sommes sortie en famille dans une soirée qui malheureusement c'est très mal terminée, mon mari (conjoint) à été interpeler ainsi que d'autres personnes puis incarceré à la maison d'arrêt de Fleury-Merogis depuis le 19 mars 2013. Sa détention risque de prendre plusieurs mois je me retrouve donc seule avec mes deux enfants. J'ai donc du faire plusieurs démarches, me concernant, assistante social, avocat, conseiller juridique, famille, etc. Mais aussi concernant mon mari, travail, banque, etc. Ma situation familiale est donc vouleversé par tous cela."
"Madame, Monsieur, je me permet par la présente, vous informez des raisons pour lesquelles je n'ai pu me présenter au rendez-vous du lundi 18 mars et du jeudi 21 mars 2013. En effet j'ai bien reçu votre courrier avec les deux convocations, que j'ai survolée dans un premier temps, car si ma méoire est bonne je les ai reçu le jeudi 7 ou vendredi 8 mars, je comptais relire cela le week-end plus tranquillement, mais le même week-end nous sommes sortie en famille dans une soirée qui malheureusement c'est très mal terminée, mon mari (conjoint) à été interpeler ainsi que d'autres personnes puis incarceré à la maison d'arrêt de Fleury-Merogis depuis le 19 mars 2013. Sa détention risque de prendre plusieurs mois je me retrouve donc seule avec mes deux enfants. J'ai donc du faire plusieurs démarches, me concernant, assistante social, avocat, conseiller juridique, famille, etc. Mais aussi concernant mon mari, travail, banque, etc. Ma situation familiale est donc vouleversé par tous cela."
Cher Pôle emploi/Ed. Textuel
 

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